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Du fond de ma cabane - Eloge de la forêt et du sacré de Jean Désy
La beauté, sans cesse, demeure complice de la rêverie.
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Animation à deux voix (Marité Villeneuve et Jean Désy), avec musique et lecture de textes, notamment des lettres et des poèmes inédits de Paul Villeneuve (décédé en 2010), ainsi que des extraits du roman « Mon frère Paul » (Del Busso Éditeur) de Marité Villeneuve. Spectacle-hommage présenté dans le cadre de la 57e édition du Salon du livre du SaguenayLac-Saint-Jean le 1er octobre 2021. Captation : Groupe Photo Média international Production : Salon du livre du SaguenayLac-Saint-Jean Scénarisation et écriture des textes : Marité Viilleneuve Lecture des textes : Jean Désy et Marité Villeneuve Accompagnement musical : Frédéric Dufour Montage des extraits : Alain Bouchard
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Du fond de ma cabane - Eloge de la forêt et du sacré de Jean Désy
La beauté, sans cesse, demeure complice de la rêverie.
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Entre le chaos et l'insignifiance de Jean Désy
Tout à coup, j’ai vu Frédéric qui entrait […]. Il revenait tout juste d’un assez long séjour en Afrique pour le compte de Médecins sans frontières. […] Frédéric semblait posséder un bagage inouï d’histoires plus tragiques les unes que les autres. Soudain, Pierre s’exclama: «C’est comme si tu revenais de l’enfer!» «De la barbarie!», répéta Frédéric, ce qui mit le peintre en verve: «En t’écoutant, je me suis dit que c’était par amour que ton âme avait un tel besoin de risquer sa vie. Comme si l’âme manifestait de cette façon son pouvoir sacré sur la mort, pouvoir qu’elle ne peut exercer qu’en s’offrant à la mort avec un magnifique saut dans le vide sans filet.»
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Nunavik - carnet de l'ungava de Jean Désy
Le givre sur les pierres prenait les éclats de mon âme qui voulait valser dans les aurores bien au-delà de moi quand je vivais ces jours-là, extrêmement. Et moi, et moi, si plein de cieux bleus, si petit et si grand, moi-même changé en lac, si vaste et si creux, je buvais tous les jours le cristal des rivières et l'eau des ruisseaux. Je m'abreuvais à la source, je plongeais, je nageais, j'étais bien eau de glace, eau lustrale jamais tarie, eau forte de mes ivresses quand je vivais ces jours-là.
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Le coureur de froid de Jean Désy
Alex à mes côtés, sous l’appentis, accroupi devant un feu de petite joie fait de branches d’épinette, j’ai senti que ce n’était plus la conviction de ma survivance qui me dirigeait, mais ma fille à aimer, tout comme j’aimais le monde inuit. L’idée ne suffit pas pour survivre ; il faut la foi, irrationnelle foi en la folie amoureuse qui mène toute vie. (p. 73)
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Uashtessiu/Lumière d'automne de Jean Désy
Écrivez sur la neige… avec vos pas de nomade. Écrivez sur la neige avec votre rire qui fend la rivière. Écrivez sur la neige avec vous-même… (Rita) |
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Nunavik - carnet de l'ungava de Jean Désy
Dans la toundra j'existe, l'âme toujours en mouvement à partir du coeur. Dans quelle direction va mon corps, tremblant, prêt à ne plus exister après avoir tant aimé la simple odeur des feuilles, la frénésie des oiseaux en mai ? J'existe, moins que le temps des lumières ou des enfants bienheureux. Mais quand bien même j'aurais été conçu pour cesser d'exister, j'existerais dans l'éternité des pierres, sur la trace des loutres amusées, dans l'envol d'un uppialuk millénaire. Crier cette existence donne tout son sens à mon non-sens possible.
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Le coureur de froid de Jean Désy
Quand je me laisse emporter par le tourbillon de la vie humaine, je me sens exactement comme ce grand brûlé. Je n’ai plus d’âme ; je cours après mes jouissances dans des centres commerciaux et après mon repos dans des vidéos. Il suffit que certains patients passent tout près de leur mort et que je me sente responsable de leur mort pour que, chaque fois, j’aie envie de me rapetisser, de me sauver, de me libérer de ce poids de souffrance qui m’écrase le coeur et la tête jusqu’à la nausée. (p. 22-23)
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Du fond de ma cabane - Eloge de la forêt et du sacré de Jean Désy
Bien des technologies modernes restent fondées sur ce que George Steiner appelle « l'inhumanité des humanités ». L'humanité s'est inventé mille et une techniques pour se libérer d'un certain esclavage qui se fait sentir quand il faut chaque matin allumer le feu dans le poêle ou s'éclairer à la chandelle, mais l'humanité n'a peut-être fait que raffiner tous les esclavages.
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Nunavik - carnet de l'ungava de Jean Désy
La vie urbaine et sudiste oblige à devenir poète, artiste ou mystique pour ne pas perdre la fascination de l'universel et de la totalité, mais au prix de quels isolements, de quelles détresses ! Ailleurs, dans le Grand Nord, il n'y a pas que les poètes ou les artistes ou les mystiques qui accèdent à l'universel réconciliateur. Tout chasseur, toute pêcheuse, tout petit enfant, tout être encore doué du pouvoir d'émerveillement peut apprendre le métier de vivre. Quiconque possède l'isuma, l'«esprit» inuit, peut traverser sans danger une rivière à peine gelée pour aller admirer l'infini tout blanc d'un hiver éminemment confortable pour l'âme. Isuma : seul gage de la participation à l'universel, dans l'irrémédiable et apaisante unité. Contempler une aurore boréale, «entendre» une aurore de belle nuit, comme le dit Emily, poète inuite de Puvirnituk, c'est accepter la mort, tout au bout, avec plus que de l'apaisement : avec la joie de l'Unité cosmique retrouvée.
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Du fond de ma cabane - Eloge de la forêt et du sacré de Jean Désy
Vous aimez les arbres, surtout les grands, les gros, les vieux. Vous aimez caresser leur tronc. Vous imaginez la vie qui a pu se dérouler à leur pied, autour de leurs racines, sur leurs branches. Vous aimez enfoncer vos doigts entre les plaques rugueuses d'une écorce de pin rouge, comme si vous tâtiez les contours d'une petite éternité.
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À quoi a était soumise la famille Osborne ?