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Citations de Jean-Claude Guillebaud (117)


Jean-Claude Guillebaud
Ce qu'on appelle le social, ce n'est rien d'autre que la vie des gens. Elle est faite de déclassement ressenti, d'appauvrissement constaté, d'humiliation ravalée.
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Jean-Claude Guillebaud
(...) Cette prétendue "opinion" [de l'agence de notation Standard and Poor's,
accusée d'avoir porté une responsabilité spécifique lors du déclenchement de la crise bancaire de 2008]
- comme tant d'autres aujourd'hui - se présentait comme très scientifique parce que chiffrée. (...)
Tout cela nous ouvre les yeux sur ce qu'on pourrait appeler l' "intoxication comptable". Qu'est-ce à dire ?

Jour après jour, on nous abreuve de chiffres, de statistiques, de pourcentages, à telle enseigne que ce décompte obsessionnel se substitue à la pensée.
Tout se passe comme si les calculettes remplaçaient les cerveaux.

Certes, en temps de crise, de dettes et de chômage, les données arithmétiques sont importantes.
Il n'empêche ! Ce déluge de chiffres ouvre bien la voie à une bêtise du troisième type.
Appelons-la l' "obsession calculatrice" ou "la pensée du nombre".

On n'éprouve plus la valeur d'une société humaine, d'une parole ou d'une situation, on la mesure.
On l'étalonne. Taux de chômage, valeurs boursières, résultats d'exploitation, sondages, courbes de vente, taux d'intérêt, points d'Audimat ou quantité d'exemplaires vendus : notre rapport au monde (et aux autres !) se ramène à des nombres alignés. C'est fou !

Aucune société, avant la nôtre, n'aura été aussi frénétiquement obsédée par une approche exclusivement chiffrée et mesurable du réel. A 2 points de croissance, le bonheur sera là, mais au-dessous de 1,5, un grand malheur nous attend. C'est idiot. Et nous le savons.
Nous devinons que nulle vérité humaine ne procède des seuls chiffres. Nous ne sommes pas assez stupides pour croire que notre "moral" peut être indexé - comme le fait l'Insee - sur notre "envie d'acheter". (...)

Quelle société construisons-nous ? (...)

Le bloc-notes - Revue La Vie - 14 février 2013
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Jean-Claude Guillebaud
Ces longues journées de grèves et de manifestations, ces défilés de Français inquiets, ces souffrances sociales répandues : tout cela faisait contraste avec le ton qui prévaut désormais dans l'audiovisuel.
Le "rigolo" y règne du matin au soir et Laurent Ruquier, talentueux et toujours hilare, en est le symbole.
Il s'accorde avec le ton guilleret, sympa, primesautier qu'on retrouve à la radio comme à la télévision ; cette surenchère de voix flûtées, gloussements (...) ce parti pris de bonne humeur et de conseils bonasses. (...)

on devine des tas de conseils prodigués au jour le jour. Pas trop de sérieux, pas de "prise de tête", pas trop d'intellos, ni de savants patentés, pas de sujets sinistres (...) Avec les meilleures intentions du monde, on bâtit ainsi - mais en creux - une communication rose bonbon qui fait du "rêve" distribué à tout-va un objectif d'audience (...)

se rend-on compte de ce que dissimule, au final, cette stratégie du rigolo.
La bonne humeur obligée a ceci de commode qu'elle congédie la politique, le savoir, la réflexion, la contestation, la dissidence, l'info dérangeante, le débat, l'inquiétude, la colère et tout le reste.
Elle est cousine germaine du mensonge (...)

Bloc-notes - Revue La Vie - 4 novembre 2010
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Jean-Claude Guillebaud
La seule lumière qu’émettent encore l’Europe et l’Amérique s’apparente trop souvent à l’enseigne d’un supermarché.
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Le plus dangereux, (au sujet de la révolution biologique), ce n’est pas que nous ayons découvert l’Arbre de la connaissance mais que nous l’ayons « vendu à Wall Street ».

(Rapporté par Jean Cohen et Raymond Lepoutre. Tous des mutants, Seuil 1987)
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Si l'Occident est en crise, c'est parce qu'il a cessé d'exercer sur lui-même la capacité critique qui le constituait.
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Pour une communauté comme pour un individu, l'espérance n'est pas seulement reçue, elle est décidée. En nous souvenant des grands "optimistes" de jadis qui ont été capables de faire bouger l'Histoire, il nous incombe aujourd'hui d'être aussi joyeux et aussi déterminés qu'ils l'étaient eux-mêmes.
Je sais que nous en sommes capables.
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Le geste du paysan semant son grain dans l'espoir qu'il germe est assimilé au piratage d'un logiciel. Si le logiciel n'est pas "libre de droit" le semeur sera considéré comme un fraudeur.
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En suivant ces colloques [dès le milieu des années 1980, parfois à Stanford, parfois ailleurs ...], que la presse ignorait totalement d'ailleurs, dissimulant une vie intellectuelle riche, je me suis toutefois rendu compte que le savoir humain, en raison de sa complexité, se parcellise, se segmente, se spécialise.

(...) si vous voulez avoir une image un peu globale des choses, comprendre ce qui nous arrive, c'est très difficile car vous n'avez à votre disposition que des fragments de savoir, comme devant un miroir brisé.

Michel Serres, un grand philosophe qui, au début, m'a beaucoup aidé dans mon travail, appelait ce phénomène le "corporatisme universitaire".
C'est quoi, le corporatisme universitaire ? c'est cette ridicule idée (...) Cette espèce d'assignation de chacun à sa spécialisation empêche le savoir de circuler.
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« L’homme n’est pas devenu humain en rompant avec l’animal, et il accroît considérablement son humanitude en faisant la paix avec lui. L’animal doit d’abord être considéré comme un invité dans la maison de l’homme. » (Dominique Lestel « Faire la paix avec l’animal » Etudes juil/Août 2000)
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Ainsi le bavardage de l'époque se résume-t-il parfois de la sorte : s'il y a moins de croyances et moins de valeurs, il y aura moins de violences ; si'l y a moins de convictions, il y aura moins d'afflictions. Le relativisme, le désenchantement, l'indifférence seraient devenus le gage d'un monde pacifié.
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L’acte unique, en effet, voulu par François Mitterrand, était une imprudence, pour ne pas dire une faute historique. On jetait ainsi les fondements d’une guerre économique entre les peuples d’Europe dont nous ne sommes jamais sortis. Comme introduction à la « paix éternelle » en Europe, cela commençait mal. On se trouvait piégé en outre dans une contradiction ubuesque : comment faire du « plus » en additionnant du « moins » ? Comment instaurer une souveraineté plus forte en juxtaposant des souverainetés nationales rendues plus faibles ? Loin de nous protéger contre une influence venue d’outre-Atlantique la construction européenne en devint le cheval de Troie et fit entrer ce « modèle » chez nos, en contrebande. Le centre de gravité de la Commission de Bruxelles favorisa la chose. Au final, le « projet » européen devenait agressivement néolibéral, mimétiquement américain, vidé de son sens et étranger à la culture historique du continent ». Là aussi, vous indiquez un chemin « Plus question de commence par l’économie ou de miser sur une avant-garde de « bâtisseurs » en reléguant les peuples au second plan ; plus question de parier sur l’effacement programmé des nations ou d’oublier l’approche européenne de l’économie de marché Bref, le chantier est à nouveau devant nous. On appelle ça une refondation.
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Le nomadisme amoureux s'accélère et le temps d'usage (des corps) se raccourcit.

Nos sociétés si agressivement érotisées sont en réalité tenaillées par la hantise du non-désir.
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Comment pourrons-nous promouvoir les droits de l’homme si la définition de l’homme est scientifiquement en question ?
Comment conjurerons-nous les crimes contre l’humanité si la définition de l’humanité elle-même devient problématique ?
Cet immense paradoxe auquel nous voilà promis n’a plus grand-chose à voir avec l’ancien attachement « gentil » et débonnaire, pour l’humanisme des préaux d’écoles ; ce civisme rantanplan auquel s’abreuvent encore nos péroraisons politiques.
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On ne "perd" pas la foi comme on perd ses clés. Le mécanisme de la décroyance est plus obscur; il traduit une exténuation de la volonté, l'abandon plus ou moins conscient d'un engagement qu'on ne peut plus ou qu'on ne veut plus tenir. Ce n'est pas la foi qu'on perd, c'est la volonté de croire qui faiblit.
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L’espérance est comme une flamme qui, constamment renaît. On peut dire aussi qu’elle est une énergie profonde qui respire et pulse à la manière de l’océan. La désespérance survient quand toutes ces choses –pulsation, ressac- s’arrêtent. C’est le cas aujourd’hui. Mais qui donc a étouffé la flamme ?
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Les sociétés sans projet deviennent claustrophobes. Conjugué avec l'amnésie et l'inespoir, le" tout tout de suite" rallume la guerre des mots et la chamaillerie procédurale de tous contre tous.
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À celui qui ne jouirait pas d'une solide santé mentale, il faut déconseiller tout séjour prématuré à Bucarest.
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La pensée est en retard.
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On s'empoigne d'autant plus fort qu'on n'a pas l'esprit clair.
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