Extrait du livre audio « La petite fille sous la neige » de Javier Castillo lu par Sara Chambin, traduit par Romain Puértolas. Parution numérique le 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/la-petite-fille-sous-la-neige-9791035414993/
Je m’étais toujours demandé ce qu’il se passait dans l’esprit de quelqu’un dont l’être cher disparaît du jour au lendemain, comme s’il n’avait jamais existé. Durant plusieurs années, j’avais tenté de l’imaginer. C’était sans doute pour cela que j’avais décidé de faire des études de journalisme, c’était pour cette raison que j’aimais ce monde-là. Parce que, en définitive, c’était en cela que consistait le journalisme : chercher. Ce que cachent les puissants, ce que dissimulent les hommes politiques, ce qu’occulte quelqu’un qui préfère que la vérité n’éclate jamais au grand jour. Chercher dans les recoins obscurs une histoire à raconter, les énigmes, les mystères, les personnes perdues. Voila de quoi il s’agissait, de chercher et de trouver.
Lorsqu'un journal comme le Press changeait son fusil d'épaule et demadait de l'aide en échange de quelques éléments d'une énigme qui paraissait insoluble, les lecteurs se jetaient sur l'occasion. Les gens lisent les journaux pour trouver des réponses, pas des questions, et c'est peur-être cela le problème. Voilà pourquoi tout le pays s'était jeté sur cet article.
« Après avoir visionné la vidéo (…), la neige a envahi l'écran, vous savez, cette neige qui tombe en continu sur notre téléviseur, lorsque l'appareil ne reçoit plus de signal. Dans cette neige, j'ai également vu qui est rat, mais cette fois-ci, au sens figuré. Dans cette neige, j'ai également vu Kiera, mais cette fois-ci, au sens figuré. Comme si la petite fille que je cherchais s'était changée en neige, pas celle qui se défait entre nos doigts chauds, mais celle qu'il est impossible d'attraper, avec des points noirs et blancs sautillant d'un côté à l’autre. »
Que serait le monde sans le journalisme?
(Albin Michel, p.236)
Je m’étais toujours demandé ce qu’il se passait dans l’esprit de quelqu’un dont l’être cher disparaît du jour au lendemain, comme s’il n’avait jamais existé. Durant plusieurs années, j’avais tenté de l’imaginer. C’était sans doute pour cela que j’avais décidé de faire des études de journalisme, c’était pour cette raison que j’aimais ce monde-là. Parce que, en définitive, c’était en cela que consistait le journalisme : chercher. Ce que cachent les puissants, ce que dissimulent les hommes politiques, ce qu’occulte quelqu’un qui préfère que la vérité n’éclate jamais au grand jour. Chercher dans les recoins obscurs une histoire à raconter, les énigmes, les mystères, les personnes perdues. Voilà de quoi il s’agissait, de chercher et de trouver.
Il s'agit là du jeu le plus macabre qu'on puisse concevoir. Cette vidéo est un coup terrible pour les parents à qui il ne reste qu'un peu d'espoir et l'envie de se raccrocher à tout et n'importe quoi pour un jour revoir leur fille.
Parler de la douleur est un symbole de force, mais ne pas le faire est aussi un symbole de courge,car lorsque l'on tait, ce qui est en nous y demeure et nous dévore (p.94
Parler de la douleur est un symbole de force, mais ne pas le faire est aussi un symbole de courage, car lorsque l’on se tait, ce qui est en nous y demeure et nous dévore.
Ce qui est dommage, dans tout cela, et vous le découvrirez bien vite, c’est que les médias soutiennent toujours une cause par intérêt. Lorsque vous vous demandez si une nouvelle doit être racontée parce qu’elle est injuste ou triste, en réalité, l’unique question que vous posera l’éditeur du journal dans lequel vous travaillerez sera : cela nous permettra-t-il de vendre davantage ? Ce monde ne fonctionne que par intérêt.
Et c’est cela la plus grande erreur que pouvaient commettre une mère ou un père, couper les ailes de leur enfant pour qu’il ne puisse pas s’envoler.