Ma domestique est à l’hôpital, ma femme est souffrante et ma fille m’ignore. Que voulez vous que je fasse ? s’exclame t-il, prenant les fonctionnaires à témoin.
La tête ailleurs, Isabelle et Nick les regardaient sans même les voir. Une question monopolisait leur esprit : fallait-il tourner la page ou, au contraire, percer le mystère qui entourait la disparition de Théo ?
- Au revoir Monsieur le commissaire Valentin.
- Une dernière chose : vous donnerez le bonjour au journaliste du Figaro, au Général de Gaule et au chef des Scouts de Noirétable, fit Valentin avec un sourire narquois.
- Je n’y manquerai pas, répondit Nick, pantois.
L’arroseur arrosé. Moi qui pensais le manipuler, il m’a mené par le bout du nez. Chapeau l’Artiste !
D’un coté peu fier de lui pour cette leçon, de l’autre satisfait de leur future collaboration, Nick regagna Saint-Etienne.
Le mystère autour de son ami s’amplifiait, il découvrait une personne qu’il ne connaissait pas. Il resta un long moment, planté sur ce trottoir. Les questions fusaient dans sa tête. Il devait remettre de l’ordre dans ses idées. Il s’installa à la première terrasse venue, commanda une bière, sorti le carnet qu’il avait toujours avec lui et nota pêle-mêle ses interrogations que tôt ou tard il lui faudrait résoudre.
Trouvant la répartie fort désagréable, voire désobligeante, elle tourna les talons avant de disparaître.
La jeune infirmière, qui avait assisté à la scène, se mordit les lèvres pour ne pas éclater de rire. Quel plaisir de voir sa patronne, si fière, si hautaine, se faire remballer ainsi. Le commissaire qui avait jaugé le personnage en quelques secondes eut, lui aussi, la même sensation et le même plaisir.
C’est comme s’il avait demandé à la femme du préfet de balayer les marches de la Préfecture.
- Je ne vais pas faire attendre plus longtemps la tigresse, sourit-il. J’ai peur, pour vous, d’un retour de bâton. Mais nous nous reverrons... une dernière chose : comment vous appelez-vous ?
- Chrystelle. Chrystelle Bellut.
Le téléphone, à lui seul, permettait de régler les affaires courantes et…brûlantes, mais rien de tel qu’un déjeuner de travail pour remettre les choses en ordre et repartir d’un bon pied.