Quand il y avait beaucoup de vent, je faisais des kilomètres sans pédaler. Je lâchais le guidon, j'ouvrais les bras en tenant les coins de ma cape, ça faisait comme une voile. J'avais l'impression d'être un cerf-volant. Je traversais à vol d'oiseau les champs de betteraves, les collines de l'Artois, j'étais bien dans le ciel.
Je déclamais du Racine aux betteraves, du Molière aux épis de blé. Je m'entraînais.
Je serai un grand comédien.
Le vent me portait.
J'étais ivre de vent. Le ciel était immense. Poussés par le vent les nuages faisaient du cent à l'heure.
Le vent n'était pas seulement dehors, il était aussi à l'intérieur de ma tête.