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Citation de Papyrusdunil


« Le rythme ! gueulait Rothenberg. Le rythme ! » Le vieux Rothenberg m’enseignait le piano. Il était froissé comme du papier, visage, cou, mains, un braille de rides à donner le vertige. J’avais envie de le repasser chaque fois que je le voyais.

Mais quand il jouait.

Quand il jouait, des rois mages se mettaient en chemin. Des princesses exotiques et lointaines étaient prises de langueur dans leurs palais de sable. Même Mme Rothenberg, une ombre fanée qui sentait les pétales et la naphtaline, redevenait la reine du Midi qu’il avait séduite, soixante ans plus tôt, sous un noyer en fleur.
Rothenberg n’enseignait que Beethoven. Dans un passé lointain dont il parlait rarement, le grand homme – qu’il appelait par son prénom – lui avait sauvé la vie. Rothenberg avait joué sans instrument ses trente-deux sonates, jour après jour. Les doigts dans l’air, les pieds dans la poussière de Pologne. Il avait joué pour ne pas devenir fou.
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