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Critiques de Jean Deviosse (4)
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Charles Martel

Bienvenue en Terra Incognita.

714....En Austrasie, ce royaume de l'est, bouclier de la Francie contre les hordes sauvages venues de Germanie, le rideau se lève sur un guerrier franc de 25 ans, un des premiers rouleaux-compresseurs de notre histoire...

La biographie est un genre complexe et difficile. Elle doit rester une description historique bien sûr, colliger et analyser les sources, les débarrasser des scories de la propagande, intégrer les dernières découvertes, se garder des jugements ou des interprétations hors contexte, éviter l'idéologie rétrospective...Souvent très instructives, les biographies peuvent être longues à lire et parfois très sèches.

L'auteur ici prend un chemin singulier. Il livre une biographie certes factuelle, mais pas seulement. " Jean Deviosse fut bon dans ses analyses, même quand il laissait un peu de côté l'histoire pour entrer dans la psychologie des personnages, ce qu'il savait faire," pour reprendre les mots même de l'historien François Sarindar. Et c'est vrai que l'auteur donne beaucoup de chair à ces fantômes oubliés et en moins de 300 pages, délivre une vraie saga de nouveaux rois maudits :

En préambule, le combats des chefs, entre les maires du Palais d'Austrasie et de Neustrie, Pépin de Herstal à l'est et Ebroin à l'ouest.

Mais aussi le combat des reines, entre Plectrude, la légitime, qui se rêvait nouvelle Brunehilde et sa rivale, la concubine favorite Alpaide, mère de Charles Martel ...qui est bâtard donc...

C'est aussi l'incroyable guerre de succession de Pépin d'Herstal qui porte au pouvoir un petit roi mérovingien de pacotille de 7 ans ( Dagobert 3) et son miniconseiller maire du palais du même âge ( Theodebald) avec grand-maman Plectrude dans le rôle de la " tutrice du tuteur".

Quelle vie que celle de ce Karl! Fortuna ou Dieu toujours à son côté... lors de son évasion du cachot où le jeta Plectrude, dans ses combats, ses victoires dont la plus célèbre, évidemment, fut celle de Poitiers en octobre 732 (ou 733) et que l'auteur nous décrypte longuement : ni escarmouche, ni point final mais vrai coup de marteau .

En conclusion, une passionnante biographie, très élaborée mais aussi "charnelle,"et accessible.
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Jean le Bon

Jean Deviosse a fait tout ce qu'il pouvait pour rendre justice à ce roi qui fut parmi les plus malchanceux et les plus décriés. Louable essai de réhabilitation que cette biographie de Jean II le Bon (1319-1364). Son père était Philippe VI de Valois et sa mère Jeanne de Bourgogne. Il se maria deux fois : avec Bonne de Luxembourg (la fille de Jean de Luxembourg, dit l'Aveugle, roi de Bohême, qui devait périr à Crécy en 1346), puis avec Jeanne d'Auvergne, et il eut treize enfants, dont Charles, son héritier, qui fut le deuxième, et Philippe, tête de série de la dynastie des ducs de Bourgogne issus de la dynastie des Valois. Le règne de Jean II le Bon fut placé sous le signe des difficultés. Et l'on se demande encore qu'est-ce qui le rendit si calamiteux ? C'est avant tout parce que l'installation des Valois sur le trône de France, à la mort du dernier des Capétiens directs en 1328, fut très contestée.

Fait chevalier en 1332 et duc de Normandie la même année, il découvre à cette occasion que la noblesse régionale, pour des raisons de commerce avec l'Angleterre, n'est pas insensible aux appels du pied du roi d'Angleterre. Son père, Philippe VI de Valois, prévoyait d'ailleurs de le mettre à la tête d'une expédition navale et terrestre en Grande-Bretagne, mais le projet "tomba à l'eau". Jean le Bon fit ses premières armes dans le Hainaut, en Bretagne contre

Jean de Montfort qui avait fait hommage lige a Édouard III d'Angleterre, et en Guyenne. Il connaît aussi son premier revers militaire à Auberoche, en 1345, face au duc de Lancastre. De même, en mai 1346, il échoue à essayer de prendre Aiguillon et doit fin août lever le siège, sans aucun résultat. Mis plus ou moins de côté après ces résultats manqués, il voit son père se faire battre à Crécy en 1346 sans rien pouvoir faire pour l'aider et reprend du service en 1347, poussé par ses amis de la puissante famille des Melun. C'est peu après qu'Humbert II de Viennois, poussé par la nécessité, accepte de céder le Dauphiné à la France, et Jean le Bon a l'occasion de participer aux négociations, notamment en Avignon. 1349 est aussi l'année où il perd sa première épouse, Bonne de Luxembourg ; l'année suivante, en 1350, il peut convoler en secondes noces avec Jeanne d'Auvergne.

1350 est l'année des tournants et des changements : Philippe VI de Valois décède le 22 août, et Jean II le Bon doit prendre la succession. Mais il a un rival en la personne de Charles de Navarre, petit-fils de Philippe IV le Bel par sa mère Jeanne de Navarre, qui ne va pas cesser de contester la légitimité des Valois. Cependant, Jean le Bon parvient à lui barrer la route en se faisant couronner le 26 septembre 1350 par l 'archevêque de Reims, qui est alors Jean de Vienne. Charles de Navarre avait beau avoir des soutiens comme les barons de Champagne, les marchands normands, le comte de Boulogne et l'université de Paris, cela fut loin de suffire. Une autre inquiétude était venue d'Édouard III, qui, lui-même petit-fils de Philippe le Bel par sa mère, Isabelle, la Louve de France, pensait pouvoir renforcer ses chances en se faisant reconnaître par des seigneurs français, comme Raoul de Brienne qui fut tiré des geôles anglaises pour servir les intérêts d'Édouard, mais qui avait à peine respiré l'air de la liberté recouvrée, qu'il fut mis sous écrou sur les ordres de Jean le Bon, sitôt revenu en France, puis jugé et exécuté de façon expéditive en novembre 1350. Les amis de la victime allaient bientôt aller grossir les rangs des mécontents et se rallier à Charles de Navarre.

Jean II le Bon avait beaucoup à faire sur le plan extérieur, mais aussi sur le plan intérieur. Pour juguler les risques d'inflation qui accompagnaient la propagation de la Peste et la multiplication des décès, il décréta le blocage des prix des denrées et des matières premières ainsi que le gel des salaires en janvier 1351. Il élargit aussi le droit de s'établir en ville comme artisan afin d'empêcher les membres de la profession déjà bien installés de faire flamber les prix. Sages décisions, mais qui allaient se révéler bien insuffisantes pour enrayer le phénomène.

De même sur le plan militaire, contrairement à une légende qui voudrait que le roi n'eût pas anticipé les désastres à venir, Jean II le Bon veilla à ce qu'une partie des impôts servît à recruter plus d'hommes sûrs et disposés à se battre jusqu'aux dernières limites et non à décamper la première alerte venue. En outre, pour fidéliser les chevaliers par une solde, il créa l'ordre de l'Étoile dans le but évident de concurrencer l'ordre de la Jarretière qui permettait à Édouard III d'attirer des nobles de l'ouest de la France, où il se trouvait avoir une grande influence sur les plans politique et économique. Le siège de l'ordre fut fixé à Saint-Ouen, donc à faible distance de Paris et surtout de Saint-Denis où l'on conservait les "regalia", insignes de la royauté indispensables pour le sacre des rois à Reims et où l'on trouvait l'oriflamme, fameuse bannière de guerre des monarques français au Moyen Âge. Pour Jean II le Bon, toutes ces initiatives n'avaient pour but que d'éviter de répéter, quand les hostilités reprendraient avec les Anglais, les erreurs commises à Crécy en 1346, devant l'archerie galloise. Les membres de l'Ordre de l'Étoile avaient donc pour consigne de mettre un peu de cohésion dans les rangs de l'armée française en donnant l'exemple du sérieux et en préférant l'efficacité à toute recherche d'acte héroïque isolé - prétention à la bravoure qui se faisait forcément au détriment de la discipline de groupe et de la stratégie d'ensemble. Les membres de l'Ordre devaient former le noyau d'une armée fidèle à son roi, et qui ne devait pas reculer devant l'ennemi, quitte à se faire tailler en pièces (ce qui, précisément, arrivera à Poitiers-Maupertuis en 1356 ; c'est bien là que le bât blesse dans cette organisation, qui conserve, quoi qu'en pense le roi, un reste de vanité chevaleresque ; le désastre de 1356 portera d'ailleurs un terrible coup à cette institution aussi bien dans son bien-fondé et dans son utilité que dans son fonctionnement).

Là ne s'arrêta pas l'esprit réformateur de Jean le Bon. Ne voulant pas se retrouver avec des hommes qui s'enrôlaient sous plusieurs bannières pour empocher plusieurs soldes - ce qui obérait les finances du royaume -, Jean II généralisa le principe de la revue de contrôle (la Montre, comme l'on disait à l'époque), qui obligeait le soldat à n'être l'homme que d'une seule compagnie, moyennant quoi on allait revaloriser ses revenus, et pour être sûr de chaque homme d'arme, on marquerait au fer son cheval. Cette mesure allait vers le mieux, mais les choses étaient encore loin d'être parfaites.

D'autant que le roi pratiquait une politique clanique, qui favorisait le parti des Melun-Tancarville et de Charles de La Cerda, son protégé, bientôt comte d'Angoulême et Connétable de France (1351), et humiliait ou vexait constamment Charles le Mauvais, roi de Navarre, au lieu de chercher à se l'attacher.

On connaît la suite : l'assassinat à L'Aigle le 8 janvier 1354 de Charles de La Cerda sur les ordres du frère du roi de Navarre, l'arrestation le 5 avril 1356 de Charles le Mauvais par le roi de France en personne au château de Rouen alors qu'il était l'hôte de Charles, Dauphin de France et duc de Normandie (action commise au mépris des lois de l'hospitalité), la désastreuse bataille de Poitiers- Maupertuis le 19 septembre 1356 face au Prince Noir, le fils d' Édouard III et l'envoi du roi en captivité à Bordeaux puis à Londres, sa remise en liberté conditionnelle sur gages contre le paiement d'une rançon au montant exorbitant, la jalousie de Jean II le Bon de voir son fils Charles - futur Charles V le Sage - apprendre à mener sa barque seul face aux revendications des États généraux convoqués pour financer la guerre puis gérer les conséquences de la défaite de 1356 et qui se montrèrent soucieux de l'emploi des deniers publics, les tentatives de renégociation du traité de Londres, qui allait être suivi du traité de Brétigny, aux clauses légèrement plus avantageuses pour la France. Jean II le Bon retournera finalement à Londres en janvier 1364, pour prendre la place d'un des principaux otages laissés en garantie, Louis d'Anjou, qui s'était volatilisé dans la nature, et pour remettre sur le tapis la question des conditions du traité. Il n'aura pas le temps d'approfondir le sujet et mourra à l'Hôtel de Savoie en avril 1364, là où s'élève aujourd'hui le Savoy. On ramènera sa dépouille mortelle à Saint-Denis.

Il faudra tout le règne de son successeur, Charles V, pour redresser la barre et reprendre aux Anglais le terrain perdu.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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Charles Martel

Très bon livre sur un personnage finalement si peu connu. Je lui préfère la plus récente biographie écrite par Georges Minois sur le même sujet mais il y a si peu d'historien qui ont écrit sur Charles Martel qu'il ne faut pas faire la fine bouche (seulement deux biographies en réalité, celle ci et celle de Minois).

On apprend a aller au delà du mythe et de la bataille de Poitiers que tout le monde connais pour s'intéresser aux autres aspects de la vie de ce grand homme.
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Charles Martel

Dans la bibliothèque de mon père,je suis tombée par hasard sur un livre d'histoire,la vie de Charles Martel et son oeuvre pour restaurer l'unité du royaume franc.Pourquoi ne pas lire la vie de cet homme qui fut le symbole de notre histoire,à l'origine des Carolingiens.L'auteur nous donne un récit captivant d'une société brutale,un mond barbare né des décombres de l'empire romain.Mais avons-nous vraiment changé ?
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