Citations de Jamie Ford (34)
En se projetant dans l'avenir, on peut être ce que l'on veut.
On choisit pas ses parents, conclut Sunny. Si on pouvait choisir, il y a des chances qu'on choisisse de pas naître du tout.
Elle n'avait pas envie de discuter, mais il fallait qu'elle empêche son amie de se jeter dans le gouffre. L'une comme l'autre savaient qu'il existait une loi interdisant les mariages mixtes. Ses parents lui avaient raconté comment certaines jeunes Chinoises avaient gâché leur vie en s'enfuyant avec leurs petits amis sai yan.
Même dans un Etat comme celui de Washington, où cette interdiction n'était pas officielle, les juges s'octroyaient le droit de refuser de leur délivrer une licence de mariage, arbitrairement, pour n'importe quelle raison.
Dans une petite communauté, une jeune fille avait intérêt à soigner sa réputation, et Mildred était en train de mettre la sienne en péril.
Qu'est ce qui nous empêche de juger les adultes? On nous apprend à obéir, à suivre les pas sur un sentier éclairé par nos ainés ... plus sages, plus expérimentés, plus croyants. Mais qu'en est-il de nos parents qui nous abandonnent ... Avons-nous le droit, en tant qu'enfants de les condamner ? Dois-je m'estimer coupable du trou que j'ai dans le cœur? Coupable de n'avoir pas su arrêter l'hémorragie de la blessure infligée par ma mère? Il ne faut pas s'attendre à ce que les enfants malheureux recousent leurs plaies sans laisser de terribles cicatrices.
En se projetant dans l'avenir, on peut être ce que l'on veut.
- Je te crois, moi, William.
- Comment peux-tu ?
- Grâce aux yeux du coeur. J'écoute mes sentiments parce que mes sentiments ne mentent pas.
- Je te crois, moi, William.
- Comment peux-tu ?
- Grâce aux yeux du coeur. J'écoute mes sentiments parce que mes sentiments ne mentent pas.
On entendait grésiller et claquer les woks dans la cuisine pendant que les serveurs emportaient vers le banquet un flot ininterrompu de nouveaux plats. Mais Liu Song, sa peine pesant sur son estomac, festoyait sur la couenne du chagrin. Elle n'avait aucun appétit.
- Je viens de penser que je suis parfaite pour vous...
Colin tourna vers elle un sourire soulagé.
- .... hélas, vous n'êtes pas parfait pour moi, conclut-elle.
Daisy paraissait intarissable au sujet de la récente promotion de son mari à la pâtisserie Gai.
-Il a inventé un nouveau genre de pain avec des ingrédients qu'il a trouvé dans la Bible. C'est nutritif, et tellement moelleux qu'on a l'impression d'avoir des tranches de paradis dans sa boîte à pain.
Les garçons étaient ainsi, se disait-elle. Tout à la fois têtus et dépendants, ils ne savaient pas ce qu'ils voulaient, et même s'ils le savaient, ils ne l'admettraient pas si on le leur présentait sur un plateau...
Quelle idée aussi, étant donné qu'elle était stérile ! C'était le docteur qui l'avait dit - sauf qu'il s'était servi du terme inféconde, comme si en l'habillant d'un joli mot on pouvait embellir une vilaine vérité.
On choisit pas ses parents, conclut Sunny. Si on pouvait choisir, il y a des chances qu'on choisisse de pas naître du tout.
Beaucoup de messieurs la désiraient pour quelques instants, et pas un seul ne la désirait pour la vie.
Elle n'aimait pas son mari. Elle était tombée amoureuse de ce qu'il représentait. Il avait été pour elle le portail de la maternité. Maintenant ce portail n'était pas seulement refermé, il était aussi en pièces.
-Harold est parti.
-Parti ? répéta Bob...Parti comme dans partir ?
- Il est sorti acheter du lait chez Selig, énonça Dora Jean en s'efforçant de prendre le ton sur lequel on décrit un phénomène météorologique : légère séparation avec un risque de divorce. Il n'est pas revenu.
- Je suis en retard, mentit Dora Jean... Je vous retrouve ce soir, alors..
-Tu veux dire que vous nous retrouvez ce soir, toi et Harold ?
Dora Jean se doutait que Daisy allait à la pêche, rien que pour remuer un peu la vase au fond des eaux glauques du commérage local.
Dora Jean avait quarante- trois ans; sa fertilité était un jardin recouvert de feuilles mortes tombées d'arbres figés dans un hiver sans fin.
-Bonjour, Daisy
-Ah, tu es là. Je pensais que vous étiez peut être partis en vacances, personne n'arrive plus à vous joindre !
Le train des ragots sort de la gare, pensa Dora Jean.
-Vous êtes allé quelque part ? Harold et toi ....?
Elle laissa la question de Daisy battre comme un vantail rouillé.
-....Ou tu es partie seule, peut être ?
Dora Jean entendit distinctement siffler le train des ragots.
Dès lors, Dora Jean avait cessé de faire des projets, renoncé à l'espoir et même fini par ne plus rien ressentir. Ses cicatrices lui faisaient la peau dure, ce dont elle se félicitait : s'endurcir, c'était prendre une assurance contre le chagrin.