La tristesse, voilà l'ennemie des hommes. La tristesse conçue comme réservoir des passions négatives : haine et mépris des autres et de soi-même, envie, regret, honte, colère, vengeance, cruauté...Ce cortège interminable de tristesses qui nous tire vers le bas. Vers le niveau inférieur de la puissance d'être. Cette tristesse qu'on subit, qu'on exploite, qu'on renforce. L'esclave, le tyran, le prêtre : les trois figures humaines des passions tristes. Aliénation. Manipulation. Superstition. A ce catalogue du ressentiment Spinoza oppose la force de la joie.
Socrate explique alors [à Alcibiade] les raisons de son trouble. Il lui dit en substance : ton incertitude provient d'une ignorance, de la pire même des ignorances : celle qui s'ignore elle-même et croit savoir ce qu'elle ne sait pas. (...) Socrate conseille alors à Alcibiade de s'occuper de lui-même avant de s'occuper de la cité, de commencer à prendre soin de lui avant de prendre soin des autres.
L'objet du désir, c'est comme un astre absent, un objet perdu. Désirer, c'est manquer de et le déplorer.
La liberté à laquelle nous tenons tant ne s'exerce pas sans risques. Il faut accepter de courir celui de ses excès et de sa propre caricature. Intégrer les déceptions qu'elle provoque. Celles-ci sont comme un luxe, mais faut-il rappeler que dans un système totalitaire, elles sont impossibles à exprimer. La liberté démocratique n'existe pas sans débat. La pandémie a été l'occasion de réactiver ce débat indispensable. La séquence sur la vaccination obligatoire et le pass' sanitaire de ce point de vue a été la plus vive.
Recherchez un emploi réclame ainsi de vous une énergie sans faille mais, au bout du compte, c'est pour vous déshumaniser, pour vous chosifier. [...] Il faut une force physique de colosse et un feu intérieur de maître spirituel pour résister au découragement, à la culpabilité, à l'usure, à l'exclusion. Pas étonnant que certains lâchent prise et quittent tout pour aller dans la rue.
La peur engendre la peur, elle engendre aussi la volonté de faire peur. Si bien que nous nous engloutissons dans cette peur collective. " J'ai peur donc on va m'effrayer", tel le nouveau cogito de l'époque. La peur et la rumeur avancent au même pas, sœurs aussi vives que conquérantes.
Dans un monde qui sacrifie tout au présent, il devient nécessaire de prendre du temps et du recul. Le présent est-il si pur et si préférable qu'on nous le vend ? Il a ses aveuglements et ses dangers.
Bien avancé, notre procès est toujours en cours. Nous approchons peut-être du moment où nous aurons à boire notre ciguë. A ce point de tension extrême, nous restons libres de ne pas nous condamner.