Beaucoup pensaient qu’en assistant à ce spectacle, leur vie serait marquée à jamais. D’autres pensaient qu’ils ne survivraient pas. Dans ce charivari dantesque, il était impossible de distinguer la voix de celui qui hurlait « je demande pardon à tous ceux que j’ai outragés, car j’étais possédé par le diable en personne. »
Un duel à la manière des voyous romains fut mis en place à la va-vite. Les deux hommes devaient s'affronter à l'épée, que le peintre maniait aussi bien que le pinceau. Le voyou aguerri au combat de rue prit vite le dessus. Â deux reprises, il blessa légèrement son adversaire à l'épaule. Contre toute attente, alors que l'on ne donnait pas cher de la vie du peintre, il réagit avec un geste magistral et élégant. D'un coup d'épée que personne n'avait vu venir, il transperça l'aine de son adversaire, qui s'écroula sur le sol durci par le soleil. Pour montrer à tous les malfrats présents qu'il appliquait la loi du milieu face à l'insulte, avec la pointe de son épée, il découpa soigneusement les deux testicules sous les cris de douleur...
Il devait pressentir qu’il allait quitter ce monde très jeune. C’est pourquoi il s’acharnait à peindre jusqu’à l’épuisement. Il ne savait pas qu’il influencerait, avec ses clairs obscurs et son ténébrisme, Rubens, de la Tour, Ribera et même Rembrandt.
Son talent et ses remarques suscitèrent une jalousie féroce. Un de ses collègues, Pietro, excédé par tant de qualités, lui fractura le nez pour le défigurer à vie. D’autres souhaitaient purement et simplement l’éliminer physiquement.
Ce fut en se promenant au milieu des toiles et des chevalets qu’elles abordèrent une simple conversation, banale, sur un jeune et nouvel apprenti au charme ravageur dont elles auraient souhaité faire leur ami, voire leur amant.
Il immortalisa, plein de tendresse, un jeune garçon et un vieillard, dont l’appendice nasal en forme de chou-fleur ne fait qu’accentuer la douceur du personnage attendri par le regard de l’enfant en extase.
Tout était possible pour éliminer un peintre concurrent.