AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-Charles Pichon (201)


Proudhon l’avait bien vu : le Travail porte en soi sa propre exaltation. La fatigue ne naît pas du labeur et de l’œuvre, mais elle naît du Simulacre social et de l’attente du Jugement. Par crainte d’être condamné –ou de n’être pas approuvé- l’homme du XXe siècle vit sur les nerfs.
Commenter  J’apprécie          10
Ceux qui naquirent, comme l’auteur, au lendemain de la première guerre mondiale se disent parfois d’une génération « mystique ». Le mot est impropre. En fait, ils se réfèrent à leur enfance et découvrent –longtemps après- qu’ils y firent montre d’une inquiétude ou d’une angoisse ignorées de la génération suivante. Mais, plutôt que sous le signe du mysticisme, nous fûmes élevés sous le signe de la contradiction.
On nous découvrait la relativité de tous les jugements dans un monde établi encore sur des traditions très anciennes. On nous inculquait des principes sûrs, dans tous les domaines, au moment même où les principes s’effondraient. On combattait en nous également le cynisme ou le goût de la liberté –et un idéalisme jugé naïf ou malséant. L’Intelligence-raison était proscrite au même titre que l’Intelligence-esprit.
Nous aurions moins souffert de ces contradictions, si quelqu’un avait su nous en déchiffrer le sens ; mais on ne l’enseignait pas dans les écoles –collèges catholiques et lycées laïques- où nous fûmes éduqués. Nous refusâmes donc, ensemble, les traditions et le doute. Nous voulions une foi et nous rejetâmes la foi qu’on nous offrait, pour avoir constaté ce qu’elle était devenue.
[…] La peur de manquer du nécessaire (entendez : trois repas quotidiens, un toit, des vêtements confortables), le sentiment de sa dignité (entendez : le développement monstrueux de l’amour-propre), l’obsession de gagner sa vie (entendez : un salaire moyen et mérité) et le refus ou la haine de tout excès –tels furent les constituants de ce monde condamné où, accessoirement, les uns pratiquaient et les autres non.
Commenter  J’apprécie          10
Le « grand homme » [du 18e siècle] est […] l’allemand Emmanuel Kant (1724-1804), dont on fera le fondateur du rationalisme contemporain, alors qu’il fut le fossoyeur des mythes de Savoir et de Vérité. […] Kant imagine que les éléments mythiques (il les nomme : noumènes) sont des produits de l’esprit, des cadres transcendantaux, que la Raison secrète pour s’y mouvoir. […] Kant répondait au Sphinx par l’hypothèse d’une conscience, directement soumise aux volontés divines, qui lui insufflent une promesse d’Eternité et s’en font ainsi obéir.»
Commenter  J’apprécie          10
Cependant, le problème est celui-là. On le voit clairement aujourd’hui, les temps futurs n’en connaîtront pas d’autres : comment s’unir à tous sans être reçu de tous ? Et comment se faire accepter pour ce qu’on est, avec ses impulsions, ses rêves et ses erreurs, comme individu non-pareil ? […]
Comment être soi-même avec d’autres soi-mêmes dans un ensemble qui serait un tout ?
Commenter  J’apprécie          10
En son premier âge, une rénovation mythique n’est pas aisée à distinguer de la prolongation et de la décadence des « âges matérialistes », qu’elle semble même, en partie, justifier symboliquement. On revient aux dieux sans y croire, par un besoin d’ordre ou de gouvernement, de fable ou d’insolite, qui n’est pas l’exigence de la divinité.
Commenter  J’apprécie          10
En l’an 5 av. J.-C., Auguste dénombrera 300 000 citoyens dans la ville de Rome, c’est-à-dire plus d’un million d’hommes, de femmes, d’enfants et d’esclaves. […] Mais l’accroissement se poursuivra encore pendant plus de cent cinquante ans. Au temps de Trajan, l’élévation des immeubles jusqu’à 40 mètres indiquera que la population de Rome aura doublé en un siècle. […]
Une étude approximative qui tiendrait compte de tous ces chiffres et de toutes ces races devrait atteindre le nombre d’un milliard d’humains vers 160 ap. J.-C. ; nombre excessif, peut-être, mais aucunement invraisemblable. Il suffit de rappeler que les citoyens d’Athènes au lendemain de la Grande Peste (en 431) ne dépassaient pas les 40 000 pour juger de l’accroissement démographique en ces six siècles.
Commenter  J’apprécie          10
L’intervalle qui sépara l’effondrement des villes tauriques, Ourouk et Our, de leur renouveau pouvait être reçu par Jérémie comme une annonce de l’intervalle qui séparerait la ruine de Juda et la dispersion de son peuple d’un autre renouveau, 70 ans plus tard, sous la protection d’un nouveau Lagal-Zaggisi, aux dieux cette fois solaires.
Pour une raison ou pour une autre –inspiration divine, applications des lois de l’éternel Retour- la prophétie se réalisera, et son exactitude épouvantera les peuples.
Commenter  J’apprécie          10
Qu'il le soit par l'âge, comme en Occident, ou par une mentalité particulière - et finalement mythique - comme on le voit dans les nations nouvelles d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du Sud, l'adolescent n'est pas à proprement parler proscrit ou condamné. Mais, comme le nomade jadis et comme l'esclave naguère, il n'a pas d'existence civique, pas de droits. Il ne vit que des privilèges qu'on lui consent et des présents qu'on lui accorde.

Car un dieu (de Création, de Justice ou d'Amour) ne peut exalter le Citadin, le Citoyen ou l'Adulte sans rejeter de la ville, du statut ou du sexe ceux qui ne l'adorent pas. S'il faut, ses prêtres créeront une classe nouvelle, dont ils feront le pays de l'oubli, l'enfer terrestre de l'exclu : l'état nomade, l'esclavage ou l'adolescence, entre autres. Telle est la signification profonde de la grande révolte de la jeunesse, annoncée par Rimbaud et par ces jeunes prophètes, de quinze à dix-neuf ans, que furent Frédéric II, Fox, Saint-Just ou Galois, Ramakrishna ou le Bâb, sensible dès l'après-guerre, manifeste aujourd'hui. Mais l'éclatement de 1968 nous trompe, par son ampleur. Bien avant les révoltes de Chicago, de Prague, de Pékin, de Paris, de Mexico et de Rome, le mouvement était en marche déjà, dans les fureurs de Shelley, la rigueur de Saint-Just, le génie de Galois, les crimes des blousons noirs.

Est-ce à dire que les Gardes Rouges, les Hooligans, les Gammlers, les Beatniks, les Provos, les Hippies, les Yippies feront la Liberté ? Je ne l'aventurerai pas.

Sans doute retrouvent-ils, parcimonieusement et comme par hasard, les pouvoirs de Dionysos, ses dons ou ses figures : la danse, le jeu, l'envoûtement, le rire, le spectacle, la drogue, le masque et le travesti. Mais ils imitent encore l'adulte, dans ses désirs, ses amours-propres et sa paresse. Ou bien, refusant le Modèle, ils deviennent ces diables sans pitié que sont Charles Manson et ses suppôts ou les Cavaliers des Tarots. Leurs mythes incertains demeurent prématurés, comme si la spoliation dont ils sont les victimes les portait à l'erreur, par l'impatience.
Commenter  J’apprécie          10
L’économie du capital justifiait la bourgeoisie, mais aussi le refus de toute innovation. L’économie de la main d’œuvre exigeait une autre tyrannie, bien pire que l’esclavage chrétien. Car, dans le nouveau servage, la soumission de l’homme ne serait plus inspirée par un dieu rédempteur, liée à l’Amour-osmose, mais rationnelle, conditionnée par la machine et liée au seul profit.
Commenter  J’apprécie          11
A partir de 1850, les derniers prophètes d’un dieu d’Harmonie sont réduits à l’errance (comme Ramakrishna), à la mort (comme le Bâb) ou à l’asile, sinon à la folie, comme, de Nerval à Nietzsche, bien des poètes européens.
Commenter  J’apprécie          10
Les Jumeaux devenaient le Solaire et l’Ombreux, frères ennemis. Horus combattait Seth. Caïn tuait Abel. Ou bien, la notion de Fraternité changeait les rapports familiaux. Auprès du Chef, maintenant, se tenait une femme, l’épouse-sœur : ils se partageaient le pouvoir. Puisque l’ère des Jumeaux avaient été virile, il semblait que l’ère nouvelle dût présenter un caractère femelle. Chaque dieu eut sa parèdre, compagne et double féminin.
Commenter  J’apprécie          10
Il n’est pas très facile de traiter de l’évolution mythique des Temps anciens, parce qu’on les connaît mal. Il est très difficile de traiter de l’évolution mythique des Temps trop proches, parce qu’on les connaît trop : les faits cachent la structure qui les contient et les informe, comme les arbres cachent la forêt.
Commenter  J’apprécie          10
[A propos de la 1e décade d’Avril (1440/1500)]

Israël a été détruite, 2160 ans plus tôt, par les troupes assyriennes. Les rythmes de l’éternel Retour voudraient donc que Byzance le soit par le Saint Empire Romain Germanique […].
Ces ruses du Retour, cependant bien connu, trompent les cités, les peuples, les églises ; elles précipitent leur chute. Byzance s’effondre au moment prévu, mais sous les coups d’un adversaire imprévisible et qui, pour certains orthodoxes, était presque un allié au regard du Saint Empire.
Commenter  J’apprécie          10
Les chî’ites se prétendaient les seuls fidèles à la pensée de Mahomet et il semble bien qu’il en fût ainsi. Par l’arrachement de la Hiérarchie à l’Elément, ils réintégraient le dieu solaire dans l’univers où le Prophète l’avait placé ; rejetant la filiation israélite et juive, ils se voulaient les fils spirituels du père d’Abraham le Sumérien, du fils maudit Ismaël et des adorateurs du Veau « que les anges avaient doué de la vie ».
Commenter  J’apprécie          10
Historiquement, on ne peut décider de la date de la naissance du Christ. Le point zéro ne fut choisi qu’au VIe siècle, par un moine byzantin. Jusqu’alors, les dates retenues avaient été 282, début de l’Ere des martyrs, par l’école d’Alexandrie, puis l’an 29, baptême du Christ, par saint Augustin.
L’imprécision, cependant, ne joue que sur une dizaine d’années en ce qui concerne la Naissance (-4 ou +6) et le Baptême (29 ou 36), mais elle déborde les trente ans en ce qui concerne la Passion. Les textes évangéliques ne nous donnent en effet que trois certitudes : la Naissance eut lieu l’année d’un recensement impérial ; le Baptême, alors que Jésus avait trente ans et que Jean-Baptiste prêchait (depuis l’an 29) ; la Crucifixion, alors que le Christ approchait de ses cinquante ans ou les avait de peu dépassés.
Commenter  J’apprécie          10
Le premier homme […] se nomme dans la Genèse Adam. En d’autres textes, les Avestas des Mèdes, les Brahmanas, il se nomme Yama ou Yima. M et A sont, en tous ces noms, les deux lettres significatives : elles s’opposent à l’R et à l’S des dieux-hommes, archers ou jumeaux : Arès, Horus, Osiris, ou à l’E et à l’S du dieu-poisson : Oannès, Esus, Jésus.
Commenter  J’apprécie          10
94 Car nous n’envoyons pas un prophète dans une ville sans la frapper afin qu’elle s’humilie.
95 Puis nous changeons le mal en bien.
Commenter  J’apprécie          10
[Le concept de prophétie] n’est plus ce dit –une fois pour toutes- que signifie la prophétie biblique, mais une parole évolutive ou adaptable, que les étapes de l’Avènement n’éclairent pas moins que la succession des événements historiques.
Commenter  J’apprécie          10
L’akh peut être traduit par « intelligence » ; on le figurait par l’Ibis, comme le premier Toth. Le ba englobait tous les pouvoirs de l’âme et, notamment, la faculté de se dédoubler, de se transformer pour épouser les doubles ou apparences de toutes les divinités. Le ka, figuré par l’idéogramme du Taureau, exprimait le Verbe, la Parole et, par-delà, toutes les puissances créatrices, génératrices et nourricières.
C’était, déjà, la trinité platonicienne du Vrai, du Bien et du Beau –ou bien la trinité musulmane et chrétienne du Je, du Toi et du Lui.
Commenter  J’apprécie          10
Le monde n’est plus contenu en Dieu, comme dans l’ère du Cercle, ni le reflet de Dieu, comme dans l’ère des Gémeaux : il est l’œuvre de Dieu. L’Enuma elish décrit longuement cette création des éléments, de l’homme et des villes successives de Sumerie : Eridu, Warka, Our.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Charles Pichon (21)Voir plus

Quiz Voir plus

Sans faute !

Quelle est la bonne orthographe ?

Avîlissement
Avillissement
Avilissement

13 questions
114 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , orthographe , mots , vocabulaireCréer un quiz sur cet auteur

{* *}