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Citations de Jean-François Revel (236)


Jean-François Revel
L'idéologie, c'est ce qui pense à notre place.
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Jean-François Revel
Byzance tomba aux mains des Turcs tout en discutant du sexe des anges.
Le français achèvera de se décomposer dans l’illettrisme pendant que nous discuterons du sexe des mots.
La querelle actuelle découle de ce fait très simple qu’il n’existe pas en français de genre neutre comme en possèdent le grec, le latin et l’allemand. D’où ce résultat que, chez nous, quantité de noms, de fonctions, métiers et titres, sémantiquement neutres, sont grammaticalement féminins ou masculins. Leur genre n’a rien à voir avec le sexe de la personne qu’ils concernent, laquelle peut être un homme.
Homme, d’ailleurs, s’emploie tantôt en valeur neutre, quand il signifie l’espèce humaine, tantôt en valeur masculine quand il désigne le mâle. Confondre les deux relève d’une incompétence qui condamne à l’embrouillamini sur la féminisation du vocabulaire. Un humain de sexe masculin peut fort bien être une recrue, une vedette, une canaille, une fripouille ou une andouille.
De sexe féminin, il lui arrive d’être un mannequin, un tyran ou un génie. Le respect de la personne humaine est-il réservé aux femmes, et celui des droits de l’homme aux hommes ?
Absurde!
Ces féminins et masculins sont purement grammaticaux, nullement sexuels.
Certains mots sont précédés d’articles féminins ou masculins sans que ces genres impliquent que les qualités, charges ou talents correspondants appartiennent à un sexe plutôt qu’à l’autre. On dit: «Madame de Sévigné est un grand écrivain» et «Rémy de Goumont est une plume brillante». On dit le garde des Sceaux, même quand c’est une femme, et la sentinelle, qui est presque toujours un homme.
Tous ces termes sont, je le répète, sémantiquement neutres. Accoler à un substantif un article d’un genre opposé au sien ne le fait pas changer de sexe. Ce n’est qu’une banale faute d’accord.
Certains substantifs se féminisent tout naturellement: une pianiste, avocate, chanteuse, directrice, actrice, papesse, doctoresse. Mais une dame ministresse, proviseuse, médecine, gardienne des Sceaux, officière ou commandeuse de la Légion d’Honneur contrevient soit à la clarté, soit à l’esthétique, sans que remarquer cet inconvénient puisse être imputé à l’antiféminisme. Un ambassadeur est un ambassadeur, même quand c’est une femme. Il est aussi une excellence, même quand c’est un homme. L’usage est le maître suprême.

Une langue bouge de par le mariage de la logique et du tâtonnement, qu’accompagne en sourdine une mélodie originale. Le tout est fruit de la lenteur des siècles, non de l’opportunisme des politiques. L’Etat n’a aucune légitimité pour décider du vocabulaire et de la grammaire. Il tombe en outre dans l’abus de pouvoir quand il utilise l’école publique pour imposer ses oukases langagiers à toute une jeunesse.
J’ai entendu objecter: «Vaugelas, au XVIIe siècle, n’a-t-il pas édicté des normes dans ses remarques sur la langue française ?». Certes. Mais Vaugelas n’était pas ministre. Ce n’était qu’un auteur, dont chacun était libre de suivre ou non les avis. Il n’avait pas les moyens d’imposer ses lubies aux enfants. Il n’était pas Richelieu, lequel n’a jamais tranché personnellement de questions de langues.
Si notre gouvernement veut servir le français, il ferait mieux de veiller d’abord à ce qu’on l’enseigne en classe, ensuite à ce que l’audiovisuel public, placé sous sa coupe, n’accumule pas à longueur de soirées les faux sens, solécismes, impropriétés, barbarismes et cuirs qui, pénétrant dans le crâne des gosses, achèvent de rendre impossible la tâche des enseignants. La société française a progressé vers l’égalité des sexes dans tous les métiers, sauf le métier politique. Les coupables de cette honte croient s’amnistier (ils en ont l’habitude) en torturant la grammaire.
Ils ont trouvé le sésame démagogique de cette opération magique : faire avancer le féminin faute d’avoir fait avancer les femmes.
[Cette chronique est présente dans le recueil d’éditoriaux "Fin du siècle des ombres" paru en 1999 chez Fayard).]
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Byzance tomba aux mains des Turcs tout en discutant du sexe des anges.
Le français achèvera de se décomposer dans l’illettrisme pendant que nous discuterons du sexe des mots.

La querelle actuelle découle de ce fait très simple qu’il n’existe pas en français de genre neutre comme en possèdent le grec, le latin et l’allemand. D’où ce résultat que, chez nous, quantité de noms, de fonctions, métiers et titres, sémantiquement neutres, sont grammaticalement féminins ou masculins. Leur genre n’a rien à voir avec le sexe de la personne qu’ils concernent, laquelle peut être un homme.

Homme, d’ailleurs, s’emploie tantôt en valeur neutre, quand il signifie l’espèce humaine, tantôt en valeur masculine quand il désigne le mâle. Confondre les deux relève d’une incompétence qui condamne à l’embrouillamini sur la féminisation du vocabulaire. Un humain de sexe masculin peut fort bien être une recrue,?une vedette, une canaille, une fripouille ou une andouille.

De sexe féminin, il lui arrive d’être un mannequin, un tyran ou un génie. Le respect de la personne humaine est-il réservé aux femmes, et celui des droits de l’homme aux hommes ??

Absurde !

Ces féminins et masculins sont purement grammaticaux, nullement sexuels.

Certains mots sont précédés d’articles féminins ou masculins sans que ces genres impliquent que les qualités, charges ou talents correspondants appartiennent à un sexe plutôt qu’à l’autre. On dit: «Madame de Sévigné est un grand écrivain» et «Rémy de Goumont est une plume brillante». On dit le garde des Sceaux, même quand c’est une femme, et la sentinelle, qui est presque toujours un homme.

Tous ces termes sont, je le répète, sémantiquement neutres. Accoler à un substantif un article d’un genre opposé au sien ne le fait pas changer de sexe. Ce n’est qu’une banale faute d’accord.

Certains substantifs se féminisent tout naturellement: une pianiste, avocate, chanteuse, directrice, actrice, papesse, doctoresse. Mais une dame ministresse, proviseuse, médecine, gardienne des Sceaux, officière ou commandeuse de la Légion d’Honneur contrevient soit à la clarté, soit à l’esthétique, sans que remarquer cet inconvénient puisse être imputé à l’antiféminisme. Un ambassadeur est un ambassadeur, même quand c’est une femme. Il est aussi une excellence, même quand c’est un homme. L’usage est le maître suprême.

Une langue bouge de par le mariage de la logique et du tâtonnement, qu’accompagne en sourdine une mélodie originale. Le tout est fruit de la lenteur des siècles, non de l’opportunisme des politiques. L’État n’a aucune légitimité pour décider du vocabulaire et de la grammaire. Il tombe en outre dans l’abus de pouvoir quand il utilise l’école publique pour imposer ses oukases langagiers à toute une jeunesse.

J’ai entendu objecter : « Vaugelas, au XVIIe siècle, n’a-t-il pas édicté des normes dans ses remarques sur la langue française ?? ». Certes. Mais Vaugelas n’était pas ministre. Ce n’était qu’un auteur, dont chacun était libre de suivre ou non les avis. Il n’avait pas les moyens d’imposer ses lubies aux enfants. Il n’était pas Richelieu, lequel n’a jamais tranché personnellement de questions de langues.

Si notre gouvernement veut servir le français, il ferait mieux de veiller d’abord à ce qu’on l’enseigne en classe, ensuite à ce que l’audiovisuel public, placé sous sa coupe, n’accumule pas à longueur de soirées les faux sens, solécismes, impropriétés, barbarismes et cuirs qui, pénétrant dans le crâne des gosses, achèvent de rendre impossible la tâche des enseignants. La société française a progressé vers l’égalité des sexes dans tous les métiers, sauf le métier politique. Les coupables de cette honte croient s’amnistier (ils en ont l’habitude) en torturant la grammaire.

Ils ont trouvé le sésame démagogique de cette opération magique: faire avancer le féminin faute d’avoir fait avancer les femmes.
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L'exemple de la protection de l'environnement est très révélateur d'un manque général de sens de la responsabilité. Bien que les conséquences nuisibles de la pollution, de l'extermination des espèces animales, de la destruction des forêts et des sites naturels soient incontestables et, dans la plupart des cas, incontestés, la majorité des individus ne réagit pas, tant que la situation ne lui devient pas personnellement intolérable.

Matthieu Ricard, Le Moine et le Philosophe
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A notre époque, les gens ont souvent tendance à détourner le regard devant la mort et devant la souffrance en général. Cette gêne vient du fait qu'elle constitue le seul obstacle insurmontable à l'idéal de la civilisation occidentale : vivre le plus longtemps et le plus agréablement possible. De plus la mort détruit ce à quoi on tient le plus : soi-même. Aucun moyen matériel ne permet de remédier à cette échéance inéluctable. On préfère donc retirer la mort du champ de nos préoccupations et maintenir le plus longtemps possible le doux ronronnement d'un bonheur factice, fragile, superficiel, qui ne résout rien et ne fait que retarder la confrontation avec la nature véritables des choses. Tout au moins n'aurons-nous pas vécu dans l'angoisse, prétendrons-nous. Certes, mais pendant tout ce temps "perdu" , la vie s'est effritée jour après jour sans que nous la mettions à profit pour aller au coeur du problème afin de découvrir les causes de la souffrance. Nous n'avons pas su donner un sens à chaque instant de l'existence, et la vie n'a été que du temps qui a glissé comme du sable entre nos doigts.
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Si les valeurs spirituelles cessent d'inspirer une société, le progrès matériel devient une sorte de façade qui masque l'inanité de l'existence.
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Dans notre tradition philosophique, telle que l'imposent les quelques milliers d'ouvrages qui la contiennent matériellement, une inversion de sens a donc fait que les philosophes ne nous invitent plus à comprendre que leur propre système. Or un système philosophique n'est pas fait pour être compris: il est fait pour faire comprendre.
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JF.R. - Il n'y a pas de prosélytisme bouddhiste, encore moins de conversions forcées ?
M.R. - Le Dalaï-lama dit souvent: "Je ne suis pas venu en Occident pour faire un ou deux bouddhistes de plus, mais simplement pour partager mon expérience d'une sagesse que le bouddhisme a développée au fil des siècles", et il ajoute toujours à la fin de ses discours: "Si vous trouvez quelque chose d'utile dans ce que je vous ai dit, tirez-en profit, sinon laissez-le tomber !"
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Nous sommes constamment préoccupés par le futur, nous faisons tous les efforts nécessaires pour ne jamais manquer d'argent, de nourriture, pour conserver la santé, mais nous préférons ne pas penser à la mort, qui est pourtant de tous les évènements à venir le plus essentiel. La pensée de la mort n'a pourtant rien de déprimant, pour peu qu'on l'utilise comme un rappel afin de rester conscient de la fragilité de l'existence et afin de donner un sens à chaque instant de la vie.
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Jean-François Revel
Le Moyen Âge est fini lorsque la philosophie reconquiert sa liberté par rapport à la religion et qu'ainsi elle cesse d'être "la servante de la théologie". Mais on apprend parfois beaucoup en captivité...
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Jean-François Revel
Jean-François REVEL / Mémoires / Plon 1997
« Le seul barrage au fanatisme meurtrier est de vivre dans une société pluraliste où le contrepoids institutionnel
d’autres doctrines et d’autres pouvoirs nous empêche toujours d’aller jusqu’au bout des nôtres. »
< p.36-37 >
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Ce qui me frappait le plus, c'était qu'ils correspondaient à l'idéal du saint... Je ne pouvais aller rencontrer Socrate, écouter un discours de Platon, m'asseoir aux pieds de Saint-François d'Assise ! Tandis que brusquement, surgissaient des êtres qui semblaient être l'exemple vivant de la sagesse. M. Ricard.
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La révolution serait-ce la redite ? Plus on prête l'oreille plus on en a le sentiment. Il s'agit toujours de revenir à quelque chose : à Bakounine, à Marx, à Mao, à Castro, à Guevara, à Lénine, à Troski, à Dieu, au Bouddha, à la civilisation prémachiniste ; de recommencer quelque chose : la Révolution culturelle chinoise, la Commune de Paris, Octobre 17, Mai 68, le 18 juin 40. [...] Ce n'est pas seulement dans le P.C.F. mais dans l'ensemble de la majorité des courants de gauche et du gauchisme que l'esprit révolutionnaire a été remplacé par l'esprit d'imitation. C'est partout, dans la jeunesse comme dans la vieillesse [française], hélas ! que l'on semble inapte à désirer dans la révolution autre chose que l'ombrageuse fidélité à un échec antérieur. [p. 33]
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Libérer les pensées c'est faire en sorte qu'elles ne laissent pas de trace dans notre esprit, qu'elles ne l'enchaînent pas dans la confusion. Faute de quoi, elles engendrent facilement une réaction en chaîne : une pensée de déplaisir, par exemple, se transforme en animosité, puis en haine, et finit par envahir notre esprit jusqu'à ce que nous l'exprimions sous forme de paroles ou d'actes. Nous causons du tort à autrui et notre paix intérieure est détruite. Il en va de même avec le désir, l'arrogance, la jalousie, la peur, etc. On peut donner libre cours à nos envies de détruire, de posséder, ou de dominer, mais la satisfaction qui peut en dériver est éphémère; ce ne sera jamais une joie profonde et stable, et qu'il est possible de pérenniser.
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p. 296. Que notre cervelle recèle 3 grammes ou 3 tonnes d'intelligence, le préjugé les tient de la même manière à bonne distance de notre faculté de penser.
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la psychologie bouddhiste a de nombreuses facettes. elle analyse par exemple la façon dont les facteurs mentaux surgissent lorsque le mental s'attache au sentiment inné du "moi" et considère ce moi comme comme une entité autonome réellement existante. Une foule d'événements mentaux naît en cascade de cet attachement au moi.
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La vérité dit-il, a une force intrinsèque, le mensonge n’est qu’une fragile façade qui ne peut-être maintenue qu’au prix d’efforts démesurés et voués tôt ou tard à l’échec.
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P. 325. Je n'ai jamais eu assez d'énergie pour éterniser mes rancunes.
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En France, l'antiaméricanisme, de droite comme de gauche, avant de se hisser, durant la décennie 1990-2000, jusqu'aux cimes du délire, lorsque les Français découvrirent que les Etat-Unis venaient d'émerger de la guerre froide dans le rôle d'unique superpuissance, commence par s'aiguiser sous la forme de l'antiaméricanisme économique.
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Jean-François Revel
« Le temps efface le souvenir des malheurs, jamais celui des fautes. La morsure d’un remords se ravive
chaque jour plus cruelle dans notre conscience, à mesure que la vie passe. »
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