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Critiques de Jasper Fforde (598)
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L'affaire Jane Eyre

Eh Maurice ! Je m’achèterais bien jeudi prochain l’Eyre comprimé en boite norvégienne ?



Si vous avez du mal à décrypter cette phrase, c’est très simple. Regardez attentivement la couverture de cet OLNI !



Un dodo V2.3 ou plus exactement un clone du dronte de Maurice dans une boite de conserve, un titre qui semble s’inspirer du livre de Charlotte Brontë « Jane Eyre » et enfin Jasper Fforde, sûrement un auteur norvégien qui aurait dérivé en Angleterre depuis le Geirangerfjord. Bref, je me suis toujours demandé, comme vous surement, ce qu’était cet OLNI (objet littéraire non identifié pour ceux qui ne n'auraient pas décodé l'acronyme) sur fond rouge si flashy !



A priori, les soixante seize sociétés d’édition qui ont refusé de faire paraître l’ouvrage détestent foncièrement les OLNI, ces cocktails de polar, de science-fiction, d’humour british et d’histoire d’amour invraisemblable. Heureusement, une société anglaise, «Hodder and Stoughton» (1), a accepté en 2001 d’éditer cet ouvrage et a touché le jackpot après le succès fulgurant des « aventures de Thursday Next ».



Oui, oui, vous avez bien lu comme moi. L’héroïne se nomme Thursday Next (jeudi prochain pour les gaulois pure souche) car elle est née un jeudi même si sa mère Wednesday (mercredi pour les wallons pure souche) est née un dimanche. Je sais, cela n’a pas de sens, mais ne cherchez pas à comprendre, suivez moi sans crainte pour un voyage dans une autre dimension, largement consacrée à la littérature anglaise !



Vivant avec son dodo Pitwick, Thursday, trente cinq ans, est célibataire depuis sa douloureuse rupture avec Landen il y a dix ans. Après avoir quitté l’Armée durant la guerre de Crimée, Thursday rentre dans le Service des Opérations Spéciales anglaises (de OS-1 à OS-30) et plus précisément dans la brigade littéraire (OS-27).



Durant le mois de juin 1983, le manuscrit "Martin Chuzzlewit" de Charles Dickens est volé par un malfaiteur mystérieusement invisible et l’enquête est alors confiée à Thursday Next, transférée temporairement chez les OS-5. Lorsqu’elle surprend le voleur et décide de lancer l'assaut avec ses collègues, Thursday est grièvement blessée par une balle miraculeusement stoppée par le roman « Jane Eyre » plaqué contre sa poitrine…



Simple coïncidence ! C’est à vous de le découvrir. Non, non, même sous la torture, je ne dévoilerai plus une seule ligne de ce roman original et déroutant ! (2)



Néanmoins, afin d’être parfaitement opérationnel avant d’entamer la lecture de ce livre, je vous conseille quelques pré-requis qui ne vous prendront à peine que quelques mois de travail:

- bucher intensément sur la Guerre de Crimée opposant français, anglais et turcs notamment contre les russes entre 1853 et 1956 pour prendre le contrôle de la presqu’ile sur le territoire ukrainien,

- lire toute la bibliographie de Shakespeare et se renseigner sur l’origine de ses écrits,

- connaître par chœur le livre Jane Eyre (au moins 4 à 5 lectures minimum me semble nécessaire pour être à l'aise sur le sujet).



Une connaissance de la série culte de la « Quatrième dimension » serait tout de même un plus afin de mieux comprendre les apparitions déconcertantes du père de Thursday dans le roman. Mais ne vous inquiétez pas, dans un premier temps, la parfaite maitrise de la guerre de Crimée, de Shakespeare et de Jane Eyre me parait suffisante pour aborder avec sérénité et lucidité cet ouvrage.



Comme j’ai écrit évidemment la critique après avoir lu « L’affaire Jane Eyre », je ne pouvais pas, bien entendu, mettre en pratique ce que je viens de vous suggérer, mesurant ainsi la chance que vous avez de pouvoir suivre dorénavant mes conseils. Vous me suivez toujours ! Non, bon, je vous laisse quelques secondes pour relire la phrase précédente. Pas de problème, je vous attends,...



En fin de compte, malgré un univers plutôt différent de mes lectures habituelles, j’ai pris plaisir à découvrir les aventures délirantes de Thursday Next et ses rencontres multiples avec des personnages bien déjantés. J’ai particulièrement aimé cette idée de pouvoir se projeter dans la vie quotidienne des personnages d’un livre et imaginer leur univers uniquement décrit par les mots contenus dans ce même livre.



Une belle découverte « L’affaire Jane Eyre », un roman anglais (pas du tout norvégien comme certains pouvaient l'imaginer!) intemporel et original à la croisée des genres, à l’humour omniprésent servi à la louche, malgré de nombreuses allusions à l’histoire ou à la littérature anglaise parfois difficiles à appréhender pour les néophytes (comme moi).



Bonne lecture à tous et à jeudi prochain sans faute.





(1) La société "Penguin Books" édite également la série pour le marché anglo-saxon.



(2) Si vraiment vous souhaitez connaitre la fin pour des raisons personnelles, il est toujours possible de s'arranger moyennant quelques billets, uniquement libellés en euros (je ne prends pas les livres... sterling).
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L'affaire Jane Eyre

Thursday Next, ancienne militaire et aujourd'hui appartenant au OS-27 comme détective littéraire. Un de ses anciens professeurs de littérature Acheron Hadès a dérobé l'original du roman Martin Chuzzlewit de Charles Dickens. Cet homme est passé du côté obscur : il est a la fois devenu un voleur, un asssassin et pour couronner le tout il est doué de pouvoir paranormaux. Et la seule personne qui peut l'arreter c'est très certainement Thursday.



Un roman qui concillie, espionnage, policier , fantastique,littérature ,humour et avec une once de romantisme (avec un titre parlant de Jane Eyre il aurait été difficile de faire autrement).

Une héroine avec un fort caractère et super sympathique qui en plus a comme animal de compagnie un dodo... (un moment je me suis même dit que ça devrait être super sympa).



J'ai tout simplement adoré ce livre... il m'a fallu un petit temps d'adaptation afin que je rentre dedans et que je m'adapte au côté fatastique du récit.. mais après les pages tournaient toutes seules tellement j'ai été captivée.
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L'affaire Jane Eyre

Eh, Anne-Sophie, cela fait un moment que tu as terminé ce livre. Quand vas-tu te décider à publier une critique ?

Beh, euh, après la visio avec tous les copains de la lecture commune, euh …, Jeudi prochain ? Ça me semble approprié, pour un roman dont l'héroïne s'appelle Thursday Next 😉.



Comment qualifier ce roman : policier, fantastique, humour. Un peu tout cela à la fois, et surtout et d'abord, n'oublions pas la Littérature et une de ses héroïnes culte, Jane Eyre, même si Rochester, à notre grand plaisir de lectrice et celui de l'héroïne est beaucoup plus présent.



Un ancien professeur, devenu l'ennemi public numéro un, a dérobé le manuscrit de Jane Eyre, et il menace de modifier l'histoire, d'en supprimer carrément l'héroïne principale. Cela n'est pas impossible dans le monde où nous entraine Jasper Fforde, un monde où le père de Thursday Next traverse les siècles à volonté, où son oncle a des airs de Géo Trouvetou, où une guerre interminable oppose Angleterre et Russie en Crimée (peut-être pas l'élément le plus improbable hélas), où les animaux de compagnie sont des dodos (« Plock-plock »)

Thursday Next appartient aux OS-27, autrement dit détective à la Brigade Littéraire du Service des Opérations Spéciales. Et sa mission va consister à sauver non la reine mais Jane Eyre…



La littérature peut changer nos vies, alors pourquoi l'inverse ne serait pas vrai, pourquoi ne pourrions-nous pas modifier les histoires écrites dans le passé. Et là je ne parle pas de cette nouvelle furie de tout réécrire en politiquement correct, de censurer tout ce qui pourrait choquer, non juste de rendre certaines histoires encore plus captivantes, en nous glissant dans ce monde merveilleux, en y vivant les aventures avec leurs héros, réécrivant parfois ainsi la fin de certains livres, et pourquoi pas si c'est pour le plus grand plaisir des lecteurs.



Laissez-vous embarquer dans ce roman jubilatoire. Vous ne regretterez pas le voyage.

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L'affaire Jane Eyre

Je veux ce soir vous parler d'un territoire secret, mystérieux, protégé du vacarme du monde... C'est un territoire qui sait redonner de l'épaisseur au temps, lui offrir des respirations, c'est un temps qui s'étire dans les entrelacements de nos battements d'ailes.

Les livres sont des objets aux pouvoirs envoûtants. Des personnages peuvent s'extraire des pages et nous rejoindre dans notre quotidien, mais l'inverse est possible aussi...

Les livres sont des cabinets de curiosité, l'incarnation de nos rêves et de nos défaites, l'invitation à conjurer nos peurs, à sacraliser nos désirs jubilatoires.

Les livres sont nos miroirs...

Dans ma commune, une petite librairie indépendante vient d'ouvrir. Elle a le charme des livres qui respirent. Elle est tenue par deux jeunes femmes libraires qui ont le même prénom, Julie et Julie... La légende dit qu'elles se seraient rencontrées par hasard. Moi je n'y crois pas un seul instant. Dans cette aventure commune, c'est encore ce vieil ami Paul Éluard qui a raison : « Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous ». Elles s'appellent Julie mais elles sont aussi différentes que le sont Anna Karénine et Anna Frank, Emma Bovary et Emma Thompson, Virginia Woolf et Virginia Cléo Andrews, George Eliot et Georg Sand, ou bien encore Jane Eyre et Jane Austen...

Tiens ? Jane Eyre, parlons-en justement... Comme c'est étrange, l'autre jour je suis entré dans ma librairie favorite, donc chez les fameuses Julie dont je vous parle, j'avais l'intention de lire L'Affaire Jane Eyre, de Jasper Fforde dans le cadre d'une lecture commune entre amis de Babelio et figurez-vous, - je vous assure que c'est vrai, j'ai commencé à ouvrir un fichier Word, j'ai jeté quelques idées en vrac au début de ma lecture et, - énorme lapsus, j'ai enregistré le fichier sous le nom de L'Affaire Jane Austen... J'en connais une à qui cela n'échappera pas...

J'aime bien me rendre souvent dans la librairie tenue par les Julie car on y trouve des idées de lecture très inspirantes qui sortent des sentiers battus.

Ce jour-là, j'étais béni des dieux de la lecture ! Elles possédaient l'unique exemplaire que je recherchais. D'une seule et même voix elles m'ont dit : « Quelle chance tu as Berni d'aller vers ce roman ! » Bon, là j'exagère un peu, hein.

Je leur ai demandé : « Faut-il avoir lu Jane Eyre pour bien entrer dans ce roman et le comprendre ?

- Oui, a répondu l'une des Julie,

- Non, a répondu l'autre Julie.

- Faudrait savoir, j'ai ajouté.

Chacune a apporté son argumentation et chaque argument tenait la route. Elles sont vraiment géniales. Fort de ces éclairages, j'ai posé une autre question : « J'ai entendu dire que Charlotte Brontë aurait écrit une autre version de Jane Eyre où la fin ne se termine pas comme dans le roman original. Une sorte de roman apocryphe... » Mais là aucune d'elles n'a su me répondre, je les voyais drôlement embarrassées et j'ai presque regretté de leur avoir posé cette question. Je ne voulais pas leur faire de peine. J'avais lu il y a quelques années Jane Eyre, je m'en souvenais encore très bien, y compris de cette fin, non pas bâclée comme certains le prétendent, mais un tantinet décevante, il faut bien l'avouer...

« Tu vas nous concocter un billet à ta façon, Berni ? » a demandé Julie.

- Prends tout ton temps et n'hésite pas à parler un peu de nous au passage », a rajouté l'autre Julie.

Elles m'ont raccompagné toutes deux vers la sortie avec dans leurs yeux cette petite mélancolie mêlée de joie qui donne une âme à leur boutique.

Je suis sorti de la librairie heureux de mon achat lorsqu'un homme m'a hélé.

« Monsieur ! Monsieur ! » Je me suis retourné. Je l'ai reconnu, il était également dans la boutique tout-à-l'heure. Il m'avait semblé qu'il tentait de capter de manière attentive toute notre conversation. J'étais à l'instant encore serein et tout jusqu'ici se passait bien. Parfaitement bien même. Jusqu'à ce que...

« Monsieur !

Il s'est présenté, disant s'appeler Currer Bell. « Je vous ai entendu tout-à-l'heure dans la librairie poser la question sur le sujet de la fin du roman de Jane Eyre. »

- Oui ? Et ? » Je commençais à le trouver un peu intrusif.

« Cette fin si décevante, n'est-ce pas ? poursuivit-il.

- Je suis d'accord avec vous.

- Cette fin si fade... Cette fin qui a déçu et déconcerté tous les lecteurs du roman. Cette fin bâclée...

- Et donc ?

- Je possède une très rare pièce, un exemplaire apocryphe où la fin est différente, où Charlotte Brontë a écrit la fin que tout le monde attendait, la seule fin logique...

- Et que pensez-vous en faire ?

- Vous le faire lire bien sûr.

- Oh! Je ne sais pas si je suis à la hauteur pour cette idée. Ce livre aurait sans doute une meilleure destination dans d'autres mains, ne pensez-vous pas ? »

L'homme s'est alors approché de moi au plus près, comme s'il était prêt à m'étreindre. Il avait bruquement un air affolé, regardait autour de lui, avec des gestes nerveux. « Ils me pourchassent, vous ne comprenez pas ? Ils savent l'existence de cet ouvrage que je possède. Ils veulent s'en emparer. Vous, ils ne vous inquiéteront jamais, vous paraissez si ordinaire, presque invisible. » J'ai pris cela comme un compliment. Il s'est encore approché de moi plus près encore comme si l'étreinte se resserrait et m'a glissé presque dans l'intérieur de mon pantalon, comme dans une boîte aux lettres, quelque chose qui ressemblait à une enveloppe épaisse... Puis il a pris la fuite en courant...

Les Julie observaient la scène à travers la vitrine de la boutique, complètement médusées...

De retour chez moi, je me retrouvai devant deux lectures urgentes à lire, un peu comme une masse critique Babelio où il ne vous resterait qu'un seul jour pour tout lire. Ça vous est tous bien sûr un jour arrivé, j'en suis sûr...

J'ai fait l'inverse de ce que vous auriez fait, j'ai lu tout d'abord L'Affaire Jane Eyre. L'autre récit viendrait plus tard...

La lecture de L'Affaire Jane Eyre a été comme une sorte d'ouragan, ce fut la lecture d'un récit déjanté, jubilatoire, intrigant et en même temps porteur de sens.

Je l'ai lu d'une traite, autant par l'élan suscité dans l'immédiateté du plaisir que par la hâte vers l'autre récit. Il y a un côté loufoque et ingénieux que n'aurait pas renié Boris Vian. La méchanceté du méchant au nom diabolique d'Achéron Hadès, le génie foldingue de l'oncle qui invente des machines à remonter le temps littéraire, sont à la hauteur du récit. Mais comment qualifier ce roman ? Uchronie ? Fantasy ? Thriller futuriste ? Roman d'amour ? Roman tout court ?

Thursday Next, le personnage principal, est une femme attachante, ancienne combattante revenue brisée d'une guerre de Crimée qui n'en finit pas. Elle est une sorte de flic littéraire entraînée avec toute une organisation de personnes appelées Opspecs dans une enquête à la poursuite d'un serial killer qui a le projet d'entrer dans des oeuvres littéraires majeures, prendre en otage des personnages essentiels, menacer de les tuer au motif de démontrer sa suprématie au monde.

J'ai beaucoup aimé les multiples variations de ce roman sur l'imaginaire, son pouvoir abyssal qui nous porte et nous emporte, cette littérature qui s'attache à donner sans cesse l'illusion de la vie.

Ce livre est d'une inventivité jubilatoire. Quel plaisir de savoir qu'il existe un monde parallèle où vivent, respirent, aiment, des personnages de fiction ! Ces personnages que nous aimons tant, comme des frangins, comme des amantes... On y croise même un dodo de compagnie. Plock ! Plock ! Plock !

Un seul regret, un tout petit regret : Jane Eyre tarde vraiment à entrer en scène... Ce n'est plus l'Affaire Jane Eyre, c'est l'Affaire de l'Arlésienne... Qu'à cela ne tienne ! J'irai la rejoindre, c'est sans compter sur le pouvoir du lecteur...

C'est un vertige qui nous invite ici comme réponse à la question du sens posé face à un monde gigantesque et difforme autour de nous. Alors, se laisser tomber dans ce vertige...

S'extraire de la réalité, se fondre dans un livre au sens premier du terme. Vivre l'expérience immersive aux confins des pages et de leur envers...

Je voulais devenir à mon tour un Opspec. Partir à la recherche de Jane Eyre que je savais en grand danger...

J'avais commencé à lire le manuscrit qui m'avait été confié et puis, accablé par une journée éreintante, je m'étais endormi.

C'est une odeur de fumée qui m'a réveillé. Et puis des cris au loin. Une femme en panique est venue me chercher dans ma chambre. Il y a le feu, il y a un incendie.

Je me suis retrouvé dans le couloir. Et j'ai vu une autre femme, plus jeune, belle, aller et venir, je savais déjà qui elle était, je l'ai reconnue comme si nous nous connaissions depuis toujours...

Elle était en colère, elle était en furie. Elle s'est tournée vers la femme qui était venue me chercher : « vous pouvez aller vous coucher à présent, Madame Fairfax. L'incendie est totalement maîtrisé... Je vais m'occuper de notre hôte... » Mais son visage furibond ne parvenait pas à retrouver la quiétude...

« Putain ! Ce Rochester ! Je le sauve d'un incendie et il se plaint que j'ai mouillé sa litière. Il peut toujours rêver pour la suite...! »

Elle piétina de rage son mouchoir en dentelles qui venait de glisser de sa robe de chambre. Elle courait dans tous les sens... C'est étrange, je ne l'imaginais pas ainsi, ayant ce langage de charretier... On se fait parfois des représentations des personnages romanesques que nous aimons... « Oui, je suis énervée. Et ne croyez pas que j'ai mes... Comment dit-on cela déjà chez vous, Messieurs les Français ? Mes... ?

- Mes... ?

Elle me regarda et j'eus l'impression qu'elle quêtait une aide, le mot mystère, le sésame qui ouvrirait les portes secrètes d'une caverne aux talismans insoupçonnés, capables d'ouvrir d'autres portes à l'infini. J'ai tenté :

- Mes émotions ?

- Voilà. Mes émotions !

Madame Fairfax est revenue dans le couloir, elle se tenait immobile, silhouette dominant de tout son être la pénombre du lieu. « Madame, je voulais vous dire que Monsieur Rochester vient de quitter à l'instant le domaine de Thornfield Hall à cheval. »

Elle s'est alors approchée plus près de moi. Elle s'est mise à rire, d'un rire nerveux qui sonnait presque faux. Elle a juste dit : « Au fond, je m'en bats les steaks. » Elle a dit à la gouvernante qu'elle pouvait disposer. Une odeur âcre de brulé continuait de nous envelopper. C'était insupportable. « Comment vous appelez-vous déjà ? m'a-t-elle demandé, se retournant vers moi.

- Berni.

- Berny, ah oui c'est vrai.

Elle a regardé vers le lointain, vers cette petite fenêtre d'où entrait la clarté des premiers instants de l'aube. Elle m'a dit qu'elle voulait courir dans le paysage, s'y perdre, s'y noyer.

- Oh Berny ! Savez-vous au moins monter à cheval ?

Je n'ai pas osé dire non. Elle m'a pris par la main vers les écuries. Nous avons scellé un seul cheval, elle m'a proposé de monter derrière elle, de m'accrocher à ses épaules. Nous sommes partis à bride abattue. J'étais énervé comme un blaireau à la saison de l'amour.

Le reste n'a été qu'un moment de folie.

C'est au bord d'une forêt que nous avons mis pied à terre. Elle s'est adossée à un arbre, observant l'immense paysage devant nous. Son regard était comme associé à une défaite. Et moi je la contemplais... Je me suis approché d'elle, nous avons regardé le jour mettre en lambeaux les derniers vestiges de la nuit. Elle voulait savoir ce que j'étais venu faire dans cette histoire, si cela m'arrivait souvent, quelles étaient mes autres fréquentations... Alors je me suis confié un peu à elle...

« Anna Karénine ? Emma Bovary ? s'est-elle écriée. Qui sont-elles celles-là ?

- Ce sont des personnages féminins d'autres romans. Elles figurent dans mon panthéon littéraire.

- Et pas moi ?

- Presque...

- Presque ? Elle faillit s'étrangler. Nom de Zeus Berny ! Vous savez parler aux femmes vous... Et moi, vous me mettez où ? Dans une écurie ? Dans une auge à cochon ? Dans la collection d'un taxidermiste ?

- Dans mon coeur, tout simplement.

- LOL ! »

Je me suis alors approché d'elle, je n'ai pas osé la prendre dans mes bras mais j'en mourrais d'envie. Je savais que c'était ici que nos chemins se séparaient, à la lisière d'un texte où j'étais prêt à accepter de perdre de nouveau pied, mais dans ma réalité, l'endroit d'où je venais.

« Promettez-moi une seule chose, Jane, une seule chose, c'est qu'à la fin de l'histoire vous ne renonciez pas à l'amour d'Edward Rochester et que vous ne partirez pas en Inde avec d'ennuyeux cousins...

- Mais non bien sûr, ô bien sûr que non, fit-elle en caressant mon visage comme si c'était celui d'un enfant. Quelle imagination ! Où allez-vous chercher tout cela Berny ? »

Je l'ai vue repartir vers Thornfield Hall, elle ne s'est pas retournée une seule fois. Nous n'étions désormais plus dans la même histoire, tandis qu'elle filait au galop vers la fin de la sienne, qui, nul doute à ce sujet, ne serait certainement pas bâclée ni fade.



« Jane Eyre fut publié en 1847 sous le pseudonyme de Currer Bell, un nom suffisamment neutre pour masquer le sexe de Charlotte Brontë. Ce fut un énorme succès ; William Thackeray qualifia le roman de " chef d'oeuvre d'un grand génie ". Les critiques non plus ne manquèrent pas ; G.H. Lewes suggéra à Charlotte d'étudier les oeuvres d'Austen et de " corriger ses défauts à la lumière du savoir-faire de cette grande artiste ". Charlotte répliqua que le travail de Miss Austen - à la lumière de ce qu'elle entendait faire - méritait à peine l'appellation d'un roman. Elle le traita de " jardin remarquablement cultivé sans aucune vue dégagée ". » W.H.H.F. RENOUF, Les Brontë



Je remercie ici quelques amies Opspecs et compagnes de ce voyage immersif pour une lecture partagée : Anne-Sophie (@dannso), Chrystèle (@HordeDuContrevent), Doriane (@Yaena), Nicola (@Nicolak), Sandrine (@HundredDreams), Yanike (@BonoChamrousse) et grand merci à Hélène (@4bis) de nous avoir donné envie de découvrir ce roman insolite.

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L'affaire Jane Eyre

Salut, moi c’est Thursday Next ! Une fille tout à fait banale : mon animal de compagnie est un dodo cloné, mon père fait partie de la ChnonoGarde et passe son temps à mettre le monde en arrêt sur image et j’en veux à mort à l’homme dont je suis amoureuse. Le fait qu’on ait combattu côte à côte pour l’Angleterre pendant la guerre de Crimée, qui d’ailleurs s’éternise, a généré quelques tensions. Rien d’original.



Donc tout allait bien je gérais ma petite vie de LitteraTech jusqu’à ce qu’on vienne me débaucher pour m’intégrer dans une unité d’élite avec de vrais flingues et de vraies enquêtes.

Objectif : arrêter Achéron Hadès le gros méchant de l’histoire. Celui qui pour obtenir ce qu’il veut du gouvernement n’hésite pas à menacer les personnages des livres. Et me voilà embarquer dans une course folle avec sauts dans le temps du genre Retour vers le futur, vers correcteurs qui pètent des tirets ou des points virgule et qui éructent des parenthèses, et complotistes qui se demandent qui a écrit les pièces de Shakespeare (évidemment pas lui !). Sans compter mon pote qui traque les vampires, lycanthropes et autres bizarreries sortis des livres qui de temps à autre à besoin de renfort. Heureusement je peux compter sur Rochester pour m’aider. Un vrai gentleman. Elle en a de la chance Jane.



En plus je dois me dépatouiller de mon histoire d’A ! Mais oui mon histoire d’amour qui finit mal en général. Parce que mon bourreau des cœurs est lui aussi un véritable gentleman mais vous savez ce que c’est une histoire d’amour où tout se passe bien c’est l’ennui assuré pour le lecteur. Donc je m’assure d’y mettre un peu de piquant !



Bon revenons-en à Hadès ! Cet imbécile se met en tête de kidnapper Jane EYRE non mais vous imaginez Jane EYRE sans Jane ! C’est la loose, exactement. Surtout que ce livre est mon préféré il m’a sauvé la vie… ah non ce n’est pas un cliché il m’a vraiment… enfin bon vous verrez bien. Et Rochester c’est mon pote impossible de lui faire faux bond. Ce qui importe c’est qu’il faut sauver ce livre alors me voilà en mission infiltrée entre les pages. Oui oui dans le livre.

Si vous saviez ce qui passe dans nos bouquins ! Tout le monde mène sa petite vie, l’histoire ne se résume pas à ce qu’on en lit. Bien quoi, ne prenez pas cet air surpris. Evidemment que tout le monde continue sa petite vie. Enfin vous ne vous étiez jamais demandé ce que font les personnages quand on ne parle pas d’eux ? Et bien ils vivent leur vie je viens de vous le dire.



Bon tout ça pour vous dire de venir me rejoindre. Go ! Il y a de la place dans ma Speedster 356 bariolée. Classe et reconnaissable. Ne vous faites pas prier. Vous aussi plongez dans mon histoire on ira sauver Jane ensemble et puis si la fin du livre ne vous plait pas on la changera.



Ah mince vite mon flingue il faut que j’y retourne c’est un code 40 le clown de Ça s’est retrouvé dans l’Assommoir il est tombé en pleine bataille de lavandière Gervaise l’a mis KO il faut l’extraire vite ! Les moustiques ont piqué la chèvre bleue, je répète Les moustiques ont piqué la chèvre bleue !!!! Allez en piste !

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Le puits des histoires perdues

C'est le style de bouquin super difficile à commenter.. tout simplement parce que ça part dans tous les sens. D'une histoire il y en a 1000 autres parce qu'on est en immersion dans un autre bouquin... qui te rappelle des souvenirs (ou pas).

C'est un roman jubilatoire, on va a 100 à l'heure et il y a plein de petites anecdotes, de petits rapports à l'écriture qui te font juste "ah bhen oui c'est complètement vrai !!".. et puis les vyrus et autres bestioles attaquants les personnages c'est juste un régal



J'ai passé un moment de lecture exceptionnel.. avec des fous rires, des moments plus tenus.. et puis les personnages de nos classiques on les voit parfois sous un autre jour. J'avoue que grâce à ce roman j'ai juste envie de me replonger dans les hauts de Hurlevent.. juste pour voir comment après cette lecture je vais percevoir Heathcliff.
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L'affaire Jane Eyre

Dans un monde parallèle, où la guerre de Crimée dure depuis plus d’un siècle, la littérature est prise suffisamment au sérieux pour qu’une branche de la police traque les criminels. Justement, un criminel sans scrupule est entré dans le livre Jane Eyre et a changé la fin. Thursday Next est recrutée pour sauver le chef-d’œuvre de la littérature anglaise. Quand je vous aurai dit que l’animal de compagnie de Thursday est un dodo nommé Pickwick, que la jeune femme doit affronter Archéron Hadès, un méchant d’anthologie et que vous allez entrer dans les livres et en sortir, vous comprendrez sans peine que c’est un livre bourré de fantaisie et bien sûr de littérature.

Un coup de cœur.

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Délivrez-moi !

Ça fait longtemps que j’ai lu L’Affaire Jane Eyre, c’est peut-être pour ça qu’au début j’ai eu du mal à rentrer dans Délivrez-moi.

Mais j’ai fini par retomber sous le charme de cette séduisante déclaration d’amour à l’imaginaire, aux livres. Incapable de résister bien longtemps au petit côté délirant et loufoque de l’univers de Jasper Fforde qui a toujours quelque chose de bien savoureux et jubilatoire. De rafraîchissant.

Thursday a fort à faire ici, devenue une célébrité après son incursion dans les pages de Jane Eyre, elle se retrouve prise dans un battage médiatique éreintant. Et puis le groupe Goliath (celui qui «est tout ce dont vous aurez jamais besoin, tout ce dont chacun aura jamais besoin», dont la «production va du berceau au cercueil ») ne va pas la laisser en paix: son mari, Landen, se retrouve éradiqué - c’est-à-dire qu’on considère maintenant qu’il a trouvé la mort dans un accident de voiture alors qu’il avait deux ans. Et puis quelqu’un semble en vouloir à la vie de Thursday (mais je ne peux pas vous en dire plus sans méchamment divulgâcher). Ah, et une dernière broutille, il faut aussi sauver le monde de la bouillie rose qui menace de l’anéantir...

Mais notre détective littéraire s’avère plus que jamais capable de voyager dans les livres. Et son père, bien sûr, de voyager dans le temps. Tous les espoirs sont donc permis...
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L'affaire Jane Eyre

C'est ce que j'appelle une lecture réjouissante, carrément loufoque et vraiment décalée, j'ai beaucoup aimé.

Le personnage de Thursday est attachant et bien que l'on soit dans le fantastique déjanté, sa personnalité est celle d'une femme normale, je parle là de ses états d'âme et de ses préoccupations.

Impossible de résumer l'histoire car cet univers ne ressemble à aucun autre, et le talent de l'auteur est que pourtant tout nous paraît très vite normal et compréhensible et cependant, on peut dire que ça part dans tous les sens, je crois qu'aucun des thèmes du genre fantastique ne manque au récit, c'est même parfois un peu "too much"...

J'ai apprécié l'humour omniprésent, le fait qu'il y ait plusieurs fils rouges à cette histoire ainsi que des sentiments, c'est un récit assez atypique et unique, et pour ce qui me concerne une belle découverte.

J'ai apprécié cette incursion dans la littérature anglaise que je ne connais pas, les multiples références et anecdotes ainsi que les controverses sur la paternité des œuvres de Shakespeare dont j'avais déjà entendu parler et qui m'ont captivées.

Je n'ai pas vu le temps passer, captif du début à la fin par la grâce d'un rythme idéal et d'une intrigue bien maîtrisée, et enfin pour conclure j'ai aimé ces clins d’œil à Sherlock Holmes, vous reconnaîtrez sûrement le méchant de l'histoire ;)
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L'affaire Jane Eyre

Et bien ,on a eu chaud! Figurez vous, chers amis lecteurs, qui, le plus souvent dans vos jeunes années, vous êtes plongés dans la vie tumultueuse de Jane Eyre , avez pleuré et vous êtes réjouis avec elle, que Charlotte Brontë avait choisi une toute autre fin pour ce roman, et une autre destinée pour son héroïne. Certes Mr Rochester ne devenait pas aveugle, mais Jane, écoeurée de ses découvertes, le quittait définitivement pour devenir missionnaire en suivant un personnage falot et très ennuyeux.



Heureusement........heureusement Thursday a changé tout cela, et en pénétrant au coeur de ce roman, a permis de réunir ces deux personnages!

Comment a -t-elle fait? Ah ça......Il faut savoir, quand même ,que Thursday est une LittéraTec. Et que le manuscrit de Martin Chuzzlewit a disparu. Volé. Par l'immonde Achéron Hadès, qui ne compte pas s'arrêter là. A une époque où le Pays de Galles est une République socialiste indépendante, où la guerre entre Crimée et Angleterre dure depuis 130 ans, où les animaux domestiques sont des dodos clonés et où les Shakesparleur ( distributeurs automatiques de monologues de Shakespeare) commencent à se faire rares, on ne plaisante pas avec la littérature anglaise .Non mais!!!!



Quelle bouffée d'oxygène que ce livre! A déconseiller peut être à ceux qui n'aiment ni la littérature anglaise, ni les histoires complètement déjantées( sous peine, par exemple de finir meringués, c'est une mort atroce) mais que les autres n'hésitent pas! Ces personnages qui entrent et sortent des livres m'ont rappelé l'excellent roman de Timothy Findley, Le chasseur de tête, dans lequel Kurtz s'échappe malencontreusement des pages d'Au coeur des ténèbres, argh!



Les premières lignes:

"Mon père avait une tête à arrêter les pendules. Je ne veux pas dire par là qu'il était laid; c'était l'expression employée chez les ChronoGardes pour décrire quelqu'un qui avait le pouvoir de ralentir le débit du temps.."

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The Big Over Easy

L’imagination de Japser Fford est un puits sans fond. Cette fois, le lecteur débarque dans un univers où les personnages des comptines anglaises ont pris vie, et côtoient aussi ceux de la mythologie. Humpty Dumpty est un vieux séducteur alcoolique et ruiné, Prométhée loue une chambre dans une maison d’hôte, et gare à ne pas vous faire fourguer des haricots magiques à la place de normaux si vous voulez en semer dans votre jardin.



Dans la police, il existe un service spécialisé dans les affaires liées aux créatures de contes. Bizarrement, il est largement snobé par tous les autres. Son chef, qui n’est autre que le héros, n’est même pas membre de la très honorable et très puissante Guilde des Détectives ! Or si vous voulez que les récits de vos incroyables enquêtes soient publiés et vendus à des milliers d’exemplaires, que les flashs des journalistes crépitent pendant vos conférences de presse et avoir votre tête dans les journaux, c’est par cette case qu’il faut passer. Bon, il se murmure que certaines de leurs histoires seraient presque trop belles pour être vraies, mais tant qu’elles se vendent.... Mais quand Humpty Dumpty est retrouvé mort au pied de son mur favori, tout un tas de vieux dossiers enterrés se rouvrent brutalement.



Comme toujours avec Jasper Fford, un sujet sérieux est présent en toile de fond : la désindustrialisation de l’Angleterre qui, on le sait, est encore largement plus avancée qu’en France. Les complexes industriels, les mines et les usines qui bien souvent faisaient vivre des villes entières ; les cités ouvrières, les commerces où leurs habitants faisaient leurs courses, les bars où ils buvaient un coup et regardaient Manchester – Liverpool… Des panneaux « fermés » et des planches de bois en travers des devantures. La réalité s’immisce dans la fiction.



Un émincé de fantaisie avec un solide accompagnement de roman policier à point, le tout relevé d’une petite touche d’humour britannique. La lecture parfaite pour se détendre (et travailler son anglais).
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Le puits des histoires perdues

Nous retrouvons Thursday Next, loin d'être tirée d'affaire : elle doit lutter pour conserver le souvenir de son mari Landen, dont elle attend un enfant, et qui a été éradiqué par la multinationale qui la poursuit, et elle se réfugie dans le monde des livres, dans la partie « puits des histoires perdues », où l'on retrouve tous les ouvrages non publiés ou épuisés, en attente de réhabilitation ou pire de démantèlement, réduits à l'état de mots en vrac.



Tout n'est pas rose non plus dans ce monde virtuel, puisqu'un complot se trame pour imposer un nouveau système de lecture « Ultraword » sensé améliorer le confort des lecteurs. Sauf que le but est surtout d'uniformiser les textes , de les faire disparaître après trois lectures (plus de prêts, plus de bibliothèque)…



C'est délirant… On se retrouve chez Catherine Earnshaw, car Heathcliff enquiquine tout le monde dans les Hauts de Hurlevents, et la rébellion monte. Miss Havisham des Grandes Espérances va tenter d'y remettre de l'ordre , secondée par Thursday. Un grand moment également lors de la remise des récompenses annuelles : Mary Elliott de Persuasion se voit décerné le Prix du Personnage le plus pénible d'Austen, ou encore Heathcliff manque de remporter pour la soixante-treizième fois le Prix du Jeune Premier le plus Ombrageux…

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Chaque page est un bonheur de référence et de trouvailles réjouissantes

On adore ou on déteste :



J'a-do-re !
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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L'affaire Jane Eyre

J'ai découvert les péripéties de l'agent Thursday Next il y a une bonne dizaine d'années avec, naturellement, L'Affaire Jane Eyre. Amatrice de littérature anglaise et de celle des soeurs Brontë en particulier, le résumé m'a de suite enthousiasmée.



Le monde loufoque et bigarré de Jasper Fforde (comment ça se prononce ces 2 f???) m'a complètement emballée dès les premières pages. Il a su créer une uchronie littéraire originale, cohérente et drôle. Ainsi qu'un grand méchant d'envergure avec un nom qui claque : Achéron Hadès. Ça vous pose tout de suite le bonhomme, non? Et ledit Achéron, en plus de capacités hors du commun et une carrière déjà bien chargée, s'empare d'une invention du génial tonton de Thursday pour pénétrer dans les livres et kidnapper un personnage. En l'occurrence Jane Eyre. Il faut bien l'avouer, le roman Jane Eyre SANS Jane Eyre, ça la fiche plutôt mal.



En tant qu'OpSpec littéraire - et pas que - Thursday Next se retrouve sur cette épineuse quête qui va l'emporter - et nous avec - dans le monde des livres de façon littérale. Jasper Fforde multiplie les références aux grands classiques de la littérature britannique. Quitte à les esquinter ou défroisser un peu au passage. J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette intrigue haute en couleur. Et encore plus à guetter les apparitions éventuelles de mes personnages préférés des chefs d'oeuvre. L'auteur ne m'a pas déçue et m'a bien fait rire avec certains d'entre eux que je n'imaginais pas ainsi...



Drôle, envolé, bizarre, fantasque, barré, cultivé L'Affaire Jane Eyre répond à tous ces qualificatifs et à bien d'autres encore. Il procure une lecture jubilatoire et une énorme envie de retourner taquiner Shakespeare, Brontë, Dickens et compagnie.
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Moi, Jennifer Strange, tome 1 : Dernière tueu..

Livre lu dans le cadre du challenge ABC 2014-2015.



Ce livre est dans ma PAL depuis quelques temps déjà et découvert depuis plus longtemps encore grâce à quelques critiques enthousiastes sur Babelio. Son résumé concis et sa belle couverture m'ont aidé à l'en sortir. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce livre est un brin déroutant dans les premières pages. Que je vous explique maintenant pourquoi !!



En premier lieu, l'histoire. Quand on commence celle-ci, on a l'impression d'arriver comme un cheveu sur la soupe. Un peu comme si on était arrivé en cours de route ou de commencer le livre par le milieu. Je suis même allée vérifier qu'il s'agissait bien du premier tome. Après cette première impression déroutante, on se demande quel est le but de ce bouquin car le résumé semble à l'ouest par rapport à l'histoire. Il faut néanmoins un petit moment pour entrer réellement dans l'histoire et apprécier suivre Jennifer Strange dans ses pérégrinations. La preuve, livre lu en 3 jours !!



En second lieu, le monde. Celui-ci est un peu particulier mais en commençant ce roman, je pensais que l'auteur avait créé une histoire fantastique simple et non comme sa série la plus connue (le premier tome m'attends d'ailleurs dans ma PAL). Et finalement, je me suis trompée mais on s'habitue bien vite à son monde farfelu. D'après un journaliste du « Sunday Times », ce roman serait un « Harry Potter » pour adultes. Pour ma part, il me fait plus penser à la série « Alcatraz » de Brandon Sanderson, sans doute à cause de l'humour pince-sans-rire des anglais. D'autre part, l'univers fait penser à de l'urban fantasy : dragons, magie et se passant de nos jours. Il s'agit donc d'un univers où on côtoie magiciens sur le déclin, dragons, roi infâme et une Tueuse de dragon qui ne veut pas de son rôle.



Et en troisième lieu, le personnage principal, Jennifer Strange. Celle-ci nous fait découvrir au fur et à mesure son caractère, ses valeurs et son royaume. Sur 300 pages, il lui arrive pas mal de choses donc on n'a pas le temps de s'ennuyer. Ce monde et l'histoire sont si particuliers que, finalement, on se laisse embarquer et on peut difficilement arrêter la lecture. Au contact de Jennifer, on rencontre des dragons mais aussi des quarkons. Malgré les nombreux détails fournis, je n'ai toujours pas réussi à savoir à quoi ça ressemblait : animal ou robot ? Il mange de la viande avec son emballage métallique, il a des rangées de dents tournantes et d'autres en obsidienne, et il est capable d'éprouver des sentiments et de comprendre ce qu'on lui dit... Qu'est-ce donc ? J'espère que le tome 2 m'éclairera sur le sujet !!



Petit plus, l'auteur a un style très agréable. Malgré quelques longues descriptions, on ne s'ennuie pas et la lecture avance très vite. Ce roman est indéfinissable tellement il est curieux mais il a réussi à attiser ma curiosité tout au long de la lecture donc je dit « chapeau !! ».



Comme vous l'aurez compris, ce roman a été une excellente découverte pour ma part et à la fin de celui-ci, j'ai d'ailleurs commandé le deuxième pour apprendre à mieux connaître Jennifer Strange. J'ai passé un excellent moment en sa compagnie à essayer de trier le vrai du faux. Je vous conseille donc de découvrir cette mini-série (2 tomes pour le moment) surtout si vous appréciez les univers un brin farfelu et l'humour so british. Pour ma part, je finirais sous peu cette série et commencerais dès que je peux « L'affaire Jane Eyre » de cet auteur. J'ai très apprécié sa plume et son brin de folie !!



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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L'affaire Jane Eyre

Voilà je viens de refermer L’Affaire Jane Eyre et je me demande pourquoi je n’ai pas les autres aventures de Thusday Next. J’en voudrais encore un peu plus s’il vous plait. Un conseil LISEZ-LE ! Et si vous comptez le faire, ne lisez pas ce qui suit : spoiler à tous les étages….



1- Nous somme en Angleterre en 1985, sauf que ce n’est pas l’Angleterre que l’on connait, ni le 1985 que certains d’ente nous ont pu connaître. Vous connaissez le principe des mondes parallèles ? Et bien nous sommes en plein dedans. La théorie c’est que notre monde n’est pas unique mais qu’à chaque fois qu’un évènement se produit, il existe un monde semblable dans lequel il ne se produit pas et qui, à partir de là, diverge totalement du notre. Et bien dans le monde de Thusday Next, Churchill est mort dans un accident à l’adolescence, il n’a pas dirigé le Royaume-Uni pendant la seconde guerre mondiale, du coup les nazis ont envahis l’Angleterre, l e pays de Galle a fait sécession à la fin du 19ème, la guerre de Crimée dure depuis 137 ans, bref, il n’y a plus beaucoup de repère politiques et géographique. Et pour ce qu’il en reste, toute ressemblance avec des faits réels serait purement fortuite.



2- La police ne semble pas avoir un rôle majeur, elle est secondée (ou elle seconde) une kyrielle de services nommés Opérations Spéciales ou OpSpec ou même OS suivi d’un numéro (jusqu’à 30) ayant des attributions plus ou moins top secrètes et surtout assez peu probables pour certains d’entre eux. C’est pour un de ces services que travaille notre héroïne : OS-27 ou Littératecs, le service des délits littéraires. Enfin jusqu’à ce qu’un de ses anciens prof de fac ne se révèle être un individu très recherché, génie du mal à l’état pur et qu’elle soit la seule à pouvoir l’identifier et se retrouve (brièvement) recrutée par OS-5.



3- La religion, c’est la littérature d’abord. Les querelles religieuses portent sur qui a réellement écrit les pièces de Shakespeare… mais rien ne convient réellement, jusqu’à ce que le père de Thusday n’apporte une nouvelle explication. En attendant entre Shakespearien, Baconnien et autres partisans des différents candidats, la querelle s’éternise. Toutefois les œuvres sont révérées en tous lieux même les plus improbables : des Shakespearparleurs sont installés à l’effigie des personnages du maître qui déclament leurs célèbres tirades pour quelques piécettes. Il y a même des représentations de Richard III qui sont l’équivalent de certaines projections du Rocky Horror Picture Show (les initiés comprendront)



4- La famille de Thusday est également particulière : une mère un peu annecdotique, un père Chronogarde rebelle qui apparait et disparait inopinément de la vie de sa fille, un frère aîné mort en Crimée, un frère cadet pasteur de l’Être Suprême Universel, un oncle et une tante du genre couple de savants fous, un ex-petit-ami qui ne demande qu’à renouer…



5- J’allais oublier les dodos ! et oui dans ce monde (de fous !) les dodos ont été clonés et sont disponibles en kit afin de réaliser son animal de compagnie soi-même, chaque version étant améliorée par rapport à la précédente. E le dodo n’est que l’arbre qui cache la forêt, j’ai entendu parler de mammouths, et même d’hommes de Neandertal (au point qu’il a fallu écrire une Déclaration des Droits de l’Homme de Neandertal)….



De plus Thusday est un personnage particulièrement attachant, dynamique, intelligente, prête à tout ; elle ne reculera devant rien pour sauve le chef d’œuvre de la littérature anglaise qu’est Jane Eyre, empêcher la guerre en Crimée de se poursuivre, contrer Hadès, mettre des bâtons dans les roues de la multinationale Goliath et reconquérir Laden… Bref, elle nous emmène à 100 à l’heure dans sa Speedster 356 bariolée dans une enquête complètement barrée dans un monde parallèle, dans les romans comme dans le temps…



Archéron Hadès quand à lui est un méchant digne de son patronyme, faisant le mal pour le mal (bien que je le soupçonne aussi d’agir par cupidité à certains moment, même si il s’en défend), doté de pouvoirs prodigieux, d’une intelligence hors norme et d’une certaine tendance à trop parler…



Quand à l’intrigue, elle reste relativement simple (enfin relativement, mais après tout çà ce n’est peut être pas plus mal). Hadès vole un manuscrit précieux puis kidnappe l’oncle et la tante de Thusday qui ont mit au point une façon d’entrer et de sortir des livres. Il s’en sert pour faire pression sur le gouvernement pour obtenir tout ce qu’il souhaite. Le premier manuscrit ayant été détruit, il s’en prend ensuite à Jane Eyre. Thusday qui n’avait au départ été sur cette enquête que par hasard, se retrouve à tenter de sauver son oncle et sa tante, puis aussi son livre préféré (même si la fin est décevante…). Il faut dire qu’elle a déjà eu l’occasion de rencontrer Mr Rochester plusieurs fois et qu’ils se sont rendu service mutuellement et seront amenés à recommencer plusieurs fois.



C’est jubilatoire d’imaginer pouvoir rentrer dans son roman préféré, de savoir qu’on pourrait le visiter comme un musée ou un château, qu’il serait possible de le modifier, d’influencer le destin des personnages, que les personnages pourraient devenir nos amis, et même qu’ils pourraient sortir du roman pour influencer nos vies…



Quand au style d’écriture, si la majeure partie du roman est écrite dans un style propre à l’auteur, celui-ci n’hésite pas à paraphraser, inclure des phrases du livre qu’il visite, voir même à faire parler les personnages issus de ces livres dans le style que leur auteur leur a donné.



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La tyrannie de l'arc-en-ciel : La Route de ..

Drôle de monde que cette chromocratie où nous embarque Jasper Fforde! La perception des couleurs y détermine votre place dans la hiérarchie sociale - si par manque de chance vous êtes un Gris, vous allez vous retrouver salement exploité, et la Prévôte jaune pourra si elle le désire repousser l’âge de votre retraite et vous faire bosser des seize heures par jour.



Edward Rousseau se retrouve dans les Franges Extérieures, à ce qu’il semble parce que le Prévôt en Chef a estimé qu’un petit réalignement d’humilité ne lui ferait pas de mal, il s’est vu assigné une «tâche inutile»: il doit procéder à un recensement des chaises. Mais n’ayez crainte, il ne va pas s’ennuyer (et nous non plus): le voilà bouche bée, frappé, subjugué par le charme sulfureux de Jane l’insoumise, de son si joli petit nez presque parfaitement retroussé et de ses idées révolutionnaires... Ce qui va l’amener à découvrir une vérité bien trop énorme et terrible pour qu’il puisse continuer à savourer tranquillement ses aspirations à l’ascension chromatique.



J’ai adoré la bizarrerie de cet univers, c’est parfois délicieusement déroutant, un brin loufoque, drôle et savoureux, un bel imaginaire qui joue malicieusement avec des choses profondes.



Mais la cruauté de Jasper Fforde qui écrit un bouquin pareil en 2011 et qui après nous laisse en rade, dans l’attente de la suite, c’est terrible, du vrai sadisme!!!
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L'affaire Jane Eyre

Quel roman épatant !

Bien qu’une fois de plus, la personne qui a rédigé la quatrième de couverture n’a pas du lire le livre sinon pourquoi parlerait-elle d’un fait qui se déroule seulement à la fin du roman et ne représente qu’un détail parmi d’autres de l’histoire très riche de ce roman ?

En effet, la partie concernant Jane Eyre ne se déroule que 70 pages avant la fin du roman…

L’auteur nous embarque dans une aventure carrément loufoque en compagnie de Thursday Next (Jeudi Prochain, ce n’est quand même pas hyper courant comme nom), qui travaille dans un département spécifique qui s’occupe des délits en rapport avec la littérature.

Mais ce travail est loin d’être un banal travail de bureau, il s’agit au contraire d’une unité qui va sur le terrain et risque même souvent la vie de ses agents dans des missions complètement dingues.

Le lecteur aura donc la joie de découvrir un univers farfelu où certaines personnes ont le pouvoir d’arrêter le temps, où les dodos sont revenus à la vie et sont de charmants animaux de compagnie, où on peut croiser des loups-garous dans une école, pénétrer au coeur d’un poème plein de jonquilles, rencontrer des inventeurs géniaux...

Le roman est totalement addictif, je suis rentrée dedans en une page et je l’ai dévoré dans la journée, car l’héroïne tout autant que l’intrigue m’ont semblé passionnantes.
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L'affaire Jane Eyre

C’est la troisième fois. La troisième fois que je cours après l’abominable Achron Hadès avec Thursday Next. Et la troisième fois que je rencontre en coulisses le si beau, le si bon, le tellement merveilleux Rochester. Ahh… ! C’est le charme d’une mémoire à grands trous, je ne me souviens jamais exactement de comment s’enchainent toutes ces improbables péripéties et ce roman m’enchante toujours autant. La fantaisie débridée de Jasper Fforde, l’irrévérence avec laquelle il traite les grands textes de la littérature anglaise afin de leur rendre un hommage encore plus appuyé, l’absurdité si convaincante qui consiste à faire courir de dangereux bandits contemporains à l’intérieur de romans classiques, la densité réaliste des personnages de fiction, tout, j’aime tout dans L’Affaire Jane Eyre ! Et d’avoir pu le faire découvrir à une petite bande de joyeux lurons babelpotes ne fait que décupler le plaisir.
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L'affaire Jane Eyre

Comment définir le genre de ce livre ?

Vraiment, on trouve de tout. Thursday Next fait partie de la brigade OpSpec27, chargée de surveiller toutes fraudes autour des livres. La littérature tient une grande place dans l'histoire, mais il y a aussi une uchronie, un peu de Steampunk, de la romance, du policier, de l'espionnage, des vampires, des paradoxes temporel, des espaces parallèles, de la SF, de l'humour, du fantastique du genre Lewis Carroll avec ses personnages qui entrent où sortent des œuvres littéraires. C'est un peu fourre-tout, à la limite du chaos. J'avoue qu'au début j'ai été un peu perdu, mais très vite on se prend au jeu, au rythme endiablé, et à la joyeuse bonne humeur qui transpire à travers les lignes de ce roman, pour notre plus grand bonheur.

Je n'ai pas lu Jane Eyre de Charlotte Brontë, j'avoue que je suis allé voir un résumé, mais connaître l'histoire n'est pas forcément nécessaire. Dans ce roman, le livre de Charlotte Brontë a deux fins possibles, je n'ai pu m'empêcher de savoir laquelle est la vraie. Je trouve le jeu de Jasper Fforde sur les hypothèses littéraires très amusant, il y en a aussi pour Shakespeare et Dickens, et tout ça dans un délire d'actions et d'inventions digne de JK Rowling, Anonyme (Le livre sans nom)... Une légèreté qui fait passer les énigmes littéraires pour un simple amusement, sans prétention et pourtant plein de subtilités.

Un roman léger, délirant, et vraiment distrayant !
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L'affaire Jane Eyre

Je ne sais pas ce que prend Jasper Fforde, mais c'est puissant ...

Son nom est Prochain, Jeudi Prochain (Thursday Next en vo), et elle est agent spéciale euh...dans la littérature. Mais dans la littérature, là-bas, ça canarde. Là-bas, c'est notre univers, mais légèrement parallèle, avec des lois physiques un peu différentes, notamment en ce qui concerne le temps (qui disjoncte régulièrement) et la frontière réalité-fiction, très floue.

Donc alors voyons, un génie du mal nommé Achéron Hadès, ex prof de fac reconverti dans le grand banditisme (hihihi) veut se faire de l'argent sur le dos de héros de roman : s'en emparer (on ne dira pas comment) et réclamer rançon. Entre autres vilénies. A un moment, ça ne déflore pas l'intrigue,on tire à balles réelles sur Jane Eyre et Rochester. Horreur. Les histoires se désagrègent et les romans disparaissent. Ah ! Achéron ! Que n'as-tu pas tiré sur Gabriel Oakes, sur Jude l'obscur,ou sur Tess, afin d'abréger leurs souffrances et d'épargner les lecteurs ...Oups pardon. Bref. Voilà une affaire compliquée pour l'agent Next.

Tout ça sur fond de glou-glou de Dodos génétiquement reconstitués, de vers de Shakespeare clamés par toute une population -comme si on hurlait du Racine dans les stades de foot, ambiance, et de guerre de Crimée (???qu'allait-elle faire dans cette galère). On apprend aussi des éléments d'Histoire inconnus au bataillon, visiblement infiltrés dans les spasmes du temps par les horribles révisionnistes français de la Sorbonne...

Cela peut sembler absolument n'importe quoi, mais ça se tient bien, c'est très drôle et ça se lit avec un immense plaisir.

Mon seul regret : un peu plus de temps avec Jane, ç'aurait été bien. Quand elle fait la leçon au vilain Achéron, elle est vraiment irrésistible.
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