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Critiques de Janine Gdalia (3)
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Femmes et Révolutions en Tunisie

En premier lieu Grand Merci à Masse critique et aux éditions Chèvre-Feuille étoilée pour l’ouvrage de Janine Gdalia « Femmes et révolution en Tunisie », que j’avais coché parmi mes souhaits de découvertes.



Un ouvrage, qui en dépit de la gravité du sujet, est aisé à lire, avec le côté vivant et varié de témoignages directs de parcours de femmes engagées et d’un courage infini dans la défense de leurs convictions. Des personnalités les plus diverses , dans des professions libérales, exigeant responsabilité et indépendance de pensée…

Quelques mots sur l’auteur, Janine Gdalia est née en Tunisie où elle a vécu jusqu’à son adolescence. A Paris, elle fait des études de lettres à la Sorbonne ; elle se trouve vite embarquée dans une vie professionnelle consacrée tour à tour (et parfois simultanément) à la direction d'institutions culturelles, à l'édition (Directrice de collection aux Ed. Jean-Claude Lattès et Albin Michel), au journalisme et à l'écriture, enfin à l'enseignement. Elle a aussi animé des ateliers d’écriture dans diverses structures.



Pour cet ouvrage, elle s’est rendue après plus de 20 ans loin de son pays natal, après les élections et le départ de Ben Ali, après la révolution du Jasmin, pour rendre compte de la situation et des évènements en interrogeant plus exclusivement des femmes qui se battent, se rebellent avec détermination contre tout ce qui pourrait entamer leurs acquis, obtenus en 1956, avec le Code du Statut Personnel, institué par Habib Bourguiba. J’ai d’ailleurs appris en détails ce qu’il représentait.

« Ce code fut la seule exception en pays arabe. (…) Il ouvrait aux femmes le chemin de l’émancipation. Il faisait des femmes les égales des hommes en matière de droits et de devoirs, à l’exception de leurs droits à l’héritage. Complété par des mesures sur l’éducation, il offrait aux femmes, dans le cadre de la mixité, la possibilité de se former et d’accéder à des postes de responsabilité. Toujours en vigueur aujourd’hui, il n’est guère de semaine où il n’est pas contesté par les islamistes » (p.15-16)



L’originalité de ce texte et de la démarche de l’auteur est de saisir des paroles de femmes qui étaient partie prenante dans la révolution tunisienne, qui se sont impliquées depuis des années pour que cela se réalise. Tour à tour enseignante, avocate, cinéaste, universitaire, écrivaine, plasticienne, photographe, sociologue, prennent la parole, pour dire leur détermination pour la liberté, l’autonomie, la dignité pour tous, et l’instruction des femmes ainsi que leur souhait de voir leur pays débarrassé des islamistes, et de leurs exactions, ainsi que de la régression advenue au fil des années du règne de Ben Ali…



La lecture de ces différents entretiens montre combien les femmes tunisiennes ont évolué depuis 60 ans. Près de 56% en 2012, sont diplômées de l’université. Beaucoup occupent des places importantes dans la société. Les femmes occupent des postes dans toutes les catégories professionnelles. Ces témoignages féminins montrent une forte conscience politique. On ne peut être qu’admiratif devant le courage incroyable , par exemple, de Radhia Nasraoui (avocate, Docteur Honoris causa, proposée pour le Prix Nobel de la paix en 2011), qui risque sa vie par ses grèves de la faim et son engagement..



Sans omettre les autres militantes, les universitaires, les artistes (photographe, galériste, cinéaste, etc.) qui défient aussi, à travers leurs œuvres, les interdits de la société sur la représentation du corps et sur la religion, en dépit des risques encourus. Au-delà de leurs différences, elles sont en accord pour dénoncer le régime corrompu et dictatorial de Ben Ali et la reprise actuelle de ses méthodes par le parti de « l’Etat-Ennahda », aujourd’hui au pouvoir.



Les entretiens individuels des femmes présentées se terminent par celui de la fille du premier président de la République Tunisienne Habib Bourguiba, Hejer Bourguiba, devenue galeriste. Elle raconte son enfance heureuse quoiqu ‘assez solitaire entre des parents plutôt âgés, et la fonction de son père. Elle répond aux questions sur Bourguiba, homme qui venait du bled, issu d’une famille modeste, et qui s’était forgé très tôt une conviction quant à la vie très dure des femmes, qui s’épuisaient et souffraient par des maternités nombreuses et trop rapprochées. Il n’avait que onze ans quand sa mère-qui avait eu plusieurs enfants-est morte. « Etant avocat, il voulait défendre les victimes, il avait un sens profond de l’égalité. Il voulait que le peuple s’émancipe et que les femmes s’épanouissent » (p.144).



On apprend qu’Hejer Bourguiba revient définitivement en Tunisie en 1995, pour faire connaître la Tunisie à ses enfants autrement qu’en vacances et de peur d’apprendre la mort de ses parents à la télévision. Pendant deux ans, on lui interdit de voir son propre père. Elle devra faire le siège du Ministère de l’Intérieur pour obtenir un droit de visite….Elle exprime son ressenti vis-à-vis de la Révolution ; Elle l’a vécue

« comme un miracle, c’était formidable !

Je suis descendue dans la rue, allée de la Casbah. Mes enfants étaient inquiets pour moi mais dans ces moments-là, chacun faisait attention à l’autre sur la route, dans les écoles, les crèches. Tout le monde était heureux.

On avait pris conscience qu’on devait changer le régime, que Ben Ali avait été traître à la Tunisie. La redécouverte de l’héritage bourguibien a permis de retrouver des repères historiques alors que sous Ben Ali le problème était d’éliminer la figure de Bourguiba » (p.148)



Ce qui ressort de cet ouvrage et de l’ensemble de ces témoignages, ce sont la force et la détermination des Tunisiens mais aussi la vigilance et l’extrême courage des femmes. En dépit des difficultés actuelles, Hejer Bourguiba exprime le souffle d'espoir et de courage pour son pays, à la fin de l’interview : « Ennahda veut agir sur les fondements de la société. Si nous laissons faire, si nous ne sommes pas vigilants, ils bâtiront une société intégriste dont personne ne veut aujourd’hui en Tunisie.

En face, il y a des gens qui n’ont pas eu l’expérience de la démocratie, des élections. Mais je suis optimiste car il y a des forces vives en Tunisie, des hommes et des femmes exceptionnels dans la société civile.

C’est la rue qui va imposer un changement, pas les partis politiques, pour l’instant. « (Tunis, le 7 septembre 2012)



L’auteur a eu l’excellente idée d’ajouter en annexes , le statut juridique des femmes en Tunisie, des repères historiques ainsi que la synthèse des évènements de la Révolution Tunisienne entre 2010 et 2013, qui facilitent la compréhension de l’ensemble.

Un ouvrage percutant qui m'a appris énormément sur la Tunisie, son histoire et sur la force des engagements des femmes, et des jeunes, qui en utilisant les nouvelles technologies, les réseaux sociaux , ont combattu les interdits imposés par le régime et fait bouger le système...Des leçons de courage et de solidarité.



N.B : Saluons le dynamisme et les engagements de la maison d’édition .

Chèvre-Feuille étoilée est une édition française à vocation méditerranéenne, créée le 18 janvier 2000 à Montpellier. Elle essaie de diffuser ses ouvrages ailleurs qu'en France. Elle est depuis le début diffusée en Algérie.

Pour faire connaissance avec le fonds et les publications de cet éditeur, je joins un lien, qui pourra vous en apprendre plus : http://www.chevre-feuille.fr/la-maison-d-edition/124-les-editions/2-des-editions-mediterraneennes.html

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Femmes et Révolutions en Tunisie

Janine Gdalia vient de publier aux éditions « Chèvrefeuille étoilée » : « Femmes et révolution en Tunisie ». Ce livre est constitué par une série d’entretiens d’une part avec des femmes qui se sont illustrées avant et pendant la révolution et d’autre part par une réunion-débat avec des femmes de tous milieux.

La première partie est l’occasion de mieux connaître les parcours de ces femmes qui ont lutté contre la dictature de Ben Ali et qui continuent, aujourd’hui, de mener un combat pour la liberté.

La première partie concerne : Azza Filali, Radhia Nasraoui, Nadia El Fani, Khadidja Chérif, Marianne Catzaras, Meriem Bouderbala, Lamia ben Messaoud, Meriem Zeghidi et Hejer Bourguiba. J’ai particulièrement apprécié les entretiens concernant Radhia Nasraoui dont on connaît le combat, le courage et tout ce qu’elle a eu a subir et ce n’est, malheureusement pas fini.

Mention spéciale aussi pour le combat de la cinéaste Nadia El Fani, bête noire des salafistes obscurantistes.

Ce livre n’évoque qu’une toute petite partie des femmes tunisiennes en lutte pour leur liberté ( j'en connais beaucoup d'autre a travers les réseaux sociaux) mais il donne une image assez claire de l’état d’esprit de beaucoup et nous montre que les femmes tunisiennes ne sont pas prêtes a baisser les bras et a renoncer a leurs acquis. C’est réconfortant mais cela ne m’a pas étonné car je suis attentivement cette révolution sur les réseaux sociaux et j’avais, moi-même constaté, que le combat pour une réelle démocratie, pour les libertés et pour les droits de l’homme est mené en premier lieu par les femmes.



Ce livre qui constitue, d’une certaine façon, un hommage a donc toute sa raison d’être et, après comme avant d’avoir lu ce livre je suis convaincu que ce sont les femmes qui seront le principal moteur de la victoire de la liberté.
Lien : http://jpryf-actualitsvoyage..
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Femmes et Révolutions en Tunisie

"Femmes et révolution en Tunisie" est un recueil d’entretiens avec des femmes impliquées dans la vie politique de la Tunisie, avant la révolution de Jasmin et depuis, pour peser sur le changement dans leur pays.

Janine Gdalia a saisi les paroles de ces femmes qui étaient là, lors de cette révolution commentée à travers le monde, elle a mis en lumière l’implication incontournable des femmes de Tunis. Artistes, écrivaines, militantes : Azza Filali, Radhia Nasraoui, Nadia El Fani, Khadija Chérif, Marianne Catzaras, Myriam Bouderbala, Lamia Ben Messaoud, Mériem Zeghidi, Hajer Bourguiba et Michèle, Maya, Nedjma, Alima et Fatma,

Elles témoignent de leur implication pendant des années pour faire naitre ce changement.

Un combat pour la liberté tout d'abord contre Ben Ali et maintenant pour ne pas perdre leurs droits.

oui la lutte est loin d'être terminée. Bien sur seule une petite partie des femmes qui combattent se retrouvent dans ce livre mais elles sont assez représentatives de l'état d'esprit qui motive ces femmes: elles se battent pour conserver leurs acquis qui sont menacés par le nouveau gouvernement islamiste ; Leur révolution leur a été volée mais elles continuent de croire à une possible démocratie.

Livre hommage à toutes ces femmes : ces morceaux de vie nous donnent une belle leçon de courage et la question que je me pose ,serions nous capables d'en faire autant nous qui nous plaignons très souvent pour pas grand chose.
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