Ne sous-estimons pas le poids des désignants des périodes historiques et de leur impact sur la perception de ces dernières: car, à bien des égards, l'étude de la période donne parfois l'impression d'avoir été parasitée par le nom qui la désigne. Ce qu'illustre l'association, qui fut longtemps une évidence, entre le mot de Restauration et l'idée de réaction, et ce d'autant plus que - en France tout au moins - l'histoire de la période a longtemps été prise en charge par des historiens le plus souvent classés à droite, voire à l'extrême droite au plan politique, d'Ernest Daudet à Jacques Bainville, et/ou exprimant une forme d'empathie prononcée pour la période. Précisons de suite que le cas de la Restauration n'est pas isolé et que, à l'inverse, les historiens des révolu- tions, de celle de 1789 à la Commune de 1871, ont longtemps eu, avec de notables exceptions confirmant la règle, une sensibilité très républicaine, se situant dans la mouvance socialiste ou communiste et recourant à une lecture marxiste de l'histoire.
Les Restaurations sont des époques complexes, marquées par des tensions entre individus partageant un même présent, mais s'affrontant tant sur la lecture du passé que sur la définition du futur - la première conditionnant largement la seconde.