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Critiques de James Sturm (31)
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Le jour du marché

Au début, peu de paroles, des couleurs sombres et des regards tristes, tous les personnages en habits traditionnels finissent par se ressembler.



Cet album met en scène 24heures de la vie de Mendleman, un juif d'Europe de l'est, qui va au marché pour vendre ses tapis - et il a mis tant de soin à les faire !

Ces 24 heures, ce sont celles qui vont changer radicalement la vie de cet homme bientôt père de famille.



Lorsqu'il arrive au marché, il décrit et voit cet endroit comme u lieu d'évasion et de réconfort. Pendant un court instant il oublie les difficultés du quotidien, mais cette sensation ne dure pas...



Après que le grossiste ait refusé de lui acheter ses tapis, c'est le début de la fin, tout bascule. Le marché qu'il avait décrit avec tendresse et enthousiasme quelques instants plus tôt devient un lieu angoissant, un microcosme de tous les malheurs de sa communauté. Ce marché c'est la cours des miracles du shtetl.



James Sturm nous livre un album sensible et pudique, au dessin très travaillé qui se passe facilement de mot pour décrire la journée - et le quotidien - de Mendleman et de sa communauté.

Grâce à son dessin et à sa narration fidèle à l'esprit du "juif du shtetl", James Sturm réussit à ressusciter "un monde qui n'est plus" (pour paraphraser Israël Joshua Singer).



Comme l'a si bien signalé le chroniqueur du New York Times, il réussit à donner un visage et une dimension intime à un phénomène majeure qui a marqué l'évolution de la société. Ici, fini les relations chaleureuses avec le grossiste, qu'on considère presque comme un ami, les grands magasins et les économies d'échelles arrivent et ne laissent plus de place au petit artisan...



Une vraie découverte qui m'a donné envie de lire sa trilogie sur les Etats-Unis.
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Le Swing du golem

B.D empruntée par hasard, d’abord pour son titre et aussi pour sa chouette couverture, « le swing du golem » s’est avéré une bonne surprise. Je ne savais pas à quoi m’attendre, je ne connaissais rien de cette B.D avant de l’ouvrir, la surprise a donc été totale.

« Le swing du golem » suit les « Stars of David » une équipe de base-ball quasiment entièrement composée de juifs dans l’Amérique des années 20.



L’aspect sportif ne m’a pas complètement convaincue. Il faut dire que je ne comprends strictement rien au base-ball, ce sport m’apparait aussi énigmatique que sympathique. En effet, j’ai beau ne rien comprendre à ce sport, je le trouve à la fois cool et élégant. En préambule l’auteur évoque l’influence des mangas de sport sur son ouvrage. Justement, je trouve que sur cet aspect la B.D de James Sturm souffre un peu de la comparaison avec les mangas de sport. Sans être une spécialiste de ce registre, il me semble que l’efficacité et l’impact des mangas sportifs tiennent en grande partie au dynamisme du découpage ainsi qu’à l’usage des gros plans au cœur de l’action que ce soient sur des visages très expressifs ou des plans qui insistent sur la force et le mouvement (je pense notamment aux ballons déformés par la vitesse). Si Sturm a, à juste titre, été impressionné par cet impact visuel des mangas de sport, je trouve que cette influence ne se fait pas vraiment sentir dans sa B.D. Au contraire, les séquences de match m’ont semblée assez lentes et un peu statiques.



En revanche, j’ai beaucoup apprécié l’aspect humain de cette histoire. En peu de pages et peu de dialogues, Sturm donne vie à une belle galerie de personnages vivants et attachants.

Autre très bon point, l’auteur évite tout misérabilisme. Si l’antisémitisme est bien entendu évoqué au cours du récit, on est quand même dans les années 20 avec une équipe sportive composée de joueurs juifs, l’auteur ne tombe jamais dans la pleurnicherie victimaire ni dans le simplisme. Dans les villages qu’ils traversent, les « Stars of David » sont parfois confrontés à de vrais connards mais ce n’est pas systématique. Et bien souvent, c’est la curiosité (une curiosité teintée de méconnaissance) qui anime les habitants. Ainsi, on voit des spectateurs affirmer qu’ils ne sont pas vraiment venus assister à un match mais qu’ils « sont venus voir les juifs ».

Enfin, l’élément narratif qui donne son titre à la B.D est juste une superbe idée, à la fois poétique et drôle, que je vous laisse découvrir.



Un sujet original traité de façon subtile et sensible. Une jolie découverte.

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Le jour du marché

Une histoire en gris et noir qui raconte une dure journée dans la vie d'un juif d'Europe de l'est au début du siècle dernier.



Quand le marchand qui lui achetait auparavant ses beaux tapis a été remplacé par un commerçant plus intéressé par le bénéfice que par la qualité du produit, alors le monde s'écroule pour ce futur père de famille.



J'ai apprécié le graphisme épuré de cette bande dessinée, et le sujet très original, mais j'aurais aimé avoir davantage d'informations sur l'existence de cette communauté déjà exclue de la société et parfois misèreuse.



Un contenu essentiellement pictural qui m'a laissée sur ma faim.
Lien : http://justelire.fr/le-jour-..
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Le jour du marché

Après la jolie surprise qu’avait constitué la lecture du « swing du golem », j’étais curieuse de lire d’autres titres de James Sturm. J’ai jeté mon dévolu sur « le jour du marché » qui est venu me confirmer le talent de son auteur.



L’histoire prend place dans la communauté juive d’un pays de l’est au début du XXème siècle, on suit un tisserand venu vendre ses tapis aux grossistes du marché. Comme on le voit à ce résumé, l’argument est très ténu. « Le jour du marché » est une œuvre très épurée, que ce soit narrativement ou visuellement. Pas de péripéties, très peu de paroles et un trait extrêmement simple. S’il ne se passe pas grand-chose, le propos est fort et profond. En s’attachant aux pas d’un homme très ancré dans une communauté, Sturm parvient à avoir un propos universel. En effet, l’auteur évoque ici un monde qui change, un monde dans lequel une économie déconnectée de l’humain va remplacer une économie de proximité. Dans ce monde du marché triomphant, le soin avec lequel le tisserand a travaillé son ouvrage importe peu, seule compte la vitesse d’exécution, la quantité plutôt que la qualité. Cette mutation économique broie au passage les hommes de l’ancien monde. Il est certain que « le jour du marché » n’est pas une lecture très gaie mais très pertinente et toujours d’actualité.

Le dessin, très épuré aussi, illustre parfaitement ce propos avec pudeur et sensibilité.



James Sturm est décidément un auteur très intéressant dont j’ai bien envie de poursuivre la découverte.



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America : The Revival ; Cents Pieds sous la..

Cet album regroupe trois histoires avec en toile de fond l’Amérique profonde : une histoire de fanatisme religieux dans le Kentucky en 1801, une histoire de chercheur d’or en 1886 dans l’Idaho et enfin une histoire d’équipe juive de baseball au début des années 20. Ce qui relie ces histoires, c’est la ferveur religieuse et les croyances superstitieuses. James Sturm s’attache tout particulièrement aux rapports entre les gens, amitié, méfiance, racisme… Il y a une ambiance sombre dans les deux premiers récits, le graphisme renforce cette impression. Changement de lumière dans le troisième, autour du baseball, là, je suis parfois un peu perdu car je ne comprends pas grand-chose aux règles de ce sport, mais on ressent bien le folklore qui draine autour, avec des équipes “ethniques”, les cubains, les indiens... Malgré la description d’une pauvreté intellectuelle, allant jusqu’à l’obscurantisme, il se dégage de ces récits une certaine tendresse, bien qu’un peu condescendante pour ces hommes, James Sturm ne cherche pas forcément à condamner, c’est simplement une manière de raconter que l’Amérique s’est construite comme ça et que c’est ce qui lui donne aujourd’hui sa personnalité trouble. C’est en cela que cette bande dessinée est particulièrement réussie et juste.

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Black Star : La véritable histoire de Satchel..

« Black star » est un roman graphique racontant l’histoire (réelle) de Satchel Paige, vedette noire du baseball aux Etats-Unis à la carrière relativement longue (des années 20 aux années 60 environ). Il faut être franc, je n’ai jamais entendu parler de ce lanceur surdoué. L’histoire ne manque pourtant pas d’intérêt, même si elle n’est pas forcément évidente à suivre pour celles et ceux ne maitrisant pas les règles du baseball (nous devons être un certain nombre dans ce cas…). Elle permet en revanche de mettre en lumière de façon assez crue, la ségrégation raciale en vigueur à cette époque aux Etats-Unis : sur le seul plan du baseball, les noirs ne pouvaient ainsi jouer dans les mêmes équipes que les blancs, les conduisant à créer leur propre ligue professionnelle (la negro league). Effarant quand même… la carrière exceptionnellement longue de Paige, et son fabuleux niveau, lui permettront de figurer au Baseball Hall of Fame en 1971.
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Le jour du marché

Nous suivons pendant 24 heures un vendeur juif qui part sur le marché afin de faire quelques bonnes affaires. C'est un marchand de tapis. Véridique. Une fois arrivé sur place, le grossiste lui refuse sa marchandise. Il décide de tout arrêter et s'octroie des derniers plaisirs lors d'une petite ballade.



L'auteur voulait montrer que de nouvelles forces sociales et économiques peuvent affecter une vie. Certes mais encore ? Il ne se passera pas grand chose et la réflexion philosophique de ce conte moral va tourner court du genre Dieu se révélera dans la nature de votre travail. Ce voyage ne sera pas aussi bouleversant que cela car il n'y a pas mort d'homme. Non, point de révélation ou d'illumination. Désolé.
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Le jour du marché

Le graphisme est un peu raide, la couleur est traitée en aplats, essentiellement avec des nuances de gris sombres, tantôt froids, tantôt chauds, cela crée une ambiance de monde désœuvré, on sent le froid, la boue gelée de ce pays d’Europe de l’Est. On découvre la vie d’une petite communauté juive, Mandelman est artisan qui fabrique des tapis de qualité sur son métier à tisser, il se rend au marché pour les vendre. C’est une société en évolution, Mandelman n’est plus adapté à ce nouveau monde. C’est un récit tout en lenteur, rythmé par ces gris funestes, Il ne se passe pas grand chose, mais c’est ce genre de récit qui en dit plus par quelques images, quelques aplats de gris, telles des peintures naturalistes du XIXe siècle, qui montre une réalité sociale, ordinaire mais tristement réaliste. C’est un récit émouvant, simple et modeste, et chargé d’une douce mélancolie.
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Le Swing du golem

Quand une équipe de Baseball se déplace de ville en ville, en bus, pour jouer contre qui le veut bien...



Une capsule sur le Baseball aux Etats-Unis dans les années 1920, qui n'est pas sans rappeler les péripéties des équipes "noires" et de la fameuse "Negro League".



Ici, les joueurs sont tous juifs, et arborent fièrement leur étoile sur leur maillot des "Stars of David".



Mais pour faire rentrer des sous dans la caisse, il en faut plus que le talent de joueur. Il faut innover, trouver quelque chose qui fasse venir les gens au stade, ou du moins, aux abords des champs de patates sur lesquels ils doivent parfois se produire.



C'est alors qu'une idée va venir faire la réputation de l'équipe, puisée dans les contes, dans le fantastique... les "Stars of David" jouent avec un... Golem !!!
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America : The Revival ; Cents Pieds sous la..

3 histoires issues du folklore américain.

3 époques.

3 ambiances.

Sans être inoubliable, l’ouvrage se lit facilement, nous mettant face à une culture différente, une histoire particulière qui s’est construite, comme souvent, dans les larmes et la douleur.

Le fil rouge est la religion. Ses dérives et ses accès. Ses combats aussi… Même si les références ne sont pas les nôtres, l’ouvrage ne laisse pas indifférent. Le dessin, quant à lui, est simple et efficace.

Enfin, la troisième histoire, la plus longue, vous permettra de vous familiariser un peu avec les règles obscures du base-ball.

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Fantastic Four: Unstable Molecules

Ce tome comprend les épisodes 1 à 4 de la minisérie, initialement parue en 2003, formant une histoire complète, relativement indépendante (il faut connaître les caractéristiques principales du premier épisode des Fantastic Four pour l'apprécier). Le scénario est de James Sturm, les dessins et l'encrage de Guy Davis. Robert Sikoryak dessine et encre les cases consacrées au comics de Vapor Girl.



Le récit commence par 2 pages de texte dans lesquelles James Sturm explique qu'il s'est rendu compte que Stan Lee et Jack Kirby avaient basé les personnages des Fantastic Four sur des membres de sa propre famille ayant réellement existé. Viennent ensuite une reproduction des pages 9 à 13 de l'épisode 1 de la série "Fantastic Four", initialement paru en 1961.



L'histoire commence en 1958, alors que le professeur Reed Richard étudie le comportement de molécules étranges. Il reçoit la visite d'un groupe d'étudiant dont un certain Adrian Lampham assez critique et impertinent. Susan Sturm se conduit en épouse modèle, en veillant sur son petit frère depuis le décès de leurs parents, et en s'occupant des tâches domestiques dans le foyer de Reed Richards (même s'ils ne sont pas mariés). Johnny Sturm zone dans les rues, avec Rich Mannelman son meilleur ami. Ben Grimm est une célébrité locale dans son quartier, entraineur de boxe, apprécié de ces dames (en particulier Myrna, sa compagne du moment).



Quand le lecteur commence sa lecture, il perçoit nettement l'influence d'Alan Moore dans la forme du récit. James Sturm inscrit cette histoire dans une époque déterminée, il rédige des textes venant étoffer le concept de départ qui est que les Sturm, Richards et Grimm étaient des individus ayant vraiment existé, qui auraient servi de modèles à Jack Kirby et Stan Lee pour créer la dynamique familiale des Fantastic Four.



Le lecteur a le plaisir de (re)découvrir les dessins à l'élégance discrète de Guy Davis, dessinateur attitré de la série BPRD pendant plusieurs années (à commencer par Plague of frogs). Ce dessinateur combine une apparence surannée (adaptée aux années 1950), avec un aspect évoquant des croquis rapides (pour une impression de spontanéité), et un degré de précision épatant. Il recrée les années 1950 avec une fidélité et une authenticité sans faille, qu'il s'agisse des vêtements, des constructions, des sous-vêtements (le soutien-gorge de Susan), des véhicules, etc.



Alors même que le lecteur éprouve l'impression donnée par des dessins vite-faits, il constate dans le même temps que le langage corporel est mesuré et expressif, que les individus ont des morphologies variées et réalistes. Guy Davis conçoit des mises en scène qui évitent les suites de têtes en train de parler, au profit de la gestuelle des individus, de leurs déplacements permettant d'avoir d'autres aperçus de leur environnement. Guy Davis est donc un metteur en scène très compétent, doublé d'un accessoiriste intelligent. La reconstitution s'avère passionnante sans être envahissante ou écrasante. La direction d'acteurs est aussi discrète que parlante, le lecteur s'attachant immédiatement à chacun des personnages.



Alors que le titre laisse présager un lien très fort avec les superhéros des Fantastic Four (les fameuses molécules instables dont sont faits leurs costumes), le lecteur constate rapidement que ce récit est plutôt l'occasion de dresser un portrait de la société des États-Unis en 1958, à l'amorce d'une évolution sociale significative.



James Sturm commence par montrer que Susan Sturm se trouve à l'étroit dans son rôle de femme au foyer. Ben Grimm ressent un malaise existentiel, en ressentant ses limites d'individu sans espoir d'évolution. Johnny Sturm ne trouve pas sa place dans l'establishment, pas plus que son ami Rich Mannelman. Reed Richards regrette déjà que Susan Sturm ne lui soit pas inféodée, comme une dépendance au service de sa propre carrière.



James Sturm évoque cette période de l'histoire des États-Unis avec habilité. Susan Sturm lit Peyton Place (1956) de Grace Metalious. Johnny rencontre Joey King qui mène une vie de beatnik et qui lit Sur la route (1957) de Jack Kerouac. Il ne s'agit pas d'une reconstitution de surface. Le scénariste met en scène des problèmes de société (style de vie alternatif, homosexualité, femme au foyer, délinquance juvénile, femme battue, main baladeuse) en montrant en quoi ces caractéristiques sont inacceptables, soit par l'establishment, soit par les victimes. Il montre comment le carcan castrateur de la société de l'époque commence à présenter des fissures, annonciatrices de bouleversements culturels majeurs. De ce point, cette reconstitution est très réussie, et parlante.



Du coup, le lecteur a du mal à comprendre pourquoi le scénariste accorde la même importance à inscrire son récit dans la mythologie Marvel. Il est donc fait référence au premier comics des Fantastic Four. Stan Lee et Jack Kirby font une apparition dans une soirée donnée par les Richards. Il est question de la place sociale des artistes de comics (et même du statut d'un lettreur). Plus pointu, Sturm intègre des références à l'histoire des comics Marvel, à l'époque où cette entreprise n'existait pas encore et portait un autre nom. C'est le cas par exemple de la référence à Patsy Walker, personnage de comics à destination d'un lectorat féminin (bien avant qu'elle ne soit intégrée à l'univers partagé Marvel, comme superhéroïne).



Le sous-texte de ces références à Marvel (Ben Grimm parle aussi de sa tante Petunia) semble insister sur le fait que les comics Marvel sont le produit de cette époque révolue. Plus pernicieux, le fait que Stan Lee ait fait des Fantastic Four une famille soudée contre vents et marées semblent signifier qu'il évoquait un âge d'or révolu, une époque bénie où la cellule familiale constituait une valeur sûre (enfin surtout pour les hommes intégrés à la société, avec des revenus suffisants).



Au final, le lecteur ressort séduit par cette reconstitution visuelle des États-Unis de la fin des années 1950, convaincu par le portrait des lézardes sociales, mais un peu décontenancé par le rattachement forcé aux personnages Marvel. 4 étoiles si le lecteur est venu pour les Fantastic Four. 5 étoiles si le lecteur accepte que les thèmes du récit sont assez forts pour faire oublier ce lien imposé de force entre les Sturm et les Storm.
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America : The Revival ; Cents Pieds sous la..

Cane Ridge, Kentucky, 1801. Un couple de pionniers du Far West participe à un rassemblement religieux réunissant des dizaines de milliers de personnes. Persuadés que la puissance divine va se manifester, ils sont emportés par la folie mystique qui envahit les lieux.



En 1886, dans l’Idaho, une communauté de mineurs ayant créé la ville de Solomon’s Gulch se déchire et bascule dans la folie par pure avidité.



Au début des années 1920, une équipe de baseball juive sillonne les Etats-Unis et doit faire face à l’antisémitisme ordinaire. En mal de liquidités, les Stars of David créent de toutes pièces un Golem pour attirer la foule à leurs matchs.



Les trois récits regroupés dans ce recueil plongent leurs racines au cœur du folklore américain. Religion, argent et Baseball : James Sturm revisite la sainte trinité du pays de l’oncle Sam. L’amertume est le sentiment qui traverse ces trois "nouvelles graphiques". Peuplée d’illuminés cupides, violents et racistes, cette Amérique là n’est pas belle à voir. Mais au-delà des faits avérés qui ont servi de trame à chaque histoire, l’auteur expose une vision très contemporaine de son pays. Car après tout, rien n’a vraiment changé. Et en utilisant le passé pour mieux éclairer le présent, James Sturm démontre que ces maux américains font en quelque sorte partie de l’ADN de son pays. Le propos est donc assez désespéré. Difficile de voir d’où pourrait provenir la lumière. Une œuvre atypique que certains pourront qualifier de lucide. Pas sûr pour autant que cette vision du pays soit partagée par beaucoup d’américains.



Ces trois histoires ont été réalisées à trois périodes différentes (1996, 1998 et 2001) et le fait de les réunir en seul volume permet de voir l’incroyable évolution graphique de James Sturm. Dans The Revival, la plus ancienne, le trait frôle l’amateurisme. Le noir et blanc est brouillon, les personnages semblent raides comme des poteaux, bref, c’est franchement moyen. Dans la seconde, le trait charbonneux s’affine et l’utilisation des ombres est beaucoup plus pertinente. Dans la dernière, l’évolution est encore plus palpable. Même si le trait reste épais, il se rapproche de la ligne claire et est beaucoup plus lumineux. Sans compter que l’utilisation des teintes grises donne davantage de caractère à l’ensemble. Au niveau du découpage, on est dès le départ dans une narration très maîtrisée. Je ne sais pas si James Sturm s’est beaucoup inspiré de Will Eisner, mais force est de reconnaître qu’il sait raconter une histoire en bande dessinée.



Pour finir, un mot sur le travail de l’éditeur. Un grand merci aux éditions Delcourt qui permettent aux lecteurs français de découvrir une œuvre plus proche de l’underground que des productions grand public. Une certitude, ce recueil ne fera jamais partie des meilleures ventes. Mais pour ceux qui aiment les BD singulières de grande qualité, vous pouvez foncer les yeux fermés.




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Le jour du marché

Début XXè siècle.

Mendleman est un tisserand juif dont la femme va bientôt accoucher. Comme chaque semaine, il va vendre ses tapis au marché. Mais ce jour-là, il découvre que son acheteur habituel a pris sa retraite et que pour son successeur, la qualité importe peu comparativement au prix... Tentant sa chance ailleurs, notre homme ne parvient malheureusement pas à écouler sa production. Effrayé à l'idée de ne plus pouvoir nourrir sa famille, l'artisan perd pied.



Mendelman est un homme de l'ancien monde, respectueux des traditions et fier de la qualité de son travail. Il va découvrir l'émergence d'un nouveau monde basé sur le profit, où seul compte le rendement et les coûts bas. C'est un homme inadapté qui voit l'invasion de produits manufacturés aux détriments des vraies valeurs et dont les créations se voient vendues au moins offrant. On pourrait d'ailleurs y voir aussi un parallèle avec la création d'une oeuvre artistique.

C'est aussi un homme que cette première paternité fait peur. Un homme qui s'interroge sur son existence, sur le sens qu'il lui faut donner désormais. Un homme qui n'hésite pas à prendre Dieu à parti et à mettre en doute sa foi.



C'est un album simple, sans fioritures, où la parole va à l'essentiel. Les traits sont épais et les couleurs forment de vastes applats. Une planche pourra se découper en 12 cases comme offrir un seul plan muet et contemplatif.

Se déroulant sur une seule journée, le récit transforme le quotidien ordinaire d'un homme en petit conte philosophique qui rend également hommage à la communauté juive d'Europe de l'Est.



A découvrir !
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Hors-saison

Dans le récit d'inspiration autobiographique Hors-saison de James Sturm paru chez Delcourt Editions, Mark voit la vie en gris.

Nous sommes en 2016 et Les Mamas and Papas ne font plus rêver personne, pas Mark en tout cas, touché de plein fouet par ce qu'on appelle pudiquement les accidents de la vie: séparation, précarité, maladie de sa mère. Le rêve américain est mort et bien enterré tandis que l'environnement social de Mark s'effondre comme un château de cartes, tout cela sur fond de campagne électorale qui se soldera par l'élection de Donald Trump.





Mark, ouvrier du bâtiment, a eu deux enfants avec Lisa: Suzie et Jeremy. Lors des élections présidentielles de 2016, Lisa et lui, très engagés politiquement, font campagne pour Bernie Sanders. Suite à son éviction, Lisa va s'engager corps et âme pour Hillary Clinton au grand dam de Mark. S'en suit une incompréhension, tant sur le plan personnel que politique, qui va les conduire à la séparation.

Et c'est là que le récit, oscillant entre souvenirs d'un passé plus ou moins proche et actes du quotidien, débute.

Mark, submergé par la nostalgie, regrette le temps où il formait une famille avec Lisa et les enfants. Il va rencontrer de plus en plus de problèmes dans son travail. Contraint à vendre son camion pour pouvoir payer son déménagement, il sera exploité, floué par son patron Mick jusqu'à la rupture avec celui-ci. Commencera alors l'enchainement chronophage des petits boulots d'où ses difficultés à gérer le partage entre son travail et ses enfants…

La suite de la chronique sur L'accro des bulles
Lien : https://laccrodesbulles.word..
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Black Star : La véritable histoire de Satchel..

Juste excellent.



Une très belle mise en images du quotidien des joueurs de couleur aux Etats-Unis pendant cette période bien sombre se la ségrégation raciale.



Les noirs étaient privés de tout, ne pouvaient quasi profiter d'aucune facilité accordée aux blancs, mais... leur amour du Baseball était intact.



Ils avaient même créé la "Negro League", composée essentiellement de joueurs noirs, mais aussi hispaniques etc... et leur niveau de jeu n'avait rien à envier aux "Pros" blancs.

D'ailleurs, lorsqu'un match inter-racial tournait en faveur des noirs, bien souvent cela se terminait tragiquement pour ces derniers : coups, décisions arbitrales plus que douteuses, agressions, jets de pierre... rien ne leur était épargné.



Leur plus belle revanche ? La signature de Jackie Robinson chez les Dodgers de Brooklyn en 1945.



Mais le meilleur joueur de la Negro League était le lanceur Satchel Paige qui finira par rejoindre les Indians de Cleveland en 1948, à l'âge de... 42 ans.



Voici son histoire...

Voici leur histoire !
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Le jour du marché

Il est parfois des histoires qui fonctionnent sur nous sans que l'on ne sache trop pourquoi. C'est le cas avec "Le jour du marché". J'ai beaucoup réfléchi au pourquoi de mon enthousiasme, dans un registre qui ne me parle pas habituellement. Prose rapide, à l'épure, dessin personnel quasiment en nuances de gris, la lecture de ce récit d'un marchand de tapis sur un marché est aisée et appréciable.



Le ton est neutre, simple voire simplet, naïf. Cette candeur crée une réelle émotion, mais sans la chercher ! C'est bien là tout l'attrait de cette narration. James Sturm ne mendie pas la larme, ne sombre pas dans le dramatique, quand bien même il évoque de vraies misères. Par cette tonalité anodine, il retranscrit plus fortement encore les aspérités d'une époque difficile (communauté juive de 1920 en Europe de l'Est). L'auteur ne prend pas la misère en otage, il la dépeint, au milieu de la vie. Il ne nous crie pas son point de vue à l'oreille, il nous la glisse dans l’œil, comme si l'on y était.



Je ne pensais pas être imprégné de la sorte par une telle façon de faire. C'est pour moi une nouveauté qui me laisse songeur, une voie à creuser.
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Le Swing du golem

Euh?!! Moi, y'en a pas avoir compris grand'chose. (Mais bon, j'm'attendais quand même pas vraiment au coup de foudre; j'y connais pas grand chose au base ball. Gloups.)
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Le Swing du golem

On continue le voyage des marginaux du baseball avec le regard d'une équipe juive, tout aussi maltraité que les Africains-Americains. L'équipe "stars of David" nous éloigne de l'historiographie du volume consacré à Satchel Paige, pour nous plonger dans un roman graphique plus personnel et humain.

Démontrant que pour survivre, certains sont obligés d'accepter les clichés véhiculé et même d'en vivre. Véritable freaks show ou seul la haine prend le dessus sur un sport au signification importante.

Un combat contre le racisme, de ceux qui apprécie le jeu et souhaite seulement le pratiquer en sécurité et avec respect.
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Black Star : La véritable histoire de Satchel..

Roman graphique d'une sobriété étonnante, qui sous couvert d'un faux titre biographique, se révèle d'une documentation complète et casé avec pertinence.

Une époque où la communauté Africaine-Americaine trouve du réconfort dans le national pastime à travers les negro-leagues, qui aura marqué les esprits avec la première star noire de l'époque. Le récit nous emporte dans cette période ségrégationniste vu et revu, qui sortira du lot de par la légende Satchel Paige. Le héros d'une communauté de par ses performances sportives et ses qualités de showman, transcendant la color Line d'un monde qui changera peut à peut.
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Hors-saison

Un récit en clair-obscur aux accents autobiographiques. Sans accabler son ex-compagne Mark constate que les bonnes intentions d’un divorce sans heurt ont vite fait de voler en éclat quand cette dernière monte ses enfants contre lui. Les reproches s’accumulent, les séances en couple chez la psy n’arrangent rien et le fossé se creuse entre deux êtres devenus des étrangers l’un pour l’autre. Rien de bien nouveau sous le soleil avec une telle thématique me direz-vous mais l’album tire son épingle du jeu grâce à son ambiance et son traitement graphique.



Tout en nuances de gris, les dessins au style anthropomorphe rendent compte avec une étonnante justesse de la tristesse de cet automne où Mark voit son monde s’écrouler. De Thanksgiving à Noël, les semaines passent et le blues s’installe, les problèmes s’accumulent et la morosité prend le pas sur tout le reste. Une histoire pleine de langueur et de mélancolie, certes loin d’être originale et pas follement réjouissante mais qui dresse le portrait touchant d’un homme, d’un mari, d’un père et d’un citoyen perdant un à un les repères qui lui permettaient jusqu'alors d’affronter la dure réalité du quotidien avec un minimum de sérénité.


Lien : https://litterature-a-blog.b..
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