« Accepter ses sentiments. Les sentiments ne sont ni mauvais ni bons, ils surviennent, voilà tout ; quand ils sont acceptés et compris, ils se résolvent d’eux-mêmes. Compatir en disant : « Je sais que tu n’es pas content que je sois moins avec toi depuis que ta petite sœur est née », exprime une compréhension que l’enfant traduit comme de l’amour. Accepter les sentiments de l’enfant ne signifie pas tolérer tous les comportements. « C’est très énervant d’avoir comme frère un bébé qui pleure, mais je ne te permets pas de le pincer. » »
Permettre à des enfants en bas âge de choisir peut être délicat. Si nous demandons à notre petite : « Préfères-tu mettre tes bottes ou tes chaussures ? », elle répondra sans doute « chaussures », juste parce que c’est le dernier mot qu’elle aura entendu. Les tout-petits sont par nature indécis. Ils ne savent pas ce qu’ils veulent : en fait, ils veulent tout. Quand notre enfant n’arrive pas à se décider, notre rôle est d’intervenir. Tout en sachant que refuser ou remettre à plus tard la satisfaction immédiate qu’attend bien souvent un petit, c’est en général provoquer une crise quasi inévitable. Notre enfant y survivra et nous aussi. Il a toutefois besoin de nous, de notre écoute et de notre tendresse bienveillante pour traverser ses émotions. Pas question de le laisser pleurer seul.
Simon, huit ans, a une dictée prévue pour le lendemain. Au lieu de réviser sa leçon d’orthographe, il passe presque toute la soirée sur Internet, son passe-temps favori. Quand sa mère s’en aperçoit, elle s’emporte, éteint l’ordinateur, et exige de Simon qu’il s’asseye à la table de cuisine pour réviser sa leçon. Simon reste assis devant son livre ouvert, mais il n’apprend pas pour autant sa leçon. Il est en colère que sa mère ait interrompu sa session sur Internet. Elle a pu le forcer à quitter l’ordinateur et à s’asseoir devant son manuel d’orthographe, mais n’a pu l’obliger à apprendre. C’est Simon qui contrôle la situation. Sa mère aurait pu procéder plus efficacement en lui disant : « Je sais que tu as une dictée demain. Je t’accorde encore un quart d’heure sur Internet, puis tu te mettras au travail. Dis-moi si tu veux que je t’aide à réviser. »
Nous pouvons toujours nous épuiser à répéter à notre enfant qu’il faut qu’il range sa chambre en lui en expliquant les raisons. Nos arguments sont sans doute valables, il n’empêche, s’il ne l’entend pas de cette oreille, nous ne le convaincrons pas de penser comme nous. Il est plus efficace de recourir à des techniques d’apprentissage. Le parent peut accompagner l’enfant dans sa chambre (la proximité affective augmente toujours l’efficacité) et l’inviter à ranger tel ou tel endroit précis de sa chambre ou tel ou tel groupe d’objets, en précisant comment le faire : « Tu peux ranger tous tes livres sur cette étagère… Maintenant, tu peux mettre tes vêtements sales dans le panier d’osier.
Nous avons besoin d’un autre regard sur nos enfants et les motivations de leurs comportements pour accomplir le rêve de tout parent : leur donner les fondations de leur sécurité intérieure, les accompagner dans l’intégration de leur confiance en leur personne propre comme en leurs compétences, pour qu’ils réussissent à l’école et deviennent plus tard des adultes autonomes, intelligents, responsables et empathiques.
N’oublions jamais que nous sommes, de fait, en position de force par rapport à nos enfants. Nous sommes plus forts sur les plans physique, affectif, relationnel et intellectuel. Et nous leur démontrons involontairement mais quotidiennement notre supériorité en décidant des courses à faire, des menus, de l’agenda familial. Nous travaillons, gagnons et gérons l’argent, les comptes en banque, les cartes de crédit. Nous savons conduire une voiture et naviguer dans des rues encombrées ou sur les voies express.
Quand nous permettons à notre fille de trois ans d’appuyer sur le bouton qui ouvre la porte du garage, nous lui cédons un peu de notre contrôle, ce qui lui donne confiance en elle et en son pouvoir de décision. Quand nous autorisons notre fils à choisir entre des macaronis en gratin ou des spaghettis bolognaise pour le dîner, nous démontrons combien son opinion compte pour nous et lui donnons ainsi le sentiment de sa propre importance. Offrir à ses enfants des choix adaptés à leur âge, c’est la clef d’une éducation efficace.
Comment établir une règle
1. Établir une règle à la fois et qui soit applicable.
2. L’énoncer clairement.
3. Utiliser un ton neutre et détaché en l’énonçant, quel que soit le nombre de fois où nous sommes amené(e) à la répéter.
4. Être d’une grande constance dans l’application de cette règle.
5. Ignorer réactions disproportionnées ou arguments hors de propos.
Une critique après coup n’est pas stimulante, bien au contraire. Si nous patientons jusqu’à une prochaine occasion pour prodiguer des conseils, ils seront mieux reçus et donc plus utiles à l’enfant. Cela, c’est instruire et non critiquer. Prendre conscience de la grande différence qu’il y a entre critique et pédagogie est on ne peut plus pertinent.
Les enfants ont besoin de parents nourriciers et puissants sachant de manière intuitive ou réfléchie quand tenir bon et contrôler, quand et comment céder progressivement une partie du pouvoir et quand lâcher prise pour permettre à l’enfant de développer son propre pouvoir personnel en gérant lui-même telle ou telle situation.
L’enfant n’existe pas seul, il est un être de relation, un être social dès sa naissance. L’attachement se construit dans l’interaction entre le nourrisson et la personne qui s’occupe de lui. Les comportements de l’enfant, même et surtout les plus difficiles, ne cherchent pas à manipuler le parent, mais ont des causes. Ils expriment ses besoins, notamment d’attachement. Le rôle du parent est d’identifier ces besoins et de les nourrir.
Meilleure sera notre relation avec notre enfant, moins nous aurons de risque de nous engager dans un conflit de pouvoir avec lui, et plus nous aurons de chance qu’il reste ouvert à notre influence. Une relation aimante entre un parent et son enfant ne va pas totalement de soi. Elle se travaille et se construit au quotidien.