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Critiques de Jean-Louis Fournier (1547)
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Où on va, papa ?

Où on va papa ? est un court roman largement autobiographique dans lequel tragédie et humour se côtoient en permanence, un humour désespéré et absurde.

Ce récit, Jean-Louis Fournier, cet écrivain, humoriste, comparse de Pierre Desproges et réalisateur de télévision, le consacre à ses deux premiers enfants Mathieu et Thomas, handicapés moteurs et mentaux. Il a eu quelquefois la tentation de leur offrir un livre à Noël, ne l’a jamais fait « ce n’était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire ». Il va quand même leur en offrir un, celui-ci, qu’il a écrit pour eux, pour qu’on ne les oublie pas et pour dire des choses qu’il n’a jamais dites.

Le titre « Où on va papa ? » fait référence à la phrase que son fils Thomas ne cesse de répéter lorsqu’ils sont en voiture, dans cette fameuse Camaro.

L’auteur se souvient du premier médecin qui a eu le courage de leur annoncer que Mathieu était définitivement anormal, qu’il n’y avait rien à faire. Il se souvient de l’horreur qui s’en suivit, puis la joie nouvelle, teintée d’inquiétude à l’arrivée d’un deuxième enfant, deux ans après.

Impossible que ça arrive une seconde fois et à la naissance, Thomas est un bébé superbe. Il confie alors à des amis que cette fois, il se rend compte de ce que c’est d’avoir un enfant normal. Mais il a été optimiste un peu vite, Thomas se révèle rapidement un enfant fragile et souvent malade jusqu’à ce que leur médecin traitant ait le courage de leur dire la vérité : « Thomas est, lui aussi, handicapé, comme son frère ».

Jean-Louis Fournier, pour garder la tête hors de l’eau se moque lui-même de ses enfants. Il livre sans réserve ses sentiments, avec cet humour cru qui est une façon pour lui de surmonter ce qu’il nomme ses « deux fins du monde » et la comparaison n’est pas usurpée.

Pour ne pas sombrer, le rire et la plaisanterie ont fait office d’antalgiques à cet homme, lui permettant d’aller de l’avant et de rester debout. L’humour employé tout au long du bouquin lui sert à exorciser sa douleur et dévoile en fait toute la tendresse et tout l’amour qu’il porte à ses garçons qui ne connaîtront jamais la musique, la peinture, la littérature, le cinéma... « De ces grandes joies-là qui aident l’humanité à vivre, ils vont être privés aussi. » Il aurait tant aimé leur faire découvrir tout ça…

Outre ces espérances déçues, il confie ses regrets de n’avoir jamais pu communiquer avec eux et avoue aussi n’avoir pas toujours été suffisamment patient.

La moquerie et la dérision n’empêchent pas les sentiments. Où on va papa ? serait un récit absolument insoutenable si l’auteur ne détournait pas la gravité de la situation par sa drôlerie.

Bouleversant, émouvant, poignant et déchirant quand s’adressant à « ses petits oiseaux », il avoue sa tristesse à penser qu’ils ne pourront jamais goûter à ce qui fait le sel de la vie, qu’ils ne pourront jamais conjuguer à la première personne du singulier et à l’indicatif présent ce verbe « aimer ».

Un peu surprise au début par cet humour noir quelquefois grinçant, un peu gênée parfois de sourire sur un sujet aussi grave, j’ai rapidement été conquise par le style de ce poème en prose, le ton sincère et juste et l’immense sensibilité dont fait preuve l’auteur.

J’ai retrouvé avec Jean-Louis Fournier cet humour noir et ce sens de l’absurde que j’appréciais tant chez Pierre Desproges et qui affirmait : « Le rire est un exutoire et je ne comprends pas qu’on dise qu’il ne faut pas rire de ce qui fait mal. Ça fait moins mal quand on en a ri. »

C’est exactement ce que j’ai ressenti avec cet ouvrage qui, avec le rire permet de dédramatiser cette situation tellement noire et inhumaine, tout en mettant en évidence cet amour inconditionnel que porte ce père à ces enfants !

Où on va papa ? Prix Femina 2008, se lit quasiment en apnée. De plus, ce livre a été adapté au théâtre par Michel Lavoie, avec Alain Guerry et Sandrine Girard.

En écrivant cette relation avec ses deux enfants lourdement handicapés, Jean-Louis Fournier a souhaité montrer que la vie de ses fils ne se résumait pas seulement à une photo sur une carte d’invalidité et il a réussi à établir ainsi un véritable dialogue avec eux d’une tendresse inouïe.

Les lecteurs de ce petit bouquin n’oublieront pas de sitôt Mathieu et Thomas !


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Veuf

Non pas quarante ans, comme J.-L. Fournier et sa femme Sylvie, mais vingt ans que mon mari et moi avons partagé les belles choses et aussi la plus moche. Contrairement à l'auteur dont la femme meurt subitement, nous savions longtemps en avance qu'il allait mourir.



Cela ne change rien au fait que l'autre est bel et bien parti tout en restant présent...du jour au lendemain vous retournerez trois fois le même bac à linge sale en vous demandant ce qui ne va pas...avant de vous rendre compte que vous ne laverez plus jamais ses slips et ses chemises...alors vous vous précipitez sur sa taie d'oreiller qui garde encore un peu de son odeur...son chat a d'ailleurs eu la même idée...



La vie n'est pas différente après, on la vit différemment, c'est tout. On abandonne certaines lectures parce que même derrière les mots les plus innocents se cachent des souvenirs qui font (encore) mal...et on reprend...

Il m'a fallu un certain temps avant de pouvoir lire un livre tel que "Veuf". C'est l'humour ironique, pince-sans-rire, parfois impertinent qui m'a donné envie de lire ce texte sur le deuil. J'y ai trouvé des mots et images-souvenirs qui correspondent à mon ressenti d'il y a des années maintenant...l'auteur m'a rappelé la maladresse des gens qui ne savent comment vous consoler (le chat excepté !), les objets lui appartenant qui refont surface sans crier gare comme autant de moments de vertige, le courrier à son nom qui continue à arriver...

...le jardin qui renaît, l'année d'après...que vous regardez en vous demandant : "est-ce que j'étais heureux avant ton départ ? On a tendance, après un grand malheur, à penser qu'avant, c'était toujours bien. Ce n'était pas toujours bien, c'était mieux."
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Où on va, papa ?

J’ai découvert Jean-louis Fournier avec « La servante du seigneur » que j’avais adoré. J’ai longtemps hésité avant de lire un de ses livres plus ancien, car les sujets qu’il y aborde ne sont pas toujours légers.



Ici il nous racontent donc, via diverses anecdotes, comment il va vivre le fait d’avoir un enfant, handicapé, puis, un second également handicapé. Ce n’est pas très joyeux comme livre, mais l’humour noir, le cynisme et la plume toujours plus incisive de Jean-Louis Fournier rendent la lecture très agréable, et surtout beaucoup moins pesante.



Là ou il aurait put tomber dans le cliché, le larmoyant, ce père arrive avant tout a parler librement des ses deux enfants et de cette malchance qui s’abat sur lui.



Par contre, comme souvent avec cet auteur, le livre se lit très vite. Comptez une heure tout au plus. Mais en même temps, vu la nature du sujet, ce n’est pas un mal, cela nous évite un gros coup de blues après la lecture.



Un récit poignant, simple, efficace et d’une grande justesse. Comme quoi, on peut faire court, et avoir quelque chose a raconter. Bien des auteurs devraient en prendre exemple.
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J'irai pas en enfer

"Dans chaque petite chose, il y a un ange." Georges Bernanos, Journal d'un curé de campagne.

Ce gamin de 10 ans est un petit diablotin!



Il récite 50 "Je vous salue Marie", afin que sa maman rentre à la maison. "Si elle rentre, je promets d'être prêtre".

Maman est rentrée.

Il ne deviendra pas prêtre, pour autant !



Pour la procession de la fête Dieu, à Arras (au diable Vauvert!), on veut transformer Jean-Louis en ange👼, avec un bandeau doré dans les cheveux, une robe blanche avec une paire d'ailes"...

Jean-Louis "a terminé avec une seule aile dans le dos, l'autre sous le bras."



"Son frère Yves-Marie (qui a la beauté du diable) ira au ciel, parce qu'il est parfait. " J'irai certainement en enfer, bonne-maman le dit souvent". Car Jean Louis a de mauvaises pensées...



Jean Louis avait enlevé la Vierge de son perchoir, pour l'installer dans un w-c de l'école. "Un petit est arrivé, il s'est sauvé en hurlant".



"Depuis, la Sainte Vierge me bat froid. Si j'ai mis la Sainte Vierge dans les chiottes, c'était pas seulement pour faire rigoler."

C'était parce qu'elle était moche. Ça ne méritait pas qu'on en parle à l'évêché, qu'on parle d'excommunication ou qu'on me vire de l'école"

Pas très catholique, ça...

Un vrai petit démon 😈?



Je ne veux pas me faire l'avocat du diable, mais ce livre est drôle, cocasse et tendre sur l'Enfance...

Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en...
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Trop

"On nous inflige

Des désirs qui nous affligent

On nous prend faut pas déconner dès qu'on est né

Pour des cons alors qu'on est des..." Foule sentimentale, Alain Souchon.



Société de consommations, trop de choses, et l'auteur se plaint:

"Un jour qu'il faisait faim, Dieu créa le pain quotidien. Jésus, son fils, pour faire le malin, décida un jour de multiplier les pains."



Ca ne mange pas de pain, mais...

Depuis le boulanger est dans le pétrin et fait marcher son commis( qui gagne son pain, à la sueur de son front) à la baguette.



"Il a trop de pains, lequel choisir?

Le pain au levain, la banette, la Briare, ou ...flûte alors!

Jean Louis Fournier n'est pas un vieux croûton ou alors... Attention, vous risquez un pain dans la gueule, de sa part... Et nous ne parlerons pas de la jolie vendeuse, craquante avec ses belles ... miche de pain!

Je ne mange pas de ce pain là, car l'auteur est un copain:)



L'auteur s'en prend aussi à un Prince arabe qui a, non pas du pain mais ...des croissants. "Il a 400 femmes dans son harem". le Cheick n'est pas ...sans provisions!

"Mais l'eunuque marche devant lui,( son gagne-pain est d'ouvrir les portes ). Et le Cheick bloqué, regarde les jolies petites fesses moulées dans un pantalon de soie..."
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Où on va, papa ?

Jean-Louis Fournier est maître en la matière quant à la narration de ses propres histoires. Il délie les noeuds pour faire valdinguer la peine, sous peine d’en rire, sa prose est sans contexte indémodable et mémorable. Mais si le rire permet de détendre une atmosphère tendue et compliquée, peut-on néanmoins rire de tout ? J’ai découvert ce maître de l’autobiographie avec ma mère du Nord qui m’avait subjuguée car rempli d'empathie et d’amour. Ici, je suis mitigée. Bien sûr que deux enfants handicapés à la maison c’est du très lourd, du très triste, du très désespérant. Fournier choisit clairement le chemin de la dérision pour disculper son malheur. Écrire sur ses enfants avec amour aurait peut-être donné un récit too much sortez vos mouchoirs. Non, ici, on rit, on sourit devant l’aliénation d’enfants. Enfin, moi je n’ai pas voulu sourire. Cela m’a gênée même.

« Comme Cyrano de bergerac qui choisissait de se moquer lui-même de son nez, je me moque moi-même de mes enfants. C’est mon privilège de père. ».



D’accord ou pas d’accord, je lui laisse la liberté à ce père désabusé. Il l’aura bien méritée.



Jean-Louis Fournier sait manier les mots rendant un bien bel hommage à la langue française. Pour ce qui est du père, il a une sacrée dose d’humour qui a dû certainement l’aider pour avancer dans ce terrible quotidien...
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Mon autopsie

Fournier est un auteur, un type spécial. Même avec son présumé cadavre dont il fait don à la science, il arrive à nous en faire rire. J'irais jusqu'à comparer la forme de ses livres à ceux de Nothomb, courte, concise,facile et plaisante à lire, sans plus. Pour le fond, il puise tous ses sujets, à domicile, et vu son imagination débordante, son attitude optimiste face aux aléas de la Vie et son auto dérision sans limites, il n'est pas près d'exterminer le filon (".....dans mes livres, j'ai essayé de rire de tout. de la grammaire, de l'alcoolisme de mon père, de l'hypocondrie de ma mère, de mes enfants handicapés, de ma vieillesse et j'ai voulu rire de ma mort…").

Vous avez sûrement déjà lu un livre de lui, s'il vous a plu, vous pouvez attaquer cette espèce de "mémoire posthume". Un bémol quand même, le livre abonde de ses mémoires de tombeur de femmes, un peu lassant sur les bords. "Wolinski a écrit : « Le rire est le plus court chemin d'un homme à un autre. » J'ajouterai d'un homme à une femme." dit-il, peut-être est-ce là le secret de ses présumés talents de Don Juan.

Bref, pour en finir, je lui laisse la parole pour vous résumer l'esprit de son livre, "« Ce qui m'intéresse le plus chez les autres c'est moi », a écrit Francis Picabia. Cette phrase me va comme un gant."



Un grand merci aux éditions Stock et NetGalley.
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Le C.V. de Dieu

"Le hasard, c'est Dieu qui se promène incognito". Albert Einstein.

Oh mon Dieu, je dois être dans les secrets du Seigneur, car "Il" a réalisé son C.V afin d'avoir un nouveau Job et va voir des DRH...

"-Rendons à Dieu ce qui est à Dieu ! "



" Situation de famille ?

- Un fils majeur.

- À charge ?

- Lourde charge, dit Dieu avec tristesse. "



Le fils s'était fait homme..

"- C'est pas long, une vie d'homme !

- Suffisamment pour faire pas mal de conneries. "



Dans tout entretien RH, le directeur parle d'autres choses:

"Le directeur, qui vient de prendre une cigarette dans son étui, s'adresse à Dieu :

-Est-ce que vous avez tu feu ?

-Je ne donne jamais de feu. Je l'ai donné une fois aux hommes et je m'en suis mordu les doigts.

-Pourquoi dites-vous ça ?

-Il ne faut pas laisser les enfants jouer avec le feu. "



"- Que voulez-vous, ce n'est pas de ma faute si vos semblables sont cons et si le feu leur brûle les doigts.

- Est-ce qu'il ne fallait pas plutôt créer des arbres ininflammables ?

Dieu commence à s'énerver.

- C'est vrai, j'aurais dû faire des arbres en amiante, et pourquoi pas aussi des arbres mous au bord des routes, pour qu'ils ne se fassent pas mal quand ils rentrent dedans à 100 à l'heure. C'est vrai, on ne pense pas à tout ! Et puis, des fusils en carton et des canons en bois, pour qu'ils puissent faire la guerre et s'entre-tuer sans danger.

- Vous êtes cruel.

- Comme une bête blessée. "



Dieu râle sur le pape ( qui n'est pas le patron, mais a la signature...). "Il" ne croit plus en l'homme qui lui, ne croit plus en Dieu...

- Croissez et multipliez- vous !

Oui, mais le fils prêchait dans le désert.



Voilà le Mystère Divin? Alléluia, Gloire à Dieu dans le ciel!

"Dieu peut être éternel, mais pas autant que la connerie humaine."

Pierre Desproges.
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Merci qui ? Merci mon chien

Leçons de savoir-vivre avec les animaux:

"Quand on croise un lion, on lui dit Majesté et on...part en courant"

Artdéco, la chatte blanche et noire sur les genoux de J.L Fournier, en ronronne de bonheur!



Un Merci aux animaux:

- "Je me souviens que ma chatte Souris avait séché les larmes de ma femme Sylvie. Merci à mon petit agneau Pelote. Tu as réchauffé dans ta laine mes mains glacées. Plus tard, j'ai adoré ta souris"...Béééé quoi?



Pardon les bêtes, Honte aux hommes: C'est un peu vache...

-" Bonjour Docteur, c'est la Noiraude qui rumine. Est ce que vous pensez souvent à la mort?

- Pourquoi ?

- Je ne veux pas aller à l'abattoir "( Mourir d'accord mais de mort lente, pardon Mr Brassens! Je ne suis pas une vache...folle !)

" Je veux mourir chez moi, comme la grand-mère qui ne voulait pas aller à l'hôpital."



-Pour vous, c'est compliqué. Il faut un contrôle vétérinaire, c'est la loi."

-Il n'a qu'à venir à la ferme, le vétérinaire, on lui offrira un bol de lait. Je veux mourir au milieu de tous ceux que j'aime, ce sera moins triste! "

Ca fera moins de foin? Meuh, on veut me faire traire, euh ... taire!



"Le pire c'est le transport. On est entassées dans le noir, dans des camions sans rie à boire, un cauchemar. Qu'est ce qu'on a fait de mal pour mériter ça?"

De quoi devenir une vache enragée...



J''aime bien parler aux animaux, ils nous écoutent avec attention.

"Il faut leur savoir gré de poser, sur nous, la douceur de leurs yeux sans jamais nous condamner." Christian Bobin.
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Il a jamais tué personne, mon papa

J'avais bien aimé "Où on va, papa ?" et son approche humoristique et décalée sur un sujet grave.

je retrouve Jean-Louis Fournier avec plaisir dans une thématique tout aussi sensible, grandir avec un père alcoolique, une expérience plus fréquente qu'il n'y paraît.

Il y avait plusieurs façons de se raconter, plusieurs fenêtres pour observer et différents leviers à actionner pour expliquer.

Le parti pris de l'auteur sera de ne pas juger et de se souvenir avec son regard et ses mots d'enfant, une façon efficace d'édulcorer les faits, les souffrances et les traumatismes.

Cela-dit il est aisé en retirant le filtre de comprendre et voir ce qui n'est que suggéré, facile de comprendre la malédiction qui est de vivre sous la coupe d'un tyran omnipotent et imprévisible.

Un quotidien fait de peurs, de privations, de honte mais aussi d'incompréhension.

La justesse des anecdotes est troublante et fait appréhender le ressenti d'un vécu qui a laissé des traces indélébiles, je rappelle que la narration est volontairement édulcorée.

Il m'est évident que certains revivront des souvenirs douloureux à cette lecture au ton pourtant si léger.

J'ai apprécié ma lecture et aimé le mot de l'auteur à la fin du livre.
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Où on va, papa ?

Il s'agit pour moi d'un véritable "coup de cœur", d'une lecture qui a fait vibrer une corde sensible comme rarement, je suis passé par à peu près tous les sentiments possibles.

Ce livre réussit à vous promener d'une extrémité à l'autre d'un curseur qui va du rire aux larmes en 89 très courts chapitres et une centaine de pages.

Combien parmi nous pensent porter ou avoir porté un lourd fardeau dans leur vie ?

Combien parmi nous pensent être maudits ou malchanceux ?

Jean-Louis Fournier a vécu la tragédie d'avoir non pas un, mais deux enfants "pas comme les autres", sacré karma...

Comment peut-on vivre cette situation sans sombrer dans le désespoir le plus total ? sans "péter un boulon" ? Peut-être en sachant prendre du recul, en dissertant sur l'ironie du sort, Jean-Louis Fournier ne donne pas de recette, il nous parle de ces moments difficiles et pourtant non dénués d'amour et de tendresse avec une sincérité touchante et souvent bouleversante, mais surtout avec humour, un humour tantôt caustique, avec une pointe de cynisme parfois.

Il nous parle de ses regrets sur ce qui aurait pu être, de son incompréhension sur le sens de la destinée avec une pointe de philosophie souvent.

« On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui », cette réflexion attribuée à Pierre Desproges est la première chose qui m'est venue à l'esprit car si l'auteur aborde un sujet sensible (voire tabou), il parle avant tout de sa propre expérience vécue, il partage son ressenti et ne semble pas se soucier d'être approuvé.

Ce que je retiens de cette lecture c'est une leçon de vie qui brille par son humilité, la sensation d'avoir perçu une part infime de ce que cela pourrait être de vivre une telle expérience de vie.

Ce livre est court et pourrait constituer une lecture rapide, j'ai pourtant lu et relu de nombreux chapitres qui sont d'une profondeur incroyable, derrière l'humour se cache de nombreux trésors de sensibilités.

Merci Jean-Louis Fournier pour ce que vous m'avez apporté.
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Mon autopsie

Jean Louis Fournier a réalisé l'émission Italiques entre 1971 et 1974. Il écrivit 33 livres dont "La Noiraude", prix Femina... J'en perds la tête !





Les bras m'en tombent. Jean Louis a donné son corps, à la science, mais c'est un cadavre exquis !





"Lui qui a passé sa vie à raconter des blagues, à faire des pirouettes, à se déguiser en clown, qui gardait tout à l'intérieur"... Il va tout révéler à "Égoïne", il l'a nommé ainsi. Pour lui, le "teaser" de la télévision, c'est pire qu'un strip-tease...





Jean Louis avait hésité entre la lyophilisation, "Je me voyais bien passer le temps, les doigts de pied en éventail, dans le sable."

La crémation, (pour un grand fumeur, finir en cendres...) et la cryogénisation, mais finir comme un glaçon? "En plus, je déteste le froid."





Il me restait la sublimation, finir en compost et manger les marguerites par la racine. On en reparlera...





Égoïne a ri en découvrant le tatouage, sur le cœur de Jean Louis: " S'il vous plaît, ne me ranimez pas, do not disturb".





"J'étais imbattable dans la conjugaison du verbe aimer. Tous les temps, présent, passé et futur, tous les modes. Sauf l'impératif, hélas."

Il est dans de beaux draps, c'est un mort romantique!

Il a déjà le béguin pour Égoïne... Va-t-il le lui dire?

Où va t il préfèrer servir de compost aux vaches ou aux arbres fruitiers ?





Le 29/05/2019, l'État de Washington a l'égalisé le "compost humain". Enfin des obsèques 100% écolo ? Pour ceux qui ont la main verte?
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Veuf

Tu m'as porté à bout de bras,

Avant que tu ne disparaisses,

Avant que ton silence ne me blesse.



Moi, je n'avais que moi.

Toi tu avais les autres.

Pourquoi m'avoir choisi moi ?



Je n'avais rien d'un joli cœur,

Doublé d'un pessimiste.

Toi tu étais l'altruisme.



Tu respirais la joie,

Lorsque nous étions vivants.

Aujourd'hui tout est consternant.



Tu es parti sans bruit

Les feuilles de l'automne

Ont fait ton cercueil.



Tout me rappelle ta présence.

Du comportement des gens,

Fusent ton absence.



Le moindre objet

Est chargé d'histoire.

Inutiles accessoires…



Cette année dans ton jardin

Les lavatères, les roses trémières, tout a fleuri.

Les arbres fruitiers croulent sous les fruits.



Pourtant la vie continue,

Sans que tu sois là,

Et c'est pour moi,

L'inconnu.

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Veuf

Des mots sur des maux .

Des maux sur des mots .



40 ans . 40 ans d'amour éperdu puis le vide sidéral provoqué par la disparition de l'être aimé .

Sylvie et Jean-Louis . Jean-Louis et Sylvie . Aussi désassortis que TF1 et l'intelligence , aussi complémentaires que le yin et le yang . Ils conjuguaient leur présent au pluriel , leur futur s'est obscurci , l'imparfait règne désormais en maître , Sylvie n'est plus .

Jean-Louis Fournier évoque pudiquement tous ces petits riens , ces gestes du quotidien qui pouvaient parfois aller jusqu'à l'exaspérer mais qui lui font désormais cruellement défaut . Une plume pudique et déchirante pour dire sa douleur , pour exorciser l'inextinguible absence .

Véritable cri du cœur et de l'âme , Fournier bouleverse de simplicité et d'émotion . Sujet funèbre . Écriture lumineuse .

Et comme pour se mentir un peu plus , cette illusoire rengaine qu'il tente de faire sienne : «  Tous les jours , et à tout point de vue , je vais mieux , de mieux en mieux . « 



Veuf , étourdissante déclaration d'amour...
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Mon dernier cheveu noir : Avec quelques con..

Ayant beaucoup apprécié Où on va, papa ? de Jean-Louis Fournier, prix Femina 2008 et me trouvant sans bouquin dans le sac, quand j’ai vu dans une boîte à livres Mon dernier cheveu noir de ce même auteur, je n’ai pas hésité ! Et, bien m’en a pris.

Dans son roman primé, l’auteur révélait sa capacité de résilience par l’humour. Sous la forme d’une lettre à ses deux fils lourdement handicapés, il y racontait son histoire de père désemparé et d’époux abandonné.

Dans celui-ci, Jean-Louis Fournier s’est attaché à retranscrire le temps qui passe et celui qu’il reste…

Toujours avec ce ton humoristique si caractéristique qu’on lui connaît, il explique comment on se rend compte qu’on devient vieux, quels en sont les signes et en profite pour donner quelques conseils aux « anciens jeunes » et notamment ce dernier qui vaut son pesant d’or :

« Quand vous entendrez le docteur à votre chevet dire : « C’est la fin », essayez, malgré votre état, de faire rire une dernière fois.

Ajoutez : « des haricots. »

C’est un petit livre qui se lit très vite, de nombreuses pages avec trois lignes seulement, mais qui fait un bien fou.

Ce n’est pas si souvent qu’on a l’occasion, que l’on soit quinqua, sexa ou septuagénaire ou plus encore, à condition de ne pas avoir perdu son sens de l’humour, de pouvoir rire sur les tracas engendrés par la vieillesse, que ce soit sur son physique, sur ses problèmes de santé, sur le départ de ses amis, mais aussi sur les avantages qui sont réservés à l’âge.

Jean-Louis Fournier excelle également en décrivant le regard des anciens jeunes sur leur environnement et leurs congénères plus jeunes. Des journaux imprimés de plus en plus petit , de la terre de plus en plus basse aux policiers qui sont de plus en plus jeunes ou aux comédiens qui parlent de moins en moins fort au théâtre, sans oublier Parkinson ou la mort, tout cela pour nous rappeler que la vie avance inexorablement et que mieux vaut la prendre avec le sourire.

En tournant en dérision ces maux inhérents à l’âge, Jean-Louis Fournier nous offre une sorte de leçon de philosophie avec cet ensemble de réflexions douces-amères sur la vieillesse.

J’ai beaucoup ri tout au long de ma lecture et ne peux que vous conseiller cet excellent antidépresseur !

Un pur moment de détente qui peut se lire à tout âge.


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Où on va, papa ?



Un malheur n’arrivant jamais seul, ce n’est pas un mais deux enfants handicapés que va avoir Jean-Louis Fournier.

Après la stupeur, l’accablement et parfois la honte qui vont le ronger, après avoir plus ou moins tu leur existence, il va choisir l’humour pour exorciser sa douleur.





« Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une

patience d'ange, et je ne suis pas un ange. »





Complice de Pierre Desproges qu’il évoque d’ailleurs dans son livre, il va comme lui faire preuve d’un humour noir particulièrement grinçant. Pince sans rire, il suscite parfois des réactions d’effroi de ses interlocuteurs. Par exemple de la part de Josée qui s’occupe de ses enfants. La scène avec la ventouse est particulièrement hilarante.





C’est toute sa tristesse, sa déception et ses regrets de père n’ayant jamais réellement pu communiquer, au sens traditionnel du terme, avec ses enfants que l’auteur exprime ici. Il est délibérément dans la provocation, il veut susciter les réactions et y parvient sans mal. Il n’hésite pas non plus à en faire parfois un peu trop, le propos n’est pas ici de faire pleurer dans les chaumières. Au contraire, pas de simagrées mais du parler vrai.





« Quand on me demande dans la rue un don pour les enfants handicapés, je refuse. Je n'ose pas dire que j'ai deux enfants handicapés, on va croire que je blague. L'air dégagé et souriant, je m'offre le luxe de dire : "Les enfants handicapés, j'ai déjà donné." »





Prendre ce livre au premier degré serait un écueil que certains n’ont pas évité au vu de quelques critiques outragées.





Pour ma part, ce livre m’a ému, touché et amusé souvent. Un livre qu’il faut avoir lu, une écriture simple, concise, efficace sans fioriture.





« Un livre que j’ai écrit pour vous. Pour qu’on ne vous oublie pas, que vous ne soyez pas seulement une photo sur une carte d’invalidité. Pour écrire des choses que je n’ai jamais dites. »





La plus belle des déclarations d’Amour d’un père à ses enfants…




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Il a jamais tué personne, mon papa

Un jeune garçon parle de la dépendance à l'alcool de son père. Sans jugement ni colère mais aussi avec beaucoup d'humour.

Malgré tout on s'attache à son père. On passe de la peine à la colère et enfin au rire. Ce petit livre de 28 pages nous montre à quel point nos addictions, notre caractère et nos actes ont des répercussions fortes sur nos enfants et qu'ils ne cherchent, malgré nos défauts, que de l'attention et de l'amour.

Je ne pensais pas rire avec un livre traitant d'un sujet aussi grave et triste.
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Où on va, papa ?

Etre parent n’est jamais simple et avoir une enfant handicapé c’est forcément un parcours singulier. Alors tant mieux si des œuvres comme « Intouchables » ou « Yo tambien » sont drôles et brisent des tabous, notamment sur le handicap mental…



La lecture de « Où on va papa ? » n’était pas anodine pour moi puisque je suis la maman d’un garçon âgé de treize, handicapé mental, très peu autonome, d’un niveau scolaire de moyenne section avec des troubles du comportement de type autistique.



Je pensais donc retrouver un peu de mon vécu dans ce livre dont tout le monde me disait « j’ai pensé à toi en le lisant », mais le degré de handicap des enfants de Jean-Louis Fournier est particulièrement sévère et chaque histoire familiale est unique.



Ce qui me frappe dans le récit de Jean-Louis Fournier, c’est l’absence de communication possible avec ses enfants, de perspectives familiales et cela doit être très dur à vivre. J’aurais sans doute était aussi désarmée que lui face à une telle situation mais j’ai aussi appris que nous avons souvent des ressources insoupçonnées face à des situations inédites et difficiles. Ce livre me conforte dans la certitude que malgré ses nombreuses difficultés quotidiennes, notre vie de famille est riche d’échanges, de projets et le tout dans une grande complicité affective.

« Où on va papa ? » se lit d’une traite, c’est un témoignage très touchant mais aussi un texte mordant, attachant, déroutant. Il évite tout militantisme ou misérabilisme. Avec un humour désopilant, il décrit des instants de vie, son désarroi face à ses deux garçons avec beaucoup de malice et d’affection…



C’est beaucoup plus qu’un simple récit, un œuvre littéraire de grande qualité, au succès mérité.

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Où on va, papa ?

C'est la première fois que je lis en pleurant et riant à la fois.

C'est dommage que certaines personnes pensent que ces lignes sont pleines de cynisme, pour moi il est évident qu'elles sont pleines d'amour avec une bonne dose d'humour noir pour essayer de dédramatiser. Et quand on est adepte du genre, on ne peut y voir qu'un livre poignant.

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Où on va, papa ?

Mais c’est vrai, où va-t-on, au fond ? Comment envisager l’avenir, le bout du chemin, quand on débute sa paternité par deux enfants lourdement handicapés ? C’est, en substance, ce questionne Jean-Louis Fournier.



Jean-Louis Fournier, justement, se pose en homme déçu de la vie, désemparé face à tant de bonheurs malheureux (oui, je sais…). Avec sa rengaine du « Où on va, Papa ? » (épargnons-nous d’ailleurs le trop simple lien avec Papaoutai, de Stromae), l’auteur aborde l’honnêteté et le quotidien devant le handicap. C’est vrai aussi, ce court récit revient beaucoup à un amoncellement de situations diverses et variées, autant de rancœurs contre cet état d’ « handicapés à la naissance » que subirent ses enfants. C’est d’ailleurs ce dernier aspect qui prime pour l’auteur : entre un humour noir décompresseur et une flagellation expiatoire, nous sommes constamment dans un entre-deux mi-gênant, car très rentre-dedans, mi-consolant, car démystifiant la condition d’handicapé.

Le style est un peu trash à plusieurs reprises, c’est vrai, mais il y a tellement de récits ultra compatissants que cela fait du bien aussi de se prendre la dure réalité en face, surtout quand ces tranches de vie quotidienne peuvent parler à n’importe quel parent ou futur parent. De l’honnêteté à ne plus savoir qu’en faire donc, en tout cas nous sommes tentés d’y croire totalement. D’autant plus que c’est très court comme récit : ça se lit très (trop) rapidement, à peine plus d’une heure à tout casser, ce qui fait que nous sommes happés et lessivés d’un même élan par l’auteur et son dégoût de la malchance.



Un récit poignant, simple dans la forme comme dans le contenu, qui donne à réfléchir un minimum en développant le propos habituel, mais toujours utile, sur la norme et son cortège d’absurdités



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