Jean Jacobs

(Une fois de retour, à la fin de la guerre)

Ma mère me parle : "J'espère que tu n'as rencontré personne de mes connaissances. Dans l'état où tu te trouves, j'aurais honte !".

Je réalise brutalement que, durant ma captivité, j'ai adoré un être qui n'existait que dans mon imagination.

A force de vouloir survivre, j'ai créé une mère telle que je l'aurais voulue...

Mais je sais que cette femme qui se trouve devant moi n'a que le nom de mère : elle ne m'aime plus et ne souhaite plus ma présence...

Je reste paralysé aux pieds de celle que j'aime tant, parfaitement immobile, avec le sentiment que tout s'écroule autour de moi.

Valait-il la peine de revenir pour cela ?

Je voudrais être mort... Et enfin libre...