Figure politique française par excellence, « l’homme providentiel » s’identifie en période de crise, il fait preuve de charisme pour rassurer le peule en temps de troubles, dénonce les trahisons dont la société est victime, propose des solutions concrètes et souhaite incarner l’avenir et l’espoir, la figure du rassemblement.
Mais qui est cet homme providentiel réellement ?
C’est à cette enquête que l’historien Jean Garrigues consacre son ouvrage « Les hommes providentiels, histoire d’une fascination française », publié aux éditions du Seuil.
Qu’ils s’appellent Bonaparte, de Gaulle, Gambetta ou encore Clémenceau, ils ont contribué à façonner l’histoire de France, en marquant durablement les esprits.
Mais cette figure du sauveur s’incarne aussi selon Jean Garrigues dans des personnalités qui surgissent dans des situations précises, Pinay face à la crise économique, ou Doumergue en 1934 face à des problèmes plus politiques, ou Mendès-France avec la période de la décolonisation.
Cet homme providentiel, s’il ne s’est pas incarné en France au travers de personnages comme Hitler ou Mussolini, a néanmoins était illustré par un homme de mémoire peu glorieuse comme Pétain, qui portait initialement tous les oripeaux du sauveur de la nation. Si l’histoire en aura décidé autrement pour lui, il faut préciser que le statut, puisque passionné, ne garantie aucune stabilité quant à l’engouement qu’il suscite. De Gaulle connut également un puissant revers dans sa popularité et du moment où l’homme providentiel s’insère dans un contexte de crise très précis, on peut alors se demander comment il pourra survivre au changement des conditions historiques.
Aussi, peut on noter entre parenthèses, le régime totalitaire nazi essayait-il de manipuler cette période de « crise » propice à l’émergence de la figure du leader charismatique pour ne pas qu’elle s’essouffle.
Que nous apprend l’importante « fascination » des français pour ce mythe politique ?
Pour Jean Garrigues, ce mythe reprend une certaine tradition grecque, et pour cause, il classe ses chapitres selon quatre grands modèles, Cesar, Solon, Cinncinatus et Périclès.
Une démocratie mue par le modèle de « tyran éclairé », ou de la nostalgie de la monarchie selon l’auteur.
Et aujourd’hui, qu’en est-il de cette figure guide du despote éclairé ?
Jean Garrigues explique avoir eu l’idée de cette enquête après avoir vu le lancement de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 à Versailles. Mais si ce président suscita certes une passion peu commune, se posant comme défenseur de l’Europe et leader d’un groupe menacé, il est néanmoins difficile de survivre à la crise et rendre stable cette situation est difficile.
La campagne de François Hollande, basée sur le « président normal » se veut donc une véritable rupture avec ce schéma, qu’aurait put s’incarner au travers d’un autre candidat socialiste qui lui aussi s’est retrouvé au carrefour de toutes les passions, Dominique Strauss Kahn.
L’homme sauveur est-il le symptôme de l’échec de la démocratie ? De ses limites ? La victoire de François Hollande est-elle la preuve que la démocratie, le groupe, peut encore s’imposer en politique et sur la place publique ?
Bien des questions qui demanderaient à être d’avantage approfondies, dans un ouvrage assez confus et dense.
Jean Garrigues mélange beaucoup de références, de citations, de dates, le tout mené par un discours confus et peu fluide.
Néanmoins on soulignera la pertinence des questions soulevées, à défaut d’y apporter une réponse précise.
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