Le Nautile et autres nouvelles de
Janine Nouschi
Elle s’était de nouveau assise devant son secrétaire, elle remuait la pile de dessins que Mathieu avait regardés quelques jours auparavant.
Elle commença à compter :
– Trois croquis de face, trois de profil, deux de dos et maintenant je dépèce l’objet pour en extraire chaque détail.
Mathieu s’approcha :
– Veux-tu que je les jette ? Veux-tu t’en débarrasser ?
– Jamais ! elle s’était courbée en avant, couvrant de son buste et de son bras les feuilles éparses.
– Non, j’y tiens. Tu me tuerais si tu les déchirais. C’est moi qui suis dans mon Nautile, c’est mon sang, mon cerveau, ma substance qui se répandent dans mes dessins ! C’est un morceau vivant de moi ! Tu m’entends,
vivant !
Elle criait d’une voix aiguë :
– N’y touche pas, Mathieu, n’y touche jamais !
– Viens dans mes bras, je vais te réchauffer.