Dès que l’on évoque les croyances populaires, ce sont les superstitions qui nous viennent à l’esprit. Ce n’est pourtant pas forcément la même chose. Bien des croyances n’étaient fondées que sur l’ignorance de ce qui régit les phénomènes naturels. Ainsi, un orage ou un séisme ne pouvaient être qu’une manifestation de la colère des dieux. On prêta alors aux objets des vertus protectrices, on imagina des gestes susceptibles de protéger. Et le christianisme ne changea pas grand-chose à ces démarches. Les croyances demeurèrent avec leur attirail de superstitions.
En fait, les croyances et les superstitions se fondent sur une observation naïve de certains événements, de certains phénomènes, de leur répétition ou de leur permanence, à partir desquels ont été élaborées et mises en place des protections imaginaires. Cela dans le seul but de se rassurer ; leur efficacité était une certitude. Démarche illusoire ? Certainement, mais combien réconfortante face à un environnement décidément hostile.
Il est un aspect particulier qu’il importe d’aborder afin de clarifier l’approche de cet ouvrage : les religions. Des superstitions peuvent en effet se mêler aux croyances religieuses. Au XIVe siècle, le terme « superstition » désignait uniquement le culte des idolâtres, des faux dieux ; au XVIIIe siècle, il englobait les religions dans leur ensemble parce que leurs dogmes s’opposaient à la « raison ». Ce n’est pas ici l’objet de cet ouvrage. Chacun est libre de croire au Dieu qui lui convient. Bien entendu, le croyant peut considérer que son problème est résolu grâce à une intervention divine. C’est le cas d’un miracle, par exemple. De telles manifestations relèvent-elles de la foi ? Ou bien de la superstition, qui fait appel, pour les catholiques, à la Vierge, aux saints et… à Dieu ? Le rôle du clergé est ici fondamental dans l’instruction des fidèles.
Quoi qu’il en soit, ces croyances mêlaient allègrement superstition et religion dans un syncrétisme qui convenait à tous. Elles avaient l’assentiment non seulement des individus, mais du groupe qu’ils constituaient. Elles étaient tenues pour vraies loin de toute logique scientifique. L’essentiel reposait dans le pouvoir de protection qu’on leur attribuait et, en cela, elles s’intégraient parfaitement dans les sociétés d’alors.
La plupart de ces croyances et superstitions ne peuvent d’ailleurs s’expliquer que dans le contexte d’une époque. C’est pourquoi certaines sont aujourd’hui, pour nous, incompréhensibles : elles sont d’un autre temps… Mais ont-elles toutes disparu ?
Marchant toujours d'un bon pas, ils repassent sous la voûte de la porte Noire et gagnent le début de la Grande Rue.
- Allez! Allez! Vous êtes sur la bonne voie...N'ayez pas l'air surpris! Je suis la maison où est né Victor Hugo. Vous le connaissez, vous avez appris des poésies... Ce grand écrivain est né dans la cité.
En quittant la rue, les deux enfants jettent un regard à la tour de l'Horloge qu'ils connaissent bien. Elle a été autrefois le beffroi de la cité.