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Citations de Jean-Charles Pichon (201)


Or, le plus grave de ces problèmes est de se fondre dans le groupe, le milieu, le complexe, l’ensemble, sans cesser de percevoir clairement la voix du Je et sans cesser de s’y soumettre. C’est d’accueillir toutes les informations et toutes les impulsions qui me viennent de l’univers sans y perdre mon unité.
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Comment être moi-même en étant tous les autres ? Comment obtenir que les informations qui me parviennent d’autrui m’informent sans me déformer ? Comment conserver mon intégrité dans l’intégration ?
Mais également : comment œuvrer tout en œuvrant pour moi-même ? Comment inclure une pierre nouvelle dans l’édifice sans faire s’effondrer l’édifice ? Comment atteindre à un ensemble qui soit autre chose qu’un complexe ?
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Entre les temps hellénistiques et les nôtres, « quelque chose » s’est passé : le mythe de Hiérarchie est mort, le mythe d’Amour est né. Le jeu qui est le nôtre ne peut être celui qui se jouait aux premiers siècles av. J.-C.
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Par sa Figure particulière, nécessairement inscrite dans une Figure plus générale (c’est ce qu’on appelle la Position), le mythe se présente comme une structure fixée dans le Temps et rigoureusement définie.
Au contraire, dans son Mouvement, le mythe échappe à toute approche mathématique ou logique, à tout essai de définition. Il semble détenir alors quelque pouvoir de reploiement (ou d’enroulement ou de torsion : le terme importe peu) qui le transforme, d’abord contenu dans le Possible, en contenant de toute Durée.
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Alors [avant le XIIIe siècle], la population mondiale a certainement atteint de nouveau le milliard, si elle ne l’a dépassé. Les familles riches d’Europe comptent communément cinq ou six enfants, souvent cinq ou six fils, majeurs à quatorze ans et capables, dès cet âge, de fonder une famille. […]
Puis, apparaissent les maladies de peau, la lèpre ; au siècle suivant, les danses de Saint-Guy. La peste commence de dépeupler la Chine dès l’an 1333. Le petit royaume de France comptait vers 1330 plus de quatre millions de « feux » : ce nombre sera réduit de moitié vingt ans plus tard.
Le sommet de l’horreur est atteint dans ces années 1348-49, où les pestes tuent « le tiers de la population de l’Europe ».
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Si Alexandre prête au Héros le pouvoir de conquérir le monde, Aristote prête au Savant le pouvoir de le contenir. Ainsi, le Savant n’est plus qu’un Sage dégénéré ; le Héros, un génie sans démesure. Prisonniers de la flèche causale et entropique, l’un et l’autre n’entendent plus assumer la Durée, mais susciter l’avenir. Egalement consommateurs, l’un et l’autre se passent des dieux, dont ils achèvent la ruine.
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Quand les hommes commencent de ne plus croire en la Suprématie des dieux et quand ils doutent d’un pouvoir créateur, ils se figent dans un immobilisme intelligent, une juste conscience des choses ou une aspiration patiente à l’équilibre qu’ils nomment le classicisme. […] Mais le mot ne doit pas nous abuser. Sous l’immobilisme, l’impatience perdure, l’angoisse transparaît, le désarroi mystique s’exacerbe. Ce n’est pas de gaîté de cœur que les hommes abandonnent la voie de l’Eternel pour se dévouer à leurs problèmes quotidiens.
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Un jour, divisée, la Justice ne sera plus, d’une part, que l’exactitude, le souci de connaissance causale et rationnelle d’Aristote ou de Lucrèce ; d’autre part, le besoin d’une Loi fonctionnelle, âme et modèle de la Communauté : le Droit.
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Le Symbole et le Rite naissent de cette soumission, aveux de l’impuissance humaine à pénétrer le secret de la divinité. Quand j’accomplis le rite, qu’aucun raisonnement ne saurait justifier, je reconnais la vanité du raisonnement ; j’abdique ma liberté au nom d’une Liberté plus vaste, universelle –et dont j’ignore le nom. Je m’instaure réellement dans l’Instant ; j’y restaure avec moi le Possible.
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Ce sont des artisans et des laboureurs qui ont fait le dieu de Création, les nomades le dieu de Justice, les esclaves le dieu d'Amour. Sur ces exemples, dès le siècle dernier, Hegel, puis le comte de Saint-Simon, puis Marx avait cherché à définir (rationnellement) le moteur de l'Esprit nouveau, le messianiste de la Liberté.

Partis de l'idée d'un dieu autre, d'un anti-dieu, ils avaient proposé le Révolté d'abord, puis le Créateur industriel - et le Prolétaire enfin. Depuis le début du XXè siècle, c'était un dogme, admis par les bourgeois eux-mêmes, que l'Ouvrier porte le germe du renouveau. Soit qu'ils l'encensent, soit qu'ils le briment, tous avouaient par leur action même qu'ils voyaient en lui l'espoir ou le danger, l'Avenir désiré ou craint.

Mais ce ne sont pas les prolétaires qui changent le monde, car ils ne furent pas les véritables exclus de notre Lokâyata. Nés de la fin de l'esclavage, ils ne sont que les nouveaux esclaves, incapables, comme les anciens, de se libérer. Quelque chanson sentimentale ou quelque annonce publicitaire les comblent, en relançant leur appétit.

La dévoration suffit à leur bonheur, ou des biens consommables ou des lèvres de l'aimé, parce qu'elle fut le seul espoir de l'esclave romain. On peut attendre d'eux un renouveau prochain des religions chrétiennes, ou bouddhistes en Orient ou islamiques. Sûrement pas l'avènement de la Liberté.
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Au regard des rationalistes, […] le fléau présentait du moins cet avantage : la période critique, 1941/45, y avait entièrement passé. Nul éveil mythique n’est à craindre quand on supprime d’un trait 60 000 000 d’humains. Au contraire, ce sont les mythologues qui perdent. La Victoire a été, d’abord, une victoire du rationalisme sur les divagations fascistes. Hitler se tue, Mussolini est tué, pour sauver sa vie le Mikado renonce à sa divinité.
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[…] Je ferai mienne l’hypothèse de Marx et noterai que, de 1870 à 1905, les périodes d’activité solaire (1882/83) et 1894) ont été en ordre décroissant, alors que les sursauts d’activité mythique ou spirituelle de l’humanité suivaient le même rythme –jusqu’au point zéro de 1905.
Au contraire, l’éruption solaire de 1917 a été presque le double de l’éruption précédente, en intensité et en durée. Or, c’est alors que renaissent, en moins d’un an et demi, toutes les sectes disparues ou en sommeil depuis 1884 […].
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L’Icarie que Cabet prêche […] se fonde essentiellement et uniquement sur les trois mythes républicains. De mêmes vêtements, une même nourriture et de mêmes jeux pour tous assurent dans la cité nouvelle une Egalité de fait. Une même éducation, d’au moins douze ans, pour tous, enseigne aux jeunes une même Fraternité civique –où, si l’on veut, les moule dans le même uniforme : celui du citoyen modèle. Que devient la Liberté dans un tel monde ? Cent ans plus tard, on peut répondre, puisque nous y vivons.
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Alan W. Watts nomme le mythe gémique, mythe de Polarité. Le mot est bien trouvé, car ce sont effectivement comme des pôles (sud et nord, positif et négatif) que se repoussent et s’attirent les deux éléments du mythe.
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« Les prophètes, chrétiens ou non, savent tous qu’avant l’avènement du Troisième Age, le Deuxième doit s’abolir.
[…] Vers 1320, il vint, sous la forme de la Peste, avec la soudaineté de la foudre. Dans les vingt ans suivants, des villes d’un million d’habitants, Bagdad, Angkor, étaient entièrement dépeuplées : les populations de l’Andalousie (32 millions d’habitants) réduites de la moitié. Au plus fort du fléau (1346/1348), on estime que la France vit s’éteindre 2 millions de feux (ou familles) sur quelque 4 millions de feux et que l’Europe dans sa totalité perdit au moins le tiers de sa population.
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Vers 1200, il n’existait plus guère de chrétiens selon l’Evangile ou d’authentiques disciples de l’Amour, mais des nostalgiques de la Justice et des messianistes de la Liberté. Les trois siècles suivants seront des sortes de champs clos, où se combattront à mort les deux tendances.
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Un jour, des guerriers ouvrirent le crâne d’un homme ; un autre jour, le ventre d’une femme qui hurlait. Et ils virent que le crâne contenait des serpents lovés l’un contre l’autre, et que l’enfant dans le ventre se tenait comme un serpent lové. Mais ils ne comprenaient pas et s’énervaient d’attendre.
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120-180 : Au IIe siècle, les positions mythiques sont très sensiblement les mêmes qu’au XXe siècle av. J.-C., mais sur un autre plan de l’évolution. C’était alors les chaldéens privés de leurs villes, Ourouk et Our, qui fuyaient vers Suse et l’Elam ; ce sont maintenant les juifs, chassés de Judée (à partir de 135) qui cherchent refuge à Babylone ou dans les contrées au-delà du Jourdain.
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-960/-780 : La décadence s’accélère. Tout va très vite désormais. Trois noms symbolisent les trois étapes de la déchéance d’Israël : Salomon, les reines, les fléaux. Sous d’autres noms, les trois étapes seront les mêmes dans le monde entier.
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Ainsi le Coran prend-il la suite du Pentateuque et de l’Evangile. Il n’en renie pas les antiques divinités : elles ont été des Noms de Dieu, mais il affirme qu’aucune figure de Dieu n’est éternelle.
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