VOUS DITES :
C'est fatiguant de fréquenter les enfants.
Vous avez raison.
Vous ajoutez :
Parce qu'il faut se baisser, s'incliner,
Se courber,
Se faire tout petit.
Là, vous avez tort,
Ce n'est pas cela qui fatigue le plus,
C'est le fait d'être obligé de s'élever,
De se mettre sur la pointe des pieds
Jusqu'à la hauteur de leurs sentiments,
Pour ne pas les blesser.
L'enfant a le droit au respect de sa dignité et de son amour-propre,
ne pas piétiner, ne pas humilier, laisser vivre sans décourager,
ni brusquer, ni presser, du respect pour chaque minute qui passe. [.......)
On peut imposer une discipline aux geste d'un enfant, pas à ses idées.
L'enfant mérite que l'on respecte ses peines, même si leur cause n'est que la perte d'un caillou.
Je n'existe pas pour être aimé et admiré, mais pour aimer et agir. Ce n'est pas le devoir de ceux autour de moi de m'aimer. Au contraire, c'est mon devoir de me préoccuper du monde, des hommes
On peut imposer une discipline aux gestes d'un enfant, pas à ses idées.
L'enfant ne devient pas un Homme, il en est déjà un.
Les enfants auront les mêmes droits que les adultes et ils seront des citoyens à part entière. Les enfants obéiront, non plus parce qu’ils auront peur, mais parce qu’ils voudront eux-mêmes que l’ordre règne partout .
(p. 312)
Donner aux enfants la possibilité d’un épanouissement harmonieux de toutes leurs facultés spirituelles ; dégager la totalité des forces latentes qu’elles contiennent ; les élever dans l’amour du bien, du beau, de la liberté… Essaie donc, homme naïf ! La société t’a confié un petit sauvage afin que tu le dégrossisses, lui inculques de bonnes manières, le rendes plus maniable… et elle attend. Attendent ainsi l’Etat, l’Eglise, le futur patron. L’Etat exigera de lui le patriotisme ; l’Eglise, la foi ; le patron, la probité ; et tous trois, de la médiocrité et de l’humilité. Trop fort, il sera brisé ; trop doux, maltraité ; rusé, il pourra être acheté ; pauvre, son chemin sera barré de tous côtés. Par qui ? Personne et tout le monde. La vie.
A force d’être gavés de paroles édifiantes, de nombreux enfants finissent par prendre en aversion la vertu ; laissons-les découvrir eux-mêmes, graduellement, les bienfaits et les douceurs de l’altruisme.
Ne t’applique pas à devenir un éducateur austère, une comptabilité psychologique dans le cœur et un code pédagogique dans la tête. Tu jouis d’un allié merveilleux : la jeunesse, et tu voudrais faire appel à cette grincheuse empotée qu’est l’expérience !