Le rideau vient de tomber sur Saïgon et sur vingt-cinq ans de ma vie. J'y débarquais pour la première fois en 1950. J'avais fait la traversée à bord de la Marseillaise, un beau paquebot tout blanc où, jeunes officiers promis à la mort, nous claquions nos soldes dans le bar des premières classes pour attirer l'attention des belles Eurasiennes, des femmes de planteurs ou de fonctionnaires qui s'en allaient rejoindre leurs maris dans ce paradis exotique.