AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean Dytar (153)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Vision de Bacchus

♫Vénus Vénus

Elle est née des caprices

Elle est née des caprices

Pommes d'or, peches de diamant

Pommes d'or, peches de diamant

Et ces cerises qui grossissaient lorsque...

La pluie et la rosée

Toutes ces choses

Guidées par une étoile

Guidées par une étoile

Première à éclairer la nuit

Vénus Vénus♫

Alain Bashung - 2008 -



La vision de Bacchus

Le Titien, et Giorgio le fils maudit

Ils sont tous là, ils sont reVénus

Les caprices , c'est fini

Fixer la beauté pour l'éternité

Renaissance d'une "Vénus endormie"

Vision sublime à chaque instant renouvelée

Ô mon beau miroir, le peintre vénitien y réfléchit

dans le creux d'une cuillère , image incurvée.

Tu le termineras quand des couleurs tu auras repris...

Giorgione(1477-1510) L'émotion picturale retrouvée.

Sens de l'espace et des volumes des peintres Toscans

Traitement des lumières aussi fin que chez les Flamands

BD riche en enseignement...Merci à Jean Dytar

Qui dit tard, recule sa montre avant d'aller au plumard 🥱









Commenter  J’apprécie          900
Les tableaux de l'ombre

Se promener dans un musée, en l’occurrence Le Louvre, et imaginer que les personnages des tableaux, surtout ceux devant lesquels les visiteurs passent sans s’arrêter, imaginer que ces personnages prennent vie, c’est le pari qu’a tenté et réussi Jean Dytar dans cette BD intéressante, amusante et instructive : Les tableaux de l’ombre.



Une classe est en visite au Louvre et voilà que le petit Jean est « oublié » dans une salle alors qu’il contemplait un tableau. Affolé, il tente de retrouver ses camarades. Une membre du personnel le rassure et lui demande d’attendre sagement dans une salle. C’est là que le miracle se produit : un joueur de mandoline le remarque, alerte ses voisins et l’aventure commence.

Nous sommes devant cinq petits tableaux, L’Allégorie des Cinq Sens, signés Anthonie Palamedes (1630 – 1640), et nous voilà partis pour toute une série d’aventures au sein du musée lorsque, la nuit, le calme semble régner. Pour ces personnages que personne ne remarque, c’est bien sûr La Joconde qui attire leur attention et attise la jalousie de certains.

Bien d’autres tableaux se font remarquer comme les portraits de Rembrandt ou Le Printemps d’Arcimboldo. Tout cela donne envie de visiter ou de redécouvrir ce fameux musée car même les nouvelles technologies s’en mêlent, les réseaux sociaux aussi !

D’image en image, de page en page, j’ai suivi avec intérêt les aventures de ces personnages qui discutent, se disputent, s’aiment, se jalousent, se révoltent, se calment et surtout réintègrent leur cadre d’origine à la fin de la nuit. Ils organisent même des fêtes dont l’entrée est soigneusement filtrée.



J’ai aimé le dessin de Jean Dytar, un auteur que je découvre pour l’occasion : visages simples mais très expressifs, rendu des tableaux réussi et couleurs attrayantes. Il a même réussi à inclure sa BD dans l’histoire avec ces gosses qui se découvrent dans l’album qui vient de sortir, devant cette fameuse allégorie, terme expliqué et commenté en fin d’ouvrage avec, en bonus, une page incitant au dessin d’une allégorie au choix du lecteur.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          766
Les Illuminés (BD)

Attention, pépite ! Quel magnifique album ! Celui-ci reprend quelques passages de la vie de Rimbaud, Verlaine et Germain Nouveau. Le titre leur va comme un gant. Il fait référence aux Illuminations de Rimbaud mais également à la façon dont ils étaient perçus dans la société.



Les dessins sont superbes, au service du scénario, changeant de couleurs suivant ce qui est raconté (allant du gris-bleu au sépia). Ils rappellent ce XIXe siècle dans lequel évoluait nos poètes. Les tranches de vie sont racontées pudiquement et finement. Si je connaissais nos fameux poètes maudits, j’en savais beaucoup moins sur Germain Nouveau, tombé un peu dans les oubliettes de nos jours. Merci à cet album de réhabiliter sa mémoire.



Voici un magnifique ouvrage à mettre entre toutes les mains !

Un grand merci à Netgalley et au Groupe Delcourt pour cette très belle découverte.
Lien : https://promenadesculturelle..
Commenter  J’apprécie          592
#J'accuse...!

C'est un auteur Jean Dytar que j'aime beaucoup et qui réalise une BD dans un format spécial du fameux « J'accuse » d'Emile Zola. C'est le plus grand scandale ayant marqué à tout jamais la IIIème République et cela concerne précisément l'affaire Dreyfuss. La France de l'époque était nettement antisémite ce qui ne présageait rien de bon pour le futur.



Je dois reconnaître que sur la forme, c'est vraiment soigné et original. La BD est enveloppée dans un coffret à ouvrir. Le format de l'ouvrage est à l'italienne ce qui change un peu. Les précédentes productions de l'auteur m'ont marqué comme « La vision de Bacchus » ou encore « Florida » sur des sujets toujours historiques.



A noter que chaque page est présentée comme sur un écran d'ordinateur ou à la manière d'un mail ce qui présente un certain anachronisme avec la fin du XIXème siècle mais c'est superbement bien transposé pour respecter le caractère de l'époque avec les bonnes manchettes de journaux. Cela apporte incontestablement un effet novateur.



Nous avons un officier de l'armée Alfred Dreyfus qui est injustement accusé de crime de haute trahison pour avoir communiqué à une puissance étrangère à savoir l'Allemagne des documents peu importants mais confidentiels. En réalité, c'est parce qu'il est juif qu'on le jette en prison sur l’île du diable en Guyane. Il est surtout jeté en pâture auprès d'une opinion public hostile car manifestement antisémite.



Même la présentation de cette affaire depuis ses débuts présente un caractère original avec ses témoins et ses dépêches qui défilent tout le long. On se rend compte que c'est la réussite de Dreyfus qui a alimenté la haine conduisant à son éviction. Visiblement, on était jaloux de sa femme, de son argent et de ses relations.



Le Ministre de la guerre le général Mercier est le principal accusateur qui a mis tout son poids dans la balance. Il ne cessera d'ailleurs jamais de clamer la culpabilité de Dreyfus jusqu'à son dernier souffle en 1921. On est quand même dans une société où on peut lire dans un article de journal: « La femme jugeant avec son cœur plus qu'avec son cerveau ne peut admettre en aucun cas le péché originel ».



Dreyfus a été reconnu coupable à l’unanimité et condamné à la déportation au grand soulagement du gouvernement et de l'armée et avec l'allégresse de toute une bonne partie de la population. Il y a également toute la détresse de cet homme au bord du suicide devant une condamnation aussi inique. Il a fallu la détermination de son frère Mathieu Dreyfus pour convaincre les intellectuels comme Emile Zola, Jean Jaurès ou Georges Clémenceau ayant une influence sur le public. Il faut savoir que cette affaire a profondément divisé la France en deux camps opposés.



En outre, la famille de Dreyfus a finalement réussi à identifier le véritable traître qui était le commandant militaire Esterhazy. C'est bien lui l'auteur présumé des lettres litigieuses mais il fut acquitté contre toute évidence pour justifier la bévue du procès de Dreyfus. Il y eu des clameurs dans toute la France du style « Vive l'armée ! A bas les Juifs ! ». On ne peut qu'avoir un regard de consternation sur cette triste époque.



A noter que le lieutenant-colonel Georges Picquart, chef du service des renseignements militaire qui avait permis d'identifier le coupable a été limogé par l'armée dont l'état major voulait empêcher toute reprise du procès.



Ce limogeage et cet acquittement scandaleux du coupable a ému profondément l'auteur de roman au sommet de sa gloire à savoir Emile Zola jusqu'ici peu investi dans cette affaire. A noter que l'écrivain n'avait jamais fait de politique. En résumé: condamnation d'un innocent et acquittement d'un coupable. Le doute commençait à s'installer en gagnant les esprits les plus éclairés.



En effet, c'est le « J'accuse » d'Emile Zola, cette lettre ouverte publiée dans le journal «l'Aurore » le 13 janvier 1898 à l'attention du Président de la République Félix Faure qui allait mettre le feu aux poudres. Zola a eu par la suite bien des problèmes avec la justice et il est contraint à l'exil pour échapper à des peines d'emprisonnement. Cependant, il restera pour la postérité le grand défenseur des valeurs de tolérance, de justice et de vérité.



Sur le fond, il faut savoir que cette BD est très bavarde. Cela peut durer des heures de lecture pour étudier le moindre document ou le moindre témoignage étayant les arguments de la défense ou de l'accusation. Au final, ceux qui ne sont pas juriste ou historien risque fort de s'ennuyer fermement. Je préfère l'indiquer pour des raisons d'honnêteté intellectuelle.



Cependant, c'est intéressant de suivre les différents rebondissements de cette célèbre affaire. Le premier procès a eu lieu en 1894. Il a fallu 5 ans de combat pour qu’une révision du procès ait lieu. Alors que tout les espoirs étaient permis, ce second procès de 1899 confirma la condamnation de Dreyfus avec l'admission de circonstances atténuantes réduisant la peine.



Heureusement qu'il y eu la grâce du nouveau Président de la République Millerand convaincu de l'innocence de Dreyfus. La justice n'avait visiblement pas fait son travail. Cependant, Dreyfus était désormais libre, prêt à continuer de se battre pour la réparation de l'effroyable erreur judiciaire qui lui imputait un crime commis par un autre. Il faudra encore attendre l'année 1906 pour la reconnaissance pleine et entière de l'innocence de Dreyfus.



Au final, c'est un très beau travail qui a demander des heures de recherche historique pour une mise en image assez élaboré. C'est sophistiqué sur une vieille affaire qui a été quand même un vrai scandale. Ce n'est pas inutile de montrer comment un gouvernement ou une autorité militaire peut manipuler les juges ou l'opinion publique. Cela peut être toujours d'actualité.



Je retiens que c'est le fameux « J'accuse » qui est le symbole du pouvoir de la presse au service de la défense d'un homme et de la vérité. C'est un formidable album que nous offre là Jean Dytar !
Commenter  J’apprécie          579
La Vision de Bacchus

C'est dans un bien triste état qu'Anna retrouve son fils, Giorgio, en ce matin d'octobre 1570. Grand peintre, il s'enferme de plus en plus dans son atelier, ne consacrant son temps qu'à son art. De surcroit, atteint de la peste, une forte toux l'encombre. Il sait que son heure est proche. Avant de mourir, il se confie à son maître Bellini et lui avoue qu'il tient à finir son tableau. Il tient à faire ressortir toute la vie et toute la magie qu'il a pu ressentir le jour où il est tombé sur une œuvre d'Antonello de Messine. C'est grâce à lui qu'il a su qu'il voulait se donner corps et âme à la peinture...

En 1475, Antonello de Messine vient s'installer à Venise. Alors qu'il rapporte avec lui un tableau qu'on lui avait commandé, le Duc de Bari tombe sous le charme du coup de pinceau et lui réclame aussitôt de faire un portrait de lui. Antonello, qui vient d'inventer une toute nouvelle méthode pour peindre, demande au Duc de lui accorder 20 minutes. Très vite, l'on parle de ce jeune peintre dans toute l'Italie, même le Duché de Milan a fait appel à ses services. Que son talent soit tout simplement reconnu ou jalousé...



Une œuvre dans une œuvre...

Jean Dytar s'empare de l'histoire d'Antonello de Messine, grand peintre italien de la Renaissance reconnu pour la luminosité, la vie et la pureté dans ses œuvres. Il voulait atteindre la perfection avant tout et fut le créateur de nouvelles méthodes et l'introducteur de nouvelles techniques de travail (utilisation de lentilles, de miroir ou de peinture à l'huile). Influencé par ce dernier, l'on suit aussi le destin tragique de Giorgio. Jean Dytar, introduisant quelques histoires d'amour, de jalousies ou de drames réussit à étoffer cet album en suscitant l'intérêt du lecteur. Une mise en page dynamique et variée, des jeux d'ombre et de lumière resplendissant, des destinées incroyables et passionnantes, un coup de crayon éclatant, l'auteur sensibilise le lecteur à la peinture italienne dans cette œuvre dense et riche de façon subtile et séduisante. L'on ne peut s'empêcher, une fois cet album refermé, d'aller admirer "La Vénus endormie"...



La vision de Bacchus... tout un art...
Commenter  J’apprécie          540
Florida

La BD historique « Florida » est signée Jean Dytar et elle est paru aux éditions Delcourt/Mirages. Après « le fleuve des rois » chez Albin Michel de Taylor Brown, voici que cette jolie BD aborde, elle aussi, l’histoire tragique du cartographe huguenot Jacques Le Moyne de Morgues parti dans une expédition française, pour fonder une colonie en Floride, en 1562. C’est un échec car les Espagnols attaquent et massacrent les Huguenots qui vivaient dans la colonie. Seuls deux personnes reviennent de Floride après de multiples péripéties : Laudonnière, l’un des deux chefs de l’expédition et Jacques Le Moyne, le cartographe. Les Guerres de religions battent leur pleins, l’annonce de la Saint Barthélémy le 24 août 1572, à Le Moyne, réfugié en Angleterre avec sa famille, est d’ailleurs le point de départ de l’histoire racontée dans « Florida. » Avec cette BD vous allez découvrir la vie de cet homme qui, une fois rentré de Floride, ne veut plus entendre parler de cette expédition. Il est traumatisé, et on le serait à moins, par ce qu’il a vu là-bas, la cruauté des Espagnols catholiques face aux huguenots. Peu à peu, après un lent processus de maturation dû à sa formidable épouse Eléonore, Jacques Le Moyne va réussir à raconter son histoire. C’est un homme rongé, hanté par les atrocités vu là-bas aux Amériques, qui se refuse à aborder ce pan de sa vie malgré la pression de nobles anglais qui souhaiteraient, à leur tour, monter une expédition pour établir des colonies en Amérique. Pour cela, ils ont besoin des cartes et de toutes les informations dont dispose Jacques Le Moyne. Une toile de fond historique dense et passionnante, où l’on découvre l’importance de l’imprimerie qui permet de diffuser les idées et ainsi d’influencer les puissants mais aussi l’opinion qui en est à ces balbutiements. Une BD aux jolies illustrations tantôt dans des teintes bleutée et verte pour montrer les souvenirs de Jacques Le Moyne, ou bien encore marron pour définir le temps présent de celui-ci. Eléonore a grandi à Dieppe dans l’atelier de cartographie de son père. Un lieu où travaillait souvent Guillaume Le Testu qui dessinait alors sa cosmographie pour l’amiral de Coligny. On apprend beaucoup d’éléments sur l’élaboration, la planification de ces longues expéditions, aussi aventureuses à l’époque que les voyages spatiaux d’aujourd’hui. Si vous aimez l’histoire ou que vous êtes tout simplement curieux, épris d’aventure, alors cette BD est faite pour vous.
Lien : https://thedude524.com/2021/..
Commenter  J’apprécie          440
Les Illuminés (BD)

Club N°55 : BD sélectionnée

------------------------------------



Les dessins et couleurs retranscrivent parfaitement les pérégrinations des 3 poètes, notamment celle, météore de Rimbaud.



C'est subtil et cela reste un remarquable moment de lecture.



Wild57

------------------------------------



Les Illuminés, ce sont les trois poètes : Verlaine, Rimbaud et Nouveau.



Leurs relations, leurs liaisons, leurs complicités et duplicité également.



Un jeu de couleurs implique une lecture double, deux histoires en simultané.



Pas toujours facile à suivre mais très intéressant.



Les dessins sont magnifiques.



Virginie

------------------------------------


Lien : https://mediatheque.lannion...
Commenter  J’apprécie          430
Les tableaux de l'ombre

Visite scolaire au musée du Louvre.

Un petit garçon se laisse distraire en voyant la brodeuse de Vermeer lui sourire, perd le groupe, s'attarde devant 'L'allégorie des cinq Sens' (Anthonie Palamedes, vers 1630-1640).

Et voilà que les tableaux du Louvre prennent vie. Certains personnages s'indignent de laisser les visiteurs indifférents - LA vedette des lieux étant évidemment la Joconde.

Ça papote, s'invective et complote, ça prépare même une petite révolution, des têtes vont peut-être tomber...

Et le plus mignon dans tout ça, c'est que certains descendent de leur cadre et se baladent, gardant la taille et l'apparence qu'ils ont sur le tableau :

« Tu savais qu'elle [la Joconde] était en fauteuil roulant, toi ?

- Ah bon ?

- Oui, elle n'a pas de jambes…

- Sûrement un oubli du peintre. Il paraît qu'il ne finissait pas toujours ses œuvres, Léonard… »



Cet album plein de bonnes trouvailles donne envie de s'intéresser davantage aux arts plastiques, et invite à réfléchir au succès des œuvres les plus populaires.

Les multiples mises en abyme sont amusantes : on entre dans les tableaux, et même dans les tableaux des tableaux, et on en sort par le biais de différents supports, de la BD à Youtube via la photo (et l'incontournable selfie, évidemment).



Une visite au musée réjouissante.



>> https://www.youtube.com/watch?v=XRs-Q8JIjwo
Commenter  J’apprécie          401
Florida

ILS PARTIRENT 500...



C'est l'histoire d'une terre.

C'est l'histoire d'une femme.

C'est celle de son époux, malgré lui.

C'est aussi l'histoire d'un drame universel : la découverte puis - surtout- la colonisation destructrice de l’Amérique.



Nous sommes au XVIème siècle. En France, les huguenots essaient de survivre contre la ligue et selon le bon vouloir du Roi. La Saint Barthélémy n'est plus très loin de l'histoire dramatique des hommes. Quelques intrépides, sous le commandement du célèbre Amiral de Coligny, vont se lancer dans l'aventure : servir de tête de pont à leur royaume mais surtout, sans rien en dire vraiment, à leurs coreligionnaires, pour fonder une nouvelle Jérusalem de l'autre côté de l'Atlantique.



Bien sûr, l’appât de l'or n'est pas pour rien dans cette décision. Il y a aussi qu'espagnols et portugais sont déjà durablement installés plus au sud. Mais ces terres nouvelles fascinent. Ainsi en est-il de cette jeune femme, Eléonore, qui va bientôt épouser Jacques Le Moyne de Morgues, un cartographe plein de promesse, pour peu qu'il accepte de partir à l'aventure, se faire les yeux et les oreilles de cette jeune femme intrépide malheureusement née en des temps où une femme n'a guère de liberté.



Jacques va vivre de l'intérieur cette malheureuse et lamentable tentative de colonisation : mal commandés par un chef tyrannique, Jean Ribault, mais surtout peu préparé à ce qu'ils allaient rencontrer, apprécié de René de Goulaine de Laudonnière, l'aventure d'abord pleine de promesses va très rapidement s'enliser puis tourner à la catastrophe. Tellement certains de leur supériorité sur les autochtones "indiens", les français vont être en réalité totalement manipulés par les caciques locaux. Pire : à force de vouloir jouer au plus malins, ces amérindiens non seulement pas idiots mais surtout comprenant que cette poignée d'étrangers essaie de les doubler, vont les laisser totalement tomber.



La faim, l'ennui, les révoltes et surtout l'arrivée d'espagnols sans foi ni loi - malgré la paix signée entre Royaumes de France et d'Espagne - vont avoir, tragiquement, raison de cette poignée de colons.



Jacques Le Moyne de Morgues va être des très rares survivants de cette tentative atroce. Sur les sages conseils de Coligny, il va s'exiler en Angleterre : grand bien lui en fera, il échappera ainsi à la folie de Charles IX et les visées politiques de sa mère Catherine de Médicis. Mais il se refusera à tout souvenir, à tout témoignage direct autre qu'une carte approximative abandonnée à un lettré proche du Roi, tandis que l'intégralité de ses croquis auront été détruit avant sa fuite des Amériques. Sa femme semble avoir tout fait pour réintégrer son mari dans le fil de l'histoire afin de lui rendre l'hommage qu'il méritait.



Jean Dytar fait de cette mésaventure tragique une sorte de parabole terrible de la colonisation du continent américain. Sa plume tout autant que son trait (d'une immense finesse) n'ont de cesse de nous rappeler que nous n'avions rien à faire là-bas ! Que nos élites de l'époque ne se sont guère souciées des peuples déjà présents - lesquels étaient aussi roués, velléitaires , guerriers, orgueilleux que nous, n'était la différence technologique qui finit par être à notre avantage -, de ses croyances, de ses habitudes, de ses envies.



Il est terrible de comprendre, en filigrane, que cet échec atroce, exclusivement dû à l'impréparation des colons et aux velléités guerrières des espagnols - d'autres colons, donc - n'est que le prémisse aux atrocités à venir sur cette partie nord du continent nouveau (en ce qui concerne le sud, c'est hélas déjà fait, pour l'essentiel).



Mais Jean Dytar ne s'arrête pas là dans sa compréhension d'un monde achevé et bientôt moribond : il montre ce que cette époque pressent de nouveauté par rapport à ce que l'on a longtemps appelé "le beau sexe". Certes , il faudra encore longtemps pour que les femmes puissent avoir le commencement du début d'une liberté vraie sans forcément en passer par un homme (père, frère, époux, fils), mais cette Eléonore est un modèle d'un genre nouveau qui semble en appeler à une autre manière de considérer les femmes au sein de la famille. Ce n'est bien entendu qu'une illusion, mais elle n'est pas neutre.



Quant aux amérindiens...



Il faut lire l'ouvrage, ainsi que les magnifiques reproductions, totalement apocryphes mais historiquement vraies, de la fin de l'album pour comprendre à quel point le hiatus entre la civilisation européenne de l'époque et la civilisation amérindienne était impossible à combler.



Il faut aussi noter la délicatesse du dessin de Jean Dytar, (les aquarelles succèdent aux dessins à l'encre colorisés par l'auteur), leur puissance d'évocation, leur capacité à rendre une époque aussi révolue que méconnue, la naïveté fausse des portraits qui donne vie à des êtres - connus ou non - de manière absolument convaincante.



Beaucoup de questions subsistent, et qui se profilent tout au long du livre. De ces questions que l'on doit se poser, malgré le passage des générations. Le sentiment d'un immense gâchis aussi, fruit de l’orgueil incroyable de nos pères, de la méconnaissance des hommes, de la volonté toujours plus grande de puissance.

Un jour, peut-être, serons-nous les amérindiens d'une autre colonisation........
Commenter  J’apprécie          380
La Vision de Bacchus

En ouvrant ce roman graphique, j'ai tout de suite été saisie par la beauté des dessins et des couleurs employées, un vrai coup de coeur. C'est en effet, un certain défi pour un auteur de BD de se frotter à l'univers artistique très perfectionniste des peintres du Quatrocento.

On est très vite embarqué dans la Venise de la Renaissance, avec des reflets en touches impressionnistes dans l'eau du grand canal, sur les traces du peintre Giorgione dont on va nous conter une histoire qui commence par la fin.

Jean Dytar évoque les frères Bellini, Antonello de Messine, la vie dans les ateliers d'artistes et les rivalités qui opposaient ces génies pour obtenir la faveur des grands mécènes et la responsabilité des chantiers. Il nous parle de leur souci de rendre la peinture vivante, et troublante de vérité, pour celui qui la regarde, et des nombreuses trouvailles pour approcher cet idéal comme la camera obscura.

C'est une histoire d'amour triste qui conduit du Sicilien à Giorgione, avec deux femmes, Anna et Claudia, un vieillard obsédé par la fuite du temps, des fils rebelles, qui amène à des oeuvres magnifiques du patrimoine mondial.

La création est un petit miracle au carrefour de la sensibilité d'un être humain, de son histoire personnelle et de l'idéal d'une époque. Ainsi par delà les siècles, ressentons-nous toujours autant d' émotion devant "la tempesta" et la "Venus" de Giorgione.

Un grand merci à un passeur de lecture au goût très sûr, pour avoir mis sur mon chemin cette oeuvre qui a obtenu le prix de la BD historique en 2014.
Commenter  J’apprécie          360
Les Illuminés (BD)

Quel crime ce serait, d’avoir ce manuscrit en mains et de ne pas l’imprimer…

-

Ce tome correspond à une biographie d’une partie de la vie de trois poètes à la fin du XIXe siècle. Sa parution initiale date de 2023. Il a été réalisé par Laurent-Frédéric Bollée & Jean Dytar pour le scénario, et par Jean Dytar pour les dessins et les couleurs. Il comporte environ cent-cinquante pages de bande dessinée. En fin de tome, sont récapitulés les poèmes dont des extraits figurent dans le récit : Ô saisons, ô châteaux (Arthur Rimbaud), Fin d’automne (Germain Nouveau), Matinée d’ivresse (Arthur Rimbaud), Il pleure dans mon cœur (Paul Verlaine), Parade (Arthur Rimbaud), Un grand sommeil noir (Paul Verlaine), Très méchante ballade d’un pauvre petit gueux (Germain Nouveau), Dernier madrigal (Germain Nouveau), un extrait de lettre de Verlaine à Rimbaud du douze décembre 1875, un d’une lettre de Nouveau à Mme Nina de Villard, et un extrait de la préface de Verlaine à la première édition des Illuminations en octobre 1886.



Germain Nouveau est installé sur l’un des bancs en pierre intégrés à la façade de la cathédrale d’Aix en Provence, alors qu’une femme s’approche pour entrer. Un jour de septembre 1872, Germain Nouveau marche dans les rues de Paris, se dirigeant vers un café où l’attendent d’autres artistes. Il passe devant une libraire appelée Livre moderne et ancien. Il entend une voix l’interpeller depuis une fenêtre du premier étage. Une femme lui fait observer qu’il n’y a pas que les nourritures spirituelles dans la vie. Elle lui demande s’il ne veut pas effeuiller autre chose que les pages d’un livre. Elle trouve qu’il s’exprime avec un bel accent du Sud, elle en déduit qu’il débarque à Paris. Elle continue : s’il change d’avis, qu’il n’hésite pas à revenir. Le poète parvient au café et y pénètre : il est salué par Paul Cézanne qui le présente à ses deux amis. Il lui commande une absinthe. Ils discutent et l’un d’eux informe Germain que Rimbaud a quitté Paris, avec cette crapule de Verlaine : ils sont partis pour Bruxelles. L’autre ami indique qu’il voit bien qui est Verlaine, un grand poète, en revanche il ne voit pas du tout qui est Rimbaud.



Ce même jour de septembre 1872, un navire à Vapeur accoste à Douvres : Arthur Rimbaud et Paul Verlaine font partie des passagers qui débarquent. Ils se rendent à la gare pour prendre le train de Londres. Ils s’installent dans un compartiment déjà occupé par un homme, puis une femme entre et les salue en s’installant. Lors du trajet, Verlaine demande à son ami s’il aime Douvres. Rimbaud lui répond que non, et que Bruxelles avait fini par le faire bâiller d’ennui. Verlaine estime que son compagnon n’ait jamais satisfait. L’autre répond par un extrait de poème : Ô châteaux, quelle âme est sans défaut ? Il continue : parfois il a l’impression de se faire traverser par des tourbillons de mots. Jusque-là, c’était comme s’il laissait venir à lui les visions. Il les attrapait. Puis il tentait de les dompter avec les mots. Mais désormais, ce sont les mots qui semblent précéder ses visions. Il voudrait ne plus avoir peur de leur lâcher la bride. Qu’ils soient plus libres, plus fougueux ! Sans aller n’importe où… Seulement il faut qu’il accepte de perdre un peu de contrôle.



Il se dit que les recueils de poèmes sont les livres qui se vendent le moins : le lecteur salue le courage de ces auteurs qui évoquent un passage de la vie des trois poètes dont deux sont passés à la postérité, connus par le grand public : Paul Verlaine (1844-1896), Arthur Rimbaud (1854-1891), le troisième, moins connu, étant Germain Nouveau (1851-1920). Ce tome se compose de dix chapitres, couvrant une période allant de 1872 à 1877, les deux derniers se déroulant une dizaine d’années plus tard en 1886. Le lecteur familier des deux poètes les plus connus retrouvent le fait que le 10 juillet 1873, Verlaine tire sur Rimbaud avec un revolver, et il voit que le récit trouve une partie de son aboutissement dans la parution du recueil Les illuminations en 1886. En phase avec une écriture très spécifique pour la poésie, les auteurs ont imaginé une narration particulière : des pages divisées en deux ou trois parties horizontales. Dans le premier chapitre, la moitié supérieure de chaque page est parée de teintes entre gris et marron, et elle est consacré à Germain Nouveau qui rencontre Paul Cézanne dans un café, avec majoritairement deux bandes de cases. La moitié inférieure est dévolue au voyage d’Arthur Rimbaud et Paul Verlaine en Angleterre, dans des nuances tournant autour du vert bouteille, également majoritairement deux bandes de cases.



Le décalage poétique commence avec la couverture : trois personnes sous l’emprise de la boisson, vraisemblablement gaies, et certainement illuminées, avec une définition des détails qui semble un peu floue, vraisemblablement un pont de Paris avec son parapet et son lampadaire caractéristiques, et sa chaussée pavée en queue de paon, mais en même temps le lecteur ne pourrait pas reconnaître le lieu exactement, ni même les personnages s’ils ne sont pas munis de leur accessoire (chapeau, pipe) dans une autre scène. Au cours du récit, l’artiste utilise cette gestion de l’imprécision pour différents effets : les visages pour laisser le lecteur projeter son émotion, la nature de certains revêtements de sol qui sont évoqués, certains arrière-plans en particulier dans les cafés quand l’intérêt du lecteur se focalise sur la discussion, et la mise en couleur. À part pour le dernier chapitre et pour les illustrations en double page du portail de la cathédrale Saint-Sauveur d’Aix-en-Provence (avec son tympan, son linteau et les montants sculptés), le dessinateur découpe chaque page par bande horizontale : deux ou trois, chaque bande suivant un ou deux des trois poètes. Pour chacune de ces bandes, une couleur est déclinée en plusieurs nuances pouvant s’échelonner entre le blanc et le noir, sans que ces deux extrêmes ne soient systématiquement présents. En outre, les dessins sont réalisés en couleur directe, sans recours à un trait de contour.



Pour autant, chaque scène fourmille de détails précis et concrets qu’il s’agisse d’une grande vue d’ensemble d’un paysage, ou d’un cadrage serré pour une discussion intimiste. Le lecteur éprouve une sensation de qualité quasi-photographique pour la finesse des sculptures décorant le pourtour du portail de la cathédrale Saint-Sauveur, pour les façades des immeubles parisiens, pour le quai de Douvres, pour la vitrine du café où Nouveau retrouve ses amis, les remparts de la prison de Saint-Gilles à Bruxelles, les immeubles face au Pont-Neuf, une vue de dessus à couper le souffle d’un escalier dans un immeuble, l’arrivée de trains en gare de Londres, l’échelle pour embarquer sur un ferry au départ de Livourne et à destination de Marseille, un désert de sable et de roches au Shoa, ou encore les chemins dans l’arrière-pays d’Aix-en-Provence. De même les personnages disposent d’une apparence spécifique qui permet d’identifier au premier coup d’œil chacun des trois poètes et Paul Cézanne, grâce à la jeunesse d’Arthur Rimbaud, et les barbes taillées différemment de Verlaine et Nouveau. La simple narration en deux ou trois bandes de couleur différente dégage une forme de diversité à chaque page, même quand l’une de ces lignes narratives repose sur une succession de champs et contrechamps en plan serré sur le buste des interlocuteurs. L’artiste sait concevoir des plans de prise de vue qui alternent plan fixe ou déplacement de caméra, maîtrisant ainsi la sensation de mouvement.



La structure du récit invite à comparer ce qui se déroule dans une bande narrative à ce qui se déroule dans une autre placée juste en dessous, avec parfois des similitudes directes dans l’action des personnages, parfois des jeux de réponse ou de contraste. Lors de l’avant-dernière scène, le lecteur découvre le sens de ces dessins en double page, en plan fixe sur le portail de la cathédrale. La dernière scène se déroule en deux temps, d’abord cinq pages de discussion entre Germain Nouveau et un éditeur, à raison de douze cases par page, réparties en quatre bandes de trois, puis une forme très libre sans bordure montrant le poète cheminant sur un sentier comme s’il se déplaçait sur la page elle-même. Le lecteur devient ainsi le témoin privilégié des discussions entre ces trois amis, sur la poésie, sur leur art, sur leurs limites, sur leurs frustrations et leur manque d’assurance, ainsi que de leurs voyages. S’il connaît un peu la vie de chacun, il repère plus facilement les moments ayant acquis une valeur de vérité historique et participant à la légende de ces poètes. Sinon, il prend les événements comme ils viennent, les déplacements, la conviction d’être un poète sans avenir, leur façon différente à chacun des trois, d’écrire, de pratiquer leur art, de ressentir l’acte de sculpter leur vision avec des mots. Il se rend compte que l’enjeu pour eux réside dans comment mener une vie leur permettant d’exercer leur art, et également en cohérence avec leur sensibilité artistique. Comment alimenter leur flamme sans se laisser gagner par la dérision ou la futilité de simples poèmes semblant en total décalage avec l’appréhension de la réalité par le reste du monde. En filigrane, il apparaît également la fragilité de leur entreprise, totalement soumise à des contingences arbitraires, à des mouvements d’humeur ou inspirations du moment aussi ténus que fugaces, en particulier pour ce qui est de la publication de leurs œuvres, et plus précisément pour Les illuminations.



Assurément des auteurs qui prennent le risque de sortir des sentiers battus. Tout d’abord par le choix de mettre en scène des poètes, en s’attardant sur les vicissitudes de leur vie. Ensuite par une narration visuelle mêlant précision et évocation, en deux fils narratifs simultanés sur la même page, avec une mise en couleurs déclinant une couleur en plusieurs nuances. Enfin en évoquant leurs atermoiements et leurs revers de fortune, faisant ainsi ressortir leur fragilité, et les différents paramètres qui concourent à rendre leur création artistique quasi miraculeuse, tellement de choses venant la contrarier, la fragiliser, l’empêcher.
Commenter  J’apprécie          350
Florida

Difficile de trouver les mots pour une BD de telle qualité ! On voit que l’auteur a fait un énorme travail pour retracer cette découverte de la Floride. L’histoire est construite autour de Jacques Le Moyne, cartographe Dieppois décédé en 1588. Il finira par confier à sa femme ce qu’il a réellement vécu : la peur, la faim, les massacres, etc. L’historique de la colonisation de l’Amérique est passionnant et captivant. Les dessins sont réalistes, les visages expressifs et les couleurs différencient bien les époques. Les dessins d’ouverture de chapitre sont des œuvres d’art.
Commenter  J’apprécie          332
Les Illuminés (BD)

Les illuminés, ce sont Paul Verlaine, Germain Nouveau et Arthur Rimbaud, trio de poètes plus ou moins acceptés par les autres artistes parisiens. Que leur génie soit reconnu ou que leur comportement soit méprisé, ils ne laissent pas indifférents. Dans ces quelques pages, les graphismes plus proches de vieilles photos que de dessins, tant ils sont précis sont simplement magnifiques et m'ont embarquée plus d'un siècle en amont. Par moment l'histoire entremêle deux récits simultanés reconnaissables par le choix des couleurs. Ce choix est d'ailleurs très astucieux pour mieux comprendre comment le destin de ces trois personnages s'entremêle et s'éloigne au fil du temps et des choix de chacun.

Une brillante découverte !
Commenter  J’apprécie          320
Les tableaux de l'ombre

La lecture de cette BD a évoqué de beaux souvenirs d'enfance lorsque ma soeur et moi allions à l'église avec nos parents et que l'ennui nous gagnant, on s'amusait à imaginer des histoires avec les personnages des vitraux.



Nous avions la même technique que Jean Dytar, nous inventions un scénario où les personnages figés, cloués sur ces vieux vitraux s'animaient d'une vie propre et partaient à l'aventure.



Le Louvre est un formidable silo pour aller puiser l'inspiration et les Editions Delcourt ont tout compris en donnant carte blanche aux bédéistes pour intégrer le célèbre Musée dans un projet s'adressant à un public plus jeune.

La question de la visibilité est un phénomène très actuel dans l'ère des réseaux sociaux, où des parfaits inconnus peuvent devenir célèbres du jour au lendemain.



En abordant ce sujet du décalage de notoriété parmi les oeuvres du Louvre, l'auteur ouvre une autre porte afin de laisser le passage et mettre en lumière les invisibles, les moins connus, ceux qu'on passe devant sans les voir, non pas par manque d'intérêt mais parce qu'ils sont écrasés par l'attention portée aux oeuvres plus médiatisées.



L'auteur s'amuse à faire ses détournements ludiques avec des grandes oeuvres de la peinture créant des passages très amusants et s'intégrant même de manière autobiographique.



Le tour de force est qu'il parvient à rentrer dans le monde de l'enfance en adaptant son langage, son état d'esprit, les gestuelles, la créativité propre aux enfants et la magie de « savoir faire semblant » capacité qui malheureusement possède une date de péremption.



Graphiquement ce n'est pas très recherché et assez caricatural, les personnages sont très simplifiés laissant plus de place à la narration et à la recherche d'une tonalité qui parle aux jeunes.



Une jolie promenade culturelle !





Commenter  J’apprécie          320
Les Illuminés (BD)

Quelle splendeur!



Les Illuminés Rimbaud, Verlaine et Nouveau, sont restés longtemps au chevet des illuminations. Germain Nouveau et Arthur Rimbaud bien sur entre 1872 et 1875 puis Arthur Rimbaud a délaissé ses poèmes et pris la route Verlaine et Nouveau ont eu à tour de rôle entre leurs mains le manuscrit ... qui ne sera publié qu'en 1895 à titre posthume.



Ceci précisé il n' ya plus qu'à se laisser porter par les mots, les scènes "polyphoniques" comme définies par les auteurs, jusqu'à la Montagne sainte Victoire qui résiste toujours à Cézanne. de Paris à Bruxelles, de Londres à Charleville, de l'Italie à l'Egypte , les dessins accompagnent les destins uniques de nos Illuminés quant aux mots ils se font poésie . Voilà j'ai apprécié cet album de la première à la dernière page, j'ai lu et relu certaines vignettes, me suis arrêtée sur les dessins . Bref que du plaisir et cerise sur le gâteau j'ai appris beaucoup . Merci Lydia pour ta critique enthousiaste !



Un immense merci aux éditions Delcourt pour ce partage via netgalley

#LesIlluminés #NetGalleyFrance !











Commenter  J’apprécie          320
Florida

Jean Dytar nous raconte la tentative de colonisation des Huguenots en Floride en 1642. Il prend le parti de raconter cette expédition comme un récit qu'on découvre plus de 10 ans plus tard, après le massacre de la Saint Barthélémy (1572). Jacques Le Moyne, un des rares rescapés, est réfugié en Angleterre, c'est un huguenot, dessinateur et cartographe qui depuis son retour, se contente de dessiner des fleurs décoratives. Le récit de l'expédition elle-même ne va de la page 80 à 160 sur 260 pages donc moins du tiers du roman graphique.



À travers la déprime du cartographe, on découvre les enjeux politiques du moment, en parallèle avec sa vie de famille. Sa femme ne comprend pas sa réticence à parler de son expérience, et les anglais voudraient obtenir des renseignement pour tenter à leur tour de coloniser cette région du monde, et surtout pour contrecarrer les Espagnols, bien implantés au sud de cette région (Cuba, Mexique).



Le dessin est travaillé au pinceau, dans les tons ocres pour les récits du présent, le trait est léger, les traits sont aussi réalisés au pinceau, donnant vivacité et spontanéité. Pour le passé, les flashbacks, pas de noir, tout est en lavis bleutés, plus brumeux, vaporeux comme les souvenirs.



L'auteur a choisi un faux rythme pour nous raconter cette histoire, en mettant un personnage secondaire, la femme de Jacques, au centre du récit. Jacques le Moyne étant déjà un personnage secondaire de l'expédition, la valeur du témoignage officiel s'en trouve amoindrie, Jean Dytar se permet de prendre un certain recul qui dynamise le récit et le renforce par la psychologie des personnages imaginée de façon contemporaine.



Vers la fin de la bande dessinée, des pages du livre publié à l'époque, “Brevis narratio eorum quae in Florida Americae provincia Gallis acciderunt” (1591) font le parallèle avec le récit que raconte Jacques le Moyne à sa femme, apportant une théorie intéressante et assez piquante sur les auteurs présumés de ce livre et sur comment l'Histoire est arrangée à des fins de propagande.



Mais la bande dessinée n'oublie pas de raconter les dangers, les risques de ce type d'expédition, les horreurs, et la violence, la préparation très hasardeuse, et aussi les contacts avec les indigènes et l'hypocrisie de la colonisation…



Jean Dytar n'a pas choisi l'option de l'aventure épique, pleine d'héroïsme mais au contraire, c'est un récit tout en retenue, en pudeur, plus sincère et au final plus réaliste, centré sur la psychologie de son personnage, un point de vue contemporain qui donne au final, un récit passionnant, troublant et édifiant, avec une véritable force romanesque.

Commenter  J’apprécie          312
#J'accuse...!

Depuis un certain temps, cette BD me fait de l'oeil. Mais je lui disais : « Mais non, regarde, tu es trop lourde, je suis déjà bien chargée, on verra plus tard ». Et puis, j'ai fini par céder, tant pis pour le poids.

La présentation est belle : une boite rouge vif ornée d'un doigt tendu accusateur.

La réalisation est mise au goût du jour : je suis devant un ordinateur, j'ai accès aux réseaux sociaux et à leurs likes, aux mails et à un trombinoscope. Des interviews ponctuent le tout.

Le "J'accuse" de Zola et l'Affaire Dreyfus, j'en avais bien sûr entendu parler. Mais je n'avais pas eu l'occasion d'approfondir l'histoire. Cette BD si épaisse ( 307 pages ), m'en a donné l'occasion. Mais loin de moi l'idée de vouloir résumer les faits, tellement il y a de rebondissements.

Toutefois, le titre "J'accuse" ne me paraît pas tellement approprié car il n'y en a qu'un court extrait. Je l'aurais plutôt appelée "L'Affaire Dreyfus".

Le récit en est très intéressant car il replace les faits dans le contexte historique de l'époque qui était terriblement antisémite. A ce point-là, je n'aurais pas cru. Les propos sont parfois insoutenables, de la haine à l'état pur. Affligeant, écoeurant, flippant. Et ce n'est pas pour rien qu'on appelle l'armée "La Grande Muette".

Les premiers à défendre Dreyfus, sont Bernard Lazare à travers trois mémoires et le sénateur Sheurer-Kestner.

Zola ne se lance dans la bagarre que le 13/01/1898 en publiant "J'accuse" dans le journal l'Aurore.

Il y a eu une grande agitation autour de cette affaire et le capitaine Dreyfus, gracié, ne fut réhabilité qu'en juillet 1906. Une vie, des vies, à jamais meurtries.

Une BD à lire pour tous ceux que l'Histoire intéresse.

Commenter  J’apprécie          290
La Vision de Bacchus

La vision de Bacchus est une très belle bande dessinée, elle se compose de beaux dessins et de jolies couleurs. Nous suivons deux histoires en parallèle. Un matin, Anna découvre son fils chez lui dans un état pitoyable. Il est terriblement malade mais il a une mission : finir le tableau de sa vie. Il veut prendre exemple sur Antonello de Messine, grand peintre de la Renaissance. Nous suivons l'histoire de ce Antonello qui a vécu une histoire similaire : il était malade mais sa passion pour la peinture était plus forte que tout. Je ne m'attendais pas au retournement de situation qui a lieu vers la fin de la bande dessinée, je ne m'en étais pas doutée une seule seconde. Ce roman graphique est à lire pour l'histoire qu'elle contient et la beauté des images.
Commenter  J’apprécie          280
Les tableaux de l'ombre

Ces tableaux de l’ombre, ce sont ses tableaux du musée du Louvre, trop petits, trop discrets, trop peu célèbres, ces tableaux devant lesquels on ne s’attarde pas, parce qu’il faut voir La Joconde, La Liberté guidant le peuple, Le Sacre de Napoléon…

Les personnages de ces tableaux de l’ombre discutent entre eux, faut-il se révolter ou accepter leur situation ?

Le graphisme mélange dessin classique de bande dessinée jeunesse et reproductions soignées des peintures, cela permet de s’intéresser à ces œuvres. Les personnages sortent de leur tableaux, on visite, on découvre, et on rit parfois, l’humour est léger, mais assez bien vu : avez-vous déjà imaginé les jambes de la Joconde ?

Le scénario nous offre une complicité entre les oeuvres et le public du Musée, ainsi qu’avec nous même, lecteur, en nous proposant une mise en abyme formidable, le scénario est très ingénieux, les personnages sortent parfois des tableaux, mais la bande dessinée aussi sort de son cadre, et les autres médias y entre, youtubeurs sont aussi à l’honneur.

Cette bande dessinée nous offre une formidable immersion dans le musée, dans les œuvres qui y sont exposées, en proposant une confrontation intelligente avec le lecteur, et surtout très actuelle, en lien avec les intérêts des enfants d’aujourd’hui.

C’est une visite de musée vraiment sympathique, elle donne envie de se rendre immédiatement au Louvre y retrouver ces tableaux de l’ombre, une bonne idée de lecture avant d’envoyer ses enfants au Louvre.
Commenter  J’apprécie          270
Florida

J'ai emprunté cette B.D. à la médiathèque pour sa magnifique couverture, en croisant les doigts pour que le contenu soit à la hauteur (la quatrième de couverture était trop sibylline pour se faire une véritable idée de l'intrigue). Et je dois dire que Florida m'a complètement séduite par ce récit très dense où la grande Histoire vient se mêler à l'histoire d'une famille londonnienne du XVIème.



Sur fond de tensions entre catholiques et protestants (qui servent à justifier bien des exactions d'un coté comme de l'autre), on découvre les rivalités entre les états européens pour la conquêtes de territoires et de richesses en Amérique. Plusieurs expéditions sont évoquées, mais à travers le témoignage bouleversant de Jacques Le Moyne, un personnage historique ayant réellement existé, c'est l'expédition française pour établir une première colonie en Floride qu'ont revit. Et ce n'est pas glorieux... Les conquérants sont poussés par une telle soif de l'or qu'ils négligent la survie des colons, manipulent les autochtones (ou du moins tentent de le faire), etc.



J'ai aussi beaucoup aimé les dessins qui ont une forte identité. Les personnages sont très expressifs malgré des lignes épurées et il y a un gros travail sur les couleurs pour créer deux vraies ambiance entre le sépia du présent en Angleterre et le bleu-vert du passé en Floride. Et les deux univers sont reconstitués avec le même soin, la même recherche du détail.



J'ai donc adoré cette bande-dessinée et j'ai bien l'intention de jeter un œil aux autres livres de Jean Dytar...

Commenter  J’apprécie          270




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Jean Dytar (517)Voir plus

Quiz Voir plus

A l'abordage : la mer et la littérature

Qui est l'auteur du célèbre roman "Le vieil homme et la mer" ?

William Faulkner
John Irving
Ernest Hemingway
John Steinbeck

10 questions
504 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , mer , océansCréer un quiz sur cet auteur

{* *}