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Nationalité : France
Biographie :

Jean-Claude Fournier alias jcfvc est un retraité de l’Éducation nationale.

Il est né pendant la guerre à Montluçon et a passé son enfance et son adolescence dans cette région, située aux confins de l'Allier, de la Creuse, du Berry et de l'Auvergne.

Il fréquente les écoles et le collège de sa ville natale, avant d'être admis à l'école normale d'instituteurs de Moulins puis à celle de Clermont-Ferrand pour la classe de philo.

Premier poste dans la montagne bourbonnaise, service militaire en Allemagne. Il s'orientera ensuite vers l'enseignement de l'anglais, ce qui le conduira à Londres, aux États- Unis, en région parisienne, en Algérie et en Nouvelle-Calédonie. Il ne s'est pourtant jamais éloigné de sa terre natale.

Auteur de plusieurs nouvelles primées ou finalistes de concours, "Le prince des parquets salons" (Marivole Editions, 2013) est son premier roman.

blog de l'auteur : http://jcfvc.over-blog.com/
Twitter : https://twitter.com/jcfvc
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
- Tu t’intéresses déjà aux nanas, plaisantait Bavette quand le gamin en ramenait une pour la mettre dans la bourriche qui trempait dans l’eau avec la bouteille de vin. Qu’esse ça va êt’ plus tard !
Les perches arc-en-ciel, cette friture du pauvre méprisée par les as de la gaule portaient en effet ce nom dans le sabir local. Le boucher refusait net de les ramener à la maison. Cela aurait été la honte si des copains avaient vu qu’il ramenait ça à cuire. Pour lui, la « nana » c’était encore pire que le hotu, ce poisson de rivière qui figurait au panthéon de son enfer de Dante aquatique. Lorsqu’il traitait quelqu’un de Hotu, avant même de savoir à qui son père faisait référence, Côtelette pressentait déjà tout gamin que le gars en question n’était guère fréquentable.
Quand une « nana » capturée était encore en vie à la fin de la journée, le ch’tit pêcheur à la gomme insistait pour la ramener dans un bocal rempli d’eau. Si elle avait survécu au transvasement et au voyage, il essayait de la conserver, à cause peut-être des couleurs approchant - en faisant preuve d’imagination - celles des quelques spécimens exotiques qu’il avait admirés au grand aquarium du Trocadéro, lors d’un voyage chez sa tante avec la grand-mère. Mais les « nanas » plongées dans un récipient improvisé ne tenaient jamais plus d’un jour dans leur prison, et celles jetées dans le trou d’eau du jardin n’avaient jamais été aperçues flottant dans les eaux glauques du marigot.
C’était peut-être la raison pour laquelle Côtelette, ce jour-là, était pris de la nostalgie de ces temps bénis où les nanas d’eau douce se laissaient ferrer facilement. Celles que le père lui avait laissé ramener à la case avaient toujours la bonne idée de mourir dans une bassine ou de disparaître rapidement dans une parodie de mare aux canards urbaine. Elles n’avaient pas le temps de s’incruster, comme le font les poissons-chats dont on ne peut se débarrasser sans perdre sa ligne et son hameçon.
- Encore des saloperies que les ricains nous ont refilées ronchonnait le grand-père coco qui n’arrêtait pas de pester contre le plan Marshall et les poissons chats qui étaient censés avoir été introduits par les GIs.
A la réflexion et sans trop être capable de le formuler clairement, les « nanas » de ses parties de pêche devenaient comme une métaphore de petites sirènes disparues opportunément trop tôt dans sa vie pour avoir eu le temps de se métamorphoser en vraies femmes, dont il se serait lassé rapidement à l’époque.

Pour corser son viâ ou son vezon, il repensait à ces parties de pêche entre copains. Les hommes partaient seuls le matin. Les femmes les rejoignaient par le train de midi, emmenant avec elles le pique-nique. Ils mangeaient au bord de l’eau sur une nappe étalée dans l’herbe. Elles étaient belles comme tout, sa mère et ses copines, avec leur tenue encore à la mode de la guerre, comme il se les rappelait en feuilletant les vieilles photos de cette époque. Elles étaient jolies comme des coeurs, avec leurs robes à fleurs et leur coupe de cheveux typique de ce temps-là. La journée n’aurait pas été pareille sans cette présence féminine. Ça apportait de la douceur au tableau. Il se souvenait que même marmot, il était troublé par leurs jambes, leurs bras nus, leur décolleté, leurs seins qui gonflaient la robe, leurs jupons froufroutant que l’on devinait et voyait parfois lorsque le vent gonflait les jupes ou qu’elles changeaient de position sans faire gaffe.
- Baissez le capot les filles, on voit le moteur, disait Momo Béretreaux, un copain de son père, chaque fois qu’il apercevait un bout de jupon.
Les parents de Côtelette avaient l’air de s’aimer en ce temps-là. Quand il avait forcé sur le rouge, le boucher n’arrêtait pas d’embrasser sa Paulette.
Et elle, la Paulette, devant les autres, elle était un peu gênée, mais elle avait l’air contente que son homme fasse attention à elle comme ça.
- la Paulette aime la bavette bien raide chantait le Zézé Dubon, un autre copain de son père.
Le gosse ne savait pas pourquoi, mais ces plaisanteries sur les dessous féminins entre aperçus, les allusions grivoises, qui faisaient rire tout le monde, ça le mettait mal à l’aise parce qu’il sentait vaguement que l’on se moquait de ses parents, que ça rendait impure cette tendresse qui n’était, pour lui, qu’innocence. Même sa mère rigolait un peu aussi de la blague. Ce Zézé, il aimait bien déconner. Sa femme se faisait appeler Georgette, mais en fait, son vrai nom c’était Raphaëlla. Sa mère était espagnole, mais elle avait un peu honte de ses origines, alors elle avait changé pour un nom bien de chez nous. Le Zézé, pour la faire enrager, des fois, il l’appelait par son nom espingouin, il chantait un petit air sur des paroles qu’il avait inventées : « Raphaella bella, c’est la Carmencita de la rue Emile Zola. » Ça ne la faisait pas vraiment rire, mais elle n’était pas fâchée non plus. Elle haussait juste un peu les épaules et rigolait avec les autres quand ils reprenaient l’air en chœur…
Il se souvenait de ces instants comme de gouttelettes de petit bonheur sans chichis, d’après la guerre, celui des petites gens, qui avaient besoin de souffler un peu, de prendre du bon temps, avant que ça recommence, que les autres, là-haut, mais aussi ceux de leur bord, qui veulent tout chambouler d’un seul coup, se remettent à vouloir foutre la merde de partout, à les priver du peu de jeunesse que la guerre leur avait laissée. Ça pourrait aller mieux, c’est sûr, mais ça allait quand même moins mal qu’avant. Il y en avait, pas des riches, qui commençaient à s’acheter des side-cars, même des voitures, des télévisions, qui faisaient construire à Montluçon, qui s’achetaient des petites baraques à retaper à la campagne. Ça n’allait pas si mal…
Ils n’allaient pas tout casser pour gagner des clopinettes, quelques miettes de plus que les bourgeois voudraient bien leur laisser. Ils voulaient juste, disaient-ils, en profiter un peu avant d’être des croulants, faire semblant d’être jeunes comme avant la venue des frisés, boire un petit coup de trop, rigoler entre amis, danser entre eux dans les petits bals au bord de l’eau, avec les enfants qui s’amusaient tout autour, qui demandaient à rentrer pour dormir. Tout ça au son d’une musique déjà presque dépassée, moins entraînante que celle des américains, une zizique qui allait les envahir, déferler dans les salles des fêtes et les parquets salons, changer les bals de campagne en corridas pour blousons noirs gominés qui dansaient tout seuls en se trémoussant comme des singes, avec les filles à côté d’eux.
En repensant à ces conversations qu’il avait entendues dans son enfance, il comprenait ce que cette génération avait dû ressentir, même si son empathie était teintée d’une pointe de désapprobation. Lui qui voulait tout casser, lui auquel la lecture de Bazin avait inculqué un peu de sa haine des familles, il se prenait à absoudre, sans l’excuser, ce fatalisme de vieux et cette méfiance envers les grands bonds en avant qui risquaient de les emporter encore une fois dans le maelstrom de l’histoire.

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C’est à croire que le journaliste en question n’avait rien d’autre à foutre que d’écrire sa rubrique gastronomique, car il a remis ça en proposant une recette de « gâteau bourbonnais » censée le disputer à l’objet de la discorde. Comme vous devez vous en douter, la réplique du chroniqueur de notre bulletin de défense du patrimoine local ne s’est pas faite attendre :

« Il me faut encore protester violemment contre l'insanité lexicale consistant à désigner un plat salé du nom de "gâteau". Et je réfute absolument l'adjectif bourbonnais, puisque, comme je l'ai déjà expliqué, le Pâté aux pommes de terre - le vrai, celui qui est fait pour les hommes, les vrais, les tatoués - est lui, bel et bien né à "Montlu" et pas n'importe où dans l'Allier. Pour calmer les esprits et pour faire la trêve, contentons-nous donc de la locution "aux pommes de terre", moins connotée géographiquement, plus apte à dégager le consensus, car ne
risquant pas de froisser des puristes originaires des diverses bourgades de notre département, revendiquant toutes l'invention du pâââté...... Mais entre nous et comme dirait Copernic "Et pourtant il est montluçonnais. »

Et la polémique a fait rage pendant plus d’un an, vu que le journaliste se fendait à chaque fois d’une nouvelle recette à la noix. La dernière en date, c’était le Bakenhof. Voila ce que le gardien du temple lui a répondu :

« Ca ne s'arrêtera donc jamais !!!!! N'ayant plus rien à dire sur les tourtes, gâteaux, et autres potées, soi-disant montluçonnaises, vla t-y pas que le petit écrivaillon à la botte du châtelain de Chamalières se prend désormais pour l'ami Fritz et nous entraîne dans une spirale infernale, un Tour de France délirant des recettes les plus nuisibles à la santé.
Avant c'était de la viande hachée, du porc et des lardons dans le délicieux, l'exquis, le délicat, le léger, le végétarien.... pâté aux pommes de terre. On franchit maintenant un palier qualitatif dans la perversion, puisqu'il est désormais question de mélanger porc, boeuf, mouton et.........saindoux, ceci afin de concocter un improbable ragoût - sorte de "stew" angliche, de haggish bassaxon que l'on voudrait nous présenter comme l'ancêtre de notre incréé, immanent et donc inimitable ..... pâté aux pommes de terre, dont parlent les sagas des peuplades ayant colonisé, aux débuts des temps, la brumeuse vallée du
Cher.
Comment ose-t-on faire cela à un plat issu miraculeusement de légendes autochtones, et non du « volkgeist » germanique. Il s’agit d’une recette chuchotée aux oreilles de ceux qui le créèrent par des sylphides, gattes, ajasses et cailles qui hantaient les gorges de notre rivière. Rien à voir avec ces Lorelei rhénanes qui se plaisent à attirer le voyageur dans de fatals tourbillons
Où c'est qu'ça va s'nicher ces spécialités teutonnes à la noix, comme on dit chez nous. On leur laisse leurs ratas alsaciens, leurs choucroutes garnies. Toutes ces concoctions diaboliques sont bannies de Montluçon par arrêté municipal, ceci depuis la défaite de Sedan. Alors, n'insistez plus siouplait »

Bon, là c’est drôle. Le gars qui écrit ça, il nous prend un peu la tête avec ses envolées lyriques sur le pâté, mais il se prend pas trop au sérieux, il se moque surtout du chauvinisme local à ce que je comprends, tout en égratignant au passage ses ennemis jurés, les journalistes qui écrivent dans la « grande » presse régionale. Ca reste rigolo, même si on n’est pas d’accord avec toutes leurs dégoulinades.
Ce que j’en retiens, c’est qu’ils veulent juste montrer aux puristes du français que eux, même si des fois ils acceptent les articles de gars comme moi, qui écrivent comme on parle dans le coin, ils peuvent aussi en mettre plein la vue quand ça leur prend. Ils font pas non plus de catéchisme. Ils ne prétendent pas que l’Allier était une province occitane, sous prétexte que certains patois du département contiennent des mots dérivés de l’espagnol. C’est le cas de l’achabation par exemple, une
expression typique de Montluçon, qui viendrait de « acabar » et qui veut dire « achever ». C’est vrai que ça se ressemble si on y réfléchit bien, mais c’est pas à cause de ça qu’on va changer de nationalité quand même. Faut pas pousser la mémé dans les orties.
Ceux qui se prennent pour des occitans, c’est vraiment des éfougalés. On dirait qu’ils veulent sérieusement faire sécession, comme certains Basques ou Bretons.
On aurait l’air malin en plein centre de la France. Y pas plus franchouillards que nous…!
Y a un fafiot, que les gars de la gazette des bouchures laissent parfois délirer dans leurs colonnes, toujours histoire de montrer, qu’ils donnent la parole à tout le monde, aux sans voix et pas seulement au Montluçonnais de base, comme moi. Celui-là, qui nous bassine avec des poèmes et des dictons en soi-disant occitan du coin, quand il écrit en français, je comprends même pas. Par exemple, il dit que les bourbonnais, y « doivent récupérer leur idiome confisqué par le
génocide linguistique et culturel effectué par l’état jacobin ». Où c’est que ça va se nicher !
Enfin, des gars comme ça, il en faut. Ca montre que nous aussi on peut être tordus quand on s’y met. Pourquoi qu’on n’aurait pas le droit de faire les malins, comme les autres
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- Le Gaston, disait invariablement la rose en parlant de « feu son
mari », il aimait la grande musique, Quand y avait un opéra le
soir à la TSF, fallait pas moufter. Ton père et ta tante, y z-avaient
pas le droit de parler, encore moins de rire en entendant l’aut’
tenor se faire péter l’gosier en beuglant comme un veau.
Ces chanteurs, y gueulaient, comme le peillerot qui passe dans
la rue pour récolter toutes sortes de saloperies que les gens y
veulent pas, des chiffons, de la ferraille et tout le saint frusquin.

Et la mémé Rose d’imiter le dit chiffonnier traînant sa charrette
pleine d’un capharnaüm de rebus d’une société qui n’était
pas encore devenue, dans le vocabulaire journalistique
d’alors, « de consommation ». Elle se mettait à couiner
comme le « pirot », autre nom donné aux chiffonniers de
passage, pour faire bien comprendre au gamin à quel
supplice était soumise toute la famille, les soirs d’opéra :

« Rasserez vos guenats qu’vous portez pu, vos piaux d’lapins,
tout ç’qui vous embarrasse…J’y prends tout moi… »

Plus tard, après la guerre, c’est un autre plaisir culturel qu’irait
chercher son petit fils dans les loges de l’opéra la ville.
Ce ne serait pas les concerts Lamoureux qui lui feraient casser
sa tirelire pour goûter des symphonies ou concertos baroques.
Ce ne serait pas non plus les tournées Charles Barret,
ces troupes ambulantes à l’intention de provinciaux assoiffés
de culture classique, interprétant les chefs d’œuvre de Corneille
en ce haut lieu de rayonnement des beaux arts qu’était
le théâtre municipal.

Non, ce serait les baisers volés dans une loge de ce même
théâtre, pendant les conférences de Connaissance du monde,
données en direction des scolaires, auxquelles leurs profs
du cours complémentaire les conduisaient.

Ces conférences étaient sans doute passionnantes mais
elles ne lui avaient laissé que de vagues souvenirs,
occupé qu’il était avec ses copains à se carapater, dès
l’obscurité faite, vers des loges échangistes. Ils y retrouvaient
de petites grisettes aspirant à la succession de BB dans leur
cœur (et dans d’autres parties de leur anatomie aussi !),
pour de chastes baisers dans le noir.

Il ne fallait surtout pas oublier de réintégrer sa place
avant la fin du documentaire sur quelque pays éloigné, si on
voulait éviter de se faire « gauler » par le prof d’anglais,
responsable de ces sorties culturelles kolkhoziennes.
Ce garde-chiourme faisait une chasse impitoyable aux
ingrats refusant de s’instruire.

Ils refusaient en effet la main tendue de l’école
républicaine qui leur offrait pourtant si généreusement, avant
les débuts de la « Tévé », une fenêtre ouverte sur des
spaces insoupçonnés des ploucs qu’ils étaient. Cette
ouverture, ils la refusaient, à l’instar des serfs du comte
Tolstoy, déclinant son offre généreuse de monde rendu
meilleur par l’éducation des masses incultes.

La mémé Rose, elle, aussi peu « portée sur la grande
musique » que son petit fils l’était à l’époque dont on parle,
ajoutait, avec une pointe d’amertume, que son époux
se privait parfois de nourriture pour acheter les billets
des quelques rares concerts programmés au théâtre
municipal pendant la guerre.

Selon la famille, les privations supplémentaires que
le grand-père mélomane s’imposait pour satisfaire sa
passion l’avaient achevé, lui dont la santé était déjà fragilisée
par le gaz moutarde et la silicose qu’il avait respirés dans sa
jeunesse en guise d’embruns maritimes et de bon air de
campagne.

Cette mort prématurée, outre le bonheur de connaître
son petit fils, l’avait privé d’un ultime plaisir, qui l’eût peut-être
consolé un peu des souffrances endurées pendant sa chienne
de vie. Il n’avait pu assister à ce qu’il attendait avec
impatience en crachant ses poumons : l’exode des boches.

- Les voir détaler une fois de plus, les doriphores,
et cette fois définitivement, espérait-il !

Avait-il été heureux parfois lors de son existence ?
Avait-il souri ? Difficile à dire, à en juger par ce que ses
enfants et sa femme disaient de lui. Ses seuls moments
de bonheur fugace avaient peut-être été ceux où il écoutait,
tel un sphinx craint et respecté, ces opéras incompris de ses
proches.

On ne savait pas exactement où l’ancien avait chopé ce
goût pour la musique de bourgeois que personne n’appréciait
autour de lui. Peut-être en entendant les fanfares de mineurs
du Nord, où certains enfants des corons avaient appris
quelques rudiments de solfège sans avoir été plus loin faute
de pouvoir se payer un instrument.

- Me demandez pas où il avait pris ça, j’saurais pas vous y dire,
expliquait la Rose, regrettant cette passion dévorante qui lui
avait pourri la vie et les veillées autour de la cuisinière à charbon.

Ce que la mémé n’avouait pas, en revanche, le petit
fils devait l’apprendre bien plus tard de la bouche de sa
tante Suzon, demi-sœur de son père.

Elle aussi, la Rose, tout comme l’arrière grand-mère
maternelle, allait être fille-mère si Gaston, qu’elle n’avait pas
informé de son état, ne l’avait épousée en revenant des tranchées.

La tante prétendait qu’il ne s’était pas marié par amour,
mais par lassitude, épuisé peut-être qu’il était, selon elle,
de toute cette mort qui lui collait à la peau.

- Va donc savoir, lançait-elle, comme si elle n’était pas sure
elle-même de l’hypothèse qu’elle avançait, reprenant
l’expression de sa mère lorsque cette dernière renonçait à
expliquer le goût étrange de son époux pour Mozart et les autres…..

Contre toute attente, une fois la « tromperie sur la
marchandise » dévoilée inexorablement par la nature,
le grand-père avait accepté le p’tit bout d’choux que Rose
portait avant même son mariage avec lui. Il apprit plus tard
que Suzon était la petite fleur d’un amour défendu, tant chanté
dans les chansons réalistes entendues à la TSF.
Cet amour avait été consommé sans doute à la va-vite dans le
no man’s land d’un terrain vague du Nord, au pied d’un terril
en guise de val de verdure où chante une rivière cachant
les soldats morts et les amours interdites…

Elle avait probablement été troussée par un gars pressé de
cracher son fiel d’homme et de disparaître à tout jamais.
L’avait-elle rencontré dans une foire foraine sinistre,
plantée au milieu des puits de mines ?
Leur étreinte avait-elle été consommée à l’ombre des
chevalements surplombant les trous charriant leur
cargaison d’êtres humains jusqu’aux entrailles du monde ?
On ne le savait pas. Personne ne le lui avait demandé, ni même
son mari peut-être. Sa fille avait bien posé des questions,
mais n’avait obtenu aucune réponse.

Gaston avait accueilli l’enfant du bon dieu en grand
seigneur prolétaire qu’il était. Il l’avait aimée bien davantage
que la mère honteuse de la petite bâtarde conçue dans
le péché ne l’avait fait pour cette chair non désirée de sa
propre chair. La Rose, pécheresse d’un seul jour
semble-t-il, avait préféré le fils légitime qu’elle devait porter
plus tard de son « deuxième lit » avec son mari.
Elle qui avait été souillée une fois par un homme, elle avait
aimé ce fils du devoir conjugal accompli sans plaisir,
et le fils de ce fils, celui qui aimait révéler ces secrets de
famille à ses potes, dans ses causeries à l’apéro.

La rose vouait à son petit fils un amour absolu, qui
inquiétait presque l’entourage, tant il était exclusif, jaloux de
tous ceux qui approchaient le petit garçon, puis l’adolescent
ensuite. Elle le couvait et le gâtait, comme si elle
voulait se faire pardonner la tendresse qu’elle n’avait su
prodiguer à sa fille.

Ce qu’elle ne disait pas non plus, la vieille dame indigne,
c’est que la Suzon, sa petite batarde, était partie à Paris à
l’âge de seize ans, lasse qu’elle était du manque de cet
amour que ne lui montrait pas sa mère. Elle avait fait sa
vie dans la capitale, avec un p’tit parigot de Neuneu,
le Neuilly de l’époque, bien moins aristo que celui de
maintenant. Elle n’était jamais revenue à Montluçon, et
gardait à sa mère la rancune tenace qui lierait les deux
femmes jusqu’à leur mort et expliquerait l’absence de
la fille à l’enterrement de Rose.

Ce que le petit fils devait encore découvrir bien plus tard
de la bouche de sa tante Suzon, une fois qu’il avait logé
chez elle pour passer un concours de la SNCF, c’est que la
mémé Rose n’avait jamais vraiment pardonné aux
hommes le désir violent de ce premier amour.
Avait-elle été violée ? Nul ne le saura jamais. Elle avait
emporté son secret dans la tombe. Son mari et sauveur
de réputation avait payé pour la brutalité de « l’autre »,
dégustant chaque nuit une soupe à la grimace amère au sein
de l’alcôve.

La Rose avait d’ailleurs avoué une fois à sa descendance
mâle que la bagatelle n’était pas son fort. Elle s’était
confessée de son dégoût pour la chose, un jour où son
petit fils et son fils mangeaient chez elle. Elle le fit, tout en
leur préparant son incontournable steak-frites, seul
raffinement culinaire qu’elle maîtrisait et qu’elle
préparait amoureusement dans une poêle et une friteuse
d’un autre âge :

- Quand y s’tournait vers moi et qu’y commençait à
s’ébrouer, à souffler comme un bœuf,comme l’aut’,
à jouer son farfouillou dans mes gounelles, son éffougalé,
j’pouvais pu m’en dépatouiller. Je fermais les yeux en
attendant qu’ça passe.

Par « l’autre » elle désignait évidemment son
premier et unique séducteur, duquel le Gaston, son
époux légitime pourtant, devenait, selon elle, le portrait
tout « nacré » quand « y fallait qu’elle passe à la casserole..»


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"Là, remarque, personne ne se plaignait vraiment, car y avait plus grand-chose à faire jusqu’au soir.
Juste se reposer et regarder l’Aumance et les grands arbres qui étaient comme des grands troufions immobiles dans un garde à vous tout tordu, qui saluaient de leurs branches l’eau coulant tranquillement à leurs pieds. Dans ces moments, on aurait dit qu’un ange passait.
Tout ce petit monde se taisait, comme si on était vraiment tous heureux d’être là, ensemble, après avoir marné toute la semaine.
En plus, on s’en mettait plein la gueule et on était bien servi à boire chez le Mimile Bérétreaux. C’était un bon vivant, qui aimait avoir plein d’amis autour, pour rigoler, et boire des coups. On n’avait pas soif chez lui. Y pleurait pas le pinard et la boustifaille pour ses invités. C’est pour ça aussi, que le grand-père y allait, pas seulement pour le pèze.
Le Mimile, il en faisait toujours trop à manger.
« Faut tout y finir, qui disait, sinon j’vais m’fâcher.
- Ca me pile, je sais pas si je vais pouvoir y finir, qu’on répondait des fois.
- Merci bien, j’ai les côtes bien calées, un autre disait en mettant la main devant son assiette.
- Moi aussi, j’ai eu mon content de tout disait encore un autre, en levant les mains comme un cowboy qui se rend devant le shérif.
- C’est vrai que tu vas me coûter cher, vaut mieux t’avoir en photo qu’en pension. Le Mimile , y plaisantait tout le temps. On se faisait engueuler, qu’on mange à s’en faire lever le coeur ou en faisant des manières.
- Encore un que les schleus y z-auront pas, faisait un des gars en rotant et en pétant des fois, histoire de faire rigoler les potes et de choquer un peu les bonnes femmes.
- Dire que les Chinois y crèvent de faim, un autre disait, comme pour se convaincre qu’ils étaient pas si malheureux que ça. »
Et on y finissait tout, à s’en faire péter la sous-ventrière, à presque dégobiller des fois, quand on avait mangé trop vite et qu’un morceau de pâté aux pommes de terre était passé de travers, par le trou du dimanche.
Les vieux, pour une fois, y parlaient plus de la guerre et des privations. On oubliait tout ça et on ne pensait plus qu’à nos petites joies, à la beauté du monde en été quand le soir tombait, au calme.
On se rafraîchissait sur la terrasse en regardant le soleil qui se cachait derrière les arbres et qui faisait des petits traits de lumière sur l’eau, comme ceux qu’on voit dans les tableaux de la belle époque où les gens portent des canotiers.
Mais nous, c’était encore plus chouette parce qu’on était tout seuls au bord de la flotte.
Des fois, après midi, les hommes avaient le viâqu’ils disaient, une sorte de cafard d’ici, quand le plaisir d’être bien rend tout chose, comme si ce moment n’allait pas durer, comme si le bonheur présent se mélangeait avec une pointe de gueule de bois d’avoir trop bouffé, trop fumé et trop bu, de regret d’avoir à se séparer, à rentrer chez nous, à retrouver la routine, le boulot, l’école, notre petite vie de labeur ….
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"L’Aumance qui enlace le village comme un serpent déployant nonchalamment ses anneaux d’écailles luisantes, qui rampe paisiblement le long de la promenade et du parc, qui se love furtivement sous le pont aux arches trapues, qui glisse plus lascivement sous la passerelle….

Le baiser langoureux, intemporel, qu’elle dépose délicatement sur les champs qu’elle traverse en aval…

Les ondes de douceur qu’elle communique aux près et aux berges, ce petit filet d’une eau modeste et tranquille, qui réfléchit en son miroir trouble et frémissant les maisons médiévales en pierre rose du lieu…,

Elle s’enroule malgré moi autour de mes souvenirs d’enfant, à la façon des cache-col que ma mère nouait autour de mon cou avant de m’envoyer dans le froid.

Ce ruisseau sans prétention, devenu petite rivière en arrivant dans la boucle onctueuse du village, ce tapis d’eau calme, ruisselant des clapotis discrets qu’il envoie en frêles vaguelettes au loin, vers la forêt centenaire, bruissant elle-même à sa manière, en un écho chuchoté par les ancêtres feuillus et immobiles qui la peuplent, ou résonnant du brame lourd des autres habitants de ces lieux…

Elle se faufile doucement, cette mince romance d’eau glissant entre les saules qui, laissant pendre paresseusement leurs longs doigts effilés, caressent les flancs de l’onde jusqu’à Meaulnes. Dans son cheminement tortueux, la rivière acquière là, dans cette modeste vallée, une sorte de grandeur rustique, en un ondoiement caressant au travers d’un bocage capricieux, fait de la trame des petits lopins de terre assemblés au hasard du relief vallonné.

Ce damier de bouchures épineuses au tracé délicieusement irrégulier, la rivière le borde affectueusement de ses éclats de lumière tournicotant au gré du courant et des remous.

Elle l’enrichit à la patine du souvenir, au lustre des ruines laissées par les hommes ayant bâti la petite cité qu’elle vient de quitter presque à regret.

La proximité mystérieuse de la grande forêt que la rivière longe respectueusement sans oser, malheureusement la pénétrer, la troubler de ses murmures cristallins, nous laisse l’amertume de noces jamais consommées entre Aumance et hautaines futaies de Tronçais.

Cette présence à faible distance d’un océan d’arbres éternels a de quoi, en effet, faire regretter aux riverains une rencontre avortée - qui eût pu s’avérer majestueuse - entre chênes vénérables et onctueuse sinuosité de l’eau, baignant les troncs rugueux, dressés vers le ciel comme des défis, tels les mâts vermoulus de vaisseaux fantômes, telle une armada vaincue par la mousse carnivore du temps, engloutie dans l’ombre d’une mer des Sargasses bourbonnaise, où se balanceraient nonchalamment, en un ballet d’algues devenues peu à peu amphibies, puis enfin terrestres, des champs de fougères ondoyantes. »
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En attendant la soirée, on ressortit au soleil, on se déshabilla à nouveau pour aller se baigner.
- Tous à la baille, cria quelqu’un, et on se jeta à l’eau tous ensemble. On se baqua en slip, les caleçons de bains étant restés à la maison. Badel, qui ne craignait aucune comparaison, se baigna à poil. Voyant que la vue de son engin ne provoquait aucun mouvement de panique chez les vieilles et les plus jeunes filles, il essaya de se faire remarquer, en criant à tue-tête, en traversant l’étang à la nage pour aller narguer les pêcheurs qui les engueulèrent de venir taquiner leurs bouchons de trop près. Quelques chambres à air gonflées servaient de pédalos rustiques ou de plongeoirs à des gamins nus comme des vers.
Ils ne pensaient déjà plus au match perdu, aux bâches en rafales, encore moins au bal du soir chez les gueules noires de Germinal. Il leur suffisait pour l’heure de jouir du soleil et de l’eau, de leur jeunesse, d’avoir échappé aux djebels et aux paras qui avaient failli débarquer au Bourget. Debré, ce débile, se vantait de les avoir stoppés par son discours à la télé. Tout le monde se foutait de sa gueule. On savait bien qu’une fois encore, c’était les braves petits piou-pious, pas ceux du dix-huitième de la chanson, qui avaient sauvé la république, des gars de leur âge, qui avaient pas eu la chance d’avoir un sursis pour étude et qui étaient toujours là-bas à attendre, en essayant de pas se prendre une balle perdue de dessous le fagots maintenant que la guerre était finie. Ç’aurait été trop bête ! Ils remerciaient aussi le destin, et Côtelette son grand moteur universel des cours de philo peut-être, de n’avoir encore mis personne en cloque, de n’être pas encore des adultes responsables, de cette journée et de ce lieu, de leur innocence. Ils communiaient avec la candeur de l’époque, de leur âge et de la province, comme si le temps de l’Histoire et celui de leur destinée s’étaient figés en un instant d’éternité qu’il ne fallait pas laisser filer trop vite. Ils voulaient croire que cela durerait toujours…..
Déjà la lumière déclinait. C’était le moment d’une journée chaude d’été que préférait Côtelette. On était au bord de l’eau. Le soleil brûlait encore un peu la peau, mais se faisait caressant. Les couleurs orangées de cette fin d’après-midi rendaient les gens heureux, les choses et les êtres plus beaux et proches, l’âme du monde accessible presque.
Puis, trop vite, cet instant fut englouti dans le passé, comme un Titanic frappé à mort par le lent évanouissement du disque de cendre rousse à l’horizon, qui leur faisait son oeillade de braise avant de disparaître derrière les cils des d’arbres bordant l’étang.
Il faisait déjà presque noir lorsqu’ils quittèrent Montmazot et prirent la route de Saint-Eloy.
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De ces « vacances » avec sa grand-mère dans la Creuse,
il voulait se souvenir surtout d’une impression de
grisaille et de boue, de silence oppressant, troué parfois
par des cris des corbeaux, le meuglement désespéré de
quelques bœufs tirant des tombereaux chargés
de fumier malodorant. L’ennui que l’enfant éprouvait lors
de ces séjours était sans doute causé par la fête des
morts que l’on célébrait en allant au cimetière en
tracteur (la carriole était encore dans la grange intacte,
mais ne servait plus). En chemin, on croisait des
attelages sinistres de bovins fatigués à la tâche,
tels des corbillards sur des chemins bourbeux ne
menant nulle part.

En fond sonore, le radotage de la vieille tante aveugle
sur ses pèlerinages à Lourdes, accompagnait le silence
dû aux morts auxquels on rendait visite au cours de la
semaine.

Les corbeaux, silhouettes placides et piaillantes, se
tenaient à l’écart, sûrs de la légitimité de leur
présence emblématique à l’arrière plan de ce
tableau sans majesté particulière. Au fond de ce
paysage conservé par la mémoire, scintillait encore,
blotti, comme une planète engloutie et nostalgique,
un disque rougeâtre, celui-là même des paysages
d’hiver des maîtres flamands. Mais les souvenirs
étaient trompeurs. De la même manière que London
n’aurait pu parler de la ruée vers l’or des
Combrailles, Aucun Bruegel n’aurait pu peindre ici le
retour des chasseurs. Ce bocage blême de la
Toussaint n’était peuplé que de croix minérales et
de cimetières blafards. Il lui manquait un peu de la
blancheur immaculée et bleuâtre de la campagne
enneigée du tableau. A cette époque de l’année,
ces landes revêches pouvaient prétendre à
une certaine solennité, mais où était leur grandeur,
celle qui attire le regard des citadins ou des artistes ?
Seuls des étrangers connaissant cette terre intimement
pouvaient la voir autrement que comme une toile de
fond banale à l’ennui d’une vie anonyme.
Ceux qui vivaient et trimaient là étaient incapables
de ressentir l’étrange sentiment qui s’emparait de
l’adulte ayant vécu là des instants qu’il croyait
malheureux mais qui lui laissaient un étrange goût
nostalgique dans le grenier de ses souvenirs.

Plus qu’à des scènes de patinage sur des canaux
gelés, ou à des liesses villageoises baignées par le
halo d’un disque rouge, c’est à d’autres tableaux
auxquels pensait maintenant l’adulte ayant passé là
ses fêtes de la Toussaint. En repensant à ces séjours,
ce sont les cartes de vœux de fin d’année qui le
hantaient encore aujourd’hui. Ces images naïves
représentent presque invariablement une chaumière
pelotonnée dans un champ de neige, laissant
deviner la trame d’une existence infime.
Le gris métallique prévalant dans le hameau à cette
époque de l’année, n’avait pourtant pas grand-chose
à voir avec le ciel, d’un bleu foncé, saupoudré de
petites étoiles argentées enveloppant la demeure
blottie dans le paysage. De la même manière, la
petite hutte en bois flottant sur le champ de
ouate neigeuse ressemblait très peu aux fermes du
lieu-dit, toutes taillées dans le granit que les
bâtisseurs des masures locales avaient trouvé à
proximité pour y construire leurs huttes de pierres.

Seule, peut-être, la lumière rouge orangé scintillant
à travers les fenêtres de la cabane en rondins,
sorte d’ersatz de l’astre rouge des scènes flamandes,
rappelait la lueur émanant des lucarnes creusées dans
les flancs minéraux, austères, des maisons du coin.

En tout cas, il lui semblait que cette même clarté
falote du soleil d’automne baignait tout à la fois le mas
des aïeux, la scène d’hiver naïve illustrant les
quelques formules rituelles envoyées pour les fêtes,
et les tableaux de maîtres dans lesquels une foule
interlope de personnages patine sur une mare.
C’est sans doute la présence de la même lueur
rouge trouant l’horizon de sa masse globuleuse,
qui rassemblait ces trois paysages si différents dans
l’esprit du petit pèlerin des cimetières de Toussaint
devenu grand….

Cette incandescence, rayonnant faiblement et
intensément tout à la fois dans ses souvenirs,
semblait lui faire signe. Elle était une étoile vacillante
guidant les rois mages et les pèlerins perdus au
cœur de cet océan de boue vers un mirage de crèche
creusoise. Aucun messie ne viendrait porter la bonne
parole dans ce havre de paix ancré fermement sur
le socle des quelques maisons regroupées là,
on ne sait trop pourquoi. Seuls quelques couples de
vieux, sans gazouillis de marmaille pour les
distraire un peu, continuaient à y prier un Dieu
qui les avait abandonnés là. La jeunesse était
partie à la ville. Ceux qui restaient n’avaient d’autre
projet que celui de survivre et de souffler un peu
à l’aube du grand bond en avant qui allait bientôt
déferler sur cette campagne.

Pourquoi ce cafard, éprouvé chaque fois qu’il
repensait à ce lieu-dit du trou du cul du monde ?

Sans doute parce que sa mère lui avait souvent parlé
des séjours de Noël de sa propre enfance à elle,
dans le hameau familial, des départs pour la messe
de minuit en carriole, du trajet dans la campagne
enneigée jusqu’à une petite chapelle – crèche
elle-même où se pressaient mules, bœufs et
chevaux ayant convoyé les humains jusque là.

Il se souvenait aussi que sa mère parlait des
oranges, de leur acidité et de leur couleur agressive,
tranchant avec la grisaille environnante. Elles étaient
offertes aux marmots comme seuls mais merveilleux
cadeaux, illuminant la fête de leurs teintes
exotiques dans ce décor où la lumière ne perçait
que nimbée d’une tristesse infinie.

C’est tout ce fatras de bibelots à la religiosité de
quatre sous qui remuait en lui, et qu’il ne
pouvait réprimer lorsqu’il repensait à ces séjours de
la Toussaint, même lorsqu’il essayait de conjurer
son spleen champêtre en apostasiant tendrement son
mas des « Pignoufs », son rectum du monde, dans
des discours incendiaires.
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Sur le terrain appartenant à l’immeuble où se trouvait la boucherie, il y avait une sorte d’ancien lavoir qui était alimenté souterrainement par le Cher et débordait en période de crue, inondant le jardin, les caves et la rue. En temps normal, il n’était plus du tout utilisé car l’eau y était stagnante. L’un des jeux consistait à y mettre des poissons encore vivants après une partie de pèche, et à essayer de les faire mordre à nouveau à l’hameçon, une fois qu’ils seraient devenus gros. Mais jamais aucune bestiole rescapée des sorties au bord du canal de
Berry et remise en liberté surveillée dans le trou d’eau vaseux et énigmatique ne fut attrapée. Cela suscitait bien des questions.
On pensait que les poissons s’échappaient vers le Cher par un tunnel
souterrain, celui là même qui faisait déborder le réservoir par temps de crue et déversait une bile boueuse sur les jardins, dans la rue et les appartements.
Le tunnel en question était sans doute un avatar aquatique des fantasmes de passages secrets, transposé chez les poiscailles. Ils voulaient croire que les vairons et perches arc en ciel ramenées de la pèche encore vivants et transvasés là pouvaient migrer de ce trou d’eau au Cher, puis rentrer à leur guise, comme les pigeons du voisin
choisissaient librement de revenir à leur point de départ. Voilà qui était mieux qu’un bocal, tout comme la volière qu’ils se promettaient de construire un jour était bien supérieure, à leurs yeux, à la cage où l’on maintenait prisonniers des serins. Ils avaient du mal à comprendre pourquoi ces pauvres piafs privés de liberté ne montraient aucune rancune à leurs geôliers et chantaient pour distraire ceux qui, pourtant, les avaient enfermés derrière des barreaux.
Ils entretenaient l’espoir fou de ferrer un jour dans le trou d’eau l’un des
vairons ayant muté par métempsychose dans les écailles d’une autre
espèce plus noble. Le petit poisson devenu grand reviendrait forcément un jour au bercail, comme un bon toutou penaud rentrant à la niche la queue entre les jambes après avoir couru les chiennes en chaleur. On ne voulait pas croire à la mort de cette friture ayant échappé à la poêle et lâchée dans le trou d’eau.
Les rescapés étaient considérés comme des déserteurs se montrant ingrats envers des maîtres qui pourtant les avaient laissé libres de décider de leur sort. Les gosses espéraient toujours voir réapparaître leur petite friture sous la forme d’un de ces énormes Moby Dick que l’on devinait du haut du Pont Neuf. Ces monstres inabordables, majestueux et hautains, ils ne pourraient les attraper que lorsqu’ils seraient devenus adultes. Ils se contentaient de s’imaginer en capitaines Achab d’eau douce, tentant de faire mordre une carpe de passage à l’asticot qu’ils tendaient d’habitude à des ablettes et à de petites brèmes insouciantes. Ce menu fretin, toujours prêt à jouer aux gendarmes et au voleur avec leur asticot, était heureusement moins bégueule que les énormes proies tant recherchées par les as de la gaule locale.

Ils voulaient également croire qu’un jour, un carnassier venu du Cher à la
poursuite d’un gardon s’égarerait dans le mystérieux tunnel creusé par la rivière et finirait piégé dans cette nasse, qui n’était en fait qu’un trou
d’arrosage pour potager, aménagé en petit lavoir. Le Brochet ou la perche, seraient prisonniers de ce cul de sac, et il serait facile, alors, de l’attraper à l’épuisette. Bien sûr, il n’y eut jamais de capture miraculeuse. Mais comme pour les passages secrets, l’existence de cette communication possible entre la rivière et leur jardin faisait rêver à des attaques d’assaillants venus d’autres quartiers et à la fuite des assiégés par des labyrinthes d’égouts connus de la seule « bande du Pont Neuf ».

On serait incomplet si, en parlant du jardin, on ne parlait pas des WC
communs à presque tous les appartements des immeubles de la rue.
Les logements n’avaient ni salle de bain ni toilettes et il fallait aller dans
l’arrière cour pour faire ses besoins.
C’étaient de simples cabanes en bois, au sol goudronné, percées d’un trou engloutissant les déjections. La nuit, les gosses n’aimaient pas aller dans ces cahutes, car sans l’avouer, ils avaient tous un peu peur du noir et craignaient de rester enfermés dans ce cagibi sans personne pour les entendre.
L’un des jeux favoris consistait en effet à bloquer la porte de l’extérieur,
laissant le défécateur tambouriner et supplier que l’on vienne le délivrer.
Malheur à celui qui n’avait pas donné les billes perdues pendant la récréation.
C’était en général la sanction correspondant au péché de non paiement des dettes contractées au jeu.

Les jours où les latrines étaient vidées dans l’un des immeubles du quartier, c’était la fête pour les enfants, qui chantaient à tue-tête un air vantant les mérites de la célèbre pompe à merde :

- Pompons la merde, et pompons la gaiement, reprenaient-ils tous en chœur en défilant dans la rue et en narguant les passants qui se bouchaient le nez.

Et le couplet continuait ainsi :

- Sans ces garces de femmes nous serions tous des frères, pompons la merde et pompons la gaiement, sans ces garces de femmes nous serions tous contents.

Allez savoir pourquoi le sexe faible était mêlé ainsi à la pompe purificatrice dans cette ritournelle bien connue. Qu’elle soit fredonnée à la fin des banquets de la classe, ça à la rigueur on pouvait le comprendre. Lorsqu’on arrivait au dessert, après avoir ingurgité les entrées et plats de résistance variés de ces agapes pantagruéliques, on ne s’étonne pas que les convives songent à évacuer leurs boyaux encombrés.
Et puis, ces repas d’anciens soldats célébraient une fraternité qui avait pu se créer quand on était à l’armée et qu’on « en avait chié » précisément.
Voulaient-ils comprendre de la chanson, que les épreuves d’alors avaient été surmontées, grâce à l’absence de bonnes femmes pour foutre la zizanie entre eux ? D’où la litanie sur leurs compagnes, qu’ils chérissaient dans leur cœur tout en feignant de les apostasier en psalmodiant ces paroles ridicules ? On laisse le lecteur se perdre en conjectures ….

Mais que venaient donc faire ces mêmes paroles lorsque l’engin venu
purifier les entrailles des « zouaterre closettes » était célébré tel un manège de fête foraine par les enfants ? Les gosses se réjouissaient-ils, de ce que l’odeur incommodait les narines féminines plus que les naseaux masculins, eux dont les mères étaient les vraies empêcheuses de jouer et de faire des bêtises en rond ? Plus que les vieux en effet, c’étaient elles qui s’inquiétaient des dangers qu’ils couraient en jouant dans le Cher. Les interdits et divers
oukases castrateurs d’une enfance insouciante émanaient d’elles.
Les pères étaient trop occupés au boulot. A cette époque, la surveillance des marmots était principalement l’affaire de leurs épouses.

Bref, les jours de pompe à merde étaient un peu des jours de fête au village. Cela apportait un peu d’animation, comme on disait en se consolant de la puanteur. Les gens sortaient sur les palier, commentant l’événement, accompagnant leurs commentaires de quelques réflexions à prétention scientifique sur la façon dont les matières fécales allaient être utilisées pour la bonne cause dans l’agriculture.
En gros, et par souci de vulgarisation en direction de ceux qui avaient été
« aux écoles » et ont besoin d’explications pour comprendre les pensées profondes des humbles, il se disait à peu près ce qu’un savant avait exprimé ainsi : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».
Traduit en montluçonnais, l’axiome donnait quelque chose comme : « On est bien peu de choses », ou bien encore : « Nous aussi , un jour, on s’ra bouffé par les mouches et les asticots. »

Accompagnant ces réflexions mi philosophiques, mi ironiques, on entendait également, sortant de la bouche d’une grande personne, le refrain de la chanson dont les gosses avaient entonné le couplet auparavant, comme pour ne pas « être en reste.» Les paroles, connues de tous proclamaient fièrement que la rose « à des épines », mais que la merde, elle, « n’en a pas.. ».
Cet ultime aphorisme, qui faisait consensus universel au comptoir à
l'apéro et à la fin des gueuletons, signifiait-il que pour tous ces humbles, les inconvénients de cette journée étaient moindres que les rigolades suscitées par l’événement ? Va savoir, comme on dit……..

Les appartements n’ayant pas le « confort moderne », il arrivait que les petits frères subissent un rite d’initiation olfactif les préparant au jour où la célèbre pompe viendrait bousculer le train-train quotidien. On ne voulait pas remplir le pot de chambre avant la nuit. Les petiots ressentant une grosse envie en fin de journée étaient donc confiés à leurs aînés par les mères pour aller faire leurs besoins dans l’obscurité.
Les pauvres subissaient la pire des épreuves. On les abandonnait à l’intérieur de lacabane et l’on faisait mine de s’en aller, en les prévenant qu’ils risquaient de tomber dans le cloaque et d’être aspirés par le trou. Tétanisés par la peur de périr asphyxiés par la fiente humaine, les pauvres bambins suppliaient leurs bourreaux de venir les délivrer. Le plus souvent ils rentraient à la maison sans s’être débarrassés de leur fardeau indésirable. A cette heure de la journée, le vase d’aisance domestique devait demeurer vierge de toute souillure avant la nuit.

Les victimes avaient consigne de ne rien dire de leur mésaventure, sous peine d’être précipités dans le trou la prochaine fois qu’ils seraient conduits dans le jardin pour la grosse commission.



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On était en 62, c’était la fin de la guerre d’Algérie. Le boulet était pas
passé loin. On était heureux d’avoir pas crapahuté là-bas grâce au
sursis, mais il fallait désormais songer, probablement, à un début
de carrière dans d’autres djebels, plus familiers ceux-là, moins
dangereux mais presque aussi redoutés que ceux des Aurès ou de
Kabylie.
Il avait été beaucoup question de la guerre qui venait de se terminer
l’été précédant sa prise de fonction dans un village situé sur la
route de St Nicolas des Biefs. Il en avait entendu parler d’une manière
qui heurtait ses convictions anti-colonialistes. Un cafetier pied noir,
un nommé Bobby Ben Saïd, venait d’ouvrir un hôtel restaurant au
Mayet. Avec son accent étrange, qui ressemblait à ceux des rares
Algériens qu’il avait pu entendre du fond de sa province, avec sa
gestuelle « de là-bas dis », il leur peignait une Algérie pittoresque,
inhabituelle, où les « indigènes » et les européens, les juifs, des
héros positifs à la sauce couscous, étaient tous copains,
jouaient au foot et à la pétanque ensemble, avant que les intellos
parisiens ne viennent foutre la merde et convaincre les Arabes
qu’il leur fallait l’indépendance.
Il y avait des accrochages vebaux avec lui bien sûr, et les autres
monos venus de la banlieue communiste, d’où étaient originaires
également les enfants de la colo, le traitaient de raciste. Il protestait
vigoureusement, traitait à son tour ses jeunes clients de gamins
métros qui ne savaient pas de quoi ils parlaient. Il faisait remarquer
que les juifs en général, et ceux du Maghreb en particulier ne
pouvaient être racistes, qu’ils connaissaient les musulmans mieux
que les Français, qu’ils n’avaient obtenu la nationalité que
récemment, qu’on ferait mieux de la fermer.

Et pour illustrer sa démonstration, il entonnait un refrain en arabe et
passait un titre de son chanteur favori, un inconnu, un dénommé
Enrico Macias, qui hululait en crachant sans doute la harissa qui lui
brûlait la gueule pour couiner comme ça. Il miaulait qu’il avait
quitté son pays, sa maison et toute la smala d’Abdelkader…..ce qui
ne faisait pleurer personne sauf Bobby….

Les copains dans le vent attablés n’en avaient rien à foutre des Pieds
noirs. Tous les garçons étaient contents de ne pas être allés se faire
casser la gueule à cause d’eux. Et surtout, les métros rassemblés
à la terrasse voulaient du yéyé, du Elvis, ne comprenaient rien
à cette musique sirupeuse, chantée par ce qui leur semblaient être
un Tino Rossi ou Dario Moreno oriental ringard roucoulant
comme une nana constipée dans un bain turc. Le Bobby,
il appelait ça un « hammam », en prononçant à l’arabe avec un « H »
aspiré pas piqué des hannetons et les « m » du milieu très
appuyés. Le solo de guitare à la fin de la beuglante poussée
par Enrico était pas dégueu, mais y avait pas photo avec celui de
« Rock around the clock » ou de « Jailhouse rock », que l’on
entendait aussi chez Bobby, heureusement.

Les clients métros du bellâtre venus d’ailleurs auraient préféré
fréquenter un autre bar, à cause du patron et de son discours
pro OAS. Ces idées avaient déjà été balayées par le vent de l’Histoire.
On était bien trop content de la paix signée pour écouter ces paroles
de haine et de ressentiment. On venait là parce que c’était le seul
endroit où les quelques filles potables du coin venaient écouter
la musique de l’unique Juke-box du bled que Bobby, en commerçant
méditerranéen avisé, avait fait installer chez lui pour attirer les minettes
et minets. Il y avait là de mignonnes petites italiennes, filles de
Génois installés au Mayet depuis la fin de la guerre.

L’année suivante, l’été de la deuxième colo faite au Mayet et de son
accident, juste avant de commencer sa carrière à quelques kilomètres
de là, Bobby était toujours là, aux manettes de son Juke Box et de son
tiroir caisse.

Un copain nommé lui aussi non loin de là avait tenu à venir
préparer le terrain en faisant la colo pendant l’été. Lui aussi avait
fait sa philo à Clermont. Lui aussi avait été remercié pour travail
insuffisant en terminale et s’en était rentré étudier et travailler….
au pays…le reste de son âge. Mais contrairement à son ami, il ne
devait pas, plus tard, préférer l’air du large outre marin à la douceur
bourbonnaise. Il ferait toute sa carrière dans le coin.

Cette soi-disant « douceur » du terroir était plutôt ressentie
comme un langueur mortelle par celui qui ne pensait qu’à aller voir
ailleurs si l’extase s’y trouvait. Il redoutait trop l’entrée dans
l’âge adulte pour souhaiter creuser son trou quelque part dans le
coin, se caser avec une fille dont il ne savait ce qu’il pourrait bien
partager avec elle à long terme.

Le copain qui avait été convaincu de faire la colo du Mayet
avec lui singeait à la perfection le premier ministre, quand celui-ci
avait appelé les parisiens à se rassembler au Bourget pour
empêcher les paras de débarquer. Pour amuser la galerie, à la
terrasse du boui boui tenu par l’incontournable Bobby, il répondait
aux dégoulinades nostalgiques du bistrotier en haranguant
l’assemblée attablée à la terrasse. Il invitait les clients à barrer
la route aux « rapatriés » qui menaçaient d’envahir la montagne et de
submerger les épiceries locales de leurs produits exotiques.
Il prononçait son discours en ouvrant les bras en V, comme le
grand Charles, et en déclamant : « Je vous ai compris ».

Bobby devait se taire devant le succès de l’orateur, qui était
applaudi et bissé à la fin de chaque prestation, et menaçait de
répondre à la demande générale du public si le patron ne cessait pas
de confondre le Mayet de montagne avec Bab El Oued.

Celui qui avait cloué provisoirement le bec à Bobby s’était
mis à fréquenter assidûment le bar, malgré son aversion pour les
discours Algérie Française du tenancier. Il louchait sérieusement sur
une des petites italiennes qui étaient attirées par la musique yéyé et
la petite piste de danse aménagée dans un coin de la salle.
On pouvait y danser le Twist et y frotter un peu, au rythme de Only you.
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Connaissant peu l’auteur (mais un peu quand même) et l’image que j’en ai gardé c’est plutôt celle de l’éducateur et enseignant en Algérie, pays où la mixité est loin d’être la règle et la femme aux yeux des hommes et surtout des adolescents une réalité bizarre que l'on cache et qu'on ne saurait voir. Cela m’a un peu perturbée de savoir que lui aussi a connu à un moment de sa vie et toute proportion gardée, ce rapport étrange à l’autre sexe.
Mais au fur et à mesure que j’avançais dans la lecture du roman, car c’est bien de cela qu’il s’agit, la force et la justesse des mots, la beauté de l’écriture, la capacité et la maîtrise de la langue française avec un grand F à s’enrichir par l’apprentissage classique, la rédaction du parler vivant ainsi que l'immortalisation des expressions populaires, l’intégration des langues étrangères et en particulier l’anglais m’ont transportée comme par magie et m’ont permis de voyager vers cette époque finalement très innovante : évolution vers une société ouverte, relations sociales, géographie des lieux, une description des paysages que seul un regard aiguisé peut en saisir les formes, les couleurs, le mouvement, l’Histoire se mêlant aux histoires des gens, le début de ce que sera la musique universelle
Un travail de recherche très fouillé, la capacité de l’auteur à nous faire plonger dans l’atmosphère des lieux et des personnages exactement comme si nous y étions. Bref, nous avons là un exemple réussi d'oser aborder un sujet délicat avec légèreté .... tout en assumant le langage cru!
L’écrivain revient sur cette époque qui n’est pas si lointaine et pourtant tellement incroyable! Il a su nous fait revivre ce que lui-même a vécu sur ce territoire au milieu d'autres adolescents au summum de l'âge ingrat.
Ce qui est extraordinaire, à la fois touchant et intelligent, c’est que le romancier replonge dans son passé et décrit les événements avec la même fraîcheur d’antan comme s'il en était le témoin à la fois naïf et curieux et nourri de toutes ses expériences d’homme qui a traversé les époques.
La narration n’obéit pas vraiment au classique triptyque introduction / Développement / dénouement de la narration. Peut-être, l' histoire est trop longue, la fin sans intrigue voire plate. Peut-être!
Mais personnellement, j’en ressors attendrie par ces adolescents et à la fois avec la certitude d’avoir fait un long voyage.
Merci! "

Auteur : Oumel Nafa
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