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Citation de Sepo


Nous nous en rendrons compte au cours d'un voyage à Riga, la capitale de la Lettonie.

Une heure de balade suffit pour comprendre la fascination qu'exercent sur les Russes leurs Républiques du nord. Bien que le fond de l'air soit soviétique par les taxis, les autobus; l'uniformité des bâtiments publics, il flotte sur la ville une atmosphère de décontraction et de bonne humeur. Ce n'est pas par hasard si, à l'heure des vacances, des millions de Russes se précipitent vers le nord, transformant les côtes de la Baltique en Côte d'Azur, et provoquant ainsi une hausse stupéfiante des prix de locations. Chaque mètre carré vaut de l'or, chaque parcelle de sable au soleil se gagne durement. La présence nombreuse d'Allemands de l'Ouest et de Scandinaves n'est pas étrangère à cette fièvre.

La plupart des dignitaires viennent ici se reposer. Peut-être se remémorent-ils, que de ces lieux historiques, Lénine s'est enfui à pied vers la Finlande sur la mer gelée...
A Riga, l'avenue centrale porte le nom du père de la Révolution. En un quart de siècle, elle aété successivement baptisés: avenue de la république, puis Adolphe Hitler, puis Joseph Staline, jusqu'à sa dénomination actuelle. Mais la capitale lettone est passée à travers ces tourments de l'Histoire en conservant ses clochers d'ardoise pointus, son élégance puritaine, son sens religieux si profond et sa haine avouée des Russes qu'elle considère comme des colonisateurs. Malgré l'intense soviétisation des postes clés, rien ne laisse entrevoir la possibilité de gommer ce sentiment que l'on perçoit en toute occasion.

Projetant de passer une soirée dans une boîte de nuit, nous étions allés nous y inscrire à l'avance et nous acquitter du prix d'entrée comme le veut la coutume. L'employée ne prit aucune précaution oratoire ou diplomatique pour nous signifier qu'elle nous acceptait mais qui'il n'y avait pas de place pour nos amis russes. Protestations, tentatives de corruption. Rien n'y fit. La charmante Lettone avait visiblement un éventail de choix pour ses cosmétiques, ses parfums et ses besoins en dollars. Nos compagnons furent moins scandalisés que nous, trouvant déjà miraculeux de venir ici sans visa, de s'assoir à une terrasse de café pour boire une bière fraîche ou du whisky importé moyennant quelques roubles supplémentaires. Ici, la surprise est à tous les coins de rue: niveau de vie plus élevé, qualité de la construction, entretien des routes. Autre motif d'étonnement: comme en Angleterre, le lait et le journal sont portés chaque matin et déposés à même le sol devant les pavillons individuels. Mais si par extraordinaire une bouteille disparaissait, l'accusé serait évidemment un touriste russe.

Et cette ironie ! Au marché kolkhozien de la ville, nous émerveillant d'avoir enfin découvert ces coussins jusque-là introuvables, et et nous en approvisionnant pour plusieurs amis, quelle ne fut fut pas notre surprise en entendant le vendeur se moquer ouvertement de la propagande soviétique: "Je comprends votre bonheur, j'ai encore lu hier dans la Pravda qu'il y avait pénurie de coussins à Paris."

A la fin d'un concert d'orgue pour lequel nous avions pu nous procurer des billets de façon parfaitement légale, nos amis russes réussirent à couper court à toute tentative de discussion sur la qualité de la civilisation de cette oasis en déclarant: "S'ils ont tout ça, en fin de compte, c'est bien grâce à nous et à notre aide désintéressée." Élégante manière, y compris pour des gens intelligents, de se retrancher derrière l'argumentation officielle "grand russienne."p.128 à 130,"
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