maitre désormais chenu et pourtant incomparable, le premier peintre du roi était à la fois le mainteneur d'une glorieuse tradition et un précurseur: celui des tendances neuves de la peinture française au début du XVIIIème siècle
au soir de sa vie il privilégie un métier sensuel et coloré, dans lequel la pierre noire et la sanguine sont rehaussées d'accent lumineux à la craie blanche; dans être abandonné, l'usage de la plume semble plus limité et réservé de préférence à la mise en place d'études d'ensemble.
e paradoxe veut que le dessin souple et rond, harmonieusement balancé mais plein de vigueur, qui semble un héritage du Dominiquin ou de quelques autre bolognais, ait pu apparaître comme un facteur de renouvellement dans l'art français de son temps.
ce resserrement sur quelques années de la vie de l'artiste a un mérite: celui de concentrer l'éclairage, et cette focalisation fait ressortir plus nettement les divers aspects de la création de Mignard durant cette période.
la souplesse et la clarté de la construction, la pureté savante des figures, suffisent à révéler un Mignard déjà maitre d'un classicisme très élégant, et capable de rivaliser avec les créations contemporaines d'un Poussin.
Mignard qui avait vécu plus de vingt à Rome en y jouant un rôle de premier plan, se place résolument dans la grande lignée inaugurée par Raphael et enrichie au XVIIème siècle par les Carraches et leur école.
'image qui se dégage ainsi à l'extrême fin de sa carrière, est celle d'un peintre prolifique, qui reste capable de mettre au point une oeuvre dans tous ses détails, d'en maitriser toutes les étapes.
tous les dessins qui le composent à de rarissimes exceptions prêt ont en effet la même provenance: ils furent prélevés dans l'atelier de l'artiste, après sa mort.
Souverain dans tous les domaines, du grand décor au portrait, il faut figure de créateur universel, sur le modèle des phares du classicisme italien.
sa facilité d'invention lui permet de multiplier les dessins préparatoires et de concevoir tout un jeu de compositions différentes.