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Les Mangeurs de pommes de terre de Jean-François Pocentek
Quand parfois le monde m'appuie tant sur le dos que même mon petit bistrot ne parvient pas à me procurer une illusion de paix, alors il me faut aller plus loin. D'un coup, je tranche mes dernières ficelles et je vais rejoindre le bout de la terre, là où elle se termine. Et pour moi, elle se finit là-bas, tout à l'Ouest, debout sur une falaise. Comme je ne sais ni nager, ni voler, elle s'arrête là où mes pieds butent contre l'eau et contre l'air. C'est le pays de Léon, un bout de Finistère. (...) Le pays où je vis devait aussi avoir cette âme. (...) Dans ce pays de Léon, même et surtout les pierres vivent. De vieilles pierres que les curés ont tenté de ciseler en forme de croix, mais d'où jaillissent encore des druides et des fées, de l'amour et des divinités nombreuses. Alors quand le monde m'appuie trop sur le dos, j'y passe quelques jours, la mer devant, la terre derrière et le vent partout, pour m'y faire des rencontres et d'autres souvenirs" ( p. 72-73) |