AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de lanard


(...) s'il n'était pas l'homme d'un seul livre - les pamphlets oxoniens, le Snark, Symbolic Logic, le prouvent à l'envi -, Dodgson était peut-être l'homme d'un seul problème. Je veux dire que ce qui notamment a fait la réussite éclatante d'Alice puis du Miroir, c'est la communion étroite qu'ils révélaient entre l'âme de leur auteur et certains problèmes enfantins les plus sensibles; il y avait chez le jeune Carroll une spontanéité dans la création, et une adéquation entre l’œuvre créée et les créations de l'esprit enfantin, qui contraignaient à en chercher la cause non dans un effort de compréhension venu de l'extérieur (qui serait celui d'un observateur, le plus attentif possible), mais dans une identification complète de l'auteur à son modèle. Il ne s'agit pas de dire "Alice, c'est Carroll" -, mais de se rendre compte de ce que, à travers Alice (ou ses camarades de rencontre) c'est Dodgson lui-même qui nous parle. Son œuvre est spontanée par ce qu'elle exprime des problèmes qu'il n'a pas cessé de vivre sur le plan de relative inconscience. Le mécanisme même de la création d'Alice, sur la barque qui remontait l'Isis, l'improvisation, tellement surprenante qu'elle motiva la question stupéfaite de Duckworth: "Dodgson, c'est là un conte que vous improvisez?" (cité dans Lewis Carroll Picture-Book, p. 358) sont le signe que Dodgson, ce jour-là, puis, lorsqu'il entreprit de rédiger ce qu'il avait raconté, s'exprima lui-même aussi librement que le malade le fait sur le divan du psychanalyste. Dodgson, assis dans la barque, ramant machinalement sous le grand soleil de juillet, mis en confiance aussi par la présence de trois petites filles qu'il aimait, et nullement gêné par celle de son ami Duckworth, était en fait presque dans la situation physique du patient allongé...
Commenter  J’apprécie          01









{* *}