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Critiques de Jason Little (22)
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Borb

En guenilles, un bonnet sur la tête, des gants troués, la barbe sale et trop longue, Borb, un sans-abri, croque, sans réfléchir, dans cette pomme trouvée dans une poubelle. Malheureusement, le peu de dents qui lui reste, qui plus est en bien mauvais état, n'aura pas supporter ce fruit trop dur. À la soupe populaire, un clochard lui conseille alors de se rendre à l'hôpital, là où le docteur Mercy prodigue des soins gratuitement. Après une longue intervention, le voilà le sourire aux lèvres et de belles dents toutes refaites. Quelques antibiotiques avalées d'un coup et Borb est tout content. Pour fêter ça, il s'offre un petit repas malheureusement bien trop arrosé. Alors qu'il vomit par dessus une rambarde, le dentier se fait la malle et se retrouve dans le canal de Brooklyn. Il a beau plonger, il ne le retrouve pas. Le voilà à mâchouiller du boeuf séché. Après une énième cuite, Borb fait une chute dans les escaliers du métro et se fracture le tibia. Une fracture ouverte qui nécessite aussitôt des soins. À l'hôpital, les médecins lui replacent son os sans anesthésie puis le plâtrent. Après quelques jours de repos, le voilà à nouveau dans la rue...



Dans cet album, Jason Little nous plonge dans le quotidien de Borb, un SDF qui vit dans les rues de New-York. Un quotidien souvent difficile : des cartons en guise de matelas, de la nourriture piquée dans des poubelles, de l'alcool, souvent mauvais, pour faire passer tout ça et tenter d'oublier un tant soit peu des vêtements sales, des parasites... Le tout dans une indifférence quasi-générale. Borb va connaître une suite d'événements malheureux : son dentier qu'il perd, sa jambe cassée puis une deuxième... Une spirale dans laquelle il s'enfonce. Mais Jason Little raconte tout cela non sans humour, parfois noir. Et l'on se surprend à sourire des malheurs de ce pauvre Borb ! Quasiment pas de textes, beaucoup d'onomatopées et un dessin en noir et blanc efficace, l'auteur va à l'essentiel. Un album social réaliste, sordide, cynique, à la fois triste et drôle.

À la fin de l'album, Jason Little invite le lecteur à faire un don ou du bénévolat au sein d'initiatives appelées "un chez soi d'abord". En espérant que cela aura attisé certaines consciences...
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Borb

Borb ou l'art de vous faire passer d'un enthousiasme relatif à un engouement sincère en un peu moins d'une centaine de planches.



Jason ne bosse pas à base de po-po-po-pop, c'est d'la bombe... mais fait dans le strip.

Celui qui s'effeuille, timidement, en vous filant un bourdon que même Maya elle en voudrait pas pour son quatre heures à moteur.



Je connaissais le Blob, je découvre ici Borb, SDF sans avenir, sans espoir de retour à la case "normalité".

Borb picole ce qu'il peut, pisse et chie où il peut, se lave quand il peut, crève à petit feu dans l'indifférence générale.

Quelques cases en noir et blanc.

Quelques mots, lorsqu'il y en a.

On rit...jaune, témoin d'une chute sans fin, d'un puits de férocité sans fond, d'un destin tout tracé à grands coups de mandales dans une gueule qui n'a déjà presque plus rien d'humain.



Saisissant et glaçant.
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Shutterbug Follies

Cette bande dessinée américaine est présentée en format paysage. Le graphisme est assez classique dans le style l’underground américain, mais manque parfois un peu de folie, un peu raide, au couleurs artificielles.

Bee travaille dans un studio photo et fait des tirage pour des particuliers, elle s’amuse à rechercher les photos particulières dans le lot. Un jour elle découvre une série de photos de crimes, elle va alors mener son enquête personnelle. Le récit est bien mené, haletant, inquiétant, avec des personnages intéressant, mais reste très classique. J’ai pris un certain plaisir à cette lecture, mais elle ne restera pas inoubliable.

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Shutterbug Follies

Bee, une jeune fille tout juste sortie des études, travaille dans un magasin de développement de photos à Manhattan. Son petit passe-temps : récupérer des photos insolites pour sa collection personnelle. Mais un jour, des clichés assez glauques lui passent entre les mains : ceux de cadavres...

Pas de pages d’introduction, l’auteur fait rentrer son lecteur de suite dans l’histoire. Interrogation, suspision, filature… Pas de grosse surprise dans le déroulement mais une bonne enquête avec en fond la photographie. Les dessins sont très colorés mais parfois un peu trop figés, pas facile de décrypter les émotions de chacun. Une histoire agréable avec une jeune fille plein d’énergie et d’assurance. Je lirai peut-être le second tome Motel Art Improvement Service mais plus pour suivre cette pétillante Bee pour une scénario plein de rebondissements.

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Le vagin

Polly Amorous est une jeune femme et est artiste burlesque à New-York. Elle adore le sexe et mène une vie plutôt dissolue. Elle cherche désespérément l’amour et attend l’étincelle qui lui révèlera l’homme de sa vie. Elle est attirée par les asiatiques et aussi par les homme Afro-Américains. Ce qui la gêne dans on attirance pour les hommes de couleur, c’est que, orpheline, son père adoptif était noir et elle crois que si les hommes de couleur la tente, c’est parce qu’elle souffre du complexe d’Electre. Pendant ce temps, à San Francisco, Molly vit une vie réglée avec sa compagne. Elle est homosexuelle monogame et tient un bistrot à Oakland. Polly est vraiment malheureuse de ne pas rencontrer le grand amour et Molly est contrariée par le désir d’enfant de sa compagne. Les deux femmes ne se connaissent pas. Elles ont des vies opposées. Le seul point commun qui pourrait les relier est qu’elle sont toutes eux orphelines et qu’elles ont été adoptées. Mais un jour, il se passe quelque chose d’étrange. Polly, en manque de sexe, décide de e faire plaisir avec un godemiché mais celui-ci disparaît mystérieusement dans son vagin. Pendant ce temps, Molly est aux toilettes et elle sent quelque chose sortir de son sexe. C’est un sex-toy qui ne lui appartient pas. Ce n’est que le début d’étranges phénomènes. Ce que l’une s’introduit dans le vagin sort de celui de l’autre. Dépassées par le mystère, les deux femmes ne comprennent pas ce qui leur arrivent. Mais il vient une idée à Molly. Dans un tube et par son vagin, elle envie un message comme une bouteille à la mer. Polly, de l’autre côté des Etats-Unis le reçoit et répond de la même manière. Plus sophistiqué encore, l’idée de Molly est de s’introduire un tuyau dans lequel le est peut entrer en conversation avec Polly…



Voilà une bande dessinée complètement déjantée. Je l’ai classé fantastique perce que le phénomène qui semble lier les deux femmes tient d’un trou de ver, sorte de couloir dans l’espace temps. Cette bande dessinée casse aussi les codes et les préjugés. Elle critique indirectement le racisme, l’homophobie et la ségrégation dont sont victimes les femmes rondes. Elle n’a pas la prétention de faire de la justice sociale mais elle est un peu du genre chronique sociale et étude de mœurs. Le graphisme se veut humoristique, avec une mise en couleur plutôt flashy et un peu kitch, ce qui correspond bien au mode de vie de Polly, performeuse burlesque, assez pornographe. Elle a une vie dissolue, compte sur le sexe pour trouver l’amour de sa vie. Cette légèreté lui pèse car au final, elle se sent toujours enfermée dans la solitude. Polly, à l’opposé, a un look masculin, plutôt rebelle mais a une vie bien rangée avec ds on couple monogame lesbien. Ce pose pour elle de savoir comment gérer le désir d’enfant de sa compagne car pour elle, ça n’a pas l’air d’être un projet de vie. Il faut bien qu’un jour les extrêmes s’attire et voilà les deux femmes. Connectées mystérieusement par le vagin. Même vivant loin l’une de l’autre et étant de parfaites inconnues, il faut forcer le destin et se rencontrer. Les conséquences de ce lien qui tient de la science-fiction sont à la fois gênantes et heureuses. Nous sommes un peu dans le oxymore, merveilleusement cultivé au profit de l’humour Oui, ne boudons pas notre plaisir, c’est vraiment drôle et audacieux. La pudibonderie n’est pas au rendez-vous, même si cette bande dessinée est humoristique, elle reste assez explicite. Mais vraiment, je me suis régalé en la lisant et je ne peux que vous la conseiller Osez la lire, vous ne serez pas déçu du bon moment que vous passerez en compagnie de Polly et de Molly. Lu en format KINDLE avec une très belle numérisation.

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Borb

Cette bande dessinée raconte la vie d’un clochard. C’est sans concession, pathétique et moche. Je n’ai pas accroché, le dessin est glauque, l’histoire est glauque, le personnage est glauque… Je conçois l’intérêt d’une telle bande dessinée, de l’intérêt de parler de ces gens là, mais le ton choisi par l’auteur ne met en avant que l’horreur de la situation avec un personnage sans âme, on dirait que le seul but est de mettre mal à l’aise, une démonstration par la provocation. Je l’ai vite lu, et je n’ai surtout pas envie de le réouvrir une seconde fois.
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Borb

L'homme sans abri n'a décidément pas la vie facile. C'est souvent sombre, cruel et sordide comme pour rappeler le manque d'humanité de la plupart de nos congénères. Ainsi va le monde ainsi que cette société qui isole certains êtres qui se débattent pour survivre. A côté de cela, nous avons le patron de M6 qui déclare que son salaire de 1.4 millions d'euros par an, ce n'est pas énorme ! Oui, quel triste monde. Faudrait sans doute qu'il lise d'urgence Borb afin de relativiser ou simplement de comprendre que cela ne va pas mieux pour beaucoup de gens qui sont dans la précarité.
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Borb

Il s'agit d'un récit complet en noir & blanc, indépendant de tout autre. Il se présente sous une forme un peu particulière, en format paysage. Chaque page comporte une seule bande dessinée pouvant s'apparenter à un gag, ou à une scène avec une chute. Jason Little est également l'auteur de Shutterbug Follies et Motel Art Improvement Service.



La lecture commence, avec un déchet par page, allant d'une cassette vidéo éventrée à une boîte de donuts ouverte. La page suivante recense 13 mots pour désigner une personne à la rue. L'histoire en elle-même comporte 78 bandes de cases, à raison d'une par page. Dans la première, Borb (le surnom de la personne à la rue) essaye de mordre dans un quignon de pain trouvé dans une poubelle. Il éprouve une vive douleur dans les gencives, ce qui lui reste de sa dentition ne lui permettant pas d'en arracher un morceau.



Par la suite, Borb se rend chez un dentiste pour personne nécessiteuse. Il se casse un tibia en tombant dans un escalier. Il s'enfuit de l'hôpital. Il se voit attribuer un logement précaire. Il rêve qu'il est recueilli par une riche rentière. Il se rend dans un foyer pour sans-abri. Il perd sa ceinture. Il subit plusieurs intoxications alimentaires.



Après les escapades mouvementées et esthétiquement séduisantes, le lecteur ne s'attendaient pas à ce que Jason Little choisisse un sujet plus social, ou qu'il adopte un format plus austère. Les dessins sont en noir & blanc avec des traits un peu secs qui évoquent plus le stylo que la plume. Jason Little n'utilise que très peu d'aplats de noir, préférant colorier en noir les surfaces, en laissant les traits de crayons apparents (ils ne sont pas complètement jointifs. Les contours sont délimités avec soin, avec un petit degré de simplification qui rend chaque image facile à lire.



Ce degré de simplification ne rend pas les dessins trop jolis, leur apparence s'adressant plus à des adultes qu'à des enfants. Jason Little dose avec soin la densité d'information visuelle par case. Elles peuvent s'apparenter à un cliché instantané, avec les personnages, les accessoires (table, couvert, plat sur la table) et l'arrière-plan (mur, fenêtre, paysage derrière la fenêtre), ou alors très rarement ne contenir qu'un personnage (par exemple Borb) ou un élément de décor (par exemple une poubelle). Le lecteur peut donc se projeter dans chaque lieu, ou en tout cas s'en représenter les caractéristiques qu'il s'agisse d'un bout de trottoir au pied d'un mur en brique, d'un cabinet de dentiste, d'un escalier de métro, d'une chambre d'hôpital, d'un banc dans un jardin public, d'une rame de métro, d'un petit appartement, d'un tribunal, etc.



Comme cette énumération le laisse supposer, cette bande dessinée n'a rien de répétitive. Jason Little réussit à transformer le quotidien d'un SDF, en une sorte de suite d'aventures cocasses, faisant intervenir plusieurs personnages (aucun récurrent, si ce n'est Borb lui-même), dans des endroits divers et variés que le lecteur associe sans mal avec une vie à la rue.



Assez étrangement, Jason Little sait décrire cette vie de misère, en y intégrant une dimension burlesque qui dédramatise pour partie les situations. Le degré de simplification lui permet d'utiliser des dispositifs visuels qui relèvent de la bande dessinée humoristique, telles que des étoiles et des petits éclairs pour représenter la douleur (après que Borb ait mordu dans le quignon de pain), des tourbillons au-dessus de la tête pour figurer la stupeur alcoolique, des lignes courbes pour indiquer que Borb rebondit sur les marches d'escalier lorsqu'il a perdu l'équilibre, ou encore des expressions exagérées sur le visage de Borb (yeux ronds, bouche grande ouverte), etc.



Ainsi les mésaventures de Borb perdent une partie de leur dimension sordide et tragique. Heureusement, parce que ce pauvre homme ne subit pas que des avanies, il souffre physiquement et psychologiquement. En cours de récit, l'auteur montre comment cet homme en est arrivé à cet état de déchéance. Il n'y a rien de complaisant ou de suffisant dans cette dégringolade sociale, mais il n'y a pas non plus de glorification d'un perdant. Little ne dépeint jamais son personnage principal comme un héros. Dès les premières séquences, Little a su faire comprendre au lecteur que Borb a passé le point de non-retour. Derrière le comique de situation se cache une pulsion morbide.



La force de ce récit est d'inciter le lecteur à contempler le quotidien de ce monsieur comme s'il s'agissait de quelque chose sans réelle conséquence. Dès la première image, Borb apparaît comme un individu à forte carrure, capable d'endurer bien des épreuves et des privations, sans s'en sentir plus mal. Finalement ce n'est pas grave. La dentition de Borb part en sucette, mais il réussit quand même à trouver de quoi se nourrir dans les poubelles, en choisissant des trucs mous. Cela lui détraque les intestins, mais sa robuste constitution fait qu'il finit par s'en remettre. Il se fait tabasser en prison, mais son corps récupère assez rapidement. Il passe un hiver dehors, et perd son petit doigt gelé, mais... Mais c'est horrible.



Petit à petit l'horreur gagne l'esprit du lecteur. Sous des dehors de farce macabre, il sait que ce qui est décrit peut arriver, arrive de temps à autre. Pas tout à la même personne, mais il s'agit bien de faits réels. L'apparent détachement avec lequel Borb semble tout supporter, tout encaisser, ne fait que renforce la dimension morbide de son comportement. Ce n'est qu'un SDF, un paumé, mais un être humain quand même. Toutes les horreurs qu'il subit, c'est très exactement ce contre quoi tout individu socialisé essaye de se prémunir de son mieux.



Quand même, il est presqu'impossible d'éprouver de l'empathie pour les souffrances de Borb. C'est un alcoolique irrécupérable. C'est le cliché de l'individu qui mendie, pour aller boire l'agent récolté, immédiatement après. C'est un individu irresponsable, au point d'en être idiot (par mégarde il met le feu à la masure où l'ont placé les services sociaux). C'est quelqu'un de désocialisé au dernier degré, sans aucune envie de réintégrer une place dans la société. L'alcool a cramé son cerveau, à un niveau pathologique.



Oui mais toutes les formes d'atteinte à sa personne sont autant de risques qui planent au-dessus de la tête de n'importe quel individu, qui rappelle la fragilité de la normalité, la fragilité du statut social. Manger dans les poubelles, se retrouver avec un os cassé en pleine rue. À quoi tient d'être secouru, d'être pris en charge ? Pouvoir faire ses besoins en toute intimité, c'est quand même basique, un droit presque.



En dépeignant cet individu repoussant, en lui faisant subir des horreurs très concrètes, Jason Little montre au lecteur sa propre fragilité, à quel point il est tributaire du système social dans lequel il vit. Le lecteur se retrouve à sourire devant les tribulations de Borb, à tourner les pages rapidement parce que c'est drôle et que le rythme est entraînant, parce que chaque catastrophe est aussi inventive que plausible. La fin survient telle que l'on s'y attend, dans des circonstances surprenantes.



Le tome se termine avec un page écrite dans laquelle l'auteur dédie ce livre à la personne à la rue qui a vécu sous un viaduc, avec son chariot, certainement à un passage fréquenté par l'auteur. Il y ajoute une incitation à participer à des associations de logement d'urgence américaines (en y incluant l'adresse du site internet afférent).



Borb constitue un ouvrage sans concession. Jason Little évoque la vie de personne à la rue dans toute son horreur, rendant encore plus mal à l'aise par le personnage au comportement morbide, à la réinsertion impossible. Le lecteur se surprend à trouver cette histoire très divertissante, grâce à une narration intelligemment pensée qui montre (Borb ne prononce que 3 ou 4 mots au plus pendant tout le tome). En même temps qu'il constate que Borb est responsable de sa déchéance, il ne peut pas cautionner ce qui lui arrive, il ne peut pas rester indifférent. Alors même que Borb supporte tout sans broncher, qu'il se remet d'à peu près tout, le lecteur sait qu'il s'en faut de très peu pour qu'il se retrouve dans sa situation et que ce qui lui arrive est intolérable. Jason Little a réussi un tour de force en impliquant le lecteur dans la vie d'un SDF antipathique, en le divertissant sans rien diminuer de l'impact tragique de cette survie indifférente au reste de la société.
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Motel art improvement service

Et voilà le tome 2 des aventures de Bee. Le format et le dessin sont toujours aussi sympas.

En revanche je suis un peu plus réservée concernant l'histoire.

Il y a des idées sympas. Comme le personnage de Cyrus artiste peintre anti-système qui traine dans les motels et s'amuse à améliorer les tableaux en y peignant des petits détails satiriques.

Mais avec la trame relative au trafic de drogue, j'ai le sentiment qu'il manque des détails. C'est trop rapide. Les personnages concernés par cet arc sont creux. L'affaire n'est pas totalement bouclée. J'aime les fins ouvertes, mais là c'est une fin bâclée.

Une déception pour ce deuxième volume.
Lien : http://le-club-des-incorrigi..
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Borb

En mêlant exercice de style formel et colère sincère face à l’indifférence, Little réalise un conte moderne atroce.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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Borb

Tout en noir et blanc, la vie d'un clochard alcoolique, un vrais, un irrécupérable (si on le laisse seul). Des personnes bien intentionnées tentent bien de l'aider, mais Jason LITTLE réussit à dessiner la lente descente, l'autodestruction. Il n'y a pas besoin de beaucoup de paroles, on comprend, on compare avec ce qu'on a vu. La seule phrase qui revient cest "ce n'est qu'un clochard". Cet album représente une sorte d'hommage à ceux qui ne peuvent pas se débrouiller seul, où qui ont sombré petit à petit jusqu'à franchir la limite...
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Motel art improvement service

Il s'agit d'une histoire complète et indépendante.



Lors une soirée dans un appartement à New York en plein été, Bee (18 ans) fait la queue devant les toilettes. L'un des invités en sort et la porte se referme. Elle se rouvre et sa copine l'attrape par la main pour l'attirer vers l'intérieur (elle vient de se taper l'invité en question). Pendant que Bee fait ses besoins, elles papotent un brin évoquant sa virginité, l'approche de sa période de règles et son départ le lendemain. Bee a décidé de traverser les États-Unis en bicyclette. Le départ se déroule sans encombre sous un ciel bleu, mis à part qu'elle se fait doubler par un bande de djeuns pas finauds qui se moquent de la largeur de son derrière. La scène change et se déroule dans un motel. Le lecteur suit l'homme de ménage (une trentaine d'années) qui fait le lit, remplace les serviettes, pique quelques comprimés dans la trousse à pharmacie et remplace le tableau accroché au mur par un autre. Suite à un accident matériel qui la laisse sans vélo, Bee est obligée de séjourner dans ce motel. Il se trouve qu'un couple de jeunes dealers s'y arrête également.



Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu une bande dessinée qui me donne envie de la relire aussitôt terminée. Rien que la lecture du titre met la puce à l'oreille : le service d'amélioration des peintures exposées dans les chambres de motel. Jason Little met en scène une jeune femme sérieusement travaillée par ses hormones (il est évident qu'elle part avec l'idée bien arrêtée de perdre sa virginité lors de ce périple) qui n'est ni blasée, ni naïve, avec un esprit ouvert. Le lecteur suit Bee dans des aventures qui comprennent leur lot de courses-poursuites. À aucun moment, Jason Little ne se prend au sérieux, il a construit un scénario avec des rebondissements avec une histoire de deal de drogues contrarié. D'un autre coté le ton qu'il adopte montre que si les enjeux sont réels, les principaux personnages (Bee et Cyrus, le peintre - homme de ménage) ne courent pas beaucoup de risques. L'un des attraits de ce récit réside dans l'absence d'angoisse et de violence exacerbée.



Pour autant, le lecteur ne se retrouve pas dans un Tintin, ne serait-ce déjà que par la présence de relations sexuelles et par le deal de pilules du bonheur. Encore que les illustrations peuvent également évoquer un parfum de bandes dessinées pour jeunesse avec un style évoquant la ligne claire européenne. La mise en couleurs repose sur des teintes claires (sans être pastels ni délavées) qui évoquent aussi une certaine légèreté. Enfin, Little a choisi un format comics mais en orientation paysage plutôt que portrait, ce qui crée un décalage très agréable. Ces 4 particularités (action sans angoisse, dessins arrondis de formes simples, couleurs gaies sans êtres criardes et format inhabituel) font de cette bande dessinée une lecture très séduisante.



Mais ses bons cotés de s'arrêtent pas là et plusieurs éléments lui permettent d'accéder à la catégorie inoubliable. Il est évident que l'inclusion d'une activité sexuelle saine qui ne tombe pas dans la pornographie est toujours attirante ; Jason Little présente son héroïne comme décidée sans pour tomber dans la caricature ou la facilité. Il y a la silhouette de Bee qui n'est pas celle d'un top modèle, éloigné des clichés des magazines de mode ou de charme. Puis il y a l'activité de Cyrus : modifier les toiles des motels, activité à la fois subversive et dérisoire. Il y a l'activité même de nettoyer les chambres ; je ne sais pas si Little a déjà exercé ce métier, mais les anecdotes présentes sonnent véridiques. Il y a la page relative à l'architecture de l'hôtel de luxe qui attire l'attention sur une autre dimension de ces lieux de vie. Jason Little truffe son récit de nombreux passages plus calmes qui emmènent le lecteur explorer rapidement un endroit inattendu, qui amène une réflexion surprenante.



Jason Little aime bien également insérer des détails superflus (ou en tout cas non essentiel) dans les cases. Dès les premières pages, cette volonté de faire évoluer ces personnages dans des lieux plus développés que ne le nécessite l'histoire saute aux yeux. Lors de la soirée dans l'appartement, chaque invité possède des traits distincts et une tenue vestimentaire particulière. Page 14, il s'attarde sur les décors de la ville que traverse Bee en vélo, ainsi que sur les 2 ponts sur lesquels elle passe. Lorsque Cyrus pousse son chariot de chambre en chambre, il s'agit d'un modèle réaliste avec les ustensiles nécessaires à la tâche. Little ne se contente pas d'esquisser vaguement, il apparaît qu'il sait de quoi il parle et qu'il dessine des objets qu'il connaît. Page 54, une dealeuse compte le nombre de pilules pour la commande qu'elle prépare. Little conçoit l'environnement particulier de cette pièce, entre chambre d'adolescente et professionnelle de la chimie (poster de rock, flyer pour une manifestation en faveur de l'homosexualité féminine, peluche, livres de chimie, modèle d'ADN, etc). L'utilisation d'une ligne claire permet que chaque case reste lisible malgré un nombre de détails qui peut être élevé. Enfin, Little tire le meilleur parti du format paysage, y compris pour les scènes d'action. Page 159, Cyrus est poursuivi par un militaire en goguette, pris en chasse à son tour par Bee, dans les couloirs et les escaliers d'un hôtel de luxe. Little a découpé sa page en 3 colonnes : la première pour la course dans les couloirs, la deuxième pour situer en 1 case les 3 personnages sur 3 paliers différents de l'escalier, et de même pour la troisième. Cette mise en page est aussi intelligente qu'efficace et simple. Et Little ne triche jamais sur le plan graphique puisque le lecteur a même droit de contempler plusieurs tableaux améliorés par Cyrus.



Le contenu de cette bande dessinée tient toutes les promesses du titre décalé. Jason Little construit une intrigue bien structurée sur fond de deal de drogue mal goupillé, pour raconter l'histoire d'une jeune dame futée, avec un artiste peintre dans une démarche particulière, avec des illustrations plaisantes et riches.
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Shutterbug Follies

Ayant découvert Bee (une jeune femme) dans Motel Art Improvement Service (sa deuxième aventure), il était logique que je m'intéresse à sa première aventure qui est l'objet de ce tome paru en 2002.



Bee (à peine 18 ans dans cette histoire) travaille comme assistante dans un laboratoire photographique. Elle reçoit les clients, réceptionne leur pellicule et effectue le développement avec sa grosse machine. Ayant décidé d'arrêter ses études, Bee a trouvé un emploi qui lui permet de s'introduire dans la vie privée des clients. Elle visionne chacun des clichés et se fait un double de ceux qui titillent sa curiosité. Elle les met de coté et les fait découvrir à Lyla sa meilleure amie qui est à la fac. Parmi les photos qu'elle sélectionne, il y a les petites amies qui posent en sous-vêtements pour les copains, les spectacles de striptease, et le grand classique de la copine photographiée sur les toilettes. Bee a le sens de la transgression. Et de temps en temps, elle a sous les yeux une perle, tels les corps restaurés par un expert en thanatopraxie (préparation des cadavres pour les funérailles). Et puis un jour, elle visionne une pellicule contenant le corps d'une femme dans une baignoire dont l'eau est saturée de sang. La disposition de la femme et le comportement étrange du propriétaire des photos l'incitent à lâcher la bride à sa curiosité naturelle. Elle retrouve l'adresse du monsieur, l'épie par sa fenêtre, demande à un chauffeur de taxi (Rodney Plaster) de le suivre dans ses déplacements en voiture, etc.



Dès cette première histoire, tout le style de Jason Little est en place, et toute la personnalité de Bee rayonne. Si Little n'a jamais exercé l'emploi occupé par Bee, je n'y ai vu que du feu. Il capte immédiatement l'attention du lecteur avec ce voyeurisme simple et plausible qui consiste à contempler les photographies personnelles de parfaits inconnus dans leur intimité. Cet emploi donne tout de suite une étrangeté et un caractère particulier à Bee. Little le montre de façon anodine et magistrale lorsque Bee est assise dans le bus en train de contempler ses choix et que sa voisine jette un coup d'oeil et aperçoit des photographies de ce qui semble être des cadavres. Bee dispose de connaissances qui la place naturellement à part du commun des mortels. Sa nature inquisitrice et optimiste la range dans la catégorie des héroïnes de roman pour jeunesse : une jeune femme courageuse, pleine de ressources, mais sans que Little n'en fasse une experte en arts martiaux, ou une détective intuitive qui ridiculise la police.



Il est impossible de résister au charme plein de fraîcheur de cette demoiselle. Attention, elle n'est pas naïve ou fleur bleue pour autant, il ne s'agit pas d'un roman de la Comtesse de Ségur ou de Enid Blyton. Bee se confronte à des manifestations très réelles de la mort naturelle (ou criminelle), à une exposition d'art contemporain peu ragoûtante, au syndrome de Münchhausen par procuration, et à une tentative de séduction de sa part. La bonne humeur de Bee ne doit pas faire croire que cette aventure soit à classer dans le rayon jeunesse. Jason Little expose également la démarche artistique et conceptuelle d'un photographe assez particulier, ce qui éloigne encore Bee des aventures palpitantes et proprettes de Marion Duval.



Le style des illustrations pourrait également faire penser à une cousine assez proche de Tintin, avec des dessins simples et des couleurs assez vives. Cette orientation graphique permet de dédramatiser certains visuels tels qu'une photographie prise lors d'un accouchement, un adepte du skate nudiste avec tout le matériel à l'air, un cadavre de chien entièrement dépecé, ou un jeu dangereux avec une seringue. Jason Little choisit d'adoucir ses dessins (il arrondit même les angles des cases), mais il n'affadit pas sa vision. Chaque individu présente des particularités physiques qui évitent au lecteur d'avoir l'impression de voir défiler des mannequins dans une mauvaise sitcom. Il semble également que Little se soit inspiré d'un quartier de New York qu'il connaît bien pour situer son action. Son ouvrage se présente en format paysage ce qui ajoute un petit air décalé à la lecture. Il alterne régulièrement les séquences de dialogues, avec les séquences d'action, parfois muettes. Et il ya toujours un détail ou deux dans chaque case qui viennent enrichir la lecture, personnaliser chaque endroit.



Bien sûr, cette histoire présente une ou deux imperfections. Little se complaît à une ou deux reprises à insister sur la question de la nudité du corps humain et la dernière scène occupe à elle seule 50 pages entièrement dédiée à l'action pour un changement de rythme qui semble un peu forcé. Mais au global, cette histoire impressionne par sa vivacité, sa façon d'aborder des questions délicates sans avoir l'air d'y toucher, son utilisation du voyeurisme qui fait penser une ou deux fois au maître Alfred Hitchock dans Fenêtre sur cour. Jason Little réussit un numéro d'équilibriste entre le récit d'aventure, la candeur de la jeunesse et des thèmes adultes.
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Shutterbug Follies

Cette BD se présente en format paysage, le graphisme est vif et coloré c'est plutôt agréable à lire. Chaque planche est sur 2 lignes ce qui donne un rythme assez rapide est fluide.



En ce qui concerne le personnage principale Bee, elle a la cool attitude. J'aime son look avec ses rayures et ses lunettes. Quand elle a une idée en tête elle fonce. Elle aime prendre des risques. Ce n'est pas la quiche de service. Les personnages secondaires sont intéressants, sa copine a l'air un peu délurée, le chauffeur de taxi aussi, ça promet pour les prochains épisodes.



Pour l'histoire en elle-même, cette enquête policière est assez prenante. Qui espionne qui ? On ne sait plus, on ne sait pas !



Shutterbug Follies est le 1er tome des aventures de Bee, le 2ème est déjà réservé à la médiathèque.



En bref histoire à suivre, personnages à suivre et surtout auteur à suivre (Jaso Little) .....


Lien : http://le-club-des-incorrigi..
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Shutterbug Follies

EXTRAIT "J'avais plutôt apprécié Motel Art Improvement Service, le premier volet, et retrouver Bee est un vrai plaisir, d'autant que cet album là est assez réussi. Jason Little parvient à créer une belle tension, tout au long de l'album, et on hésite longtemps à savoir si le russe est un véritable artiste ou un vrai taré. "
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..
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Shutterbug Follies

Fort d’une ligne claire fluide et charmante, d’une mise en couleurs fun et d’un délicieux format à l’italienne, Shutterbug Folies se dévore avec grand plaisir.
Lien : http://www.bodoi.info/critiq..
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Shutterbug Follies

Il y a comme un tout petit goût d'enfance dans cet album de 2002 que viennent de publier les éditions Akiléos. Bee, la jeune héroïne de "Shutterbug follies", est une lointaine cousine d'Alice, cette jeune fille blonde qui a fait le bonheur des lectrices (lecteurs) de la bibliothèque verte. Bien sûr, l'époque a changé, maintenant une héroïne se doit de travailler et d'être totalement en phase avec son temps.

Bee ne vit pas de ses rentes, mais est technicienne dans un labo de développement de photos (oui, c'est démodé maintenant que nous sommes au numérique, mais l'album date quasiment de la fin du siècle dernier). Comme les héroïnes anciennes, elle est curieuse et à l'affut du moindre mystère. Par contre, elle est un peu plus délurée, elle collectionne en cachette les tirages sexys ou gores que les clients lui donnent à développer. Evidemment, des photos particulièrement sanguinolentes d'un soi-disant artiste conceptuel vont l'intriguer et se trouver ainsi embarquée dans une histoire haletante, impliquant sa copine genre bombe sexuelle (donc très loin des copines nunuches d'Alice) et un chauffeur de taxi typiquement new-yorkais.

Avec un graphisme simple, genre ligne claire vitaminée, agrémenté de couleurs pétantes cet album est un véritable thriller, bien fichu et même violent. Ca se lit d'une traite, avec un final plein de suspens. On peut y voir un clin d'oeil au "fenêtre sur cour" d'Hitchcock et à "Blow up" d'Antonioni.

La fin sur le blog :
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Borb

On rit forcément beaucoup devant ces saynètes de pur humour visuel.
Lien : http://www.bodoi.info/borb/
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Borb

C'est habilement mené, avec énormément d'empathie malgré tout pour ce portrait sans concession d'une vie dans la rue...
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Motel art improvement service

EXTRAIT "Graphic novel conséquent, de plus de deux cents pages, Motel Art est une oeuvre intéressante, qui a su me charmer peu à peu pendant la lecture. La "faute", en revient à la narration de Jason Little. Régulièrement, il entremêle son intrigue principale d'éléments apparemment sans rapports. Évidemment, ces interventions ont un sens, et un intérêt, mais au premier abord, cela m'a un peu déconcerté. Une fois que tous les fils se rejoignent, je dois dire que nous avons une intrigue plutôt sympathique, fraîche et pleine d'humour, malgré des thématiques difficiles"
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..
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