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Citation de sld09


Aline habitait la maison bleue, près de la fontaine remplie de carpes et entourée de bouses éternelles. Les vaches venues s'y abreuver les renouvelaient. De temps en temps, monsieur Myons, l'instituteur, la seule personne du village, avec les domestiques, entièrement dépourvue de troupeau, en enlevait l'excès dans sa brouette pour fumer son jardin. Aline chaque jour apportait des miettes aux poissons qui devenaient énormes. C'étaient les carpes communales, nul n'avait l'idée de les voler, pas plus que la cloche de la chapelle. Une fois l'an, les plus grosses étaient vendues aux enchères au profit de la caisse des écoles. Les carpes se convertissaient en livres de bibliothèque, en crayons d'ardoise et en cahiers pour les enfants indigents.Aline restait de longues heures au balcon, un livre sur les genoux, les yeux moins tournés vers les pages que vers l'horizon occidental comme si elle attendait que parût on ne sait quelle caravelle sur ces vagues figées. Des chiens aboyaient dans la plaine, au-dessous de Beauregard, la vrille patiente des vers grinçait dans le bois de la rampe. Madame Florenceau l'épiait en souriant et chuchotait au commandant :
- Surtout, ne la dérange pas ! Elle rêve de son amoureux
!On l'avait préparée pour qu'elle fût le meilleur parti du monde : bonne cuisinière et pâtissière - brillante en matière de confitures -, bonne couturière et brodeuse, bonne pianiste, déjà presque licenciée ès lettres à la faculté de Clermont, elle hériterait, sinon une fortune, du moins le manoir en lave de Volvic, le parc, les vignes, les économies que ne manquerait pas de lui laisser en s'en allant monsieur Florenceau, ex-commandant d'artillerie. Elle n'aurait donc que l'embarras du choix.
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