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Citation de Ledraveur


Moralité
… j'ai affirmé à mon tour la présence vivante du diable, non certes comme une vérité révélée et un acte de foi, ce qui ne conviendrait guère à ma condition de biologiste féru de choses matérielles, mais comme une observation que chacun peut faire s'il veut bien renoncer à la représentation traditionnelle du diable qui continue d'encombrer les imaginations. Sous le prétexte que le port des cornes et de la queue est depuis longtemps passé de mode, on fait mine de le prendre pour un personnage de carnaval. Il est vrai, selon la fameuse observation de Baudelaire, que « la plus belle ruse du diable serait de nous persuader qu'il n'existe pas ».
La remarque est trompeuse, car elle fait de Satan un “esprit malin” animé par l'intention de faire le mal, utilisant au besoin la ruse pour parvenir à ses fins. C'est lui ôter la vie que de le faire passer pour un esprit. Il n'est plus alors qu'une construction de l'imagination : un ensemble de formalisations que la raison utilise pour combattre le Mal. Cet esprit-là n'est qu'une vue de l'esprit.
La position inverse, qui identifie le diable à la chair, ne vaut pas mieux. Le vivant n'y retrouve ses droits que dans une animalité repoussante et si le diable et la chair ne font qu'un, c'est parce que cette dernière a été corrompue jusqu'à la moelle par le péché originel. Il me faut le dire encore une fois, le diable n'est pas plus la bête immonde qui rampe dans le cerveau de l'homme qu'il n'est l'esprit désincarné du Mal.
En attribuant métaphoriquement au diable la triade vie, sexe et mort, je n'ai pas simplement fait appel à une figure de rhétorique pour désigner les caractères fondamentaux du vivant ; j'ai essayé de ramener l'impensable à l'obsédante et immanente présence de l'opposant.
p. 271- 72
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