Citations de Jean-Baptiste Andrea (1509)
On a fait un jeu, c’est elle qui a eu l’idée, il fallait trouver la coccinelle avec le plus de points. Au début j’ai eu du mal, je trouvais beaucoup de points mais il n’y avait pas de coccinelle autour, et Viviane m’a appris comment chercher : d’abord la coccinelle, bien rouge et bien brillante, et seulement après les points. Quand elle expliquait quelque chose, ça paraissait beaucoup plus simple.
Chostakovitch, qui adorait son terrier Tomba, affirmait que si les chiens avaient une vie si courte c’est parce qu’ils prenaient trop de choses à cœur.
Sans passé, sans avenir, sans avant et sans après, un orphelin est une mélodie à une note. Et une mélodie à une note, ça n’existe pas.
Seuls trois laïcs travaillaient aux Confins : Grenouille, le surveillant général, Étienne, l'intendant, et Rachid, notre professeur d'éducation physique. Le temps et la distance ayant adouci mes souvenirs, je dirai que Grenouille était un salopard de première, un fumier, une crevure.
Je sais depuis ce matin gris et tendre, que lorsqu’une femme se couche sous un homme, dans le port de Gênes, à l’arrière d’un camion ou sur un champ de foire, c’est pour adoucir sa chute.
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- Les mots ont un sens, Mimo. Nommer, c’est comprendre. « Il y a du vent », ça ne veut rien dire. Est-ce un vent qui tue ? Un vent qui ensemence ? Un vent qui gèle les plants sur pied ou les réchauffe ? Et quel genre de députée ferais-je si les mots n’avaient pas de sens ? Je ne serais pas différente des autres.
La vraie vie était dans les livres.
Sculpter, c’est très simple. C’est juste enlever des couches d’histoires, d’anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu’à atteindre l’histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l’histoire qu’on ne peut plus réduire sans l’endommager. Et c’est là qu’il faut arrêter de frapper
Il y avait pire que d'être orphelin de ses parents, c'était d'être orphelin de soi.
Je fis ce qu'on fait d'un conseil à quinze ans, surtout lorsqu'il est bon : je l'ignorai.
J'ai la gentillesse ébouriffée des abeilles, je pique parfois sans m'en rendre compte la main qui m'approche, parce que je crois par habitude qu'elle va m'écraser.
Si tout commence souvent par une route, j’aimerais savoir qui a fait la mienne si tortueuse.
Pacelli avait voulu me faire un compliment.
Tout ce que j’avais entendu, c'est que j'étais le même qu'à seize ans, en mieux. Où était l'homme ? Celui qui touche du doigt le secret des dieux ? C'était donc ça, grandir ?
Fin 1929, le régime avait créé l’Académie royale d’Italie, dont elle confia la direction en 1930 à Guglielmo Marconi. Marconi déclara : « Je revendique l’honneur d’avoir été le premier fasciste en radiotélégraphie, le premier à reconnaître l’utilité de réunir en faisceau les rayons électriques, comme Mussolini a reconnu le premier dans le domaine politique la nécessité de réunir en faisceau les énergies saines du pays pour la grandeur de l’Italie. »
- Il est toujours possible de discuter avec quelqu'un.
D'où vient la violence des hommes ?
- Des Hommes avec un grand H ?
- Il n'y a pas d'hommes avec un grand H. Vous êtes tous des hommes avec de tout petits h. Alors, dites-moi, parce que ça m'intéresse : d'où vient votre violence, hein ?
Viola nous fixait comme si elle attendait vraiment une réponse.
- D'avoir été abandonnés, peut-être ? Mais qui vous a abandonnés ? Vos mères ? Et si c'est le cas, pourquoi les traitez-vous ainsi, elles et toutes les futures mères du monde ?
- Parce que tu crois que les femmes ne sont pas violentes ?
murmura Vittorio.
- Bien sûr que nous le sommes. Contre nous-mêmes, parce qu'il ne nous viendrait pas à l'idée de faire souffrir quelqu'un, mais qu'il faut bien que cette violence que nous respirons et qui nous empoisonne ressorte quelque part.
La fatigue, en montagne, est plus dangereuse que la malchance ou l’incompétence.
... c’est de l’esprit qu’il faut se méfier. Faute d’objet pour attirer son attention, il se retourne contre lui-même et se dévore lentement.
Devant la villa, orangers citronniers et bigaradiers s'étendaient à perte de vue. L'or des Orsini, façonné et poli par un vent de mer qui, depuis la côte, soufflait son impensable douceur sur ces hauteurs. Impossible de ne pas s'arrêter, frappé par le paysage coloré, pointilliste, un feu d'artifice mandarine, melon, abricot, mimosa, fleur de soufre, qui ne s'éteignait jamais.
J’ai tout vu. Je suis le Juif errant, Mimo. J’ai deux mille ans. Deux mille ans qu’on me torture, qu’on me brise et me tue, deux mille ans de crachats, de ghetto, de fuites dans la nuit. Où que j’habite, et j’ai vécu dans le monde entier, à Venise, Odessa, Valparaiso, on me retrouve. On m’a tué mille fois mais je renais toujours, et me souviens de tout.
-Moi aussi, un jour, j’ai cru que j’avais du talent. J’ai compris depuis qu’on ne peut pas avoir du talent. Le talent ne se possède pas. C’est un nuage de vapeur que tu passes ta vie à essayer de retenir.