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Citations de Jean-François Kervéan (38)


"Le bonheur ne fleurit pas pour ceux qui prennent des chemins obliques ".
Pindare , poète thébain.
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"Il est aussi dur d'aimer que de ne pas aimer".
Anacréon, poète lyrique ionien. 550.464 av;J.C-
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Une vidéo, neuf minutes cinquante-quatre secondes, sans provenance, titrée VTS 02 1 CUT, que je n’ai jamais vue, même après avoir retourné toutes les archives de l’INA. Visionnée seulement six cent cinquante fois. Pour moi : six cent cinquante et une.
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"Le courage n'est rien sans la réflexion ";
Euripide.
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« Sur ce bout de terre, entre ces hommes de paradoxes va naître par soubresauts, par idéal autant que par désespérance : la Démocratie. »
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Un petit lapin.

Debout dans la luzerne, P’tit Louis enguirlande son épagneul. Le lapin dans une main, de l’autre il bat sa chienne à coups de chapeau.

— Vilaine Friponne, voilà que tu l’as brisé !

Sans oser toucher l’animal, son index effleure le trait charbon de ses oreilles, sa truffe toute mignonne. Sur le dos, le lapin le fixe. Sa patte tressaille. Dans son œil brun-bleu s’ouvre une taie plus claire qui le grignote comme un microscopique nuage de lait dans un nuage de lait. Les secondes se fractionnent en milliers d’instants bien plus brefs. C’est l’invasion, la douceur de l’arrachement. L’œil est envahi lentement, puis s’éteint. L’effet ressemble au fermoir d’un collier, sans bruit, un clic d’abandon transforme le lapin en une chiffe entre ses doigts, au milieu d’une platitude écœurante. Le lapin n’est plus là. Plus nulle part, pense Louis. La disparition mécanique de la vie, réduite à son dernier souffle, l’épouvante. Au-delà du ciel ne gît qu’une autre couche de ciel, sous la terre de la terre et partout du vide. Il mord sa lèvre avant de m’appeler de toutes ses forces et je viens.
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Son siècle l’a trouvé beau, moi non. Je ne ressens pas d’attrait. Désirer est un élan et je ne m’élance pas. Le temps est mon unique sentiment. En plus du jour et de la nuit, Louis s’est mis à former la montre de ma vie. J’ai cessé d’exister seule, le voir me comblait et m’annulait. Comme les autres, cet homme voulait être aimé et rayonner – phosphorer, disons. Longtemps, j’ai cru qu’il ne connaîtrait pas la nécessité du lien, qu’il n’en serait que l’objet, le répondant. Tant de gens ont le verbe aimer à la bouche quand leur bouche, comme le reste, n’est qu’un trou.
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Si les métamorphoses venaient en mangeant du melon, ça se saurait.
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« L’Empire Romain inventerait bientôt l’Amour au sens où on l’entend encore, mais « tout ce qui fleurit à Rome a germé en Grèce.» L’Amour, comme le reste, est venu cinq siècles avant le Nazaréen…Pas plus facilement que la Démocratie.»
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Pendant les cinq cents ans que durera la civilisation grecque, la terre, les ressources, les hivers ne furent pas plus facile ni cléments que durant les siècles suivants. Pourtant leurs annales évoquent rarement une famine. Chez les Grecs, si imparfaits, on pouvait manquer, avoir le ventre vide mais pas au point d’en mourir au porte de ceux qui mangent. Au temps modernes, famine et malnutrition furent la première cause de mortalité dans les royaumes d’Occident. Les victimes se chiffraient encore par millions dans l’Europe fertile du XVIIe siècle. L’espérance et la qualité de vie d’un forgeron sous Périclès était supérieure à celle d’un artisan du Val de Loire sous François 1er, deux mille ans plus tard. Pourquoi ? On ne sait pas.
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Le lendemain, le surlendemain ou quelques semaines plus tard – je m’embrouille avec les jours – le Roi meurt à Saint-Germain. Louis le Juste, treizième du nom, son père. Chronologiquement, ça va, je tiens la route... Autant vous prévenir, la suite ne va pas être plus gaie gaie.
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Le carrosse repart. Les jambes de Louis ballottent dans le vide, il mord toujours sa lippe. Friponne cherche la paume de son maître, qui ne veut plus la caresser. Malgré son air buté, je sais qu’il sait que je suis avec lui désormais, mais j’ai peu l’expérience des enfants. D’ordinaire, ils appellent leur mère plutôt que moi.

Je ne suis pas Mickey.
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Quand il réapparaît, sortant du fossé, le piaffement des chevaux réveille la gouvernante. Stupéfaite de voir le Dauphin hors du carrosse, Madame de Lansac lui intime l’ordre de ne plus jamais en descendre seul.

— Ça sent l’œuf là-dedans ! réplique Louis.

— Petit Monsieur, les œufs n’ont pas d’odeur, faites-nous le plaisir de remonter tout de suite.
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Un lapin détale entre ses pieds nus. La chienne court après par-dessus les touffes. P’tit Louis veut l’arrêter : « Ici... Friponne ! Non ! » Son épée miniature clinque contre la basque de son habit. La chienne fouille l’herbe en couinant. D’un coup de chapeau, Louis la chasse pour ramasser une boule de poils. Une bête à peine plus vieille que lui.
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Monsieur de Villeroy et Madame de Lansac ne descendent pas de voiture, somnolents sur les banquettes. P’tit Louis en profite pour ouvrir et sauter. Avec sa chienne Friponne, l’enfant se faufile entre les fougères jusqu’à un à-pic, devant un étrange panorama. En contrebas brille un lac à l’eau tellement bleue que Louis le baptise tout de suite : lac Bleu. Sans réfléchir, il y va. Sous ses semelles, des milliers de graviers dévalent la pente. Souffle coupé, il se fige sur un tertre de luzerne. Âgé de quatre ans, sept mois et douze jours, le premier fils de France porte l’uniforme bleu ciel du régiment des Sainte-Croix. De toute sa vie, il n’a jamais été seul, être libre pour la première fois le fait hurler de joie.

— Je n’ai plus mes pieds !

C’est vrai, la luzerne couvre ses souliers. Pour mieux sentir cette verdure, il les enlève et fourre ses bas dans sa poche.
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Le jour où la mort va surprendre Louis, cet enfant n’a pas cinq ans. Le temps est doux, le vent tiède. La France vibre, rayonne, pousse et carillonne, l’angélus de midi berce un siècle paysan. Ciel bleu royal. Du soleil mitraille la voûte feuillue des platanes au-dessus de l’antique voie romaine entre Paris et Melun. Quatre cavaliers passent à fond de train. Derrière eux galope un carrosse aux chevaux écumants – une fleur de lys orne chaque portière. Les bêtes crèvent de soif. L’attelage s’arrête contre l’abreuvoir. Sans les bêtes, Louis et moi ne nous serions sans doute pas connus si tôt – les enfants n’attendent rien du ciel.
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J’attends, j’observe les jours, à guetter les forces dont le ciel a besoin. Dès que quelqu’un m’appelle, je viens. Une fois que je suis là, loyale, je reste. Même si durant un temps assez long et fastidieux, je suis livrée à vos impuissances.
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Ne me demandez pas ce que je fais, je ne fais rien. Je n’agis pas. Je suis l’aridité. Je suis dépressive.
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Si je me penchais pour le chercher au-delà du mur, je ne serais pas surprise de le voir assis à m’attendre avec son air fâché. Louis effrayait le monde et moi j’effraie Louis, en général les hommes redoutent leur âme. Lui et moi avons cependant fini par ressembler à ces boîtes que confectionnent les enfants pour leur animal de compagnie. Cette litière morveuse, pauvre niche abritée, c’est Nous.
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La plupart du temps, je crois n’avoir été pour lui qu’une rumination, semblable à la mie de pain ou à l’écorce d’un citron qu’il triturait au bord de son assiette. Le plus souvent, j’ai été rien. Mais est-ce si important, la place qu’on a ?
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