Quiconque a assisté à un cours de philosophie sur le thème de la liberté, a probablement été invité à lire la Lettre à Schuller (lettre n°58) dans laquelle Spinoza développe l’exemple, quelque peu incongru, d’une pierre qui se trouve en mouvement en raison d’une cause extérieure, qui a conscience de son existence et de ce mouvement et qui, en raison de cette conscience, affirme sa liberté.
La position de Spinoza sur la question de la liberté est, en effet, très singulière dans l’histoire de la philosophie : rares sont les philosophes qui se sont aventurés jusqu’à nier, purement et simplement, l’existence du libre-arbitre chez l’être humain.
Même chez les philosophes matérialistes, peu vont jusqu’à cette extrémité, la plupart avançant divers "astuces" pour sauver le libre-arbitre. Ainsi Lucrèce et son fameux « clinamen » (la déclination des atomes) qui permet d’expliquer, outre la formation du monde, l’existence de la liberté humaine.
Toutefois, loin d’abandonner le concept de liberté, Spinoza affirme que celle-ci est accessible mais qu’elle « doit s’inscrire dans la nécessité ». Position qui, de prime abord, ne peut paraître que très paradoxale. Dédier un essai à ce sujet est donc particulièrement pertinent. D’autant que certains exégètes reconnus de Spinoza, tel que Robert Misrahi, n’hésitent pas à affirmer qu’il n’existe pas chez Spinoza de liberté, mais uniquement du déterminisme, conscient ou inconscient.
Dans la première partie de son essai, Jean-François Robredo s’attache donc à décrire la conception spinoziste de la liberté humaine. Cette explication permet notamment de comprendre que la "controverse" sur l’existence ou non de la liberté chez Spinoza relève d’un désaccord sur la définition de la liberté.
En effet, pour la majorité des philosophes, la liberté consiste en la possibilité de choisir librement, hors de tout déterminisme, extérieur comme intérieur. Elle se manifeste donc par l’exercice du libre-arbitre.
Pour Spinoza, la liberté consiste à s’affranchir des déterminismes extérieurs pour assumer notre nécessité intérieure : notre Désir de joie, de béatitude.
« Est dite libre la chose qui existe par la seule nécessité de sa nature et se détermine par elle-même à agir. » (Ea res libera dicitur, quae ex solâ suae naturae necessitate exisit, & à se sola ad agendum determinatur). Ethique I, définition VII.
Dans la seconde partie de cet essai, J.-F. Robredo passe de l’analyse de la liberté sur un plan individuel à la liberté dans sa dimension politique. Sur ce sujet, la position de Spinoza est encore plus subtile, tout en nuances. Certes, Spinoza indique sa préférence pour la démocratie et les libertés individuelles : « Plus l’organisation politique permet la liberté, plus l’homme se libère intérieurement ; et plus l’homme est libre, plus il construira une société de liberté ». Cependant, sur de nombreux aspects il se montre plutôt conservateur : «Nulle société ne peut subsister sans un pouvoir de commandement et une force, et conséquemment, sans des lois qui modèrent et contraignent l’appétit du plaisir et les passions sans frein ». L’approche politique de Spinoza est éminemment pragmatique et loin de toute idéologie : « Il faut réfléchir à partir de l’homme tel qu’il est ; Spinoza ne démentira jamais cette exigence ». On est donc très loin de la pensée binaire de Bakounine qui, dans Dieu et l’Etat, affirmait que :
« Le matérialisme nie le libre arbitre, et il aboutit à la constitution de la liberté ; l’idéalisme, au nom de la dignité humaine, proclame le libre arbitre, et, sur les ruines de toute liberté, il fonde l’autorité. »
Au final, en abordant les deux dimensions de la liberté chez Spinoza, J.-F. Robredo nous livre dans cet essai, très court (moins de 100 pages) mais particulièrement dense, une véritable introduction à l’œuvre de Spinoza. Il réussit, en effet, ce tour de force d’expliquer les principaux axes de la pensée de Spinoza dans un style précis, concis, et qui ne s’embarrasse pas de tout le jargon spinoziste.
Certes, à la fin de cet essai des interrogations subsistent, des points qui nécessiteraient des développements, des nuances, des illustrations. Comment pourrait-il en être autrement avec un essai si court ? Mais ce sont autant d’invitations à lire et à approfondir l’œuvre de Spinoza.
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Si l’on s’accorde à dire que l’univers est régit par un ordre global, l’origine et la raison de ce dernier demeurent sujet à des controverses scientifiques et religieuses.
La cosmologie, étude de l’ordre de l’univers, initiée par les philosophes Grecs va un temps être mise à l’écart avant de resurgir au XXieme siècle avec une série de découvertes astrophysiques:
1917 - Vesto Slipher (américain):
-Découverte: Expansion universelle de l’espace
-Comment: Observation d’objets extra Voie lactée présentant des spectres lumineux se décalant tous vers des longueurs d’onde infrarouge quelque soit leur position dans le ciel. On ne peut comprendre cette observation uniquement si les objets s’éloignent de nous:
-Conclusion: l’univers se dilate et les objets se séparent les uns des autres
1931 - Abbé Lemaitre (belge):
-Théorie: Atome primitif
-Explication: l’évolution de l’espace marque une expansion présente et futur, si l’on remonte dans le passé, l’espace été plus petit avant
-Conclusion: toute la matière de l’univers fut concentrée un temps en un point infiniment petit et dense
1965 - Penzias & Wilson (radioastronomes américains):
-Théorie: Origine du Monde
-Découverte: Lumière 3K, lumière faible et homogène dans le ciel (-270 C). Une telle température et homogénéité ne peut s’expliquer que par un équilibre thermodynamique passé parfait et strictement isolé de tout extérieur “corps noir”.
Rayonnement datant de 13,7 milliards d’années = date de l’Univers
-Conclusion: L’Univers a connu un moment singulier comme d’interprète nécessairement par un moment originel, donnant naissance à un univers relatif, local et limité dans le temps
-Découverte de la composition de l’univers: 75% hydrogène et 25% hélium, ne peut être expliqué par la nucléosynthèse des étoiles, seules machines à fabriquer des atomes de matière visibles. En revanche l’origine explosive est possible, lors d’une telle phase la densité et l’énergie permettent selon les calculs physiques, l’exacte répartition observée dans tout l’univers.
Les découvertes de nouvelles galaxies, toujours homogènes à grande échelle, confirment le principe d’origine commune, baptisé principe cosmologique impliquant 2 conséquences philosophiques du Big Bang:
1/ l’Univers est coherent
2/ l’Univers a une histoire
Les limites scientifiques du big bang sont pourtant claires:
1/ La notion d’ordre absolu ne démontre par une rationalité complète du big bang, les explications mathématiques et physiques demeurent inconnues.
2/ La vitesse finie de la lumière:
-rien ne peut voyager plus vite que la lumière dans le vide
-or, l’univers est plus grand que met le temps de la lumière à aller d’un bord à l’autre, certaines régions du cosmos n’ont jamais été en contact les unes avec les autres. Cela veut dire que la relation de cause à effet n’est pas universelle puisqu’il pourrait exister des régions de l’univers qui n’ont jamais eu de relation avec le moment même de l’origine de tout.
Autres questionnement:
Origine absolue ? Apparition de l’homme et de la conscience ? Évolution futur ?
Le big bang explique le comment mais pas le pourquoi ?
Controverse religieuse:
Ordre global: Voir l’univers dans son ensemble c’est croire qu’il est ordonné et donc qu’il a un sens. Or l’univers ne peut être ordonné que de l’extérieur
Stéphane Hawking affirme qu’une théorie du Tout permet de se passer de Dieu,
Pour les hommes d’église, dire que l’univers est le fruit du hasard n’est pas prouvé, c’est donc un acte de foi
La science ne donne accès qu’à des vérités provisoires alors que la religion révèle des vérités absolues,
Le big bang est une hypothèse, alors que Dieu est vérité
La force de la science c’est de se remettre en question pour progresser mais c’est aussi sa faiblesse
Affaire Galilée - 1633 condamné à abjurer ses affirmations sur le mouvement de la Terre et l’héliocentrisme.
1979 commission d’enquête par JP2, mais Galilée par réhabilite in fine, il avait raison mais n’avait pas les preuves pour le prouver et est aller à l’encontre de la communauté scientifique de l’époque
Théorie de la relativité limites:
incompatibilité avec la mécanique quantique, apparition de singularités à l’échelle atomique, hypothèse de variation de constante de gravitation, vitesse de la lumière dépassée dans certaines expériences
Limite sur explication scientific du big bang
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ce livre retrace les débuts de la science moderne et les nouvelles idées qui ont chamboulées les idées d'aristote ptolémée et les autres!!!
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