Tu es jeune et je comprends ton besoin de faire tes preuves, mais tu es entourée de personnes qui comptent sur toi. Une meute et une famille. Ne laisse pas ton profond besoin de ne jamais montrer ta faiblesse devenir la cause de ta mort.
« — Nol, sérieux.
Il ricana et je sursautai quand une portière claqua. Raf était d’ores et déjà sorti, s’éloignant à grands pas, dans le paysage enneigé, vers les lumières et les bruits de la fête.
— Est-ce que c’est quelque chose que j’ai dit ?
Les mots sortirent avant que j’aie pu les en empêcher, tout enrobés de fausse innocence. Mattie secoua la tête.
— Je savais qu’il y avait une bonne raison pour que je t’apprécie, la nouvelle.
Mon soupir fut long et exagéré.
— Ce truc avec « la nouvelle », ça ne va pas s’arrêter, en fait ?
— Nooooon, dit Mattie en faisant durer le « on ». Ça te va trop bien.
— Violet aussi, marmonnai-je en ouvrant la portière. »
La peur était un paralysant puissant, et ce n'était pas la première fois que je me demandais ce que ça faisait de vivre sans. Simplement... pouvoir se lever chaque matin sans redouter le reste de la putain de journée.
Je fus frappée d'une révélation tandis que je tentais de calmer mon foutu cœur pour la deuxième fois ce jour-là : J'aurais dû m'enfuir des années plus tôt. C'était juste une honte que je sois restée, en me mettant dans cette position de tourment quotidien.
Je m'étais changée en victime, jour après jour, et j'en ressentais une grande honte, jusqu'au plus profond de mon âme.
À tous ceux qui rêvent d’être enlevés par le diable. Parce que nous sommes dérangés, voilà tout. Embrassez votre part d’ombre.
-Tu es cette créature lumineuse, pétillante et agaçante, énonça-t-il d’une voix traînante, que je n’arrive pas à tuer, même quand j’en ai envie. Donc je garde « Rayon de Soleil » et si ça te pose un putain de problème, c’est bien dommage.
Une meilleure ère se lèverait bientôt, durant laquelle je ne serais plus la victime de chaque enfoiré puissant pensant pouvoir exercer sa volonté sur moi.
À cet instant, je les haïssais tous.
Mon Dieu, qu’est-ce que j’aimais nos conversations! Tellement pleines d’énergie et de tournures de phrases intelligentes. C’était comme vivre dans une pièce de Shakespeare.
Mieux valait que le punching-ball de la meute ne se fasse pas remarquer. Faire profil bas. Rester en vie. Survivre encore un mois. Et renaître de ses cendres.
Est-ce que l’on ne me ficherait jamais la paix? Était-ce trop demander que chaque foutue journée ne soit pas une expérience immensément douloureuse?
Ils allaient me voir plus que jamais, et un jour, avec un peu de chance dans un avenir proche, ils ne représenteraient plus une menace pour moi.