Citations de Jean Giono (2643)
Ce que j'aime dans les villes, ce sont les arbres qu'elles contiennent.
La lune éclairait le sommet des montagnes. Sur le sombre océan des vallées pleines de nuit, la haute charge des rochers, des névés et des glaces montait dans le ciel comme un grand voilier couvert de toiles.
Il y eut, dans le ciel, comme une main qui écarta l'amoncellement des nuages, une petite brise coula qui sentait la reine des prés, le soleil s'étala sur la terre et se mit à y dormir en écrasant les ombres.
Vous n'avez jamais besoin que quelqu'un vous assure dans vos propres bottes, vous autres, hein ? La bouse de vos vaches ça vous suffit comme point de vue, hein ? C'est votre Grande Ourse et votre Étoile polaire, hein ? Et quand vous casserez votre pipe (elle peut s'égosiller l'église), je t'en fiche d'une grande face qui sera de l'autre côté, c'est une vache en baudruche qui viendra voltiger au-dessus de votre lit de mort, et qui visera bien. Et, passer, pour vous, c'est quand vous recevrez enfin en pleine figure une bonne grosse bouse bien étalée, bien éclatée, bien bouillante et bien marron. La voilà votre sainte farce !
[Mon père ] Il était de ces êtres rares qui attachent la même valeur à une jeune pousse d'asperge sauvage qu'au cachemire le plus luxueux, parce que l'une et l'autre lui apportaient du plaisir. Il fut peut-être désenchanté des hommes, mais jamais de la vie même. S'il n'a pas été un homme parfait, il fut ce père exceptionnel qui m'a appris à respirer, à aimer la vie, la musique, à apprécier la chose la plus infime, toucher un tissu, regarder un paysage, boire à une source, si peu de chose pour enchanter une journée entière. (p. 30 /Sylvie Durbet-Giono )
Préface
La célèbre phrase de Gandhi Soyez le changement que vous voulez dans le monde. peut paraître abstraite, voire idéaliste ou même utopiste. En 1953, avec L'homme qui plantait des arbres, Jean Giono lui associa un manuel pratique.
Pour que le caractère d’un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années. Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l’idée qui la dirige est d’une générosité sans exemple, s’il est absolument certain qu’elle n’a cherché de récompense nulle part et qu’au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d’erreurs, devant un caractère inoubliable.
Mais, quand je fais le compte de tout ce qu' il a fallu de constance dans la gran-
-deur d' ame et l' acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je
suis pris d' un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su
mener à bien cette oeuvre digne de Dieu .
Quelques gouttes de sang éclaboussent le ciel ; la nuit les efface avec sa main grise.
Une histoire est restée inscrite dans les pierres des monuments ; le passé ne peut pas être entièrement aboli sans assécher de façon inhumaine tout avenir.
On ne peut rien dire en criant.
Quatre maisons fleuries d'orchis jusque sous les tuiles émergent des blés drus et hauts.
C'est entre les collines, là où la chair de la terre se plie en bourrelets gras.
Le sainfoin fleuri saigne dessous les oliviers. Les avettes dansent autour des bouleaux gluants de sève douce.
Le surplus d'une fontaine chante en deux sources. Elles tombent du roc et le vent les éparpille. Elles pantèlent sous l'herbe, puis s'unissent et coulent ensemble sur un lit de jonc.
Le vent bourdonne dans les platanes.
Ce sont les Bastides Blanches.
Je sais très bien faire le feu.
Il parait que c'est l'apanage des amoureux et des poètes.
Je pris mon repas bien au chaud en le faisant traîner.
Je ne suis pas de ces hommes seuls qui se dépêchent.
Mon état m'a toujours plu.
Il n'y a jamais eu aucune raison que je me hâte.
Mes plus grandes JOIES, je les ai toutes eues dans ces lenteurs.
Et maintenant, parlons de choses sérieuses . J'ai peur que tu ne fasses pas de folies. Cela n'empêche ni la gravité, ni la mélancolie, ni la solitude, ces trois gourmandises de ton caractère.Tu peux être grave et fou, qui empêche ? Tu peux être tout ce que tu veux et fou en surplus, mais il faut être fou mon enfant.
(p.256) La duchesse écrit à son enfant naturel, Angelo.
Malgré tout, ce silence sent bon. Le parfum des chèvrefeuilles et des genêts y coule en grandes ondes. Et puis, à quoi bon s’inquiéter des gestes de la terre ? Elle fait ce qu’elle veut ; elle est assez grande pour savoir ce qu’elle a à faire, elle vit son petit train…
Il y a dans la sensualité une sorte d’allégresse cosmique.
Jean le Bleu (1932)
Comme les hommes, les pays ont une noblesse qu’on ne peut connaître que par l’approche et par la fréquentation amicale. Et il n’y a pas de plus puissant outil d’approche et de fréquentation que la marche à pied.
Les jours sont des fruits et notre rôle est de les manger, de les goûter doucement ou voracement selon notre nature propre, de profiter de tout ce qu’ils contiennent, d’en faire notre chair spirituelle et notre âme, de vivre. Vivre n’a pas d’autres sens que ça.
Le plus extraordinaire est qu 'il puisse être si beau et rester si simple .Il est hors de doute qu 'il se connaît et qu 'il se juge .Comment tant de justice pourrait-elle être inconsciente ? Quand il suffit d 'un frisson de bise , de mauvaise utilisation de la lumière du soir , d 'un porte-à-faux dans l'inclinaison
des feuilles pour que la beauté , renversée, ne soit plus du tout étonnante .
On se débrouille mieux avec des manques qu’avec rien.
(p139)