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Citations de Javier Marías (275)


Il n'y a de pire ennemi que celui qui est aussi un ami.
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Son père qui ne s’était pas fait remarquer pendant la Guerre civile et qui, en principe, n’était pas poursuivi par les franquistes (même si, dans les années trente ou quarante, et jusque dans les années cinquante, n’importe qui pouvait être inquiété du jour au lendemain, il suffisait d’une inimitié entre voisins, d’un mépris bien enraciné, d’un préjudice porté à un vainqueur ou d’une dénonciation bidon, les gens s’efforçant de se faire bien voir des autorités)......
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La justice ça n’existe pas. Ou à titre d’exception, de rares leçons par-ci par-là pour sauver les apparences, et juste dans le cas de crimes individuels. Et malheur à ceux à qui elle s’en prend. Toutefois, dans le cas de crimes collectifs ou nationaux, non, elle n’existe pas, ni ne prétend même exister. La justice est terrorisée par la magnitude des crimes, elle est dépassée par leur surabondance, inhibée par leur quantité. Ainsi paralysée, ainsi effrayée, il est illusoire d’avoir recours à elle après une dictature ou après une guerre, y compris après un simple lynchage dans un bled pourri, vu le nombre de ceux qui sont impliqués.
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La panique attire malheur et catastrophes. Parfois nous faisons en sorte qu’advienne ce que nous redoutons le plus, car la seule façon de nous libérer de l’angoisse est de savoir le mal derrière nous. De savoir qu’il appartient au passé, et non à l’avenir, qu’il ne relève plus du domaine du possible.
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Pour peu que nous soyons des inconditionnels d’un amour, d’un ami ou d’un maître, nous avons tendance à accueillir tous ceux qui gravitent autour d’eux, à plus forte raison ceux qui leur sont essentiels : leurs idiots de fils, leurs épouses exigeantes ou fielleuses, leurs époux pénibles, voire tyranniques, leurs amitiés louches ou déplaisantes, leurs collègues sans scrupule dont ils dépendent, ceux chez qui nous ne voyons rien de bon et auxquels nous ne trouvons aucune qualité, qui nous amènent à nous demander d’où provient l’estime que leur vouent ces êtres dont nous désirons tant nous assurer l’approbation : quel passé les rapproche, quelle souffrance ils partagent, quel vécu, quelles connaissances secrètes ou quel sujet de honte ils ont en commun.
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Au cas où il est absolument impossible de connaître la vérité, je suppose que nous avons alors la liberté de décider de ce qu’elle est.
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Parfois, j'ai le sentiment que rien de ce qui arrive n'arrive vraiment, parce que rien n'arrive sans interruption, rien ne perdure, ne persiste, ne se rappelle constamment, et même la plus monotone et routinière des existence s'annule et se nie elle-même dans son apparente répétition, au point que rien ni personne n'a jamais été le même auparavant, et la faible roue du monde est mue par des sans-mémoire qui entendent, voient et savent ce qui n'est pas dit et n'a pas lieu, est inconnaissable et invérifiable.
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J’avais entendu pendant mes cours citer l’un ou l’autre de ces noms, mais j’en ignorais la plupart. Je restai admiratif de ses connaissances, il avait tout d’un dictionnaire des noms propres ambulant, même s’il me vint à l’esprit qu’il pouvait s’agir de personnages de sa propre invention : face à l’ignorance, on invente parfois.
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En ces années-là, il n’y a pas de femme consciente de sa beauté qui n’ait fini au lit avec Kennedy. Ou dans une piscine, ou sur un bateau ou dans un ascenseur, qu’importe. Si on les croyait toutes, il n’aurait guère eu le temps de gouverner. Ni même de se rendre à Dallas, et il serait encore des nôtres.
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- Tu es un imbécile, me dit Clare Bayes. Heureusement que tu n'es pas mon mari. Tu es un imbécile à l'esprit de détective, et avec ce genre d'imbécile on ne peut pas être mariée. C'est pour ça que tu ne te marieras jamais. Un imbécile détective est un imbécile intelligent, un imbécile logique, les pires, parce que la logique des hommes, au lieu de compenser leur imbécilité, la double et la triple et la rend agressive. [...].
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[...] non, c'est seulement une trace, et ce sont justement les traces qui donnent naissance à la mélancolie. Les choses mal terminées et ce qui n'existe pas.
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C'était tout simplement s'installer dans la conviction où la superstition que ce qui ne se dit pas n'existe pas. Il est vrai qu'il n'y a guère que le non-dit et le non-exprimé que nous ne traduisons jamais.
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On ne sait jamais vraiment quand on gagne la confiance des gens, et encore moins quand on la perd.
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Nous croyons connaître ceux qui sont près de nous, mais le temps nous révèle beaucoup plus de choses ignorées que de choses connues, nous en savons toujours moins comparativement, la zone d'ombre s'étend toujours plus.
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.......nombreuses sont celles qu’on laisse derrière soi en prenant de l’âge. Hélas, ce qui est fait est fait, et on ne saurait revenir en arrière, quand nous nous rendons enfin compte de notre stupidité. Le film est tourné, monté, les acteurs ont été renvoyés, l’équipe aussi, et il n’y a plus moyen de rajouter des plans ni de modifier le scénario ni de changer la fin, il est comme il est et restera ainsi pour toujours. Trop de vies reposent sur la tromperie ou sur l’erreur, tel est le cas de la plupart d’entre elles depuis que le monde est monde, pour quelle raison allais-je y échapper, pour quelle raison n’en serait-il pas ainsi de la mienne ? Cette pensée me réconforte parfois, elle m’aide à me convaincre que je ne suis pas le seul dans ce cas mais, au contraire, un de plus sur la liste interminable de ceux qui essayèrent d’être justes et droits et de tenir leurs promesses, de ceux qui eurent à cœur de dire ces mots que l’on perçoit de plus en plus comme une stupidité d’une autre époque : "Regardez, je tiens parole…"
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Jack Nevinson en avait bavé pour maîtriser la langue de son épouse et s'il avait fini par en posséder la syntaxe et la grammaire ainsi qu'un vocabulaire étendu bien que désuet et livresque, jamais il ne parvint à se débarrasser de son fort accent, aussi ses enfants le voyaient-ils en partie comme un intrus sous le toit familial et s'adressaient-ils toujours à lui en anglais de peur de rougir ou d'être pris d'une irrépressible envie de rire. Ils se sentaient gênés quand, en compagnie de visiteurs espagnols, il n'avait d'autre solution que de recourir à cette langue. A l'entendre parler, on aurait presque cru à une plaisanterie, cela rappelait Laurel et Hardy, le Gros et le Maigre, se doublant eux-mêmes, avec leur prononciation bien personnelle, pour présenter au public espagnol leurs films qui, même alors, ne dataient pas d'hier (en fait, Stan Laurel était anglais et non pas américain, d'où leurs accents très différents quand ils se risquaient à sortir de leur langue).
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Les gens le disent trop. "Tu auras ma reconnaissance éternelle" est une des phrases les plus vides qu'on puisse entendre, et pourtant on l'entend souvent, toujours avec cette épithète invariable, toujours la même et irresponsable "éternelle", indice supplémentaire de son manque absolu de valeur concrète, de vérité et même de signification, et en plus il arrive qu'on ajoute : "Quoi que je puisse faire pour toi, maintenant ou plus tard, tant que je vivrai, tu n'auras qu'à me le demander", alors que ce qui est sûr, c'est que personne ou presque ne demande rien sur le moment - cela ressemble alors à un do ut des, à la volonté d'en profiter - , et si on le fait plus tard, la phrase creuse est oubliée depuis longtemps et en plus on n'y a pas recours, il est rare que quelqu'un rappelle à quelqu'un d'autre : "Il y a quelque temps, tu m'as dit que..." ; et s'il s'y hasarde, il est possible qu'il se gagne cette réponse : "Je t'ai dit ça? Je ne sais pas, c'est curieux, j'en doute, je ne me souviens plus", ou bien "Tout sauf ça, pas ça, c'est la seule chose impossible, c'est la pire, ne me demande pas ça", ou bien "Comme je regrette, je ne demanderais pas mieux, je ne peux pas, si seulement tu était venu me trouver il y a quelques années, maintenant ce n,est plus comme avant." Si bien que celui qui veut simplement qu'on lui rende son vieux service finit par en demander un nouveau, comme s'il n'y avait pas eu d'histoire, et peut-être même en suppliant ("S'il te plaît, s'il te plaît. S'il te plaît, s'il te plaît").
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Nous apprenons au fil du temps que ce qui nous semblait très grave finit un jour par nous paraître neutre, un fait seulement, une simple donnée. Que la personne sans qui nous ne pouvions vivre et pour qui nous ne dormions pas, sans qui nous ne concevions pas notre existence, des paroles et de la présence dont nous dépendions jour après jour, finira pas ne plus occuper une seule de nos pensées (...)
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Le problème majeur et le plus courant au début d'un mariage raisonnablement conventionnel c'est que, malgré sa fragilité de nos jours et les facilités qu'on les contractants pour défaire leurs liens, il soit généralement inévitable de ressentir un sentiment désagréable d'aboutissement, et donc de point final, ou, plus exactement (puisque les jours s'écoulent imperturbables, à l'infini), que le moment est venu de se consacrer à autre chose. Je sais bien que ce sentiment est pernicieux et erroné, et que y succomber ou en tenir compte est la principale cause d'échec de tant de mariages prometteurs, à peine commencent-ils à exister.
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Ce fils très aimé par sa mère et par moi, je le crois (pour sa mère, il doit être une déité transitoire condamnée à cesser de l'être), mais il devient obsessionnel, comme je suppose que doivent l'être tous les enfants dans les premiers mois.
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