Afin de traduire la mobilité des choses, Claude Monet dut, avec sa série des Cathédrales de Rouen (1890-1893), juxtaposer des toiles dont la suite fait voir, comme sur une horloge, la succession des états d'un objet. L'estampe permet aussi cet exercice que l'Anglais Seymour Haden avait déjà pratiqué à l'eau-forte. Pissarro et Degas ont plusieurs fois repris le même sujet sur différentes plaques, traitées chacune comme si le sujet était neuf : La Femme au bain de Degas, reprise, jusqu'à l'obsession, sur une dizaine de pierres lithographiques, en est l'exemple le plus extrême, à l'époque même où Monet peignait ses cathédrales.
Une autre histoire de l'impressionnisme, Michel Melot, p. 40.
Malgré les remarquables expositions et publications qui lui ont été consacrées depuis les années 1980, l'estampe reste encore confinée à une audience de spécialistes. Et pourtant, la gravure, à bien des égards, a joué un rôle essentiel dans l'avènement de la peinture impressionniste. Il n'est que de penser à Jongkind, dont l'eau-forte "Soleil couchant, port d'Anvers", de 1868, est antérieure de quatre ans au célèbre tableau de Monet "Impression, soleil levant" (qui figura en 1874, à la première exposition impressionniste, mais date de 1872).
Préface, p. 10
L'art est ainsi devenu chez nous une vaste boutique de confiserie, ou il y a des bonbons pour tous les goûts.