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Critiques de Jean-Baptiste Maudet (75)
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Tropicale tristesse

Je découvre Jean Baptiste Maudet au hasard d'un emprunt en bibliothèque de Tropicale tristesse et je suis fan. Comment ai-je pu l'ignorer ?

Un roman,mais surtout un objet littéraire non identifié tout autant que le Tristes tropiques de Lévy-Strauss qui sert de prétexte aux personnages, de fil conducteur au récit, de référence culturelle au voyage.

Un objet littéraire tout rempli des connaissances en matière de geographie culturelle de l'auteur sans aucun didactisme, ni message sur le sauvetage de la forêt amazonienne, une réflexion personnelle sur la quarantaine et le voyage.

Une grande liberté de thèmes, de temporalités, de formes. Voilà la littérature comme je l'aime.

Des longueurs parfois certes. On sent que l'auteur s'est laissé aller à mettre tout ce que lui inspirait le sujet et le hors sujet.

Je vais lire tout Jean Baptiste Maudet comme je lis lis tout Patrick Deville.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Tropicale tristesse

Partir à la rechercher d'un Indien que l'on a vu un soir à la télévision semble être au premier abord l'idée la plus invraisemblable qui soit ... Et pourtant, c'est dans cette aventure incroyable que va se lancer Anne Beaulieu. Une femme drôle et sans attache, qui est prête à se laisser porter au fil de l'Amazone, par des rencontres humaines rafraîchissantes, par cette nature incroyable et enchanteresse, mais aussi guidée par un livre. Et pas n'importe lequel. Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss. Un livre qui fait non seulement écho à cette aventure, mais dont les annotations manuscrites d'une histoire d'amour inachevée présente dans le livre, appartenant au précédent propriétaire donnera une dimension nouvelle à cette quête de soi, cette renaissance tropicale, triste parfois, mais lumineuse également.



La formation de géographe de l'auteur donne une dimension tout à fait immersive au roman, le personnage de Jeanne est vrai drôle et attachant, ponctué de cette deuxième histoire grâce à ce livre. Avec en plus l'omniprésence de Lévi-Strauss, devenu personnage à part entière, un fantôme de plus du passé, anthropologue renommé dont l'influence dans les sciences sociales aura été très importante, et dont la présence par l'intermédiaire de ce livre et de ce voyage donne un effet miroir très intéressant.
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Matador yankee

John Harper, blond comme les blés, élevé par sa mère mexicaine d'un père inconnu se rève d'être le fils de Robert Redford.

Harper vit à la frontière américano-mexicaine de ses talents de toreador. Seulement, il n'a pas percé comme il l'espérait. La vie est difficile et Harper accumule les dettes. Les quelques contrats qu'il obtient ne lui rapportent ni la gloire ni de quoi subvenir à ses besoins.



De mauvaises fréquentations en plans foireux, il se retrouvent à devoir partir à la recherche de la fille du maire d'un petit village mexicain qui a disparu et dont un morceau de doigt a été envoyé au père - au risque sinon de finir massacré par le père et les hommes du village.



A la recherche de cette jeune fille, Harper va faire quelques rencontres dangereuses mais également d'autres plus tendres et inspirantes.



L'écriture est fluide, l'univers bien retranscrit, les situations sont parfois drôles et souvent loufoques.

Même si j'ai eu un peu de difficulté à m'attacher au personnage de Harper, la lecture a été plaisante, et je garde quelques jours après avoir terminé ce récit, un bon souvenir de l'atomsphère de ce western un peu particulier.







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Matador yankee

Roadtrip à la croisée des mondes, Matador Yankee propose de suivre Harper, un torero "raté" qui cherche à sortir la tête de l'eau et qui va se retrouver bien malgré lui au sein d'une histoire de disparition.

En effet, il est accusé d'être impliqué dans l'enlèvement, la séquestration et la mutilation de la fille du maire de la ville dans laquelle il doit se produire.

Mais qu'en est-il vraiment? Est-il réellement complice ou a-t-il été manipulé? Retrouvera-t'il Magdalena vivante et la ramènera-t-il à ses parents?

Autant de questions que pose ce roman et qu'il faudra lire pour en découvrir les réponses.

Jean-Baptiste Maudet nous propose ainsi une fresque épique mêlant histoires de famille, d'amour et d'argent sur fond de rencontres éthniques dignes des meilleurs westerns .

Une lecture intéressante, donc, qui m'a forcé à sortir de ma zone de confort.
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Tropicale tristesse

Les aventures d’une étonnante voyageuse partie à la recherche d’un indien aperçu subrepticement lors de la diffusion d’un reportage sur la déforestation de la forêt amazonienne.



La vie de Jeanne Beaulieu est désespérément vide, alors ce départ sur un coup de tête pour retrouver « son indien », est-ce vraiment n’importe quoi ?



De chez un bouquiniste de Sao Paulo, elle repart avec « Tristes tropiques » écrit par l’anthropologue Claude Lévi-Strauss.

Au fil de son long et lent périple, remontant le fleuve Amazone, la lecture du roman et surtout des annotations de cet exemplaire spécial

plonge Jeanne dans la vie de Paul et Claudia, étudiants amoureux en 1992 …



Au rythme des méandres du fleuve, les passages lents et poétiques, incitation à la rêverie alternent avec les accélérations du débit du fleuve et du récit. Tropicale Tristesse est un roman à tiroirs (ou à miroirs). Partie sans illusions parce qu’un indien l’aura tirée de la torpeur de son quotidien, Jeanne Beaulieu reviendra t’elle de ce voyage …



Jean-Baptiste Maudet brosse un beau portrait de femme, surprenante Jeanne, et peint avec talent une nature luxuriante dont la superficie se réduit comme peau de chagrin.



Je me suis d’ailleurs demandé ce qui avait nourri l’imaginaire de l’auteur pour se glisser avec humour dans la peau de cette drôle de fille 🤔?



Ce livre singulier n’est pas un pamphlet écologique, l’auteur ne juge jamais mais amène le lecteur à s’interroger. Un livre intelligent, bref, j’ai beaucoup aimé !!
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Tropicale tristesse

Jean-Baptiste Maudet prend son temps pour nous conter les pérégrinations d’une héroïne à l’étroit dans la vie ordinaire. Le lecteur l’accompagne dans ces aventures lentes, savourant le ton décalé et poétique de l’auteur, qui saisit aussi bien les défaites que les moments de grâce.
Lien : https://actualitte.com/artic..
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Tropicale tristesse

J'ai lu ce livre dans le cadre du prix Summer, organisé par la Fête du Livre de Bron et pour lequel mes camarades de master Métiers du livre et de l'édition et moi-même avons été jurés. Dès les premières pages, je me suis laissée charmer par la langue drôle, piquante et terriblement juste de Jean-Baptiste Maudet. Sous le patronage du célèbre essai anthropologique de Claude Lévi-Strauss Tristes Tropiques, trouvé par hasard dans une bouquinerie, et de l'histoire d'amour écrite entre les lignes de Paul et Claudia, le parcours de Jeanne Beaulieu, qui s'envole pour le Brésil à la recherche d'un Indien qui, elle le sait, n'existe peut-être pas, a tout d'un voyage initiatique et on décolle volontiers avec elle et ses réflexions sur le monde pour réfléchir, nous aussi, à notre condition.
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Tropicale tristesse

Une jeune femme part en voyage subitement, sur un coup de tête, pour retrouver un indien d'Amazonie qu'elle a vu à la télé lors d'un reportage sur la déforestation. Au cours de ce voyage elle s'arrête chez un bouquiniste et en ressort avec un livre de Lévi-Strauss "Tristes tropiques" dans lequel elle découvre des annotations d'un couple d'étudiants amoureux.

Un mélange donc d'aventures et d'amour mais qui m'a laissé de marbre. Ma lecture fut laborieuse, je me suis ennuyée, tout cela ne m'a absolument pas intéressé.



Sélectionné avec 4 autres livres pour le prix Summer du festival du livre de Bron (69), Je l'ai lu en étant jurée et l'ai mis dernière position. Même si je n'ai pas aimé je sais que ce roman a un lectorat car parmi les autres membres du jury certains l'ont beaucoup apprécié et l'ont mis en 1er. Comme quoi on le dit tout le temps mais "les goûts et les couleurs..."

Hâte de découvrir les résultats le 3 mars prochain !

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Tropicale tristesse

Jeanne Beaulieu aussi hait les voyages, du moins les voyages en avion. Sans doute parce que son père lui a faussé compagnie en passant par la fenêtre (fenêtre fort éloignée du sol), elle hait aussi les explorateurs. À moins que ce ne soit parce qu'ils ont tous le même guide touristique et qu'on risque fort de rencontrer son voisin de bureau dans un café de Sao Paulo.

La première partie de ce roman prend héroïquement le contre-pied du voyage bien balisé, fût-il littéraire. Jeanne est au Brésil, hantée par l'image d'un Indien improbable entraperçu dans un documentaire télévisuel tandis que Paul et Claudia se quittent après s'être aimés dans les marges de "Tristes Tropiques". Le lecteur perd ses repères, ça tombe bien (contrairement au père), il se laisse aller au charme de la pérégrination, ravi de ne pas tout comprendre. À la sempiternelle question "Voyage-t-on mieux en tournant les pages ou les talons?", Jean-Baptiste Maudet donne la seule réponse qui vaille: on ne voyage bien qu'en remettant ses pieds sur les traces d'un livre admiré et décevant. "Pourquoi lirais-je encore un livre que j'ai déjà lu si je n'étais pas persuadée qu'une fin différente soit possible?"

Tandis que Paul cherche à retrouver sa Claudia, Jeanne relit Claude Lévi-Strauss et son voyage est sa manière d'annoter "Tristes tropiques" (même quand elle pense à sa belle-soeur: "Quant à Françoise, je suis un peu négative à son sujet, mais la rancoeur entre belles-soeurs est anthropologiquement structurante, je suppose.")

Hélas, même si Jeanne se sent plus extrapoleuse qu'exploratrice, le livre perd petit à petit ses méandres. Et voici que la quête existentielle tourne à l'enquête policière. Jeanne, Paul et Claudia finissent par se rencontrer, les méchants sont décidément bien méchants, l'amour a le dernier mot et Jeanne se réconcilie avec Françoise à l'enterrement de Lévi-Strauss.

Bref, ce voyage commencé sans boussole possède en réalité un début, une fin, des étapes identifiées et un sens, ce qui m'a bien déçue. Mais pouvais-je espérer qu'une tropicale tristesse allait accoucher d'une glorieuse épiphanie sans que je ne sois obligée de m'envoler à mon tour pour l'Amazone, pour réécrire ce roman en marchant sur ses traces?

Et puis, Jeanne, jusqu'à la fin, continue de baguenauder aux lisières hasardeuses du tragique et du sourire: "Une étoile filante traverse le ciel. Je plaisante, c'est un avion qui prend feu."
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Béarn

J'ai reçu récemment en cadeau  ce livre de photos.

Le photographe, Adrien Basse-Cathalinat est né à Pau, l'auteur des textes, géographe et romancier, Jean-Baptiste Maudet enseigne à la Fac de Pau et l'éditeur, les éditions du Cairn, est palois !



145 photos qui partagent la vision intimiste du photographe d'un Béarn  pluriel et riche. La lumière choisie pour les photos accentue souvent ce ressenti. Un texte sensible qui interroge l'appartenance à une région et les clichés qui souvent masquent ou transforment la réalité des choses.



Un livre à offrir aux amoureux de la région pour leur permettre de la re-découvrir avec un autre œil et à ceux qui ne la connaissent pas pour qu'ils la découvrent.

Une région  et des hommes, la poésie de gestes ancestraux, la splendeur des paysages, tout cela entre ombre et lumière pour un très beau voyage en Béarn...
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Tropicale tristesse

Un livre qui vous embarque pour un grand voyage en Amazonie

Mais ici point de tourisme,plutôt un voyage très personnel avec pour guide de voyage Tristes Tropiques de Levy Strauss(d’où le titre Tropicale tristesse)

De belles rencontres improbables dans un environnement hostile

L’auteur se met dans la peau d’une femme en quête de sens pour sa vie

C’est un récit original qui manque pour moi de cohérence globale mais qui mérite d’être lu pour l’originalité du propos et du style d’écriture
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Béarn

Non, ce n'est pas seulement un livre de plus sur la région mais bien un beau livre de photographe, avec des textes intelligents écrits par Jean-Baptiste Maudet, et qui nous transportent bien au delà de ce Béarn si bien représenté par les photos d'Adrien Basse-Cathalinat.



Faut-il être béarnais pour parler de cette région? Bien évidemment non. Mais il faut assurément l'aimer, la connaître ou en avoir envie, l'arpenter en toutes saisons, et vouloir la partager pour la faire découvrir au plus grand nombre.



Surprise et de prime abord un peu déçue par le grain du papier utilisé et la définition choisie, j'ai aimé ces photos d'où émerge une lumière différente de celles que l'on représente habituellement. Adrien Basse-Cathalinat nous fait découvrir une région parfois sombre d'où émergent des lueurs de petit matin, des éclairs de lumière, des trouées de soleil, des étendues de neige aux blancs différents, à regarder sous toutes les lumières possibles. Avec sa façon singulière de voir hommes, bêtes, paysages ou bâtiments anciens qui me plaît.



Bref, vous l'aurez compris ce livre se regarde, se feuillette, se lit, se pose, se reprend à l'envie, surtout à laisser au coin d'une table, au salon, pour que chacun en profite et l'apprécie.
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Tropicale tristesse

Une lecture déroutante, surprenante, à laquelle je n'ai pas adhéré et que j'ai terminée à contre-coeur. Car j'ai respecté mon engagement en tant que jurée du prix Summer : lire les livres jusqu'au bout.

L'auteur nous raconte trois histoires enchevêtrées :

* Celle de Jeanne Beaulieu, phobique des avions, célibataire, partie à la recherche improbable d'un Indien en Amazonie. Je ne me suis pas du tout attachée à elle. Elle m'agaçait plutôt.

* Celle de Claude Levi-Strauss, auteur bien connu de "Tristes tropiques", d'où le titre "Tropicale tristesse". Jeanne use et abuse, car son récit est à la première personne, de citations de cet auteur. C'est lassant, même si je le respecte infiniment.

* Celle de Paul et Claudia que Jeanne s'efforce de deviner à travers les lignes. Leur histoire ne m'a pas fait frémir.

Alors, pourquoi quand même 3* ?

Et bien, heureusement, quelques descriptions exotiques m'ont touchées, entre autres le chapitre 13 - Les larmes des tortues dont j'ai mis une partie en citation.

Maintenant, ce n'est que mon ressenti. A vous de vous faire une opinion, si vous en avez envie.
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Tropicale tristesse

Jeanne, Claudia, Paul et les autres



Avec ce roman, clin d’œil à Claude Lévi-Strauss, car il mêle aussi souvenirs de voyage et pensées philosophiques, Jean-Baptiste Maudet confirme son talent à nous faire voyager avec des histoires épatantes. N’hésitez pas à la suivre au Brésil !



Nous faisons d'abord la connaissance de Jeanne Baulieu au moment où elle s'apprête à atterrir à Sao Paulo. C'est après avoir suivi un documentaire sur la forêt amazonienne que la quadragénaire a décidé de partir pour le Brésil, faisant fi de sa peur de l'avion. Avec de maigres indices, elle s'est mise sur la piste d'un homme, un Indien qui l'a fascinée.

Puis nous découvrons Paul, errant dans les rues de Séville. Il cherche l'université où il est censé suivre des cours, même s'il préfère l'ambiance des cafés. Inscrit en anthropologie, il ne semble guère motivé.

Jeanne de son côté continue sur la voie qu'elle s'est tracée. Après un rendez-vous chez le producteur du documentaire, qui ne lui a cependant laissé que peu d'espoir sur ses chances de retrouver son homme, elle choisit de rejoindre les berges de l'Amazone en bus.

Entretemps nous aurons fait la connaissance de Claudia, belle jeune femme qui se prélasse au bord de la piscine d'une luxueuse villa dans la banlieue sévillane.

Jeanne est maintenant prête à tuer les heures de bus pour rejoindre Santarem. Chez un bouquiniste, elle a trouvé une vieille édition de «Tristes tropiques» de Claude Lévi-Strauss et se réjouit de relire ce classique, même si les nombreuses annotations qui figurent dans son exemplaire d’occasion la rebutent un peu.

En Andalousie, Paul a trouvé une colocation et prend un verre sur le toit-terrasse de son nouveau domicile lorsqu'il est attiré par la beauté d'une nouvelle venue. Mais Claudia n'est pas seule et l'homme qui l'accompagne la serre d'un peu trop près pour une tentative d'approche. Mais comme les dieux de l'anthropologie sont avec lui, il la retrouvera un peu plus tard sur les bancs de l'université où elle suit un cursus identique au sien. Leur histoire d'amour peut commencer.

Une histoire d'amour que Jeanne suit à distance, aidée en cela par son livre d’occasion annoté par les deux étudiants. L'occasion pour elle de se poser quelques questions et d’égrener quelques souvenirs: «Que sont devenus Paul Martin et Claudia Ambrosio pour que ce livre échoue chez un bouquiniste de São Paulo? L'ont-ils perdu par accident? L'ont-ils jeté par désamour? Si en 1992 ils étaient étudiants à Séville, j'ai à peu près le même âge qu'eux. Cette année-là, moi aussi comme des millions de touristes j'étais venue visiter l'Exposition universelle. Avec mon petit ami de l’époque, on avait traversé l'Espagne en voiture dans la fournaise.» Du coup, le livre a désormais un double intérêt. Il n'est sans doute pas étranger non plus à son attitude plus ouverte durant le voyage, au plaisir qu'elle prend à échanger avec Big James l'homme qui a pris place à ses côtés sur le bateau qui les mène à Manaus.

«L’histoire de Paul et de Claudia fait renaître en moi l’espoir d’une tendresse et d'une responsabilité. La tendresse, je crois l'avoir toujours fuie et je me suis tenue à bonne distance de la responsabilité, endossant souvent celle de mes fantômes pour faire diversion.»

En même temps qu'il rend hommage à Lévi-Strauss, Jean-Baptiste Maudet construit un roman savoureux autour de ce double scénario. Il relit et commente les travaux de l'anthropologue, les confronte aux réalités d'aujourd'hui. Et alors qu'il se laisse aller à la nostalgie, pimente le tout de quêtes improbables. Sauf que le romancier a plus d'un tour dans son sac. En cherchant son «indien» Jeanne va découvrir la famille d'Ambrosio et remonter jusqu'aux origines de la vie de la belle Claudia.

Sa rencontre avec Big James lui permettra aussi, en s'enfonçant dans la jungle amazonienne, de constater l'évolution du poumon vert de la planète depuis la visite de Lévi-Strauss, les dégâts de la corruption et de l'exploitation irraisonnée des ressources.

Le tout servi avec cette pointe d'humour qui avait séduit le jury du Prix Orange du livre en 2018 qui avait couronné son premier roman, Matador Yankee. C'est ce même style qui lui avait permis de brillamment confirmer son talent avec Des humains sur fond blanc dans ans plus tard qui nous entraînait cette fois en Sibérie. Avec ce troisième opus, il s'inscrit durablement dans la veine de ces écrivains qui nous font voyager, réfléchir, rêver sans se prendre tout à fait au sérieux. On en redemande!




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Tropicale tristesse

Tant que la littérature m’offrira des trésors comme celui-ci je vais lire, lire encore et toujours. Je viens de terminer le roman de Jean-Baptiste Maudet et je ne suis pas arrivée à le fermer, ressassant fougueusement les passages, les formules qui bousculent, la profondeur de ce texte.

C’est en maître virtuose que l’auteur nous offre ici une subtile alliance de géographie et de littérature, mêlant avec brio l’amour des mots et du voyage. Il y a d’abord la couverture, qui vous a sûrement fait de l’œil en librairie, et puis le titre (qui revêt plusieurs interprétations) mais qui reflète en miroir le titre d’un célèbre Claude Lévi-Strauss. On s’interroge, on ouvre à la hâte, et dès les premières pages on embarque avec Jeanne pour un voyage au-delà de soi. Un voyage physique, géographique, psychologique et philosophique, merveilleusement bien amené par l’auteur.

Il y a en filigrane l’amour, de soi et des autres, l’amour qui nous échappe et nous rattrape, l’amour toujours.

Il y a le sens du voyage : suffit-il d’être allé dans un pays pour le connaître? Ou y-a-t-il une autre force qui nous y emmène inévitablement ? Comme cela me parle… Les tropiques, la tristesse, on envisage tout mais l’auteur nous tient en haleine jusqu’au dernier mot.

C’est puissant, évocateur sans être révélateur, travaillé sans être surfait, bref les superlatifs pourraient pleuvoir qu’ils ne seraient pas forts…Mais surtout, J-B Maudet a le sens de la formule et de l’humour.

Ce livre est celui que je n’attendais pas, mais dont j’attendais tout. Il m’a touchée dès les premières secondes, et quelle joie que de lire des histoires qui nous ressemblent au point de rendre floues toutes les autres.

Ce livre, tel un ange tutélaire, va certainement vous aider à ne plus « jouer les seconds rôles de votre existence ».

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Tropicale tristesse

Le romancier-géographe raconte les aventures amazoniennes d'une drôle de fille, Jeanne Beaulieu, partie à la recherche d'un Indien entraperçu à la télévision.
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Tropicale tristesse

Un roman écrit par un maitre de conférences géographe, et qui parle d’Amazonie, de voyages et d’explorateurs… C’est bien, c’est parfois superbement écrit, mais le ton très détaché et perpétuellement ironique, parfois même vulgaire de son propre aveu (p.145) est souvent lassant, et les nombreux jeux de mots ne sont pas tous remarquables (« L’Amazonie brûle. Amazon flambe. Est-ce que j’allais m’en priver ? », 210). Il est vrai que la narratrice est une Française souffrant de la crise de la quarantaine célibataire, la première à se moquer d’elle-même entre deux neurasthénies. Une nuit, en se relevant après une pizza trop salée, elle a vu un Indien à la télévision, il semblait lui dire quelque chose, et elle fait tout pour le retrouver, sans trop savoir pourquoi, elle qui a si peur en avion. La voilà qui trouve chez un libraire francophone de Sao Paulo un exemplaire de "Tristes Tropiques" annoté et dessiné vingt ans plus tôt par un couple d’amoureux, un Français, et une Brésilienne aux yeux verts. Notre roman imagine alors leur histoire, contée en parallèle avec celle de Jeanne, et c’est une bonne idée de structure narrative – abandonnée cependant dans la seconde moitié du livre, qui n’est plus consacrée qu’à Jeanne, à ses relations ambiguës avec Big James un taciturne vétéran du Vietnam rencontré sur un bateau en route vers Manaus, à ses méditations tristes sur le Brésil, sur Lévi-Strauss, sur « les anguilles en troupeau sous de tendres muqueuses » (218), les liserons et les ipomées qui croissent toujours en spirale dans le sens inverse aux aiguilles d’une montre (227), le tout couronné par un semblant d’enquête policière (malheureusement un peu tardive) qui lui fait découvrir Il y a la (non-)rencontre de Paul et Claudia, superbement racontée par antiphrases (97), il y a la première fois qu’ils font l’amour (122) en 1992, lors du 500ème anniversaire de la « découverte » de Colomb. Il y a des réflexions ou aphorismes parfois proustiens : « Combien de « Venise du Nord », de « mini-Manhattan », de « Paris des tropiques » ou encore de « Rome noire » (le nom que mon guide donne à Salvador de Bahia) entend-on face au spectacle de la nouveauté ? La contemplation silencieuse doit être à ce point pénible en vacances que nous allons vite chercher dans notre mémoire une ressemblance avec un haut lieu de notre imaginaire où nous n’avons peut-être jamais mis les pieds. Les paysages s’empilent les uns sur les autres. Qu’importe, on tisse des liens sur un canevas bon marché » (156). Il y a des réflexions anti-descoliennes sur la nature des jaguars (204). Il y a ce fantastique personnage de Big James, amputé et passablement ivrogne : malade, « il délire quand la température monte et boit son cocktail quand elle baisse », 277.

Le livre est également assez géographique, avec une description du front pionnier à ras de terre (207), des réflexions telles que « Les longitudes vous attachent au poteau. Les méridiens vous ficellent » (218), l’historique de la Renaissance amazonienne permise par le « bois de braise » (« Il n’est de richesse que d’hommes pourpres », 245), ou bien cette ode aux orchidées à la recherche de pollinisateurs, « affriolantes et trompeuses, qui font griller des fèves, qui laissent voir à travers les carreaux, qui accrochent des boules à facettes, qui oublient les clés sur la porte, qui parfument les draps, qui offrent les consommations, qui déboutonnent leur chemisier, qui fournissent des menottes, qui surclassent en business, qui programment des matrices » (228). Jeanne finit par rentrer en France ; à travers un livre elle a réuni virtuellement les deux amants jadis séparés par la mafia – mais Lévi-Strauss est mort, et les oiseaux ne voletteront plus au-dessus des papiers et livres de son bureau.
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Tropicale tristesse

Se laisser flotter au fil de l’Amazone, oui, mais se perdre…

Si l’aventure devait être au rendez-vous, elle ne fut pas celle que je croyais tout comme d’ailleurs pour le personnage principal, Jeanne Beaulieu, partie sur un coup de tête. Peut-être l’ombre de Claude Lévi-Strauss planait-elle trop sur elle comme sur moi !

Jeanne Beaulieu prend une décision capitale, en pleine nuit, parce qu’elle voit un Indien d’Amazonie à la télévision. Sans rien dire à personne ou presque et surtout pas à sa mère, elle prend peu de bagages mais emporte « Tristes tropiques » de Claude Levi-Strauss acheté juste avant de partir. Quand elle se rendra compte qu’il y a une histoire dans l’histoire, son voyage devra lever quelques mystères mais elle pourra compter sur Big James. Partir pour se trouver, oui, mais que ramènera-t-elle avec elle ?

Il est certain que ce roman avait tout pour me plaire, une belle écriture, un pays où tout peut arriver très rapidement, des découvertes, une culture sérieuse sous-jacente mais peut-être que c’est trop construit, que je vois les ficelles d’écriture et au bout, il y a le regret de ne pas avoir été embarquée sur l’Amazone.

Parlons des personnages : Jeanne est attachante, rebelle, pleine de vie et en recherche d’amour sans le savoir ou le vouloir, il est indéniable qu’elle tient bien le roman. Big James, lui, est secret et fiable. Quant à Paul et Claudia, ils viennent apporter un suspense qui n’avait peut-être pas lieu d’être, une vraie recherche de l’Indien m’aurait semblé plus intéressante à suivre.

Les coups de griffe envers l’écologie intégriste sont aussi nombreux que ceux envers la déforestation qui profite à tous, forestiers, agriculteurs et éleveurs. J’ai eu un fort moment d’émotion avec la description des papillons buvant les larmes des tortues, un passage très joliment amené.

Il y a de l’engagement de la part de l’auteur qui a par ailleurs fait partie des heureux élus ayant bénéficié de bourses pour pouvoir écrire. Je reconnais le travail, il me manque le souffle que le Brésil aurait dû m’apporter.

Je remercie les Editions LE PASSAGE et Lecteurs.com pour l’envoi de ce roman qui devrait pouvoir séduire de nombreux lecteurs aimant mêler intériorité des êtres et grands espaces.


Lien : https://www.facebook.com/Les..
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Tropicale tristesse



Je n'ai vraiment pas accroché, l'écriture ne m'a pas plu. Trop brouillon pour moi, je ne suis pas arrivée à trouver l'intérêt de ce livre. J'ai essayé d'aller le plus loin possible ( page 200), mais je ne comprenais pas ce que lisais, ni le but.

loin de moi de dire que le livre n'est pas bon , pour moi ce n'est pas mon style.
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Tropicale tristesse

(Lecture pour prix Summer de Bron)

Sentiment mitigé avec cette lecture !

J'ai aimé la construction gigogne où Jeanne, se plongeant dans la lecture de Tristes tropiques, va enquêter sur la vie de lecteurs précédents, pour boucler la boucle dans des rencontres improbables au coeur de la jungle.

J'ai apprécié l'originalité des personnages, et l'humour de l'écriture avec un sens de la formule qui fait mouche.

Malgré tout cela je me suis sentie trop souvent noyée sous les citations et les références à d'autres auteurs, à d'autres titres, pour pouvoir pleinement savourer ma lecture…

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