Personne n'est taré ici. C'est la vie, les autres, qui t'ont fait devenir pour un temps ce que tu es. Reste toi-même, ne laisse pas ces cons te transformer. La vie est courte pour tous et magnifique pour ceux qui le décident.
Les nouveaux internés, futurs affranchis, de tenaient au bras d'hommes, de femmes à la mine crispée, fermée, reprobatrice. Le pas pas pressé indiquait la volonté de se débarrasser de l'intrus qui devenait gênant pour l'entourage, nuisible pour la société. Un boulet familial. On baissait la tête. La redresser aurai pu révéler au monde un visage déformé par la honte, rongé de remords et de tristesse.
Paul, le mari, était le genre de type aimé ou détesté. Un physique athlétique altéré par les abus de bonne chair, une voix à la - feu- Joe Cocker trahissant une consommation excessive de tabac, des yeux verts que vous pouviez fixer éternellement tant leur expression invitait au plongeon, et une démarche volontaire, stabilisée par des pieds orientés à dix heures dix. C'était çà Paul.
À chaque arrêt du convoi, nous nous attendons à l'ouverture de la porte plombée : en vain. Le crépitement de la mitrailleuse postée sur l'un des wagons résonne, les cris qui s'ensuivent laissent peu de place au doute : encore une tentative d'évasion avortée. J'ai reconnu le nom de Coblence. Combien de temps patientons-nous ? Deux, trois, quatre heures ? Entre la somnolence, les pertes de connaissance et l'obscurité, difficile de se situer dans un espace-temps.
Il fait jour lorsque le lourd panneau coulisse bruyamment pour venir se fracasser sur les parois du wagon. Des soldats vocifèrent - comment pourrait-il en être autrement -, aboient de descendre rapidement, les mains en l'air. Des chiens monstrueux nous effleurent de leurs babines dégoulinantes de bave, les crocs énormes et la mâchoire prête à nous dévorer. Malgré notre état de délabrement, nous ne nous faisons pas prier.
Je regardais le plafond. Mes yeux me faisaient mal. Mon cœur me faisait mal. Tout semblait douloureux. Je n'en pouvais plus de me mettre dans ces états. Mais comment oublier ce que j'étais, ce que je vivais, à part dans un apaisement illusoire de l'ivresse ?
On a tous de nombreux torts. C'est un raccourci facile et moins dérangeant de chercher la cause de nos malheurs chez les autres. Creuser pour réfléchir à ses propres manquements apporte déjà un début d'explication et de guérison.
L'ambiguïté de la vie, c'est qu'elle ne te donne pas plus que ce que tu es capable d'accepter et te fait subir ce que tu engendres.
Pauline se dit que sa sœur ne comprenait pas, n'écoutais pas. Le propre des gens indifférents au sort des autres.
Pauline, le luxe ne peut pas devenir accessible à tous. Sinon, que deviennent les rêves ?