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Citation de enjie77


Page 145 - Chapitre A l'Hôpital

Le cinquième jour, l'inertie au lit me devint intolérable. Lorsque la religieuse qui m'avait mis le thermomètre dans la bouche le premier jour se présenta, je la suppliai de m'apporter un journal. Elle me fit de gros yeux mais finalement y consentit. Elle alla dans le couloir demander la permission au garde. Il grommela son autorisation et elle revint avec un journal slovaque. Le titre, en énormes lettres noires, me fit l'effet d'une bombe qui exploserait dans ma tête "LA FRANCE A CAPITULE".

Mot à mot, car je ne connaissais pas suffisamment le slovaque pour comprendre chaque phrase du premier coup, je lus l'article qui détaillait ce titre. Je le lisais et le relisais comme si cette répétition pouvait modifier ce que j'avais pensé être un mensonge du lieutenant SS : le maréchal Pétain avait signé un armistice dans la forêt de Compiègne. Devant les allemands, l'armée française s'était complètement effondrée. Le vieux maréchal avait appelé ses compatriotes à une obéissance absolue. La collaboration……… L'Allemagne avait vaincu l'Europe occidentale. Il me fallut quelques minutes pour comprendre et réaliser les faits et je connus alors un véritable désespoir. Pendant des siècles, nous avions été liés à la France par des liens historiques et culturels. Et pour nous autres polonais, la France était une seconde patrie. Nous l'aimions de cet amour profond, irraisonné, dont nous aimions la Pologne. De plus, tout notre espoir de libérer la Pologne reposait sur la victoire de la France. Désormais je ne voyais plus aucune issue.

Puis je réalisais que l'article ne contenait aucune information sur le sort de la Grande-Bretagne. Je tournai les pages fiévreusement jusqu'à ce que je tombe sur le mot "Angleterre" et je lus alors : "L'Angleterre commet un suicide en poursuivant la résistance…." Je me mis alors à prier comme le faisaient tous les peuples libres, je suppose, en ces jours fatidiques, mais avec une passion connue seulement de ceux qui ont été vaincus. Je priai que soit donnée à Churchill la force de résister aux épreuves qu'il était en train d'affronter, je priai pour la résistance ferme et opiniâtre des combattants britanniques pour qu'ils n'admettent jamais la défaite, et je priai pour que le courage n'abandonne pas tous ceux qui n'avaient pas renoncé à la lutte. Tout le reste devenait secondaire devant ce fait capital : l'Angleterre ne s'était pas rendue, l'Angleterre résistait. Tout n'était pas perdu.
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