Penché sur mon épaule, le doigt tendu vers l'un ou l'autre des livres sont il m'avait donné le goût et qui, assurait-il, avaient décidé de sa vie, mon père disait : "Tu vois, petit, les mots attendent leur heure. Lorsqu'elle a sonné, rien ne peut les arrêter, ni la honte, ni la peur, ni même parfois, l'amour."
L'heure est venue, Gabrielle. Sous le flot des mots que je n'ai pas osé te dire, car tu ne voulais écouter que toi, je sens rompre les digues du silence.
M'entendras-tu ?
J'imagine ton visage surpris : "Que me veut-il encore, celui-là ?" Tournant les pages, tu lanceras bientôt avec colère : "Il aurait pu m'en parler en face. Lâche, comme tous les hommes."
Lâches, les hommes le sont pour éviter de faire couler les larmes des femmes qui redonnent un cœur douloureux de petit garçon dans un corps de géant. Lâche, je l'ai été aussi pour protéger nos enfants.
Et puis je t'aimais tant.
Laisse-moi te dire... Une dernière fois.