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Citation de Woland


[...] ... Morel était un âne. Et même l'Ane, le vrai, à quatre pattes et aux deux longues oreilles dont l'une, à la première contrariété - et il n'en manquait point - se couchait à l'horizontale, sur le côté. Morel était assez grand pour sa race, solide et d'un beau pelage gris clair. N'eussent été un caractère ombrageux, un goût prononcé pour le caprice et un penchant affirmé pour la fainéantise, l'animal se serait avéré un excellent compagnon de travail. Seulement, si les hommes se forçaient le plus souvent à l'oublier, lui, semblait-il, se souvenait fort bien que ce vilain mot de travail venait du trepalium des Romains, autrement dit signifiait instrument de torture ! De ce fait, il était difficile d'obtenir de lui qu'il participât à un quelconque ouvrage pénible. L'abbé se lamentait parfois parce que la plupart des moines refusaient de travailler avec l'âne. C'était inexact et injuste : l'âne refusait de travailler avec les moines, voilà qui était la vérité nue. Alors, à plusieurs reprises, et puisque nul ne se dévouait pour occire l'inutile bourricot, on avait essayé de le vendre - l'idée était, bien entendu, de frère Thomas - puis carrément de le donner. Mais chaque fois, le chaland, ou l'heureux bénéficiaire du don, ramenait le bestiau après avoir, selon les cas, reçu une bonne ruade, s'être brisé les reins à le tirer ou à le pousser, ou s'être rendu aphone à force de hurler ordres et insultes aussi efficaces qu'une gifle à un mort pour le réveiller. Donc, lorsqu'on croyait enfin s'en être débarrassé, Morel revenait, l'oeil toujours plus orgueilleux, inquiets de rejoindre au plus vite l'écurie pour y engloutir autant d'avoine qu'il pouvait en contenir. ... [...]
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