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Citations de Jean Genet (432)


Autour de ton bouquet chargé de douleurs
Tu casses avec douceur des étoiles la tige
Sur ton visage en pleurs.
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SOLANGE
Pour vous servir‭, ‬encore‭, ‬Madame‭! ‬Je retourne‭ ‬à‭ ‬ma cuisine‭. ‬J'y retrouve mes gants et l'odeur de mes dents‭. ‬Le rot silencieux de l‭'‬évier‭. ‬Vous avez vos fleurs‭, ‬j’ai mon‭ ‬évier‭. ‬Je suis la bonne‭. ‬Vous au moins vous ne pouvez pas me souiller‭. ‬Mais vous ne l'emporterez pas en paradis‭. ‬J'aimerais mieux‭ ‬vous y suivre que de lâcher ma haine‭ ‬à‭ ‬la porte‭. ‬Riez un peu‭, ‬riez et priez vite‭, ‬très vite‭ ! ‬Vous‭ ‬êtes au bout du rouleau ma chère‭ ! ‬‭(‬Elle tape sur les mains de Claire qui protège sa gorge‭.)‬‭ ‬Bas les pattes et découvrez ce cou fragile‭. ‬Allez‭, ‬ne tremblez pas‭, ‬ne frissonnez pas‭, ‬j'opère vite et en silence‭. ‬Oui‭, ‬je vais retourner‭ ‬à‭ ‬ma cuisine‭, ‬mais avant je termine ma besogne‭.‬
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C'est facile d'être bonne, et souriante, et douce. Quand on est belle et riche ! Mais être bonne quand on est une bonne ! On se contente de parader pendant qu'on fait le ménage ou la vaisselle. On brandit un plumeau comme un éventail.
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Notre-Dame eut un sourire à faire damner ses juges. Un sourire si azuré que les gardes eux-mêmes eurent l'intuition de l'existence de Dieu et des grands principes de la géométrie. Songez au tintement clair de lune du crapaud ; il est si pur, la nuit, que le vagabond sur la route s'arrête et ne repart qu'après l'avoir de nouveau entendu.
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Vidé, il s'approcha de la petite glace de la coiffeuse et regarda son visage pour lequel il ressentait la tendresse que l'on a pour un petit chien sans beauté, quand ce chien est à soi.
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Solange : Je voudrais t'aider. Je voudrais te consoler, mais je sais que je te dégoute. Je te répugne. Et je le sais puisque tu me dégoutes. S'aimer dans le dégout, ce n'est pas s'aimer.
Claire : C'est trop s'aimer. Mais j'en ai assez de ce miroir effrayant qui me renvoie mon image comme une mauvaise odeur.
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CLAIRE — Vos gueules d'épouvante et de remords, vos coudes plissés, vos corsages démodés, vos corps pour porter nos défroques. Vous êtes nos miroirs déformants, notre soupape, notre honte, notre lie.
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SOLANGE — Tu n'as donc pas vu comme elle étincelait ! Sa démarche dans l'escalier ! Sa démarche victorieuse ! Son bonheur atroce ? Toute sa joie sera faite de notre honte. Son triomphe c'est le rouge de notre honte ! Sa robe c'est le rouge de notre honte.
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Quelquefois la conscience avec laquelle nous auront perpétré un acte réputé vil, la puissance d’expression qui doit le signifier, nous forcent au chant. C’est qu’elle est belle si la trahison nous fait chanter.
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Je suis lâche et je me vante de l’être, c’est mon courage.
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L’ÉVÊQUE, l'interrompant : Je le sais bien. Ici il n'y a pas la possibilité de faire le mal. Vous vivez dans le mal. Dans l'absence de remords. Comment pourriez-vous faire le mal ? Le Diable joue. C'est à cela qu'on le reconnait. C'est le grand Acteur. Et c'est pourquoi l’Église a maudit les comédiens.
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Il faisait froid. L'humidité pénétrait nos vêtements. Le brouillard était assez épais. Il semblait que nous fussions seuls, personnages sans passé et sans avenir, formés simplement de nos qualités respectives de jeune hitlérien et de bourreau, et réunis l'un à l'autre non par une succession d'événements, mais par le jeu d'une gratuité grave, la gratuité du fait poétique : Nous étions là, dans le brouillard du monde.
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« Ne nous étonnons pas, nous nous émerveillerons mieux. » (p. 27)
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Dans ce journal je ne veux pas dissimuler les autres raisons qui me firent voleur, la plus simple étant la nécessité de manger. Toutefois dans mon choix n'entrèrent jamais la révolte, l'amertume, la colère ou quelque sentiment pareil.
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Jean Genet
Il faut rêver longtemps pour agir avec grandeur, et le rêve se cultive dans les ténèbres.
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Si le chien me lance une pierre, se dit elle, je la rapporte dans ma gueule.
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Vous êtes tous des lavettes ! J'aime mieux la Police ! On sait ce qu'on y fait et ce qu'on y risque : et d'abord le mépris total du monde, du monde entier mais surtout de celui qu'on protège. Nous, pas de beaux titres dans les journaux, pas de photos, pas de poèmes, pas de poèmes, vous m'entendez, pour chanter nos exploits. Nous c'est votre ombre. Et quand j'arrive parmi vous, je me trouve au milieu de la lâcheté, de la faiblesse, du faux luxe. On nous mobilise, on se passionne pour vos aventures, on parle de vous ! Ecoutez. 
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aillette d’or est un disque minuscule en métal doré, percé d’un trou. Mince et légère, elle peut flotter sur l’eau. Il en reste quelquefois une ou deux accrochées dans les boucles d’un acrobate.

Cet amour – mais presque désespéré, mais chargé de tendresse – que tu dois montrer à ton fil, il aura autant de force qu’en montre le fil de fer pour te porter. Je connais les objets, leur malignité, leur cruauté, leur gratitude aussi. Le fil était mort – ou si tu veux muet, aveugle – te voici : il va vivre et parler.

Tu l’aimeras, et d’un amour presque charnel. Chaque matin, avant de commencer ton entraînement, quand il est tendu et qu’il vibre, va lui donner un baiser. Demande-lui de te supporter, et qu’il t’accorde l’élégance et la nervosité du jarret. À la fin de la séance, salue-le, remercie-le. Alors qu’il est encore enroulé, la nuit, dans sa boîte, va le voir, caresse-le. Et pose, gentiment, ta joue contre la sienne.

Certains dompteurs utilisent la violence. Tu peux essayer de dompter ton fil. Méfie-toi. Le fil de fer, comme la panthère et comme, dit-on, le peuple, aime le sang. Apprivoise-le plutôt.

Un forgeron – seul un forgeron à la moustache grise, aux larges épaules peut oser de pareilles délicatesses – saluait ainsi chaque matin son aimée, son enclume :
- Alors, ma belle !
Le soir, la journée finie, sa grosse patte la caressait. L’enclume n’y était pas insensible, dont le forgeron connaissait l’émoi.

Ton fil de fer charge-le de la plus belle expression non de toi mais de lui. Tes bonds, tes sauts, tes danses – en argot d’acrobate tes : flic-fac, courbette, sauts périlleux, roues, etc., tu les réussiras non pour que tu brilles, mais afin qu’un fil d’acier qui était mort et sans voix enfin chante. Comme il t’en saura gré tu es parfait dans tes attitudes non pour ta gloire mais la sienne.
Que le public émerveillé applaudisse :
- Quel fil étonnant ! Comme il soutient son danseur et comme il l’aime !
À son tour le fil fera de toi le plus merveilleux danseur.

Le sol te fera trébucher.

Qui donc avant toi avait compris quelle nostalgie demeure enfermée dans l’âme d’un fil d’acier de sept millimètres ? Et que lui-même se savait appelé à faire rebondir de deux tours en l’air, avec fouettés, un danseur ? Sauf toi personne. Connais donc sa joie et sa gratitude.

Je ne serais pas surpris, quand tu marches par terre que tu tombes et te fasses une entorse. Le fil te portera mieux, plus sûrement qu’une route.
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SUR MON COU sans armure et sans haine, mon cou
Que ma main plus légère et grave qu'une veuve
Effleure sous mon col, sans que ton coeur s'émeuve,
Laisse tes dents poser leur sourire de loup.

Ô viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d'Espagne,
Arrive dans mes yeux qui seront morts demain.
Arrive, ouvre ma porte, apporte-moi ta main,
Mène-moi loin d'ici battre notre campagne.

Le ciel peut s'éveiller, les étoiles fleurir,
Ni les fleurs soupirer, et des prés l'herbe noire
Accueillir la rosée où le matin va boire,
Le clocher peut sonner : moi seul je vais mourir.

Ô viens mon ciel de rose, ô ma corbeille blonde !
Visite dans sa nuit ton condamné à mort.
Arrache-toi la chair, tue, escalade, mords,
Mais viens ! Pose ta joue contre ma tête ronde.

Nous n'avions pas fini de nous parler d'amour.
Nous n'avions pas fini de fumer nos gitanes.
On peut se demander pourquoi les cours condamnent
Un assassin si beau qu'il fait pâlir le jour.

Amour viens sur ma bouche ! Amour ouvre tes portes !
Traverse les couloirs, descends, marche léger,
Vole dans l'escalier plus souple qu'un berger,
Plus soutenu par l'air qu'un vol de feuilles mortes.

Ô traverse les murs ; s'il faut marche au bord
Des toits, des océans ; couvre-toi de lumière,
Use de la menace, use de la prière,
Mais viens, ô ma frégate, une heure avant ma mort.
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La trahison, le vol et l’homosexualité sont les sujets essentiels de ce livre. Un rapport existe entre eux, sinon apparent toujours, du moins me semble-t-il reconnaître une sorte déchange vasculaire entre mon goût pour la trahison, le vol et mes amours.
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