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Citation de Ledraveur


De la chimie du désir à l'alchimie de l'amour
L'amitié comme toute autre forme de compassion obéit aussi au principe de pénétration réciproque. Il n'y a pas d'amitié qui marche à sens unique : l'amitié ne fonctionne pas sur le manque mais sur le partage ; l'échange de don de soi fondé sur une connaissance de l'autre : « Parce que c'était lui parce que c'était moi. » Mais il s'y mêle toujours quelque chose de l'élément opposant — “posséder” ce que l'autre a en propre. Il y a donc de l'envie échangée dans toute amitié. Celle-ci est plus douce que l'amour, mais elle est moins généreuse.
Les premiers chrétiens ont inventé une troisième forme d'amour : l'amour du prochain, c'est-à-dire l'amour de tout le monde et de n'importe qui, ennemis compris. Ils l'ont désigné par le mot agapè (du verbe grec agapan qui veut dire « chérir ») que les Latins ont traduit par caritas qui donnera notre « charité », une des trois vertus théologales. Il s'agit d'un amour désintéressé, sans manque et sans concupiscence ; un amour pur, car situé bien au-delà du désir, sans utilité physiologique et appareillé à une joie détachée de la chair — ce que dément le proverbe : charité bien ordonnée commence par soi-même. Ce serait, dit Comte-Sponville, « l'amour que Dieu a pour nous, que Dieu est pour nous (“O theos agapè estin”, “Dieu est amour” selon l'évangile de Jean) [...]. Ce serait une joie, comme aurait pu dire Althusser, sans sujet, ni fin » — sans queue ni tête, en somme.
p. 129
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