Rencontre animée par Jean-Claude Perrier
Festival Italissimo
Auteur d'une douzaine de livres traduits dans le monde entier, éditorialiste à La Repubblica, Paolo Rumiz est avant tout un écrivain voyageur. Reporter de guerre, investigateur de zones frontalières et de lieux oubliés, il a parcouru des itinéraires merveilleux, inconnus du tourisme de masse. Dans son dernier ouvrage, le Fil sans fin, il poursuit son errance en suivant les disciples de Benoît de Nursie, le saint patron de l'Europe : de l'Atlantique aux rives du Danube, un voyage spirituel à travers l'Europe des monastères, à la redécouverte de nos valeurs fondatrices.
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À lire
Paolo Rumiz, le fil sans fin, voyage jusqu'aux racines de l'Europe,
trad. par Béatrice Vierne, Arthaud, 2022.
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« La chanson est un art mineur », aimait à répéter Serge Gainsbourg, qui se fût préféré peintre ou écrivain, et péchait chaque fois par excès de modestie. Mineure aux yeux de certains, majeure en tant que vecteur de diffusion d’une langue, d’une culture, énorme en termes économiques, la chanson a marqué ce siècle comme nul autre. Elle accompagne nos vies, elle est le reflet d’une époque, des évolutions de la société, des goûts et des mœurs.
Je ne me prends pas pour un penseur ni un philosophe; je suis simplement un citoyen privilégié, engagé dans son époque, qui a l'occasion et le goût de voyager partout, la curiosité insatiable d'aller voir sur place les pays et les gens, et de raconter, de témoigner par écrit.
On naît indien, on ne le devient pas, ou avec d'extrêmes difficultés. De même que l’hindouisme, la religion largement majoritaire, ne fait pas de prosélytisme ni n'encourage les conversions.
p13
Contrairement à ce qu' on pourrait croire, les voyageurs sont souvent de grands mélancoliques, des âmes en peine, à la manière d'un Loti par exemple, ou d'un Chatwin, méditant sur la vanité des entreprises humaines, regrettant des paradis perdus et que les civilisations, si brillantes, fussent-elles, soient, elles aussi, mortelles.
J'ai pratiqué, moi, les écorchés à coeur ouvert, les indiens à plumes et à paillettes, les yeux pleins d'ivresse, la cigarette aux lèvres. Apaches vagabonds, assassinés de l'amour, princesses déchues et autres barbares assoiffés. p.149. "Les souterrains de Babylone", Lodewijk Allaert.
Toujours ce " choc", mais avec une sobriété, une économie de moyens exemplaires, servi par la toute puissance du noir et blanc.Prinvault, à travers cette cinquantaine de photos, à 34 ans, affirmait sa manière, sa filiation " humaniste " ( Cartier Bresson, Doisneau, Capa, Willy Roniw, Kertesz...), ainsi que son engagement.Photoreporter " débarquant " dans des histoires, certes, mais n'en sortant pas indemne.D'autant que la vie ne s'est pas vraiment montrée tendre avec lui.
( p.77)
Du milieu des années 90 au milieu des années 2010, Eric Prinvault a régulièrement montré son travail, soit en solo soit dans des expositions de groupe, ce dont témoignent quelques ouvrages collectifs. A son rythme, tout sauf stakhanoviste, et fidèle à sa vocation première, revendiquée,
" assumer le plus possible d'humanité ", comme disait Gide, et se ranger toujours du côté, aux côtés des plus démunis- immigrés, SDF, Roms, tribus de pêcheurs thaïlandais menacées par la mondialisation...-, montrer leur quotidien, dénoncer le sort qui leur est réservé, essayer de faire bouger les lignes. "Changer la vie", en quelque sorte.
(p. 121)
Ça se travaille l'imaginaire. C'est du muscle! On t'en donne à la naissance, les enfants jouent avec, et les adultes, eux, marchent dessus.p.156. "Les souterrains de Babylone" Lodewijk Allaert.
Les livres, pour moi, dès le début, constituèrent un refuge, un rempart contre un monde des adultes qui ne m'inspirait qu'une confiance limitée. Un remède aussi à ma solitude, puisque j'étais un enfant unique pris dans la tourmente d'une famille décomposée [...]. Dès que j'eus appris à lire, le livre m'est apparu comme un frère naturel. Les livres sont mon oxygène, mes guides tout au long de mon parcours. Je suis un voyageur de papier.
On a parfois qualité Gide d'auteur "impossible". Impossible à suivre dans ses nombreuses métamorphoses, dans tous les domaines où il est intervenu. Impossible à résumer, à synthétiser, tant son oeuvre est vaste et diverse, ramifiée. Impossible à ranger dans une case, qu'elle qu'elle soit et même dans une série de cases - il sont nombreux à avoir essayé de l'y faire entrer : en vain, toujours."