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Critiques de Jean-Claude Colin (2)
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La Peau du Lion

« Je crois avoir trouvé dans M. Tonayrion des qualités, selon moi, préférables à tous les trésors du monde. Il a peut-être moins d'instruction, moins d'esprit, même que n'en a M. Servian, mais, en revanche, il possède un mérite dans lequel, à mes yeux, tous les autres n'en sont rien : il est brave. »



Riche veuve et enfant gâté, Mme Estelle Caussade tyrannise d'une façon spirituelle trois amants et rivaux passant l'été en sa demeure et en présence de son père, un colonel qu'elle admire :



« Qu'en sais-tu ? (qu'il soit brave) Demanda le colonel ; est-ce parce qu'il porte des éperons et des moustaches ? »



L'apparence de M. Tynayrion suffit à en faire le favori : un superbe homme d'une trentaine d'années, disposant d'un haut grade à l'armée et surplombant ses concurrents par sa constante crânerie et d'une lourde condescendance. Cette attitude le pare fictivement d'une « peau de lion », ornement superficiel qui le place au-dessus des autres rivaux et qu'affectionne particulièrement Mme Caussade.



Auparavant, il suffisait de dire qu'on avait survécu à la bataille d'Eylau ou d'autres grandes batailles et boucheries napoléoniennes afin que la bravoure soit indiscutable, mais en 1838 où se déroule le roman, en temps de paix, les hommes se sentaient obligés de rivaliser de puérilité pour ranimer un peu de ce courage oublié et de cette folie des grandeurs militaires dont tous étaient encore nostalgiques à cette époque.



C'est dans cet esprit enfantin de compétition virile qu'une idée saugrenue vint à l'esprit malicieux de Mme Caussade :

Le jeune Félix Cambier, est mis au défi, vers minuit, de provoquer les morts en un lieu hanté d'un parc, costumé d'une façon ridicule.

Un autre jour, il faut attraper la rose que tient entre ses mains Mme Caussade depuis son balcon, chaque homme devant sauter, s'agripper et rejoindre le balcon en prenant bien sûr le risque de tomber une vingtaine de fois…

L'un des trois rivaux, M. Servian, est exécrablement méprisé pour une cause tout à fait stupide : il n'avait pas défendu Mme Caussade le jour où, lors d'une excursion, ils furent attaqués par un groupe de brigands armés et pour lequel il n'avait pas opposé la moindre résistance, qui pourtant eût été totalement inutile au vu des circonstances.



Cette inexcusable lâcheté est durement vengée : « Les femmes mettent quelquefois dans leur aversion autant de véhémence que dans leur tendresse ; elles s'y livrent même avec plus de franchise , car les convenances qui font un crime de l'amour n'interdisent pas la haine, pourvu qu'elle soit spirituelle et bien placée. »

(…)

« cette cruauté et sans respect pour la trêve que son père lui avait demandée en faveur de leur hôte, l'impitoyable veuve ouvrit en même temps contre ce dernier une de ces fusillades de salon qui ne laissent à un pauvre amoureux d'autre ressource que la retraite ou la révolte. Ce fut, durant plusieurs heures, un feu roulant d'épigrammes, d'allusions piquantes, ou d'acerbes plaisanteries que rendait plus meurtrières une expression toujours élégante et spirituelle. »



Au fil de cette humiliante conversation, elle irrite encore indirectement son amour-propre en demandant à M. Tonayrion : « Si vous étiez attaqué par des voleurs, que feriez-vous ? » lequel a toujours à sa disposition d'heureuses anecdotes, toutes fausses, illustrant sa bravoure.



Cependant, ce même M. Tonayrion esquive aussi toujours les épreuves ou en perd, comme celle de l'escalade du balcon contre le rival le plus jeune et au visage d'enfant, Félix.

Outrageusement frustré, il l'intimide et le dissuade de rivaliser avec lui, mais il ne s'attendait pas à être provoqué en duel sur le champ par le jeune fougueux.



Et voici qu'il se désiste encore... Surtout quand il constate l'adresse au tir du jeune homme à l'entraînement… Il paraît même doublement lâche en ce qu'il a accepté un duel contre un jeune adulte : « M. Félix eût-il été le provocateur, ce serait à vous de commencer les démarches de conciliation, car il est un enfant et vous êtes un homme. Quand vous l'aurez tué ou blessé, ce pauvre jeune homme, n'aurez-vous pas remporté là une bien glorieuse victoire ? »



Une nouvelle épreuve va définitivement départager les rivaux. Un loup s'est coincé dans une fosse d'un parc. Plutôt que d'être lâchement tué, ce qui aurait été trop facile, Mme Caussade, l'enfant chéri, en fit un divertissement contre l'avis de son père : « Est-ce sérieusement que tu as envie de le conserver ? — On a bien des bengalis, des singes, des perroquets, pourquoi n'aurait-on pas un loup ? C'est moins vulgaire »



En observant la bête, Mme Caussade laissa tomber un de ses mouchoirs dans la fosse et demanda immédiatement à ce qu'on le récupère…

Félix se jette dans la fosse à main nue tandis que M. Tonayrion se proposait seulement de rapporter le mouchoir à l'aide d'un bâton.

Le jeune fou est sur le point de se faire dévorer quand M. Servian descendit à son tour dans la fosse et coucha le loup en parvenant à le neutraliser, sauvant de justesse Félix.



M. Servian, le prétendu lâche, est immédiatement revalorisé grâce à cet acte par Mme Caussade.



M. Tonayrion, qui voulait aussi son propre coup de théâtre, mit en scène une agression par des bandits-comédiens à une heure où Mme Caussade devait se trouver seule dans un parc et où il devait intervenir en héros…



Quand cette grossière supercherie fut démasquée, provoquant le départ de M. Tonayrion, qualifiée de façon sarcastique par Mme Caussade « d'âne vêtu de la peau du lion », en référence aux Fables de la Fontaine, M. Servian eut tous les honneurs de la jolie et capricieuse veuve, qui reconnut volontiers qu'elle s'était rudement trompée sur son cas…



L'auteur ironise avec légèreté sur son époque où certains hommes étaient prêts à tous les excès pour imiter la bravoure des hussard napoléoniens en une période de paix où l'on semblait nostalgique des grandes aventures du début du 19ème siècle… Cela ressemble presque à un conte enfantin moralisateur, mais contenant ci et là de belles phrases qu'on ne trouve pas dans ce type d'ouvrages :



« Votre riche imagination verse l'or et le pourpre sur les plus ternes objets qui viennent à l'occuper ; c'est ainsi qu'aujourd'hui monsieur Tonayrion est pour vous un héros ! Mais êtes-vous sûre que cet héroïsme ne soit pas dans votre tête un peu plus que dans son coeur ? Êtes-vous sûre que les plumes de ce paon dont vous admirez la roue soient şi bien attachées que l'épreuve du mariage ne les arrache pas une à une ; aujourd'hui l'esprit, demain la bonté, après demain le courage ? »
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La cuisine à la bière

J’ai completement vraiment adoré ce livre ! Simple , facile d’accès , mais avec assez de complexité pour vous maintenir fixé tout le long . par ailleurs la thématique d'une boisson houblonnée , toujours , ça me parle ! Un excellent livre que tout brasseur qui se respecte devrait avoir quelque part dans sa bibliothèque .
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